On s'attaque ici à un très gros morceau, peut-être le plus gros de tous. Après une mauvaise passe les Frères Russo reprennent les rennes et tirent le MCU vers les sommets avec ce Civil War d'anthologie.
CAPTAIN AMERICA
CIVIL WAR
2016
 
 
Réalisateurs: Anthony et Joe Russo
Le Héros: Chris Evans
Le Grand Nom: Daniel Brühl
La Demoiselle en Détresse: Emily Vancamp, pas si en détresse que çà.
Autres Apparitons Notables: Tous les Vengeurs ou presque, Tom Holland, Chadwick Boseman
 
Le temps est venu pour les Avengers de payer le prix de leur actions. Suite à un énième accident dans la ville de Lagos causé par le groupe de super-héros, les gouvernements on décidé que cela suffisait. Ils agiront désormais avec l'aval de l'ONU ou seront hors-la-loi. Des dissensions émergent alors dans l'équipe, certains étant pour et d'autres contre. C'est le cas de Steve Rogers qui voit là une entrave à son libre-arbitre.
Pour ne pas arranger les choses, Bucky Barnes alias le Soldat de L'Hiver refait surface en commettant un acte terroriste à Vienne à un sommet de l'Organisation Mondiale. Ceui-là même qui devait ratifier les Accords de Sokovie; le texte devant encadrer les actions de toutes personnes 'optimisées'.
Une course contre la montre se lance alors dans laquelle Cap' se jette à corps perdu, défiant de ce fait la loi et devenant lui même un fugitif.
Face à ses anciens amis.
 
Je ne vais pas tourner autour du pot très longtemps, Civil War est mon Marvel préféré. De loin. Il est quasi de facto le véritable Avengers 2, supérieur en tout point a celui qui a usurpé ce titre. Je disais dans l'article consacré à Ant-Man qu'officiellement il était le dernier acte de la Phase 2, mais qu'en fait la conclusion de celle-ci était L’Ère d'Ulron. On peut voir les choses encore autrement, et c'est ainsi que moi je les vois en tout cas. Captain America Civil War est en fait le véritable deuxième film sur les Vengeurs et termine en Apothéose les différents récits des métrages du deuxième chapitre du MCU, c'est donc par lui que se termine en réalité cette Phase 2.
Spectaculaire, rythmé de bout en bout, approfondissant les rapports entre les personnages, introduisant de nouvelles têtes..et surtout faisant éclater les tensions palpables entre le Captain vertueux et le milliardaire égocentrique longtemps larvées. Civil War est un aboutissement, la fin d'une ère qui lance autre chose. Le temps du changement, le début d'une nouvelle génération.
 
 
Par où commencer tant il y a à dire sur ce film ?!
Raccordant une grande partie des intrigues il recentre au cours de ses deux heures et quelques d'aventures l'univers partagé en une seule entité unifiée. On y retrouve aussi bien le général Ross devenu secrétaire d’État suite à la trahison d'Alexander Pierce, que Tony Stark qui découvre enfin la vérité sur la mort de ses parents, Scott Lang recruté par Sam Wilson ou Wanda Maximoff qui cherche encore ses marques dans cette nouvelle vie. Sans oublier Vision qui cherche encore à apprendre et comprendre les humains. Et tout particulièrement Wanda justement, de laquelle il se rapproche beaucoup, ce qui le déstabilise un peu trop.
Et au milieu de tout cela il y a Captain America à la poursuite de son vieil ami devenu l'ennemi public N°1.
Je me répète mais beaucoup d'arc narratif trouvent leur résolution ici. Et c'est donc aussi le cas pour Peggy Carter, qui après avoir été présente un peu partout dans le Marvel Cinematic Universe décède de 'sa belle mort', sa disparition faisant écho à celle de Coulson. Deux personnages de second plan, servant à cimenter les histoires de chacun des protagonistes en un univers commun et ayant leur série attitrée. Cette perte accentue d'autant plus ce coté Fin de cycle; on passe désormais à une autre 'phase' de l'histoire...
 
