Nathan Drake à raccroché les gants mais la saga le mettant en scène n’a pas pour autant dis son dernier mot. Du moins c’est ce qu’on pensait quand sort en 2017 ce standalone du quatrième épisode canonique. Byebye le petit gars toujours sur la corde raide et place à Chloé Frazer qui reprends les rennes le temps d’une dizaine d’heure de jeu, en compagnie de Nadine Ross (respectivement tirées du 2 et du 4), associées dans la quête de la défense de Ganesh, dans l’arrière-pays d’une Inde tourmentée.

LES AVENTURIÈRES DE L’HÉRITAGE PERDU

Notre duo parcourt donc une zone relativement inexplorée pour mettre la main sur le grand trésor Hoysala, protecteur à la fois du peuple et du savoir de l’ancienne civilisation désormais disparue. Mais sur leur route se trouve Asav, un collectionneur d’art indien et surtout extrémiste prêt à tout pour mettre son pays à feu et à sang pour ensuite en sortir comme le grand réunificateur, le grand sauveur. Comme de bien entendu, il a à sa botte toute une ribambelle de mercenaires qu’il va falloir dessouder à grand coup d’affrontements armées.

L'aventure s'ouvre sur une zone en pleine guerre civile

La formule est la même que pour la série-mère, pas de révolution de ce coté-là. On reste dans un jeu mi-exploration mi-TPS. Toute la nouveauté vient donc précisément des personnages centraux, qui nous changent du triptyque Nathan-Sully-Elena. La relation entre Chloé et Nadine est rafraîchissante de par sa nature naissante, les deux femmes oscillant entre confiance toute relative et méfiance à peine voilée. Partenaire dans cette chasse au trésor, elles s’apprivoisent petit à petit et finissent par former un tandem efficace. Leurs réparties cinglantes pleines de sarcasmes et de malice contribuent à créer une empathie pour ces deux exploratrices des temps modernes. Plus tard dans l’aventure, l’arrivée surprise de Sam Drake et de Shoreline – la société de sécurité dont Ross était la patronne - redéfinit les cartes, mettant à mal cette amitié balbutiante. Elles en sortiront grandit l’une comme l’autre.

Les deux femmes partagerons quelques beaux moments

L’expérience acquise par l’équipe de développement au cours des quatre épisodes principaux (et de celui sorti sur Vita, que je n’ai jamais joué) à pu permettre d’en tirer le meilleur afin de produire cette histoire qui condense ce qu’a fait de mieux la saga. Une sorte de Maxi Best Of dont on ne sort pas indemne. L’aventure est menée avec un rythme et un ton parfaitement maîtrisé, entre scènes d’action épiques et séquences de découverte grandioses. Avec quelques années de recul sur la série, The Lost Legacy ressort finalement comme l’épisode sans doute le mieux abouti, en tout cas le plus carré. Un aboutissement de la Formule Uncharted.

NB: la majorité des captures d'écran de cet article ont été prise avec le rendu dit 'Bande dessinée', que je trouve très réussi en donnant un cachet supplémentaire aux graphismes. Ci-dessus une comparaison entre les deux visuels, rendu classique puis effet BD.

À TOMBER RAIDE

Au-delà des protagonistes attachantes et de leurs péripéties captivantes, il faut bien reconnaître que cet Uncharted à une sacrée gueule. Les graphismes en mettent pleins les mirettes et il n’est pas rare que l’on s’arrête pour admirer les environnements qui s’étendent à perte de vue. À titre de comparaison, même si je sais pertinemment que la nature des décors est très différente (jungle luxuriante contre urbanisme à l’abandon), je trouve ce Lost Legacy bien plus beau et enjôleur que The Last of Us part II, sorti quelques années plus tard. Ce qui quand même en dit beaucoup.

Les panoramas qu'offre ce périple indien sont à couper le souffle

La mise en scène elle aussi rajoute à cet émerveillement permanent, que ce soit lors des cinématiques ou des séquences manette en main. La caméra, toujours fluide, magnifie les superbes décors en mettant en valeur leur majesté, souvent sublime, parfois dangereuse. Lors des phases d’actions scriptées, on ne fait qu’un avec la brune à queue-de-cheval et il nous arrive à maintes reprises d’avoir mal pour elle. Heureusement c’est une vraie dure à cuire et elle se remet vite de ses chutes, de ses combats, de ses échecs. Notez que - comme pour son homologue masculin – elle possède une intelligence artificielle avec suffisamment de jugeote pour lui permettre de très rarement chuter lorsqu’elle est au bord de précipices ou autres ravins sans fond (et votre serviteur lui en est sincèrement gré).

Chloé est assez maline pour ne pas tomber dans les précipices, contrairement au pauvre bougre qui tient la manette...

