Will Smith, Martin Lawrence, Jerry Bruckheimer, Michael Bay. Quatre hommes qui s’associèrent au bon endroit, au bon moment, pour le bon film. Le genre de projet-phare sur lequel plusieurs personnes d’horizons divers trouvent pourtant leurs intérêts, et le succès. C’est suite à la sortie du coffret ‘trilogie’ de la saga que j’ai revu chacun de ses trois films, ce qui m’a permis de ‘réévaluer’ mon appréciation qui était autrefois assez désastreuse (surtout pour le 2). Le troisième lui je l’appréciai dès mon premier visionnage à sa sortie en 2020, à ma grande surprise. Je découvrais aussi la série spin-off avec Gabrielle Union et Jessica Alba en vedette, qui délaisse Miami pour Los Angeles. Et c’est donc partie pour la review des Mauvais Garçons de Floride…

BAD BOYS  de Michael Bay - 1995

Mike Lowrey et Marcus Burnett sont coéquipiers dans la police de Miami, dans la brigade des stups pour être précis. Ils sont aussi proches que fondamentalement différents. Mike est un beau gosse de belle famille, célibataire aux multiples conquêtes et amateur de belles bagnoles. Marcus lui est un mari aimant et maladroit, père de trois enfants qui rêve d’une carrière pépère jusqu’à la retraite. Ils aiment tous les deux leur métier, mais on une approche radicalement opposés des méthodes à employer pour faire tomber les trafics. Et de gérer leurs vies.
Une puissante quantité d’héroïne est volée au sein même du bureau de la brigade anti-drogue, sous le nez et la barbe des policiers. Piqués au vif, les agents – dont nos deux héros – vont remuer toute la ville dans les brancards pour savoir qui est derrière cet audacieux casse. Parallèlement, une connaissance intime de Mike est assassinée par le responsable du vol, un certain Fouchet. Mais une amie de la victime est témoin du meurtre et parvient à s’échapper. Cette dernière ne souhaite avoir affaire qu’à Mike Lowrey, dont lui parlait souvent la défunte. Mais le flic étant indisponible, Marcus n’a d’autre choix que de se faire passer pour lui auprès du témoin, Julie Mott de son nom. S’en suit alors toute une suite de quiproquo tandis que les deux collègues doivent se faire passer l’un pour l’autre le temps de l’enquête.

"Vous auriez des Cachous"

J’avais un souvenir assez négatif de ce film, que je n’avais pas revu depuis les années 90 en VHS. Trop vulgaire, trop clipesque, trop bas du front…Tout cela est toujours vrai, mais vu depuis notre époque aseptisée, que cela fait du bien de voir un métrage qui ose sans entrave. Les insultes fusent de toutes parts, le second degré est omniprésent et le rythme est haletant. C’est brut de décoffrage, sans finesse il est vrai mais au moins ça à de la personnalité, une âme.

Les années 90: synthèse

Et puis nos deux héros sont extrêmement sympathiques, même si je me sens plus proche du rôle de Martin Lawrence que de celui de Will Smith, trop ‘tape-à-l’oeil’ pour moi. Téa Leoni est juste absolument sublime en brunette sexy et sarcastique, elle pourrait me mener par le bout du nez comme bon lui semble. Karen Alexander, dans le rôle de la pauvre fille tuée sans vergogne est aussi d’une grande beauté d’ailleurs. Dans le camp d’en face on trouve notre Tchéky Karyo national qui cabotine avec plaisir dans le rôle du méchant en chef. À ses cotés on retrouve Franck John Hughes, une bonne bouille que je connais de la série ‘Players’ avec Ice-T, toujours dans un rôle de petite fouine qui lui va bien.

"Cops"

Mais la vraie révélation de Bad Boys, ce fut évidemment Michael Bay, qui signait là sa première réalisation. Et on peut dire qu’il à su entrer par la grande porte dans le milieu du Blockbuster. Plans hyper-stylisés, action pétaradante, lumière qui claque la rétine…son style n’a pas laissé indifférent à la fois et les critiques et le public. Pour le pire et le meilleur.

Toute la subtilité de Michael Bay

On se retrouve donc avec un premier film ‘Cop Buddy Movie’ s’inspirant de la légende du genre ‘Lethal Weapon’ (L’Arme Fatale) mais avec un ton plus léger, plus ‘sitcom’ j’ai envie de dire. Mais aussi plus enlevé, avec plus d’entrain. Nos deux héros sont encore loin d’être ‘trop vieux pour ses conneries’ et sans donnent donc à cœur joie pour foutre le bordel dans les rues de Miami. La situation burlesque voyant les deux hommes tenter de se faire passer l’un pour l’autre est au centre de la partie ‘comédie’ du scénario, et permet instantanément de comprendre comment chacun des deux voit l’autre. Habile moyen de connaître la nature de leur relation, entre conflit idéologique et amitié sincère.