"Vous dites que vous êtes des Vengeurs. Mais nous, qui nous vengeras?"
 
La plus grande force de Civil War, ce sont ses dialogues. Tous, sans exceptions. Passer d'Ultron à Civil War en passant par Ant-Man vous fait sauter au visage à quel point l'écriture de celui qui nous intéresse aujourd'hui est flamboyante. Puissant, ambigu, remplis d'allusions au passé des personnages et leur rapport personnels, chaque phrase prononcée est lourde de sens. Chaque phrase prononcée l'est pour une raison précise. Chaque mot est ciselé, et tombe au moment opportun pour accentuer l'effet et les réactions désirées.
Il faut entendre le dialogue introductif de Tony, qui fait une entrée tout simplement magnifique. Belle, touchante, pleine de tristesse et de regrets. Peut-être la meilleure séquence de tout le MCU.
 

 
Il faut entendre la confrontation entre Steve et Tony dans le bureau vitrée. Chacun apportant des arguments et contre-arguments, prêt à la conciliation malgré leurs différents. Et finalement restant chacun campé dans ses positions et leur entêtement.
Il faut entendre le très beau discours de T'Chaka, Roi du Wakanda, devant l'ONU. Résumant avec perfection la situation où en est la méta-histoire.
Et enfin il faut entendre la colère de cette mère qui as perdu son fils, et qui rassemble son courage pour dénoncer l'arrogance des Avengers et leur manque de considération des conséquences de leur actes.
 
Conséquences.
Voilà un terme qui aurait tout aussi bien marché en sous-titre de ce Captain America 3. C'est le mot-clé pour comprendre ce métrage. Toutes les actions passées ressurgissent pour demander le prix qui leur est dû. Et celui-ci est élevé. Très élevé. Trop élevé sans doute.
L'une de ses actions passées fut la mise en ligne par Black Widow de tous les dossiers classifiés du SHIELD/HYDRA. Action qui sera la principale source d'ennui de nos amis.
 
 
Car un homme, déterminé, méthodique, patient, conscient de ses capacités se servira de cette mine d'information pour mener à bien son objectif. Détruire les Vengeurs. De l'intérieur. En semant la zizanie. Cet homme c'est le colonel Helmut Zemo, incarné par l'un des meilleur acteur contemporain, Daniel Brühl. Aux antipodes du ridicule 'Méchant à la chaussette violette sur la tête' du comics, cette vision réaliste et moderne du personnage apporte avec lui un certain regain d’intérêt pour les antagonistes des longs-métrages Marvel. Zemo reste de mon point de vue le plus grand adversaire des Avengers, le plus retors, le plus malin, le plus doué. Et nul besoin d'être un Dieu de la malice ou un robot idiot pour cela. Il suffit d'avoir de la détermination et de la méthode. Réfléchir avant d'agir. J'espère vraiment que Daniel Brühl reviendra. Il est impensable qu'un tel perso soit abandonné comme ça...
 
