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It's dangerous to go alone. Take this !

Je me souviens de la cartouche dorée. De la map que je trouvais gigantesque. De la musique que je découvrais et du sentiment de liberté que j'éprouvais. Le premier opus de The Legend of Zelda arrive en Europe en 1987 sur la mythique NES et pour moi, le coup de foudre est immédiat... Un jeune héros à la tunique verte doit sauver une princesse au péril de sa vie. Des donjons, une multitude d'objets différents à utiliser, des énigmes, bref la fièvre Zelda est lancée et impose ses codes au monde du jeu vidéo. Rendez-vous compte, le monde est si vaste que pour la première fois, une sauvegarde était incluse dans une cartouche !

Pendant une trentaine d'années, d'épisode en épisode, Link fera toujours plus ou moins le même job. Inlassablement. Arpenter les temples, trouver l'épée de Légende, réunir les fragments de la Triforce, la relique sacrée, sauver Zelda, bref la routine. Il vit des aventures à l'ambiance un tantinet différente à chaque fois (notamment dans Majora's Mask), mais le fil rouge reste globalement le même, et après quelques décennies, on commence à réaliser que Big N surfe un peu sur la facilité, utilisant les mêmes codes à chaque fois, ne cherchant pas forcement à renouveler la licence culte, puisque de toute façon, ça marche !


Mais sans évolution, sans salutaire remise en question, une série prend le risque de s'affadir. De lasser ses fans. Pour les garder, elle doit continuer à les surprendre. Mais l'équilibre est complexe puisqu'il s'agit de respecter son ADN, tout en proposant du "frais" pour séduire davantage et ne pas tomber dans la redondance. Je mentirais si je vous disais que je n'ai pas aimé tous les épisodes de la saga, mais je confesse qu'à l'heure de Skyward Sword mon amour pour la série a commencé à s'essouffler... Selon moi, outre la prise en main au Wii Motion Plus parfois pénible, ce volet n'offrait clairement pas une ambiance aussi envoûtante que ses grands frères. Il manquait ce petit quelque chose qui a fait d'Ocarina of Time le plus grand jeu de tous les temps. Un peu comme un beau dessin sans couleurs, Skyward Sword m'apparaissait moins marquant... The Legend of Zelda perdait de sa superbe. Il fallait changer quelque chose, et vite.

Le début d'une nouvelle ère

Oui, la célèbre saga avait besoin d'un souffle nouveau et la firme de Kyoto l'a bien compris. Avec Breath of the Wild, ce vent frais souffle doucement sur les plaines d'Hyrule en apportant ce qui manquait à Link depuis trop longtemps... de l'ampleur !

Link to the Past était déjà un OVNI dans les années 90 et plus tard Ocarina of Time offrait une expérience révolutionnaire sur Nintendo 64. Le premier Zelda en 3D proposait un monde qui paraissait si gigantesque ! En découvrant la cinématique d'introduction de l'épisode, je me souviens avoir pensé : "Qu'est-ce que c'est grand !"

De plus, le gameplay d'Ocarina of Time était ultra novateur et aura apporté beaucoup aux jeux vidéo qui passèrent après lui. Je pense notamment la visée Z qui est le système de lock du jeu. Croyez-moi pour un jeu de cette génération c'était fantastique ! Cette visée permettait de plus à notre héros de sauter dans tous les sens, de faire un saut périlleux arrière, d'esquiver les ennemis... Réalisation démentielle, prise en main raffinée, durée de vie colossale : oui, aujourd'hui encore, Ocarina of Time reste culte, car il a métamorphosé à jamais la série. Il y eut un avant, et un après.

Mais n'oublions pas qu'à l'époque, nombreux étaient les joueurs qui, tout comme aujourd'hui avec Breath of The Wild, avaient peur que la série ne s'éloigne trop de ce qu'elle était à la base.

Cependant, ce volet mythique a pris le risque d'amener du changement, devenant une référence incontournable. Suivirent les excellents Majora's Mask plus marginal ou encore Wind Waker plein de légèreté mais construits sur le même schéma. Qu'on aime ou pas, impossible de ne pas voir la volonté de faire évoluer les codes, voire même le style visuel... quitte à déclencher l'ire d'une partie des fans. On ne devient pas culte en étant consensuel. Cela tombe bien, Breath of the Wild ne l'est pas... réjouissons-nous en !

The Legend of the Colossus ?

Et voilà nous y sommes. Le tout nouveau Zelda prévu pour 2017 arrivera simultanément sur Wii U et Nintendo NX. Quel fantastique univers ! Je soulignais plus haut la grandeur des environnements d'Ocarina of Time mais, à côté de ceux de Breath of The Wild, que ce monde paraîtrait étriqué... Aujourd'hui, c'est un espace incommensurable, 12 fois plus vaste que Twilight Princess, qui attend les joueurs avec ses paysages variés aux douces couleurs. Certains se plaignent déjà et qualifient l'espace de "vide". Si je devais lui assigner un adjectif, ce serait plutôt "aérien". Ouvert, propice à la balade et à la contemplation, la poésie, voire la mélancolie. Je compare très volontiers ce tableau à celui de Shadow of The Colossus à qui très peu de joueurs avisés avaient reproché d'être vide... Et à raison pardi, car ce genre d'aventure existe avant tout pour inciter à ressentir ! L'immensité flatte le goût de l'aventure, les sens, l'imaginaire... Et à ce jeu là Nintendo est doué bon sang !

