Dois-je réellement offenser mon lectorat en présentant Spiderman, AKA l'Homme-Araignée Alias Peter Parker? Je ne pense pas. Créé en 1963 par Stan Lee et Steve Dikto notre héros en collant rouge et bleu a connu moult adaptations en jeu vidéo, et il sera question ici du dernier en date, sorti en grande pompe sur PS4.
 
 
On découvre un Peter Parker alors qu'il mène une double-vie super-héroïque depuis huit ans déjà. Assistant du scientifique Otto Octavius, il jongle entre sa vie professionnelle et sa vie privée auprès de tante May, elle même bras droit de Martin Li dans un centre social fondé par ce dernier. L'aventure commence lorsqu'il est sur le point - avec l'aide de la police - d'arrêter enfin une fois pour toute Wilson Fisk et par le fait stopper une bonne partie du crime organisé à Manhattan. Du moins le pense t-il...
Car très vite la situation dégénère, de nouveaux adversaires apparaissent et d'anciens refont surface...Spidey aura bien du pain sur la planche pour faire revenir l'ordre dans les rues de New-York...
 
Le Héros du Quartier
 
La première chose qui frappe quand on lance la partie, c'est bien entendu la qualité graphique de l'ensemble. C'est simple, en ce qui concerne le 'décor' on est au quasi photo-réalisme. Il y a bien entendu quelques 'gros' défauts, comme le coup des fenêtres qui fait sourire (en fait le même modèle d'intérieur va se calquer à l'infini sur chaque bâtiment, ce qui laisse une drôle de sensation. Le coté 'jeu vidéo' ressurgit à fond quand on voit çà). Pour ce qui est des habitants, je suis beaucoup plus perplexe. Le même modèle se croise des centaines de fois par avenue (Ha! le type avec sa casquette!), et leurs tenues sont à 80% très sombres, peu de couleurs et peu de fantaisie dans les PNJ. En comparaison des GTA cela fait pâle figure. La prouesse de cette sublime représentation de NY tranche avec celle limite basique de ses citadins.
 
Là ou par contre le chara-design fait très fort, c'est sur les différents protagonistes du jeu. Qu'ils soit personnages principaux, secondaires ou tertiaires, ils sont tous réussi. Là où je salue le travail accompli c'est sur le fait que tous nous paraissent vraisemblable, on a affaire à de 'vrais gens', pas des gravures de mode. Peter n'est pas un héros bodybuildé au charisme imparable, c'est un jeune homme quelconque avec une tronche quelconque, un peu gauche, un peu benêt, peu sûr de lui. Tante May n'est pas une MILF sortie d'on ne sait où, c'est une femme d'age mûr qui en a bavé dans la vie et qui malgré tout tient un centre d'aide à ceux qui sont plus dans la misère qu'elle même. Otto est un bonhomme ventripotent à l'esprit vif et optimiste, submergé par le poids financier de ses recherches. Mary-Jane est une jeune femme accomplie, journaliste pugnace et non plus une bimbo sans grand intérêt. En clair ils ressemblent à des gens que l'on croise tout les jours dans la rue, ni plus ni moins. Et cela fait du bien aussi de voir de grandes histoires arrivé à des gens 'simples' comme nous.
 
 
J'ajouterai au casting un Norman Osborn retors et fourbe comme jamais, qui l'air de rien à peut-être le meilleur cheminement scénaristique du jeu et une Silver Sable qui transpire la classe.
 