De nombreux dialogues on été improvisé par les acteurs, peu satisfait de ceux du scénario.

BAD BOYS II de Michael Bay - 2003

Mike et Marcus bossent toujours ensemble dans les rues de la ville qui baigne perpétuellement sous le soleil. Ils sont cette fois sur la trace d’un cartel cubain, aux méthodes expéditives. Les dissensions entre les deux hommes ne font que grandir, Marcus ayant de plus en plus de mal avec le comportement insouciant et tête brulée de son coéquipier. Le mari rangé demande donc secrètement sa mutation, tout en accueillant sa sœur en visite en ville, Sydney Burnett dites ‘Syd’, flic dans la police de New-York. Mais Mike aussi cache quelque chose, et qui pourrait bien fracturer son amitié avec son camarade…il sort en cachette avec Sydney !
Là où toute l’histoire se complique, c’est que Syd elle-même ne dit pas toute la vérité sur sa venue à Miami. Elle est en fait en mission d’infiltration pour la DEA, et tente de faire tomber ce fameux cartel cubain de l’intérieur…

Le frère et la soeur Burnett en planque en compagnie de Mike

Houlà. Alors…Bad Boys 2. Je n’avais pas aimé le 1 en 95, j’ai détesté le 2 en 2003. Un film hors-normes, grossier, fiévreux, putassier, aux effets visuels tapageur et bling-bling, dont la première victime n’est rien de moins que la décence. Imaginez le premier film qui aurait mis toutes les jauges à fond, mais dans le mauvais sens. On reste éberlué devant tout ce qu’ose cette suite, sans aucun souci de morale. Et Poukram que cela fait du bien de redécouvrir cette dinguerie suprême en 2021 !

Effet de style à gogo pendant 2 heures, jusqu'à la nausée parfois.

Typiquement le blockbuster qui serait IMPOSSIBLE à faire dans le Hollywood d’aujourd’hui. Il va bien trop loin, est bien trop irrévérencieux, bien trop en dehors des clous. Alors on n’est pas non plus dans un délire sous acide à la ‘Las Vegas Parano’ mais pas tellement loin lors de certaines scènes. Surtout du coté de Martin Lawrence qui se lâche totalement. Face à lui, Will Smith joue le ‘play-boy-scout’ imperturbable et incorruptible level Max. Le décalage de ‘jeu’ entre les deux acteurs ne fait que refléter encore plus leur divergence, et le chemin de la réconciliation semble bien compliqué à arpenter.

Exemple d'une scène absolument impensable dans l'ambiance d'aujourd'hui. Ce qui la rends d'autant plus précieuse! Merci Reggie!

Marcus n'aime pas beaucoup qu'on s'en prenne à sa petite soeur

Les acteurs de seconds rôles ne sont pas non plus là pour faire dans la finesse. Entre Jordi Mollà et Peter Stormare, les méchants on vraiment l’air de méchant et on n’aimerait pas se retrouver dans la même pièce qu’eux quand ils se lancent leur regards froid bleu acier. On retrouve avec plaisir Joe Pantoliano en tant que capitaine hurlant mais protecteur ainsi que John Salley dans la tenue du hacker géant un peu fripouille. Et puis Gabrielle Union qui fait ici son entrée dans la franchise, mais on aura l’occasion de revenir sur son personnage plus loin dans cette revue.

Le quatuor à la tête de ce projet, qui n'a pas eu peur d'aller trop loin. Époque révolue.

Michael Bay, comme ses stars, y va à fond. Jusqu’à l’excès qui frise la caricature (depuis j’ai vu 6 Underground, au coté duquel Bad Boys II passe pour un film d’auteur). La course-poursuite avec la camionnette mortuaire qui largue des cadavres sur les boulevards. Marcus qui pelote une bimbo post-autopsie. La fusillade chez les Haïtiens avec sa caméra qui virevolte sans cesse entre les murs et les figurants qui hurlent sans cesse (avec force insultes inaudibles pour la bien-pensance actuelle). La scène d’ouverture pendant une cérémonie du Ku Klux Klan. Le climax final au pied de Guantanamo…une succession non-stop de scènes qui nous laisse pantois de surenchère filmique, où la moindre action est décuplée par la mise en scène tapageuse – et assumée – du réalisateur. Il faut s’accrocher quand on regarde cette séquelle, car le film décoiffe, tant par son action que par sa folie.

Gabrielle Union qui interprète la cadette Burnett...et qui n'était encore qu'étudiante quand sortait le premier film au cinéma!