 
Le coup de génie du plan de Zemo, et du film par extension, vient de la surprise finale de ce fameux objectif. Tout porte à croire qu'il souhaite réanimer les autres Soldat de l'Hiver mais il n'en est rien. Quand le Trio, alors en trêve, débarque dans la chambre forte, il dégonfle par un simple monologue toute la menace montée en épingle depuis le début. Brillant. Les spectateurs, comme nos héros, sont perdus. Et c'est avec d'autant de force que la vidéo qui suit choque tout à chacun. La révélation atomise l'entente fragile qui s'était instaurée et propulse Tony dans une colère vengeresse insatiable. Pour un duel final qui marque le schisme entre les deux leaders des Vengeurs.
D'autres font également une entrée remarquée. Le Wakanda, souvent évoqué, montre enfin son visage. Avec T'chaka tout d'abord, roi bienveillant qui as perdu certains de ses gens pendant l'opération au Nigéria des héros décriés. Et aussi - et surtout - de T'Challa. Incarné par la bonne bouille de Chadwick Boseman. Dès son apparition à l'écran, il incarne littéralement la noblesse et une grande âme évidente. Sa présence ici fait office d'introduction à son propre film qui sortira quelques temps plus tard et nous présentera enfin son pays et ses nombreux secrets. Dois-je préciser aujourd'hui qu'il est également le guerrier-protecteur de sa nation, sous le costume ultra-classe du Black Panther? Toutes les fois où il apparaît dans Civil War démontre à la fois sa puissance féline et sa dextérité incroyable au combat. Les affrontements Black Panther/Soldat de L'Hiver envoient grave du pâté comme on dit! C'est un allié de taille et Natacha ne s'y trompera pas.
L'autre petit nouveau est à l'opposé sociologique du premier, loin d'être un roi mais sans doute tout aussi noble. Et appelé à un grand destin. Mais pour l'instant ce n'est qu'un gamin de seize ans du Queens. Qui vit avec sa tante dans un appartement, ayant probablement du vendre leur pavillon de banlieue suite à la mort de son oncle qui faisait vivre la maisonnée. Cette fameuse tante est la seule famille qu'il lui reste, ses parents étant morts il y a longtemps. Cela marche aussi dans l'autre sens, le neveu étant pour elle aussi tout ce qui lui reste...
En deux secondes d'apparition à l'écran on comprends toute la nature du personnage. Un ado normal qui sort ses clés pour rentrer chez lui. C'est sans doute très bête dit comme çà mais cela induit directement toute l'essence de ce nouveau protagoniste. Vision contemporaine et sans fard d'un jeune new-yorkais moderne, aux proies aux difficultés financières et familiales. Loin, très loin de tout ces demi-dieux et autres friqués plein aux as. Le recrutement par Tony Stark est encore une fois une pépite d'écriture, avec un Peter hésitant à la recherche d'une figure paternelle, d'un modèle à suivre. Tom Holland, réputé à la fois pour ses capacités de danseur et sa maladresse incarne idéalement ce nouveau Spiderman, ayant acquis ses pouvoirs il y a six mois. Je souhaite pouvoir suivre longtemps ce Spidey 2016, pour voir son évolution, le voir grandir et devenir le plus grand de tout les super-héros du MCU. Tony semble voir en lui - et à juste raison - l'avenir.
Cette notion de passation de pouvoir est très présente dans Civil War. L'ancienne génération préparant doucement mais surement la nouvelle. Comme pour Tony et Peter, Clint Barton est devenu le mentor naturel de Wanda. Sorti de sa retraite par un Captain en manque d'effectif, Hawkeye constate avec amertume qu'il avait raison: il suffit qu'il les abandonne cinq minutes pour que les choses dégénèrent...les uns se retrouvent face aux autres!
 