En Toile de Fond
 
Alors oui. Tout le monde l'a dit et tout le monde l'a répété. Il s'agit d'une version "Spiderman" de la série de jeux Batman 'Arkham'. Très bien. Mais est-ce vraiment tout? Oui et non.
Si on retrouve en effet toute l'essence de la sublime saga de l'homme Chauve-souris, il ne faudrait pas non plus n'y voir qu'un copier-coller. Et ce pour une raison simple: Spiderman n'est pas Batman. Ils sont même plutôt aux antipodes l'un de l'autre question ambiance et personnalité. Mais oui, dans le fond les deux titres sont très semblables. Oui vous aurez tout plein de missions annexes spécifiques en fonction des ennemis secondaires (Les gangs de Fisk, la triade de Mister Negative, les défis de Taskmaster, les collectibles 'souvenirs' du héros, les photos de Black Cat...) qui sont chacune des réminiscences de celles des vilains de Gotham.
La différence se fait donc sur l'atmosphère, sur l'état d'esprit général. Là ou Gotham est constamment plongé dans la nuit, Spidey lui à droit à ses séquences diurnes. Là ou Batou se permet quelques fois des réparties cinglantes, l'Araignée à quand à elle constamment son bagou légendaire. De plus Mr Parker est bien plus agile et élégant que le massif chevalier noir, moins bourre-pif également et plus dans la roublardise. Il faut dire que la barre de vie du sieur n'est pas des plus costaude. Foncer tête baissée dans un combat peut s'envisager contre trois ou quatre adversaires mais au delà on est vite débordé. Surtout si les malfrats sont armés!
Et oui, encore une fois comme dans Arkham...
Pour faire montre à la fois de la ressemblance mais également de la différence de ton entre les deux héros je vais parler de leur relation avec la police. Dans Batman, tout le monde sait qu'il est en relation avec le commissaire Gordon mais que la Police lui court tout de même après, disons que les relations entre le Vigilante et les forces de l'ordre sont au mieux glaciales. Et ceci est parfaitement retranscrit dans les jeux. Dans le cas de Tête de Toile, il est dans le même genre de relation avec cette fois ci l'inspectrice Yuri Watanabe...à la différence près que la police de la ville ne pourchasse nullement notre protagoniste, le saluant même quand il se pose sur le toit d'un poste. Lors de l'introduction chez Fisk, Spiderman opère même en totale coordination avec les forces de l'ordre! Avouez que ce n'est pas trop le genre du Dark Knight que d'agir en équipe, et encore moins avec les bleus.
 
 
Une fois que l'on à établit l'évidente parenté entre "Arkham" et "Spiderman" il faut tout de même rajouter une autre source d'inspiration évidente - et tout aussi assumée: Spiderman 2.
Le jeu du film datant de 2004. Je vais être clair, on est là devant un remake de cet excellent titre (qui as BEAUCOUP vieilli, y ayant rejoué un peu pour me le remettre en mémoire...ça fait mal! La caméra m'a rendu dingue en trois minutes et la manip' est assez tendue). Tout deux présentent une île de Manhattan complète, tout deux fonctionnent sur le principe de points perçus à partir de jetons disséminés dans la ville, tout deux présentent une exploration libre etc...Alors certes depuis tous ou presque tous mettant en scène Spiderman sont plus ou moins sur ce modèle là mais l'histoire elle même semble être une relecture plus complexe et moderne de celle de 2004. Je ne vais pas spoiler mais juste citer le nom d'Otto Octavius. Ceci devrait suffire à faire le parallèle. J'y ajoute aussi la relation entre nos deux tourteraux (Peter et MJ), très proches de celle présente dans le film et l'adaptation vidéoludique de l'époque. Alors oui bien sûr énormément de choses ont été rajouté et/ou modifié mais le fond du scénario est sensiblement le même. Sachez aussi que des références au film de Sam Raimi sont présentes, ce qui ne fait que renforcer mon opinion sur ce point-là.
 
Un Fil à la Patte
Bien que la Grosse Pomme soit parfaitement retranscrite, on y croise fréquemment des bugs, surtout chez la population locale. Mais cela peut aussi s'avérer vrai pour notre héros. J'ai pu en une occasion le voir se 'dédoubler' entre deux actions, le jeu ne sachant pas trop quoi décider sur le moment - soit il meurt soit il stoppe la voiture - la roue du destin numérique choisissant son sort d'une funeste décision. Mais bon, même si cela est regrettable il n'y a pas eu de 'gros gros' truc à noter...disons ni plus ni moins que dans les autres jeux actuels (je ne sais pas trop si cela est une bonne chose en fait...)
 
Petit florilège de faute de code dans la matrice:
 
 
 
J'ai un regret également sur le fait que l'on ne puisse pas se balader en ville en temps que simple citoyen Peter Parker. Je sais bien qu'il n'y doit y avoir que moi pour regretter çà mais oui j'aurai trouver çà cool d'avoir avec Peter une sorte d'aventure 'à la GTA' ou bien Lego Marvel, ou il aurait dû remplir des missions pour le FEAST (le centre social où bosse sa tante), histoire de vraiment avoir la sensation de double-vie de Spidey. Pareil pour MJ. Ah parce que oui je ne l'ai pas dis mais il y a des niveaux ou l'on incarne la jeune femme. Il s'agit de séquences d'infiltration très légères qui permettent de rythmer un peu le récit. Ce n'est pas flamboyant mais c'est sympathique. J'ai bien aimé le passage à Grand Central mais surtout celui dans l'appartement très (mais alors très!) luxueux de Norman, qui n'est pas avare en révélations.
Des surprises sont aussi à prévoir au niveau des persos, mais comme ce sont des surprises justement, je laisse aux futurs joueurs le soin de les découvrir.
 
 
Toujours au rayon des surprises, les références à la vie éditoriale du Tisseur sont nombreuses et surtout bien amenées. La plupart sont à découvrir via les "sacs à dos" qu'il faut récupérer mais d'autres sont à photographier ou tout simplement à trouver dans le décor (encore une comme dans Ark...oui bon vous avez compris!). Il y a aussi le fait que le jeu intègre parfaitement le reste de L'Univers Marvel, notamment la Tour des Avengers (qui non, n'est pas celle du MCU comme j'ai pu l'entendre ou lire ici et là. Le logo est le même mais c'est tout). On peut croiser aussi un certain cabinet d'avocats ou une agence de détective privé, entre autres. La question que je me pose - et apparemment je ne suis pas le seul! - c'est de savoir si ce Marvel's Spiderman n'est pas la première pierre d'un éventuel Marvel Videogame Universe, et si le mystérieux 'Avengers Project' n'en serait pas le second jalon. L'avenir nous le dira...
 
 
En parlant d'avenir, le jeu va poser un 'léger souci' si on parle d'Univers partagé...c'est que la carte de NY est faite et pour ainsi dire 'figée'. Si demain la décision est prise de sortir un jeu je ne sais pas moi, par exemple Daredevil, ou Punisher dans le même monde que ce Spiderman, il devront reprendre la même map pour être cohérent! Il serait plus judicieux de mon avis de capitaliser sur cette 'carte' de base et sortir au fur et à mesure des 'DLC' - ou pourquoi pas des Add on - intégrant de nouveaux persos. C'est ce qui semble d'ailleurs être le choix d'Insomniac, ceux ci ayant déjà prévu de sortir un DLC solo mettant en scène Black Cat. Si jamais un des gars de chez eux me lit, Please pensez à Daredevil !
 
 
Une Araignée au Plafond
 
 
Très bien tout çà, mais en ce qui concerne le jeu en lui-même qu'en est-il?
Et bien il se joue avec plaisir, notre avatar virevoltant se manipulant avec grâce et facilité. Finie l'époque où l'on se mangeait un mur qui stoppait nette notre progression. Cette fois c'est même limite l'inverse: on ne l'arrête plus notre Spidey et bien souvent il se mets à sauter au loin alors que notre objectif se situe à deux mètres. Ou bien il se met à courir partout sans qu'on lui demande rien. Un peu vif, le gars. Il faut un certain temps pour le prendre en main correctement et assimiler les petits réglages de gameplay. Mais quel pied quand on traverse la ville par les airs! Il n'y a pas à dire c'est grisant.
 
Pour ajouter à cela de nombreux costumes sont à débloquer - via les fameux jetons de missions - certains possédant certaines caractéristiques spécifiques. Mais vous pouvez également mixé les capacités via un menu pour obtenir de fait la tenue qui vous sied le mieux. Pour ma part j'ai opté pour la tenue classique, celle de mes vieux souvenirs de lecteur de Strange. Mais il y à le choix, y compris celle du film Homecoming ou le SpiderPunk.
 
Tout ceci ne sera pas de trop pour vous débarrassez des différents super-vilains qui vous chercheront des noises au cours de votre aventure. Au nombre de Six, je pense que cela fait évidement référence au Sinister Six; même si je pense le procédé sera réutilisé dans la suite. Sans trop en révéler, ceux ci sauront vous mettre à l'épreuve, surtout lorsqu'ils s'allieront par paires (Ouille!). Rien d'insurmontable mais faut rester concentré sur deux Boss à la fois, et ce n'est pas facile, surtout si comme moi vous êtes incapable de faire deux choses en même temps!
 
L'une des grosses feature que propose le jeu...et qui n'a en fait rien de nouveau mais qui as fait pas mal parler d'elle c'est le mode photo. Celui ci permet quelques clichés extraordinaires et 'Amazing'. Bon perso je trouve que l'on est pas au niveau de celui, bluffant, d'Assassin's Creed Origin mais offre tout de même quelques beaux panorama.
 
 
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Conclusion:
Oui, ce Spiderman est une adaptation à la sauce Marvel de la série des Batman Arkham. Mais pourtant non malgré tout ce n'est pas une simple redite. Pour la simple raison évoquée plus haut et que je répète ici: Spidey n'est pas Batou.
Cependant si nous avons là le début d'un 'MGU' il faudrait songer à diversifier la formule en fonction du personnage adapté (ou de l'équipe) car cela pourrait vite devenir lassant. Par exemple un beat'm All à la Street of Rage/Double Dragon pour le tandem PowerMan-Iron Fist, un jeu d'enquête pour Jessica Jones et pourquoi pas un jeu entièrement en 'vision radar' pour Daredevil (il y a clairement un truc à faire avec ce perso!). Je suis curieux de voir si le futur jeu des Vengeurs se placera dans la même continuité scénaristique que celui-ci.
Techniquement le jeu tient la route sans être transcendant. La représentation de Big Apple laisse pantois visuellement mais dès que l'on y regarde de plus près on voit les défauts de couture (les fenêtres, les PNJ, certaines voitures volantes...). La maniabilité elle n'a jamais été aussi bonne que ce qui nous est proposée ici pour l'entoilé, et est de bonne augure pour la suite.
 
 
 
Car suite il y aura, sans nul doute. Certaines futures intrigues sont mises en place tout le long du jeu et l'adversaire principal du Tisseur n'en est qu'à ses balbutiements. Hâte de voir comment tout cela va se goupiller dans la séquelle, qui arrivera surement sur la prochaine génération de machine.
Car oui, même si tout le monde ou presque connaît l'histoire de Spiderman, cette nouvelle mouture n'en reste pas moins passionnante, avec ses personnages ambivalents, aux motivations troubles pour certains. Certes notre Peter reste une bonne pomme face à la noirceur de ses adversaires mais il sait aussi que rien n'est aussi simple, que chacun à ses raisons de faire ses actes là (Bon sauf pour le Scorpion apparemment qui lui est juste fou). Mary-Jane aussi apporte quelque chose, de plus humain et qui permet de voir une relation de couple simple et touchante au milieu des combats sur Times's Square ou sur le Raft.
 
A noter une scène particulièrement poignante, qui fait directement suite à un attentat sanglant. La séquence dénote avec le reste du jeu par son caractère violent et froid, qui nous rappelle la cruauté de notre monde bien réel. Ce passage pourra choquer certaines personnes ayant vécues de tels événements tragiques. Il me semblait important de le souligner.
 
Bonus: