SPOILERT ALERT

Ceux qui suivent mes petites critiques de comics savent que j'avais beaucoup aimé lire le premier volume de Fathom, son univers, et que j'avais surtout accroché au style graphique de Michael Turner. Malheureusement, Michael Turner, gravement malade alors, et désirant se concentrer sur la construction d'Aspen Comics, a décidé de déléguer l'Univers de Fathom à Koi Turnbull, un autre dessinateur, chargé de réaliser le volume 2. Je dis malheureusement parce que pour moi, mon intérêt pour Fathom en a pris un sacré coup, mais je développerai cela plus loin.

 

 Scénario/Univers

Le scénario reprend le fil peu de temps après les évènements du premier volume. Pour rappel, Killian a été vaincu par Aspen alors qu'il s'apprêtait à engloutir les continents par les océans, détruisant les humains et permettant aux bleus d'être la seule race survivante.

 

Les "Blacks", la nouvelle race dont la menace pèse en filigranne tout le long du volume

 Le volume 2 repart sur une piste intéressante laissée en suspend à la fin du premier volume. Killian avait fait un pacte avec l'Amiral Maylander, sorte de chef d'état major de la Marine américaine, avant de le trahir. La chose a laissé un goût amer à Maylander qui a décidé, suivant sa théorie selon laquelle il faut éradiquer toute menace à la survie de l'humanité, de déclencher une guerre avec les bleus. 

A cela s'ajoute la réapparition d'une 3ème race "légendaire" à savoir les "noirs", sorte de bleus des profondeurs abyssales et qui décident eux aussi d'éradiquer l'humanité. Bref tout ce joyeux petit monde va se foutre sur la gueule et Aspen et ses amis vont se retrouver au milieu du conflit.

 

Kiani, un des nouveaux personnages intégrés, et qui devrait avoir un rôle important pour la suite de Fathom

 Le scénario n'est pas bouleversant mais a le mérite de creuser l'Univers de Fathom, en nous faisant visiter plus en profondeur (Fathom - Profondeurs ! Ok je sors...) la culture des bleus, leurs villes, leur système politique et également les légendes concernant les "noirs", qu'ils considèrent comme des divinités.

 Globalement assez lent (et si on ne voit pas toujours ou il veut en venir), le scénario devient un peu plus hâletant et intéressant dans les derniers chapitres. On est dans la continuité du premier volume, c'est assez intéressant et assez riche en révélations pour donner envie de continuer à lire, sans qu'on soit en admiration devant l'histoire. En tout cas, à la fin, on a envie de connaître l'histoire du volume 3.

On retrouve des personnages complètement squeezés à la fin du premier volume

Dessin 

C'est là que le bas blesse, que tout s'effondre. Koi Turnbull a du avoir une grosse pression en reprennant le travail de Turner, et je pense qu'il a tout fait pour suivre les traces du maître. Mais malheureusement, il ne fait que s'en approcher, et encore, on reste très loin du dessin de Turner.

Aspen ne ressemble plus à Aspen, et les visages ont des traits bien plus grossiers qu'avec Turner

Les personnages sont beaucoup moins fins, les visages sont plus grossiers. Bref, on sent un fossé entre les 2 styles, un fossé sur lequel je n'arrive pas à passer outre malgré les efforts. Je me suis dit que Turnbull essayait de trouver sa propre voie, son propre style (volonté louable en soit !), mais rien à faire, son style ne me plait pas. Vous verrez par vous-même si vous décidez de lire le comics, ou avec les quelques échantillons que je propose, mais des fois, les visages des persos virent carrément au grotesque et sont totalement disproportionnés. Le style de Turner est un mix entre visages taillés à la serpe, rondeurs féminines et persos maculins taillés en V. L'Aspen de Turner alliait côté sexy et grace, tandis que Turnbull ne garde que le côté sexy et va se concentrer sur des formes toutes en rondeurs. 

J'ai noté une différence dans la qualité du dessin entre les scènes de combat et les scènes plus posées. Si les scènes de discussions sont à mon sens mal rendues, Turnbull maitrise mieux les scènes de combats ou curieusement les visages sont moins hideux, les corps mieux dessinés. Bref ces scènes sont plus agréables à regarder (même si ce n'est toujours pas du Turner).

Certaines scènes normalement importantes virent même au ridicule à cause des dessins...

Néanmoins là ou Turner arrivait à se démarquer de la concurrence par un style unique, j'ai l'impression de retrouver de mauvais comics Star Wars (la série des Comics Clone Wars avait tantôt de superbes dessins, tantôt des horreurs) avec le style de Turnbull. C'est du médiocre et déjà vu en plus. 

 

Dans Fathom Vol 2, c'est la guerre. Et heureusement les combats sont mieux réussis que les visages...

Verdict

Le verdict n'est globalement pas bon. Je savais en achetant ce volume 2 qu'il fallait que je passe outre le changement de dessinateur, or je n'ai pas vraiment réussi ici. Cette réaction, probablement un peu dure et sévère est une combinaison entre le fait que j'aime vraiment le style de Turner, et le fait que le style de Turnbull n'est pas bon à mon goût. Les personnages ont changé de visages et je n'arrive pas à m'y faire. C'est con parce que que l'histoire n'est pas mauvaise, avec le conflit entre les humains et les bleus, mais le style a tendance à tout tuer.

J'ai quand même bien conscience que c'est un ressenti très personnel et que tout le monde ne sera pas d'accord. Je conseille donc de le feuilleter, pour vous faire une idée du style graphique et voir si vous y êtes allergique ou pas. Perso, je vais feuilleter le volume 3 avant de me décider à continuer ou pas l'aventure. 

 Ça m'interesserait pas mal d'avoir l'avis des autres gameblogers amateurs de comics sur ce volume, histoire de savoir si je suis juste un extremiste fanatique de Turner ou si d'autres ont été déçu ;)