Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…Bon, en vérité le sujet qui va nous concerné aujourd’hui n’est pas si vieux que cela vu qu’il est sorti dans notre système stellaire en novembre 2019. Il m’aura donc fallu une bonne année avant de m’y coller et ce de manière peu enthousiaste tant je n’étais pas de base attiré par ce titre de toute évidence peu inspiré. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la Force m’avait fait pressentir à raison cette mauvaise impression…

 EXECUTEZ L’ORDRE 66

5 ans on passé depuis l’instauration de l’Empire. Les rares Jedis encore en vie se terrent aux quatre coins de la galaxie, attendant que surgisse des tréfonds de l’univers un nouvel espoir hypothétique. Quel qu’il soit. C’est le cas de Cal Kestis, désosseur de vaisseau sur Bracca. Padawan ayant survécu à l’ordre 66 et faisant depuis lors profil bas sur la planète où il s’est réfugié. Mais l’inquisition, la branche impériale chargée de traquer les derniers chevalier de l’ordre disparu finit par retrouver sa trace. Le fugitif ne devra sa survie qu’a l’intervention In Extremis de Cere Junda et Greez Dritus, venus le secourir à bord de leur vaisseau le Mantis. Greez, le capitaine Latero très soupe-au-lait est au service de Cere, une ancienne jedi ayant coupé tout lien avec la Force mais qui poursuit un but très précis lié à elle. Un but pour lequel il lui faut l’aide d’un jedi accompli. Faute de mieux elle se tourne vers le jeune Cal, qui n’a jamais terminé sa formation. La mission qu’elle s’est donné consiste à mettre la main sur un Holocron renfermant une bien précieuse information. Une liste répertoriant les enfants sensibles à la Force à travers la Galaxie, rien de moins. Et à partir de cette nouvelle génération de padawans, Cere et Cal reformeront l’académie jedi…

Cere Junda la Jedi déchue, Greez Dritus le capitaine pas très téméraire et Cal Kestis le padawan qui n'a jamais fini sa formation. Une équipe qui souhaite rien de moins que de réinstaurer l'Académie Jedi.

Un plan pour le moins ambitieux quand on voit l’équipe de bras cassés que constitue notre trio. Cal Kestis lui-même soumet la remarque mais son manque de foi ne fera que renforcer la détermination de sa nouvelle formatrice. La relation entre les différents membres de notre équipage est plutôt bien vu et évolue de manière naturelle. Entre le Padawan n’ayant pas pratiqué depuis des lustres qui doit constamment faire ses preuves, la jedi reniant son lien avec la Force mais bien obligé de terminer la formation de Cal si elle souhaite que ce dernier devienne un maître et Greez le pessimiste toujours prêt à donner un coup de main, cela donne quelques belles scènes de dialogues. Et certaines situations tendues. Plus tard l’arrivée d’une nouvelle passagère en la personne de Merrin, une Sœur de la Nuit de Dathomir, rajoutera un nouvel échelon à cette dynamique de groupe. Jouant en permanence le chaud et le froid, bien consciente de l’aura de méfiance et de peur qu’elle inspire et jouant de cela, elle apporte une touche de cynisme et de dérision à bord du Mantis. Tout en conservant son immense savoir et ses pouvoirs ô combien puissants.

Cal amènera la mystérieuse Merrin à bord du Mantis pour qu'elle puisse l'épauler dans sa folle quête. Présentons maintenant BD-1, le compagnon droide de Cal. Ce dernier servira en fait de 'besace robotique' pour le jeune aventurier et aura la capacité de pirater certaines portes ou mécanismes pour poursuivre la progression.

Leur quête de l’Holocron les amènera à retracer le parcours d’Eno Cordova (joué par Tony Amendola, éternel Bra’tac), un jedi-archéologue qui été particulièrement attiré par les Zelfos, un peuple désormais éteint. Alors de temple Zelfos en temple Zelfos, Cal devra remonter sa piste semée d’embuches pour atteindre le précieux artefact. Tout en se réappropriant sa formation Jedi, et assez fissa, car l’Empire est bien entendu de la partie. Traquant à la fois l’équipage du Mantis et l’Holocron renfermant la précieuse liste…

IL ME VIENT TOUT À COUP COMME UN MAUVAIS PRESSENTIMENT…

De ce pitch pas plus mauvais qu’un autre, nous voilà donc devant un jeu qui pioche allègrement de tout les cotés et tente de maintenir le tout dans un ensemble cohérent. La jouabilité et le déroulement des missions sont de toute évidence calqués sur la saga Uncharted, à laquelle on greffe à la truelle des mécaniques de chevalier Jedi digne de Mirror’ Edge. Exit cependant les affrontements aux pistolaser, notre bon chevalier préférant la sacrosainte lame d’énergie. La collaboration très étroite avec le droide m’a rappelé quand à elle un autre titre starwarsien, à savoir ‘Lethal Alliance’, paru sur PSP et 3DS, où l’on incarnait une mercenaire twi’lek du nom de Rianna Saren qui avait pour compagnon de voyage Zeeo, un ‘droide à tout faire’ extrêmement utile (ce jeu fait plus ou moins parti de la saga ‘Jedi Knight’, j’en reparlerai un jour…). En ce qui concerne le don de psychométrie (qui permet de ressentir le passé d’un objet), on ne peut que penser à Quinlan Vos, le Jedi rebelle (le Lorenzo Lamas de Star Wars).