La narration et l’avancée générale du jeu est très ‘couloirisé’ (je pose des droits d’auteur sur cette expression) mais il convient de sortir du lot la particularité du chapitre nommé « Les Ghats Occidentaux », qui reprends de fait ce qu’avait fait le 4 avec le passage à Madagascar. À savoir une grande zone ouverte où vous avez carte blanche pour explorer  où bon vous semble. Doté d’une Jeep pour arpenter cette vaste zone selon votre bon vouloir, c’est à vous d’arpenter, de comprendre, d’analyser la région pour en percer tous ses secrets. Divers temples ici et là, une quête annexe qui octroie un bien fort utile artefact, des factions ennemis postés en quelques lieux stratégiques, un décor champêtre magnifique… ce niveau est une aventure en soi et on se met à rêver qu’un jour un épisode entier se base sur ce principe d’exploration (Hum…oui bon…en fait c’est Breath of the Wild…et je n’ai pas franchement aimé la proposition, comme quoi faut jamais rêver trop loin).

Le chapitre 4 (sur 10) constitue le coeur du jeu, en mettant la pure exploration en avant.

CHANCES INÉGALES

S’il y a bien un point que je n’aime pas dans les Uncharted, c’est ses gunfights trop envahissant et surtout trop chi…emmerd…embêtant. Alors c’est avec un plaisir certain que j’use et j’abuse des bonus pour mieux survoler ces passages que je n’apprécie guère. En effet, toute une série d’options de jeu sont déblocables dans les menus, échangeables contre des points que l’on récolte en jouant (quand on fini un niveau, en débusquant les trésors etc…). Ainsi donc voilà t’y pas que j’équipe ma belle australo-indienne d’un Desert Eagle aux munitions infinies pour mieux terrasser l’armée privé qui ne cesse de lui tomber dessus. Et PAN ! C’est comme cela que l’on se débarrasse vite fait des malandrins. Combiné avec la visée auto, ces confrontations rébarbatives deviennent de simples phases anecdotiques (et tant mieux en ce qui me concernent !)

Les anciens batisseurs étaient vachement doués tout de même, avec un certain sens de la démesure...

Sinon il m’arrive aussi d’opter pour une approche plus discrète en choisissant de lui fournir le pistolet silencieux, ce qui permet d’éviter les séquences de tir d’une autre manière. Il est aussi possible de se dissimuler dans les hautes herbes pour mieux surprendre ses adversaires au corps-à-corps (c’est une mécanique devenu limite marque de fabrique des jeux SONY aujourd’hui…). Dans tous les cas, Chloé et Nadine n’hésitent pas la moindre seconde à tuer sans vergogne, du simple trouffion au plus gradé des mercenaires. Pas d’options non-létales. C’est une notion qui aujourd’hui me dérange grandement dans le jeu vidéo, surtout quand on incarne un ‘héros’.

Nadine et Chloé sur le toit du monde - ou presque. Un parallèle évident est à faire entre Chloé Frazer et Lara Croft. Apparence similaire, destin assez semblable…les ressemblances sont bien trop frappantes pour n’être que fortuite… Cependant les caractères sont différents, toutes deux coriaces et revanchardes,  l'une est plus dans la déconne tandis que l'autre est bien trop sérieuse.

Enfin, une sensation de décalage énorme entre le réalisme du visuel, toujours plus bluffant, et les mécaniques purement ludique. Toujours étrange de voir un personnage faire des acrobaties impossibles durant des heures sans éprouver la moindre fatigue ou la moindre peur, même quand ces derniers - en l’occurrence ces dernières – on littéralement leur vie qui ne tient plus qu’à un doigt. Dans la même veine, le lancer de grappin qui ne pose aucune difficulté, défiant toutes les lois de la physique et de la gravité. Bien entendu que c’est du jeu vidéo, je le sais bien mais je mets juste en avant cette opposition entre réalisme d’un coté et jouabilité de l’autre qui parfois nuit à la vraisemblance de l’ensemble.

 Ne tenant qu'à un fil ou à bout de bras, la vie de chercheur de trésor est toujours mouvementée. Sans doute même un peu trop... Le gameplay ne souffre pas de gros problème, même si il arrive parfois que le jeu 'panique' lors de scènes d'action intense (couverture au mauvais angle, refus de sauter lors de poursuite etc...)

~€~

De par sa durée de vie plus courte et son récit mené tambour battant alternant action et exploration, Cet add on de « A Thief’s End » est mon jeu préféré de la franchise. Sans doute aussi que le caractère de son héroïne, interprété par la très cool Claudia Black, n’est pas étranger à cette préférence. Étant de plus d’une éblouissante beauté et doté d’un gameplay aux petits oignons qui ne connait pas vraiment d’anicroche, l’aventure de notre fine équipe sait alpaguer le joueur pour l’embarquer dans une chasse au trésor haletante sans temps mort. Seule ombre au tableau, mais faisant partie intégrante de la série, ses phases de tir inintéressantes et bourrine au possible, qui ponctue le périple bien trop souvent et qui ternissent le plaisir global. Nonobstant cela, parcourir cette épopée aux coté de Chloé et Nadine reste une très belle expérience, que je conseille à tous. Peut-être même bien plus que la série principale dont est tiré ce spin off…

Après une journée bien remplie, les compères admirent un coucher de soleil bien mérité