BAD BOYS FOR LIFE d’Adil & Bilall - 2020

17 ans plus tard, Mike Lowrey et Marcus Burnett sont toujours officiers des Stups à Miami. Mais désormais ils font parti du clan des ‘vieux dinosaures’, avec des ‘méthodes à l’ancienne’. Tout autour d’eux la fine fleur de la police moderne leur rappelle qu’ils ne sont plus ‘de jeunes premiers’. Mais là où Marcus accepte pleinement sa condition, Mike la refuse catégoriquement. Il est toujours dans le coup et il tient à le prouver. Lors d’une soirée entre collègues pour fêter le premier petit-enfant Burnett, Mike se fait tirer dessus en pleine rue sous les yeux horrifiés de son collègue et son capitaine…Des mois plus tard, remis de ses blessures, l’agent Lowrey veut sa revanche mais Marcus ne le soutient pas dans cette démarche, il à ‘passé l’âge’ de jouer à ces jeux là. Alors Mike s’associe bon gré mal gré avec la nouvelle Team à la pointe de la brigade, justement sur les traces de celui qu’ils soupçonnent d’être le tireur. Un jeune Mexicain aux dents longues qui fait la razzia sur tous les trafics de Miami. Un jeune homme mandaté exprès par sa mère pour pourrir la vie au maximum de Mike Lowrey…

"Old schooll but old cool"

Ça sentait le coup foireux, le revival au rabais surfant sur une gloire d’antan. Il n’en est rien, Bad Boys For Life est un très bon film de comédie et d’action, avec le retour du duo devant la caméra qui fonctionne toujours autant. Alors oui les mauvaises langues on raillé la prise de poids de Martin Lawrence mais j’ai envie de dire: et alors ? C’est justement tout le sujet du film le fait que les deux hommes aient pris de l’âge, l’un s’étant assagi et l’autre pas, accentuant d’autant plus leur divergences d’opinion. L’opposition et l’évolution des personnages est d’ailleurs intéressante au fil de la trilogie, car celui qui était le cool dans le premier devient un vieux solitaire sans attache 25 ans plus tard là ou le bon père de famille à désormais toute une tribu et une vie qu’il doit mener à cent à l’heure. La vie et le temps sont passés par là…

Toujours amis malgré tout

Les nouveaux venus aussi font plaisir à voir. J’avoue un GROS COUP DE CŒUR pour l’actrice mexicaine Paola Nùñez, cheftaine charismatique de cette fameuse nouvelle équipe. Le trio de recrues lui est assez caricatural mais fait le boulot. Le petit c*n, la nana plus balèze qu’elle en a l’air et le baraqué très sensible (Barracuda Forever). Ils n’en restent pas moins très sympathiques tous autant qu’ils sont. Du coté des antagonistes on découvre donc une mère et son fils, tout deux prêt à tout (mais vraiment à tout) pour parvenir à leur fins. À savoir détruire Mike Lowrey moralement et physiquement.

L'équipe des Djeun's et leur boss

Michael Bay cède donc sa place à deux ‘petits’ réalisateurs belges qui bien qu’impressionné par la machinerie Hollywoodienne signent un métrage qui à droit à tout les honneurs. Alors certes ils n’ont pas le style ‘Bay’ (et c’est loin d’être un reproche) mais leur travail ne dénote pas avec les deux opus précédents. Certains plans sont même très appréciables, je pense notamment à celui qui voit Martin Lawrence au téléphone portable tandis que Will Smith monte affronter le tueur. La colorimétrie par contre se démarque beaucoup et je dois dire que je suis plus client de celle présente dans ce métrage, que j’estime être bien plus belle.

Adil El Arbi et Bilall Fallah, les réalisateurs de ce troisième film

Moins déglingué que ses grands frères, ce troisième épisode ramène de fort belle manière la saga à notre époque plus convenue. Fini les exubérances parfois crasses d’il y a 20 ans et place à une aventure classique mais efficace. On regrettera seulement le twist de l’identité du méchant mexicain, qui fait un peu trop clicheton à mon gout. Pour le reste c’est du tout bon.

Le grand vilain, une vraie arme de guerre infaillible. Ou presque...

LA’S FINEST (BAD GIRLS) de Brandon Margoulis et Brandon Sonnier - 2019-2020

Sydney Burnett à été transférée il y a quelques années la DEA newyorkaise à la criminelle de Los Angeles, suite à une de ces énièmes sorties de route. Elle tente alors de se reconstruire une vie saine sur la côte californienne, où elle essaie également de renouer avec son père, qui avait abandonné sa femme et ses enfants il y a bien longtemps. Elle à pour coéquipière Nancy McKenna, vétéran de la guerre d’Irak qui trouve dans les forces de l’ordre un moyen de continuer son combat contre l’injustice. Ensemble elles mènent leurs enquêtes à la fois dans les quartiers malfamés et les résidences de luxe de la ville.

Notre équipe au grand complet

La série dérivée des films se laisse agréablement regarder sans être ce qu’on appelle une ‘indispensable’. En fait – et c’est assez marrant – on y retrouve un peu l’ambiance que l’on trouvait dans la regrettée série ‘Lethal Weapon’. Même si nos deux héroïnes s’entendent bien plus que Riggs et Murtaugh (surtout dans leur version TV…). Là encore le show stoppera tristement au terme de sa seconde saison (oui je sais il y a 3 saisons pour Lethal Weapon…mais bon hein…la troisième est limite un spin-off d’elle-même). Dommage au vu du cliffhanger mis en place dans le dernier épisode et qui rattrape l’intrigue du film de 2003 (et donc le passé de Sydney).

Photo de tournage pour deux actrices en mode 'On va tout fracasser !'

La frangine Burnett reprend peu ou prou la fonction de Will Smith dans les films là ou Mckenna sera plus proche de Martin Lawrence…néanmoins il subsiste des différences dû principalement au média qui permet de bien plus développé les intrigues et les relations, ce qui est normal. Gabrielle Union reprends donc son rôle tandis que Jessica Alba (oui oui elle-même !) celui de sa collègue. Et le duo fonctionne très bien. Plus fusionnelles que leurs frères de cinéma, elles conservent tout de même de grandes différences, plus morales que professionnelles. Notons que McKenna est mariée au favori pour devenir le nouveau procureur de LA, ce qui parfois amènera quelques tensions familiales.

Les deux Ben (Duane Martin et Zack Gilford)

Il faut présenter également l’autre équipe mise en avant dans les épisodes avec ‘les deux Ben’. Le premier, Ben Baines est ce qu’on appelle ‘un comique’, toujours le mot pour rire ou la bonne expression au bon moment. Ben Walker lui est un ‘serious guy’ qui contrebalance parfaitement son binôme. On retrouve aussi un autre personnage issus des films, en la personne de Fletcher, toujours aussi grand et toujours aussi filou. J’apprends en tapant cet article que celui qui joue le jeune frère de McKenna se nomme Joshua Alba…et qu’il est donc le vrai frère de Jessica Alba ! Je n’aurai pas cru. Et enfin, Ernie Hudson dans les bottes du père rédempteur, l’éternel Ghostbuster apportant une vraie présence et un capital sympathie élevé pour un monsieur présenté assez froidement de prime abord.

On retrouve Fletcher (John Salley), ici en compagnie de McKenna et Syd

Une fois faite cette galerie de portraits, Bad Girls est une série policière standard, ni plus ni moins. On est loin de l’impertinence de 1995 et surtout de 2003, qui semble idéologiquement à des années-lumière. Pour être franc j’ai largement préféré Lethal Weapon, dû évidement à Clayne Crawford qui apportait un grain de folie énorme au show, néanmoins je trouve dommage que la série se soit faite annulée, une troisième et dernière saison aurait pu faire le pont avec la saga coté grand écran…

~€~

On en est donc là en ce qui concerne la franchise ‘Bad Boys’. Mais elle n’a peut-être pas dit son dernier mot. En effet au vu de la très bonne réception du troisième film, un quatrième est envisagé si les étoiles s’alignent correctement (ce qui n’est pas le cas présentement, mais peut-être plus tard). Reste à savoir qui, où, comment, quand et pourquoi. Bref le travail de pré-production doit faire son œuvre - et en ce moment ce n’est pas le plus évident. Cependant si jamais le projet se monte, j’espère vraiment que la jonction se fera avec la série, d’une manière ou d’une autre. Niveau casting le show TV à quand même de quoi se défendre (carrément même !) et le quatuor Martin Lawrence - Gabrielle Union - Jessica Alba – Will Smith, ca aurait quand même grave la classe (et si on ajoute Ernie Hudson en plus, c’est le pompon). Reste à voir ce que décideront les producteurs (et le destin) pour le futur de nos mauvais garçons favoris.

Avec ce magnifique montage créé par mes soins, un aperçu de ce que pourrait être le casting de Bad Boys 4

L'avis d'Amidon, le chat de la maison:

Bad Boys

Bad Boys 2

Ce n'est pas un 'Bon Film' mais le témoin farfelu d'une époque révolue

Bad Boys For Life

 

Bad Girls

 

Rendez-vous Mercredi prochain 18H pour une nouvelle chronique.