Le jeune padawan fait face à son maître Jaro Tapal, un Lasat. Derrière les cloisons, des troupes de soldats-clones qui viennent de recevoir l'ordre 66...

Tout cela donne un résultat que je qualifierai pour le mieux de ‘mitigé’. L’ensemble manque clairement de tonus pour maintenir le joueur en haleine tout du long. Certaines phases sont trop scriptées tandis que d’autres laissent sur le carreau et on tourne dans le décor sans trop savoir ni quoi faire ni où aller. Et la maniabilité de Cal est bien loin de valoir celle de Starkiller des ‘Le Pouvoir de la Force’. C’est d’une rigidité et d’une mollesse… Et puis un point qui m’a profondément agacé, même si je sais ce n’est pas dans la doctrine ‘Jedi’, mais bon sang notre rouquin, il ne peut pas ramasser l’une des armes d’un des troopers au bout d’un moment ? Je peux vous dire que j’ai eu très envie de me replonger dans Jedi Knight en compagnie de ce bon vieux Kyle Katarn au bout d’un certain temps. Parce que Poukram un blaster à un moment donné j’en ai rêvé! Les duels contre les boss sont quand à eux non pas terne, mais pas loin. Seul celui contre le Jedi Noir mérite d’être relevé. Les autres sont trop cadenassés par des scripts préétablis pour véritablement être prenant.

Les phases de glissade sont ignobles. Peu maniable, inutiles au possible, buggués. Mais qui a eu l'idée saugrenue d'implanter ces passages là??! Une phase de ce genre sur Kashyyyk semble même sortir tout droit d'un Sonic Adventure, avec bumper intégré. Surprenant.

Et puis cet arbre de progression à l’envers, ca aussi ca m’a retourné le cerveau! Les pouvoirs de base de tout chevalier Jedi sont octroyés en ‘fin de branche’. Je veux dire, quand même, le lancer de sabre, c’est le niveau 1 de tout jeu star wars qui se respecte quand on incarne un usager dela Force! Là il passe Après des pouvoirs plus ‘spectaculaires’ et puissants. Et le double-saut qui est la dernière capacité apprise par Cal - après la course sur les murs, après la préhension, après le pouvoir de ‘vibration’ bizarre qui fait ralentir le temps - alors que dans la tradition vidéoludique il s’agit au contraire du tout premier truc qu’on apprend… Vraiment notre héros se ‘construit’ en dépit du bon sens j’ai l’impression. Pour en terminer avec Cal Kestis, je dois dire que vu de loin le personnage semblait peut intéressant, absolument pas charismatique et disons-le, pauvre. Mais une fois sur notre écran, je dois concéder que Cameron Monaghan offre une prestation plus que convaincante, entre doute profond, foi sincère dans sa cause et sarcasme discret. Et profondément bon, sans être nigaud.
Les autres protagonistes sont aussi bien interprétés. Une préférence personnelle pour Merrin, la ‘Gothique cool’. J’ai du mal en revanche avec les yeux de Cere, il y a un truc qui ne marche pas dans la motion-capture où je ne sais quoi… les orbites ressortent bien trop ! On a l’impression que ses globes oculaires sont tout le temps sur le point de sauter comme des bouchons de champagne. Je vous jure je trouve cela effrayant.

Le temple Zelfo de Dathomir. Capture d'écran qui reflète parfaitement ce coté très pastel et 'lisse' du titre. Un parti-pris graphique qui fait son petit effet.

Cependant, ce qui reste ZE problème of this game, c’est son level-design. Houlàlalalaaa misère de misère. Censément construit comme un ‘Metroidvania’ selon l’expression consacrée, on se retrouve manette en main dans de véritables labyrinthes incompréhensibles. À devenir fou. Combien de fois je me suis perdu dans ce dédale de couloirs qui se croisent et s’entrecroisent. Le pire étant la carte, qui n’aide en rien du tout tant c’est la représentation graphique de tout ce qu’il ne faut pas faire en matière de plan holographique. J’en ai poussé des soupirs quand j’ai vu où se situait l’icône d’objectif à atteindre au cours de certaines missions. Le plus important dans un voyage c’est le trajet dit-on…mais là je peux vous assurer que je m’en serai bien passé !

