Il est des premières fois qui ne s'oublient pas.

Je me souviens de mon premier film d'horreur. J'avais 7 ans et un clown poursuivait des enfants mal habillés jusque dans la rue, avant de se transformer en une araignée ridicule qui avait néanmoins le mérite de dédramatiser la plus effrayante des confrontations.

Je me souviens de mon premier jeu vidéo, Nitemare 3D, devant lequel je restais assise des heures durant, contemplant avec une concentration inavouable, la bouillie de pixels représentant une sorcière malveillante, une porte dérobée, ou encore une arme futuriste. J'entre-apercevais alors un nouveau monde virtuel qui n'était pas pour me déplaire...

Peu de temps après, me revient en tête mon premier jeu projeté violemment contre un mur, d'énervement. Il s'agissait de Mario Party, je venais de perdre en dernière ligne droite suite à un mauvais coup du hasard, laissant ce boy scout de Mario me voler la dernière étoile tant convoitée.

Je me souviens de ma première rencontre avec Snake. Je sens encore mes doigts sur le joystick, je me revois le diriger délicatement, effleurer les touches pour lui transmettre mes caresses, l'accompagner jusque dans les situations les plus périlleuses... Je me souviens avoir su au premier regard qu'il allait occuper une part importante, si ce n'est fantasmée, de mes journées, voire de mes nuits...

Il est des premières fois qui, quant à elles, ont le goût de l'interdit.

Je me souviens de ce Noël lors duquel mon oncle, bravant les interdits parentaux, m'offrait Resident Evil, dont la cinématique d'introduction avait eu pour mérite de me faire trembler d'effroi et de plaisir, mais également de me l'interdire pendant des semaines. Mon jeune âge et mes robes délicates ne s'accordaient, selon ma mère, pas très bien avec des descentes de chiens zombies et des heures de survie en terrain hostile et sanglant. Déjà jeune, j'avais le goût du sang.

Peu de temps après, la dégénérescence virtuelle exerçant son emprise irréversible sur ma jeune conscience d'enfant, je me mettais en quête de tout support pouvant contenir armes, monstres tenaces et ennemis armés jusqu'aux dents, de manière à m'évader dans un univers au sein duquel j'incarnerais un aventurier courageux, immortel et à qui l'on ne reprocherait ni ses 30kg, ni ses gammes de piano hésitantes.

En l'espace de quelques années, et pour citer une référence malheureusement bien amochée par Tim Burton, j'avais pris la décision d'entrer définitivement dans ce terrier fantastique virtuel, à la poursuite d'un lapin qui me promettait toujours plus d'action, de sensations et d'émotions aussi addictives que contradictoires.

Aujourd'hui est une nouvelle première fois.

Voyez-la comme une scène d'intro, une cinématique.

Il y aura des humeurs, des déceptions, de grandes joies, des déclarations d'amour à Snake, des découvertes, des souvenirs mais aussi beaucoup de désir...

Parce que ma première fois à moi, j'avais trop bu pour m'en souvenir, Une fille qui aime les Bits, ce sera ici, chaque semaine, sans préliminaires, sur Gameblog.

Salomé Lagresle

Bloggeuse jeux vidéo et gameuse irréversible, Salomé, jeune fille sage de 22 ans, reste néanmoins la femme d'un seul homme : Snake. Collectionnant les jeux Ken le survivant et les pistolets en plastique, cette étudiante en communication expose, parfois même en chanson, ses humeurs et aventures quotidiennes sur son site coloré : Junkflood