Dans cette vaste contrée qu'est Hyrule le joueur sera sans doute poussé à penser, à rêver, à s'attarder sur la grandeur des lieux, l'immersion, le tout accompagné d'une bande-son qu'on devine magique, une musique qui "fait du bien" de mon point de vue... On pourra critiquer les qualités techniques du jeu mais, à défaut de flatter les yeux les plus acérés, le rendu global est tout ce que j'attendais d'un Zelda : féerique, envoûtant. C'est du Zelda quoi ! Car un Zelda ne se joue pas comme un jeu d'aventure classique amis joueurs, il se vit, se savoure et se démarque des autres soft par sa réalisation artistique, son ambiance à part. Sur cet aspect, le jeu a tout bon !

Pour les joueurs de la première heure comme moi, on note tout de suite des clins d'oeil avec le premier opus de la série. Link se réveille, sort d'une grotte et arrive sur une falaise, un panorama vertigineux s'offre à lui, le regard porte loin, si loin... Cela ne vous rappelle rien ? Et oui, la fameuse illustration de l'épisode NES ! On distingue ce qui semble être le mont du Péril, une forêt dense aux arbres hauts, "la forêt des esprits", qu'on peut comparer éventuellement aux bois perdus ? Miyamoto parle d'un "lien" avec le jeu à la cartouche dorée et j'y vois moi-même comme une sorte de reboot.

Ce que Big N n'a pas pu faire sur la NES, il peut désormais se le permettre sur les consoles actuelles. L'univers de Zelda prend toute son ampleur ici. En dehors de l'environnement, je tique sur le vieil homme encapuchonné au coin d'un feu, les possibilités, l'ambiance générale... Une idée me frôle alors l'esprit : un remake de Zelda 1 ? Je ne sais pas, mais je me sens chez moi !

Ces éléments familiers mélangés subtilement à ceux de Wind Waker dont on retrouve les doux bruitages et certains protagonistes, notamment les adorables Korogus (qui ne sont autres que les Kokiris, enfants de l'arbre Mojo dans Ocarina of Time métamorphosés sous l'effet du temps...) offrent un univers enchanteur. Ici, plus d'une centaines de sanctuaires pourront être visités pour récupérer des orbes de courage, mais quatre donjons principaux seront aussi de la partie. Ces derniers semblent bien cachés mais on imagine déjà des temples à la Ocarina ou à la Twilight Princess, basés sur les éléments. Oui, depuis longtemps je n'avais pas voyagé ainsi. C'est aussi ça, la force de Zelda : faire rêver...

Un gameplay Skyrimesque

Si ce nouvel épisode reste bien assis sur les fondamentaux de la saga, l'aspect RPG qui s'y ajoute rafraîchi considérablement le gameplay du jeu. The Legend Of Zelda n'a jamais été un RPG même si certains de ses volets proposait quelques éléments se rapprochant du genre, je pense précisément à The Adventures of Link sur NES. En effet, cet épisode permettait à Link de gagner des points d'expérience au fur et à mesure de sa progression et d'améliorer ses compétences, mais pour être honnête il est l'épisode que j'ai le moins apprécié.

Dans Breath of The Wild, les possibilités sont innombrables. Link pourra ramasser une multitude d'objets, que ce soit pour en faire des armes de mêlée ou pour les cuisiner, jouer avec le temps grâce à une météo dynamique, changer de tenue à son gré, sauter, escalader, faire du snowboard sur son bouclier, chasser le sanglier... On pourra même noter un léger aspect infiltration avec la possibilité de marquer ses ennemis et de les approcher en pantoufles... Wolf Link pourra également nous escorter pour chasser ou dénicher des objets. Bref c'est la guinguette. Qui n'a jamais rêvé de jouer en Zelda avec un gameplay aussi affûté offrant de nouvelles sensations ? D'être en totale liberté ? Pas les fans de Zelda c'est évident car on parle ici d'un Zelda en bonne et due forme, mais amélioré.


On ne change pas, on améliore...

Tout comme Hyrule qui devient un vrai monde ouvert, le gameplay du jeu s'étoffe pour offrir une palette de possibilités plus riche, plus dense. A l'instar du premier épisode, le joueur sera forcément excité d'explorer, de découvrir, de se perdre dans l'immensité. A quoi ressemble le mont du Péril ? Le lac Hylia ? Le village Cocorico ? Le peuple Sheika semble bien présent, il est donc fort possible que nous retrouvions aussi les Gorons, les Zoras...

Breath of the Wild m'a fait une drôle d'impression il faut dire. Je découvre un nouveau jeu que j'ai l'impression de connaitre déjà. Oui, tout ce qui fait qu'un Zelda est bon est ici, les conditions sont optimales, le cahier des charges est rempli. Et puis il y a des choses en plus. Plus riche, plus dynamique, plus mature, la série culte montre qu'elle peut se renouveler tout en restant elle, sans se dénaturer, sans essayer de ressembler aux autres car elle se veut authentique. J'en vois beaucoup comparer le titre à The Witcher III, mais comment est-ce possible ? Les deux titres n'ont rien en commun si ce n'est le gout de l'aventure. Ah si, The Witcher III est largement plus beau. Mais que ceux pour qui l'élément le plus déterminant d'un Zelda se doit d'être la claque graphique, lèvent la main. Voilà, nous sommes d'accord...

Les meilleurs épisodes de Zelda ont apporté du changement. On le voit notamment avec Ocarina of Time qui avait inquiété, autant qu'émerveillé les joueurs avant sa sortie. Breath of the Wild surfe sur la magie Zelda en lui octroyant le droit d'être plus. Plus abouti, plus grand, plus fort. Ce "reboot" de la série (qui se déroule 100 ans après Ocarina of Time) lui donne une chance de redevenir celle qui a changé la face du jeu vidéo.

En 1987, il y a eu un avant et un après Zelda. Près de 30 ans plus tard, Breath Of The Wild marquera un nouveau début. Celui de la liberté, dans son écrin le plus aérien. Le meilleur de la saga ? Il en a tout le potentiel...


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