Je ne saurais être superstitieuse bien qu'aujourd'hui est le jour de la treizième chronique.

Ainsi, plutôt que de fuir par peur du chat noir, et afin de rester dans le thème frissonnant du nombre 13, je voulais aujourd'hui aborder un thème gai, joyeux, plein d'optimisme : celui des petites filles malsaines.

Depuis quelques années, l'engouement pour les petites filles bizarres, malsaines et démoniaques a pris une place étonnement importante dans l'industrie du film, mais également du jeu vidéo. On se souvient tous et toutes de la petite blonde envoûtée jouant dans Poltergeist, ou encore de la très vomitive pré adolescente de l'Exorciste. Tremblez, la relève est arrivée.


La main sur le coeur pour vous attendrir, ... mais méfiez vous, Cheryl n'en a pas.

En 1999, le monde tremblait d'effroi derrière son écran flou, sombre et au grain anormalement élevé, incarnant Harry un père de famille bien sous tous rapports à la recherche de sa petite Cheryl dans Silent Hill. Outre ses pulsions de fugue précoces, Cheryl semblait saine, équilibrée, sous ses longs cheveux noir anormalement flippants. Ici, on pouvait déjà noter les premiers signes ô combien annonciateurs de l'esprit démoniaque de l'enfant chérie : une enfant de dix ans ne s'enfuit pas en plein brouillard, ne dessine pas des monstres et des églises en flammes, et répond quand son père l'appelle, d'autant plus lorsqu'elle est perdue dans un hôpital car comme chacun le sait, les enfants n'aiment pas les piqûres. Pionnière de la nouvelle génération, Cheryl avait redonné la foi en toutes ces petites filles brunes qui préféraient une seringue d'Adam à une poupée Barbie pour leur anniversaire.


Alessa, Jodelle, même combat.

Puis en 2006 sortait Silent Hill, le film. Réalisé par Christophe Gans, reprenant les codes de la fameuse saga Konami, tous étaient loin de se douter que la malédiction se perpétuerait au sein même du casting. Jodelle Ferland était une enfant bien sous tous rapports elle aussi. Et quel parent ne voudrait pas que sa fille emprunte le chemin pavé d'or menant à Hollywood ? Oui mais voilà. Lorsqu'à 13 ans on peut se vanter d'avoir incarné Alessa, Lilith l'enfant possédée de Case 39, ou encore little Carrie dans l'adaptation TV du roman de Stephen King, on est en mesure d'attirer les soupçons. Il en va de même pour Isabelle Fuhrman. Outre son physique flippant, sa passion pour les colliers de chien et sa tendance à analyser son entourage de manière morbide, la petite Esther avait tout pour s'épanouir au sein d'une famille saine et équilibrée. Là encore, trop de signes annonciateurs ignorés : des robes du début du siècle, des dessins sanglants, un petit complexe d'Oedipe assorti de fortes pulsions parricides...


Leçon numéro 1 : Toujours être vigilant sur ses choix vestimentaires.

Cependant depuis quelques temps, les petites filles malsaines étaient facilement identifiables dans la rue, dans les films... Alors le gène a muté. Dans Rule of Rose, la petite Jennifer a en effet été plus maligne que ses consoeurs puisque ce ne sont autres qu'un petit carré blond et un petit chien mignon qui la caractérisent. Elle poussera même le vice jusqu'à faire passer les petites filles de l'orphelinat pour des bourreaux, alors qu'à la base, Jennifer, elle était bien tranquille dans son bus, et que personne ne lui a ordonné de s'enfuir dans le brouillard. On me la fait pas à moi.

Il y a quelques années, des zombies et des monstres difformes suffisaient à provoquer effroi et frissons chez nous autres pauvres joueurs. Puis nous sommes devenus difficiles, blasés. Les éditeurs ont du se renouveler, proposer des jeux de lumière et plus qu'un chara design mirobolant, et chercher la peur là où on ne l'attendait pas. Alan Wake et ses bucherons aigris était une bonne tentative, mais qui saurait se méfier d'une enfant ? Qu'elles en profitent. L'adolescence les guette, et ces petites filles qui apparaissent actuellement comme terrifiantes, avec quelques bagues et les cheveux gras, elle le seront d'un coup beaucoup moins.

Salomé Lagresle

Bloggeuse jeux vidéo et gameuse irréversible, Salomé, jeune fille sage de 22 ans, reste néanmoins la femme d'un seul homme : Snake. Collectionnant les jeux Ken le survivant et les pistolets en plastique, cette étudiante en communication expose, parfois même en chanson, ses humeurs et aventures quotidiennes sur son site coloré : Junkflood.