 
Et le point d'orgue de cette confrontation, c'est bien entendu la scène de baston de l'Aéroport. Le scénario nous fait voir de nombreux morceaux de bravoure, dont la course poursuite sous le pont, phénoménale de mise en scène et d'action survitaminée, mais le but final de tout cela reste donc cette fameuse scène sur le tarmac de Leiptzig.
Alors oui, oui trois fois, oui mille fois, l’environnement choisi pour cette bataille n'est pas le plus groovy que l'on ait pu voir. Il y a eu beaucoup de critique sur ce choix à l'époque de la sortie. Mais cela reste une décision 'logique' pour faire avancer le récit et surtout il fallait un espace ouvert pour que les personnages volant puissent offrir un combat aérien digne de ce nom. A la revoyure de cette séquence que je n'avais pas mater depuis le cinoche j'ai éprouvé un vrai plaisir de fanboy. Je ne m'en souvenais pas tant que cela en fait, juste quelques détails par-ci par-là...
Les deux héros qui sortent du lot sont incontestablement Ant-Man et Spidey. Le premier à droit à quelques développements bien sentis -et oui même en cinq minutes à l'écran! Comme quoi tout est une question d'écriture! - avec une maîtrise accrue de sa combinaison et sa nouvelle capacité le transformant en GiAnt-Man! N'étant pas encore à l'aise avec cette forme géante, Scott commet quelques bévue et détruit beaucoup (avec plaisir!) ce qui l'entoure. A noter aussi ses quelques actions héroïques qui finissent toujours en eau-de-boudin explosive. Et en cerise sur le gâteau, nous avons droit au plan iconique du petit bonhomme sur la flèche d'Hawkeye, que tout lecteur de comics connaît.
Pour le Tisseur, on (re)découvre sa gouaille et son aisance à vanner, bien loin du garçonnet timide quand il ne porte pas son masque. A noter que le costume dans le MCU est une création de Tony Stark, basé vaguement sur le look de celui fait main du gamin. Bien que débutant il parvient sans grande difficulté à mettre en échec le Soldat de L'Hiver et le Faucon à deux-contre-un, ce qui démontre l'énorme potentiel de la jeune recrue. Mais face au Captain en personne c'est lui qui se fait donner une leçon. Son humour permet de faire passer des remarques aux spectateurs sur le mode du second degré, comme quand il indique que le comportement du bouclier étoilé n'a aucune cohérence physique dans ses déplacements. Une fois de plus un joli dialogue se joue entre les deux natifs New-yorkais et laisse entrevoir que bien que recruté par Stark qui le formera à son statut héroïque, Spidey sera en fait un condensé entre Iron Man et Captain America. Un mix idéologique de ses deux modèles qui forgera l'avenir du Marvel Cinematic Universe.
 
 
J'aurai bien d'autres choses à raconter sur Captain America Civil War mais à un moment il faut bien conclure. Comme je l'ai déjà écrit plus haut cet épisode est mon Marvel préféré. Pour la simple et bonne raison que pour la première fois j'ai réellement cru voir un 'comics adapté à l'écran'. Non pas un comics en particulier - et surtout pas la saga Civil War qui n'a en définitive n'a pas grand en commun avec ce qu'est ce film - mais le sentiment de voir littéralement un de mes vieux Strange prendre vie devant moi. Civil War est à mon sens la meilleure adaptation non pas d'un comics mais du 'média' comics au cinéma. Le déclic de cette révélation fut le moment ou La Vision entre dans la chambre de Wanda en traversant le mur...Çà à fait CHBOUM là-dedans! Je regardai un comics en film. Pour de vrai. Je retrouvai les sensations de mes 10 ans quand je parcourais les pages de mes revues préférées, avec Spidey qui croisait parfois Captain America, la Sorcière Rouge qui sortait avec un androïde et que je trouvai déjà ça très bizarre (mais j'ai toujours trouvé Wanda bizarre), Iron Man qui était à moitié homme d'affaire et à moitié super-héros...Ce troisième Captain America est en fait une madeleine de Proust mentale qui me replonge dans mes vieilles lectures d'un temps ou le comics me permettait d'échapper à un quotidien pas toujours rose. Et c'est pourquoi je pense qu'il est - et restera - mon plus grand film Marvel.
 
 
Les Scènes Post-Génériques: Bucky dans un laboratoire, accompagné de Steve, à pris la décision de retourner en congélation. On découvre qu'il s'agit d'un laboratoire wakandais, et que T'Chala promet de tout mettre en œuvre pour aider celui qu'il considère désormais comme une victime de toute cette histoire.
Peter est assis sur son lit, un coquard bien senti sur le visage. Sa tante le materne et le laisse se reposer. Ce qui lui laisse le loisir de trifouiller le lance-toile fournit par Stark, et de déclencher le légendaire Spider-signal.
 

 
Le Caméo de Stan Lee: en livreur Fed Ex, pour un certain Tony Trash.
 
 
Bonus: