Il y a des petits jeux indé comme ça qui sortent, et dont pas grand monde ne parle, mais qui sont pourtant de vrais petits bijoux. Guacamelee, du studio DrinkBox, est l'un d'entre eux. DrinkBox, si vous ne connaissez pas le studio, est déjà l'auteur d'un jeu particulièrement fun : Tales from space : Mutant blobs attack. Complètement dingue, ce jeu de plateforme jeu vous faisait incarner un blob minuscule, qui s'échappe de son laboratoire et traverse une ville en avalant progressivement tout sur son passage jusqu'à devenir gigantesque et absorber le système solaire... Totalement séduit à l'époque sur Vita par la folie de l'ensemble, j'ai sauté sur l'occasion quand j'ai appris la sortie de Guacamelee sur Vita et PS3.

Guacamelee, c'est tout aussi fou que Tales from Space, mais bien mieux maitrisé. Dans ce metroidvania pur jus, vous incarnez Juan, paysan de son état, fan de catch, et secrètement amoureux de la fille du président de cette caricature du Mexique. Seulement voilà, à la veille de la fête des morts, un squelette régnant sur le monde des morts, Calaca, enlève la fille et tue Juan. Juan passe alors dans le monde des morts ou il découvre un masque de catcheur (oui oui) qui lui confère nombre de pouvoirs et fait de lui un « luchador », héros national dans le pays fictif du jeu. Alors oui le scénario tient sur 4 lignes, mais celui ne nuit en rien à l'expérience, et puis ce n'est clairement pas ce qu'on recherche dans un jeu de ce genre. Cela n'empêche absolument pas l'écriture d'être délicieusement drôle avec des vannes bien anachroniques (assumées) et des personnages haut en couleurs, comme le goat-master  (littéralement « maitre-chèvre »...) totalement barré, la fille du président pas si innocente que ça ou encore la sorcière jalouse. Le jeu est également bourré de références culturelles sur l'Amérique Latine. Bref, le scénario, plus développé que dans Tales from Space (faut dire que c'est pas compliqué),  est tout à fait plaisant, même si c'est loin d'être le cœur du jeu

Le scénario est simple mais délicieusement drôle

La direction artistique est toute aussi référencée, toute aussi marquée par la culture Mexicaine. Les couleurs vous chatouilleront les rétines, tandis que le style gentiment cartoon du héros et des personnages permet diffuser une ambiance chaude et festive. De petits détails comme les posters de foot, de catcheurs, les restaurants spécialisés dans la cuisine au poulet (el Pollo !), les bandas, les temples aztèques et autres chupacabras donnent indéniablement du charme à ce pastiche d'Amérique latine vue par les américains. Même si les environnements ne sont pas d'une variété extrême à cause d'une durée de vie un peu faiblarde, ils sont agréables à traverser et à admirer. La musique, très latine et très rythmée, accompagne parfaitement l'ambiance, et assez bien l'action même si j'ai noté une certaine redondance dans certains donjons.  Globalement cette DA remplit parfaitement son rôle : Elle met en place une ambiance chaude, colorée,  et fun qui fait qu'on prend plaisir à parcourir le jeu de long en large.

La direction artistique est marquée par la culture Mexcaine

Mais tout ça aurait finalement un gout amer si le jeu n'était pas agréable à prendre en main. Prenons d'abord les combats. Fondés sur un principe de combos et d'enchainements ils sont faciles à prendre un main, dynamiques et surtout bien jouissifs à partir du moment ou on les maitrise. Vers la fin du jeu, vous esquiverez et effectuerez des combos à 3 chiffres sans trop de soucis tellement le tout est intuitif. Le deuxième gros aspect « original » du gameplay, c'est cette capacité que vous allez acquérir de switcher entre le monde des morts et le monde des vivants. Ainsi dans certaines phases, des plateformes mais aussi des ennemis n'apparaitront dans un monde et seront inaccessibles depuis l'autre, d'ou cette obligation de passer en permanence d'un monde à l'autre. Cet aspect de gameplay donne naissance à de belles séquences de plateformes, mais aussi à des combats qui deviennent du coup plus complexes, plus intéressants.

Les combats sont LE point fort du gameplay : Simple d'accès, ils deviennent rapidement grisants

Comme dans tout bon Metroïdvania, votre personnage va débloquer des pouvoirs qui lui permettront de revenir sur ses pas et ouvrir des passages qui étaient jusqu'alors bloqués. Ici malheureusement, Guacamelee est un peu léger. Ces pouvoirs et ces passages existent, mais ce ne sont pas, et de loin, l'élément le plus réussi du gameplay. Les différents pouvoirs se limitent à un coup de poing type uppercut (vers le haut), le coup de tête (puissant mais courte portée), le pouvoir écrasant (vers le bas) et la ruée vers l'avant. Ces mouvements servent en combat et sont accompagnés d'autres pouvoirs comme le vol, le double saut et autres, mais n'ont pas l'originalité d'un grapin, ou d'une nouvelle arme par exemple. De plus les passages à débloquer sont uniquement marqué par des blocs destructibles de couleur différentes (correspondants aux différents pouvoirs). Bref, c'est plaisant à jouer, mais ça manque d'originalité de folie.

Les pouvoirs débloquées manquent d'originalité et de relief

Que retenir de ce petit jeu qui est malheureusement passé un peu inaperçu ? Que c'est un jeu fidèle à l'esprit de Drinkbox: fou, coloré et fun. Son ambiance mexicaine déjantée, son gameplay simple, mais accessible et grisant,  font de ce metroïdvania une vraie petite perle vidéoludique que vous devez à tout prix ne serait-ce qu'essayer. Le jeu reste assez court (5-6h) mais on y revient sans soucis grâce au mode Hard qu'on débloque après un premier run. Ajoutez à cela la fonctionnalité cross-buy et cross-save qui vous permettra de continuer vos parties sur Vita dans le metro (ou bus !). Clairement, Guacamelee fait partie de ces bons petits jeux qui me font dire que le PSN, bien que moins stable que le XBLA, a tout de même une belle offre vidéoludique.

 

Les plus

+ Ambiance fun, décalée

+ Direction Artistique inspirée, colorée

+ Musique entrainante

+ Gameplay accessible mais grisant une fois bien pris en main

 

Les moins

- Un gameplay peut-être simpliste sur certains aspects

- Un poil court...