Avant de partager avec vous ma journée, il serait tout de même bon d'expliquer ce qu'est le magazine Jump.

Weekly Shonen Jump, ou Jump pour les initiés, est un magazine hebdomadaire paru pour la première fois en 1968 dans lequel sont diffusés des chapitres de mangas divers. Imaginez le Picsou Magazine et remplacez les histoires de Picsou et Donald par celles de Kira ou de Yugi. Les mangas les plus célèbres du monde ont été lus pour la première fois dans les pages d'un Jump. Que ce soit les Dragon Ball Z, One Piece, Naruto ou Hunter X Hunter, il est difficile de passer à côté de ces succès planétaires que l'on soit, ou non, fan de pop-culture japonaise.

Maintenant que l'on a fait la piqûre de rappel, il est temps de découvrir la Jump Festa !

L'attente

Première étape inévitable lorsque l'on se rend à ce type d'événement : la queue du matin. Non ce n'est pas sale. Enfin, je me comprends... Tout comme à la Japan Expo, les fans les plus dévoués se lèvent à l'aube afin de pouvoir être les premiers à fouler de leurs pieds la salle d'exposition. Bien qu'arrivé relativement tôt au Makuhari Messe, lieu où se déroule la Jump Festa, je peinais à distinguer la fin de la file qui s'étendait devant moi.

C'est après une quinzaine minutes d'attente que la file commença enfin à bouger. Je vous laisse regarder la vidéo pour que vous vous rendiez compte de l'engouement que peut générer l'événement.

On notera tout de même que malgré le nombre important de visiteurs, personne ne se bouscule, ne court ou ne crie. Cela rend l'attente tout de suite beaucoup plus supportable pour tous !

"We are Jump Kids"

Patienter n'a pas que des mauvais côtés. Cela m'a permis d'observer les personnes autour de moi et même de parler avec certaines d'entre elles. Je m'attendais à ne trouver que des otakus, ou des geeks en puissance, mais je fus agréablement surpris par la diversité de la population présente. Hommes, femmes, jeunes étudiants venus entre amis, couples, familles, parents avec des enfants en bas âge... Le Weekly Shonen Jump semble toucher toutes les générations.

S'il n'y avait pas toutes les affiches faisant la promotion du dernier tome de My Hero Academia, il aurait été difficile d'affirmer que tout ce beau monde se rendait à la Jump Festa. En revanche, parlez un peu avec ces visiteurs et tous partageront avec plaisir leur amour de Jump et de ses mangas. Ce faisant, ils sortent volontiers leur pin's à l'effigie de Gintama, leur serviette officielle One Piece ou leur tome préférée de Haikyu signé par son auteur.

C'est d'ailleurs en parlant avec l'un d'entre eux qu'un père de famille accompagné de son fils de 8 ans m'a dit : "We are Jump Kids !". Monsieur a grandi en lisant Dragon Ball Z dans le magazine Jump. De là est né son amour pour le magazine qu'il a ensuite transmis à son enfant. Aujourd'hui, père et fils suivent ensemble les aventures de Luffy et mettent un point d'honneur à regarder à deux les épisodes à la maison. Plus qu'un simple manga, c'est un moment de partage unique entre ce père et son enfant.

Ne souhaitant pas être pris en photo, voici une représentation approximative du père et de son enfant.

Jump Festa : Premiers pas

Il est enfin temps de rentrer dans le Makuhari Messe. Nous sommes accueillis par une demi-douzaine de personnes affublées d'un gilet jaune nous tendant une édition gratuite du Weekly Shonen Jump de la semaine. Face à nous, difficile de rater la fresque géante mettant en scène Luffy et ses compagnons pour les 20 ans de la série One Piece. Aux extrémités de la fresque se dressent deux ballons géants : l'un représentant le protagoniste principal de My Hero Academia, Izuku, et l'autre le héros de la nouvelle série Yu-Gi-Oh.

Les voix des personnes animant les stands alentours se font entendre par intermittence, interrompus un coup par le générique de One-Punch Man, un autre par le nouveau trailer de la comédie musicale Prince of Tennis. Bien qu'agressif au début, on s'habitue rapidement au bruit ambiant de la Jump Festa. A noter que le brouhaha est rendu d'autant plus supportable par la largeur des allés dans lesquelles on se déplace. Il y a de l'espace et on peut se permettre d'errer sans craindre de bousculer un inconnu toutes les trois secondes. La visite n'en est que plus agréable !

Manga for Life

La Jump Festa est bel et bien la Mecque des amoureux de manga. Il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs peu importe le genre qui puisse vous plaire.

Par exemple, derrière la grande fresque One Piece se cachait une zone immense dans laquelle étaient exposés plus d'une centaine de panels et de croquis originaux tirés d'autant de mangas différents et réalisés spécialement pour l'occasion par leurs auteurs respectifs. Voir toutes ces créations côte à côte, chacune avec ces styles et coups de crayon unique a quelque chose de saisissant. Perdu au milieu de tous ces dessins, on se rend compte de la richesse du manga et de sa culture.

Malheureusement, je ne pourrais pas partager de photo avec vous car il était interdit d'en prendre à l'intérieur. On ne pouvait que capturer les cadres exposés à l'extérieur. Nos amis en gilet jaune faisaient des rondes régulières pour s'assurer de cela. Dommage.

Il était possible de visiter de nombreux stands à thème basés sur les séries phares du Weekly Shonen Jump. Pour les 20 ans de One Piece, Luffy était bien évidemment la star de la Jump Festa et, en plus d'avoir deux stands qui lui étaient entièrement dédiés, il avait même le droit à un mini parcours façon accrobranche avec descente en rappel, trampoline et escalade.

Pour les fans de Yuyu Hakusho, il était possible de poser avec Toguro le temps de faire trempette dans un Onsen. Haikyu, My Hero Academia et Digimon n'étaient pas en reste également. On pouvait glaner quelques stickers, mini-posters ou pins éditions limitées pour les plus rapides sur leurs stands respectifs.

Mais les vraies stars du salon, ce sont les goodies shops où le temps d'attente peut s'étendre jusqu'à 80 minutes afin de pouvoir acheter un porte-clé d'une valeur de 3 euros ! Porte-clés, serviettes, pin's ou encore pochettes en plastique à l'effigie de son personnage préféré... J'ai été relativement déçu par les articles proposés mais d'autant plus étonné par l'intérêt que portaient les visiteurs pour ces objets. Le coeur (et le portefeuille) d'un fan a ses raisons que la raison ignore...

Anime Video Gamer

Le jeu vidéo n'était pas en reste à la Jump Festa, au contraire ! L'espace réservé à notre passion préférée était quasiment aussi vaste que celui dédié aux mangas et animés traditionnels. Bandai Namco était bien entendu présent avec le premier trailer de One Piece: World Seeker et les nouvelles aventures sur smartphone de Luffy intitulées One Piece : Bounty Rush, qui n'ont pas l'air si mauvaises que ce que le sous-titre puisse puisse laisser présager. Il y avait aussi quelques titres d'autres éditeurs. On pensera notamment à Capcom avec mon futur GOTC (Game of the Century) : Monster Hunter World, Square Enix avec Dissidia FInal Fantasy NT et Dragon Quest Builders sur Switch ou encore Sony et Minna no Golf qui se sont joints aux festivités.

Mais ce sera surtout la présence de Nintendo qui m'aura marqué lors de cette Jump Festa. En effet, se déroulaient en live deux compétitions nationales sur les deux titres multi phares de la firme de Kyoto : Splatoon 2 et Arms.

Bataille de poulpe

Je me suis d'abord arrêté sur le stand de Splatoon 2, le plus bruyant des deux ! Les qualifications préliminaires s'étaient jouées online, seules les équipes finalistes avaient l'honneur de s'affronter sur la scène du stand. Les joueurs avaient fait le chemin des quatre coins du Japon pour prendre part à ce tournoi. Ces derniers étaient répartis sur une petite scène surélevée, leurs écrans faisant face à la petite centaine de japonais venus les voir jouer. L'écran géant situé à leur gauche, divisé en trois parties, affichait la carte globale du terrain alors que les deux autres tiers suivent les actions des deux équipes. Sous cet écran se trouvaient les commentateurs qui rythmaient les parties comme s'ils commentaient une rencontre d'Olive et Tom, un régal !

L'ambiance était très bon enfant, les spectateurs ponctuant d'un "Ha" et d'un "Ho" chaque action spectaculaire relevé par les joueurs. Le niveau était particulièrement élevé mais il était difficile de suivre un match sur ces deux-tiers d'écran. De plus, la caméra alternait trop souvent entre les joueurs nous empêchant de suivre une action spécifique jusqu'à son dénouement. C'était un festival de couleurs et d'attaques spéciales qui était particulièrement brouillon. On aurait aimé plus d'indications à l'écran, voire sur scène, pour rendre la lecture de l'action plus intuitive.

On sent clairement la volonté de Nintendo de pousser ce titre sur la scène e-Sport, mais on est tout de même très loin de la qualité d'organisation d'un Riot Games par exemple avec ses stades remplis par des dizaines de milliers de joueurs.

Distribution de pains japonais

Constat similaire pour Arms où huit finalistes, sélectionnés aussi bien lors d'un tournoi online que lors de sessions de sélection dans plusieurs villes du Japon, se sont affrontés pour remporter le titre de meilleur boxeur virtuel de l'Archipel. Encore une fois, des efforts en terme de mise en scène et d'organisation ont été réalisés par Nintendo pour tenter de créer l'événement. Les adversaires étaient face à face, un écran géant placé au-dessus d'eux retransmettant les actions des deux combattants permettait de regarder le match tout en observant les mouvements des joueurs avec leurs joy-cons. On notera la présence de Kosube Yabuki himself, producteur du jeu, venu commenter les matchs des jeunes prétendants au titre.

J'ai d'ailleurs été agréablement surpris de voir que ce tournoi sur Arms, tout comme celui de Splatoon 2, acceptait aussi bien femmes et hommes sans distinction aucune. Et sur les huit meilleurs joueurs japonais de Arms, deux étaient des femmes.

Je ne suis pas resté jusqu'à la finale des deux compétitions, mais j'ai pu passer un moment sympathique à regarder ces deux tournois. Ce fut une belle surprise d'observer que l'e-Sport s'invite jusqu'à la Jump Festa.

Cependant, je reste dubitatif quant aux ambitions de Nintendo de propulser Arms et Splatoon 2 vers les stratosphères du jeu vidéo compétitif. Bien que l'on ait pu assister à deux finales nationales sur des titres majeurs, à aucun moment on ne pouvait ressentir l'importance de l'enjeu derrière ces tournois. On est encore bien loin du premier trailer de présentation de la Nintendo Switch et de la grande compétition de Splatoon 2.

En définitive ce fut une intéressante immersion dans l'univers du magazine Jump à laquelle j'ai pu prendre part. Je reste encore bouche-bée devant la richesse de l'histoire de ce magazine et le nombre impressionnant de mangas à succès auquel il a donné vie. Le Jump Festa est une très belle célébration de cet héritage. Seule la partie jeux-vidéo du salon m'a laissé sur ma faim avec Nintendo et son Japan Grand Prix sur Arms et Splatoon 2 qui ne sont pas encore à la hauteur des ambitions de la firme de Kyoto. A voir ce que l'on nous aura préparé pour l'année prochaine. D'ici là, je vous souhaite une joyeuse année 2018 et je vous dis surtout au mois prochain pour un nouveau Japonais à Volonté !