Une map qui transpire la clarté (ironie)

LE LIEN ENTRE MOI, TOI, L’ARBRE, LE ROCHER, LE SOL ET LE VAISSEAU

Parlons technique maintenant. Sur PS4 Fat, le jeu connaît quelques difficultés d’affichages (textures, popping, certains ennemis ‘bloqués’… bref les trucs habituels) et des temps de chargement parfois longs. Voir très longs. Par contre pas le moindre ralentissement ou autres problèmes du genre. Tout ce qui concerne le son est correct, bruit d’ambiance et tout le tintouin. Quelques airs connus au cours de la bande originale mais cette dernière ne restera pas dans les mémoires. La VF est honnête mais je pense que les comédiens de doublage n’avait pas le jeu devant les yeux à l’enregistrement (comme souvent malheureusement). Du coté visuel, c’est loin d’être moche. C’est même plutôt inspiré. On sent le travail de recherche en amont. En termes de bases, de temples, de fringues, de vaisseaux etc…Les textures manquent néanmoins d’un peu de ‘grain’, de ‘matière’. Combiné avec la palette de couleur très pastel, cela donne une ambiance assez éthérée et mystique qui ne dessert pas le propos.
Il me faut préciser la forte présence de la faune et de la flore au cours des expéditions de Cal. Les animaux allant du mignon à la créature immonde. Mais en règle générale, il ne faut mieux pas s’y frotter. J’ai là aussi ma petite préférence avec le Slyyyg, croisement improbable entre un escargot et un mouflon. Je serai curieux de savoir qui dans le département créatif à eu cette drôle d’idée.

Kashyyyk se trouve défigurée depuis l'arrivée de l'Empire. Au loin, l'Arbre des Origines, soit le plus grand et le plus ancien de la planète. Un lieu très vénéré par les Woookies.

On visite donc une demi-douzaine de lieu sur autant de planète. Deux nouvelles dans le Lore que sont Bogano et Zeffo mais aussi Kashyyyk (d’où sont originaire les Wookies), Dathomir (terres natales des Sœurs et Frères de la nuit, très présente dans Clones Wars) et Ilum (passage obligé pour tout padawan, c’est de là que proviennent les cristaux nécessaire à la confection des sabres-lasers). Le prologue se passe sur Bracca et le final sur Nur, lune de Mustafar. Il y a aussi le niveau de l’arène qui se déroule sur un astéroïde. Au cours du jeu il est possible de passer d’une planète à une autre à tout moment afin de compléter son exploration. Exploration qui consiste à dénicher diverses pièces pour personnaliser le sabrolaser, obtenir des tenues pour notre jedi et différentes peintures pour le vaisseau et le droide.

Le Mantis, au design évoquant un voilier. Le mât peut tourner autour de la carlingue.

Pour en revenir à l’histoire pure et dure, l’aventure nous propose quelques scènes très réussies mais une fois de plus tenues par des scripts indépassables (la séquence d’ouverture dans le train flottant, la conduite de l’AT-AT, la scène du miroir...). Le scénario nous fera également croisé quelques figures déjà vu par ailleurs, comme Saw Gerrera (le toujours impeccable bien qu’un peu cabotin Forest Whitaker) ou encore Tarfful, le général wookie. D’autres apparitions sont à noter mais il faut aussi laisser la surprise aux futurs joueurs (même si le secret est depuis longtemps éventé).


~€~

Au moment de poser un avis définitif sur ce Star Wars - Jedi Fallen Order, je dois dire que la balance penche tout de même fortement du coté négatif. Ou pour être plus juste je me demande en quoi ce titre était indispensable. S’il n’existait pas, le Lore n’y perdrait finalement pas grand-chose. Voir rien du tout. De plus le gameplay trop étriqué nous rappelle qu’il y a d’autres jeux de la franchise bien plus énergique (au hasard ‘Unleashed’ et Jedi Knight/Academy mais ce ne sont pas les seuls). D’autres jeux aussi aux niveaux bien mieux construit et bien plus fluides que ces enchevêtrements inextricables de couloirs et de salles empilés les unes derrière les autres dans un brouillamini indescriptible. Sentiment renforcé par une carte holographique qui donne plus de mal au crane que de renseignements utiles. Cependant esthétiquement il se défend. Les environnements, les tenues, les vaisseaux imaginés pour ce jeu on une patte indéniable. Certains plans larges on ‘de la gueule’ si vous me permettez l’expression. L’équipage à aussi ma sympathie malgré mes réticences premières. Cal Kestis s’avère être plus prenant que ne le laissaient transparaitre les vidéos promotionnelles. Mais l’un dans l’autre, on se retrouve objectivement devant un titre au gout plus que quelconque, gloubiboulga d’idées remâchées et saupoudré de l’imagerie d’une licence populaire. Une recette fade pour un jeu fade.


Bonus:
On pourra dire que je suis un grand rêveur obstiné mais quand je vois Cal et Merrin ensemble, je ne peux que penser à Mara Jade. Un beau moyen de la faire revenir dans le canon...

Cameron Monaghan (Cal Kestis) et Tina Ivlev (Merrin) entourant le personnage de Mara Jade, grande figure de l'Univers Légende que tous les fans veulent voir revenir dans le canon. D'une manière ou d'une autre...