Evitons de nous laisser enfermer dans la mélancolie galopante transmise par les derniers artistes auxquels je m'étais attaqué, retroussons nos manches et attaquons guitare électrique à la main et grosse caisse au pied un des plus fameux groupe de punk anglais. Encore une musique un peu vieille certes. Mais qui bouge encore et toujours, plus vivante que jamais.

Et j'ai donc nommé, les plus attentifs l'auront devinés, les Buzzcocks. Tout de suite, un extrait. (Cette rubrique se professionnalise, dites donc !!)

Leur premier 45 tours, "Orgasm Addict".

Well you tried it just for once found it all rights for kicks

But now you found out that it's a habits that sticks

And you're an orgasm addict, you're an orgasm addict.

 

Ce qui donne à peu près : "Tu as essayé ça une fois pour prendre ton pied, mais là tu t'aperçois que c'est une habitude qui adhère, Et tu es un accro à l'orgasme, tu es un accro à l'orgasme..." Sublimes paroles. On devrait en avoir plus souvent des comme ça, ça changerais des chanteurs mielleux qui se donnent des airs de grands romantiques...

Les Buzzcocks donc, est un groupe qui s'est formé à Manchester en 1976, autour de Pete Shelley (chant) et Steve Diggle (guitare). Les deux autres membres en sont Steve "Paddy" Garvey (basse), et John Maher (batterie). Relativement peu connus aujourd'hui (en tout cas beaucoup moins que les deux autres groupes majeurs du mouvement punk de l'époque, The Clash et Sex Pistols), ils ont tout de même eu une assez grande influence sur la scène indépendante des années 80 et 90, notamment par tout l'aspect mélodique et romantique de leur musique et de leurs paroles ("Orgasm Addict" n'est peut être pas le meilleur exemple, j'en conviens...) assez atypique dans le monde du punk.

 

 Et pour appuyer mes dires, quoi de mieux que "Love you More" ?

 

Pete Shelley a grandi en écoutant les Beatles, David Bowie, T. Rex, Lou Reed et le Velvet Underground, les Stooges et Roxy Music. Une référence en matière de bont goût, et une influence qui se retrouve dans le son du groupe. Je trouve à titre personnel le son assez inspiré de ce qui se fit du côté de la Factory avec le Velvet Underground, ce son marqué par des guitares très claires et mélodiques et qui se retrouve beaucoup dans le Punk et la Cold Wave anglaise des années 1970. 

 

"Ever Fallen in Love (With Someone You Shouldn't Have Fallen In Love With)"

Leur titre le plus connu (je crois qu'il me semble).

 

Les Buzzcocks est le premier groupe de punk à naître à Manchester. Pete Shelley et l'ami avec qui il fonda le groupe (Devoto, futur fondateur de "Magazine") entendent parler des Sex Pistols par un article de journal, et décident d'aller les voir en concert à Londres. Extrêmements marqués par la performance du groupe de Johnny Rotten, ils se teignent les cheveux en orange, dénichent des vieilles fringues chez les fripiers, se mettent des lames de rasoir en guise de boucles d'oreilles, et deviennent les premiers punks de Manchester !! Ce qui leur vaudra manifestement de se faire régulièrement agresser dans la rue au passage...

What Do I Get ?

Never Mind The Pixels, Here The Buzzcocks !! :D

 

Ils sortent en 1978 leur premier album, "Another Music In A Different Kitchen" malheureusement assez inégal. La même année paraît également "Love Bites", qui contient la majorité des pépites que je vous propose, et qui même s'il reste variable en terme de qualité, est à mon sens bien meilleur et plus varié que le premier. (Je ne pourrais cependant pas le recommander aussi chaudement que s'il s'agissait du "London Calling" de The Clash -pour ne citer que lui- qui est un sans faute sur l'ensemble de l'oeuvre !). 

 

"Nostalgia", extrait lui aussi de "Love Bites"

On pourrait également citer des morceaux comme Sixteen again, Love Lies...

 

Je pensais en débutant cette modeste chronique que c'était les seuls albums de cette période. Je me trompais lourdement, puisqu'en 1979 parait ce qui est aujourd'hui considéré comme leur meilleur album, "A Different Kind Of Tension" qui amène de par le son et l'atmosphère plus lugubre (il suffit de voir le titre des chansons !!) une transition progressive vers une musique plus proche de la Cold Wave, à la manière de ce que fera Joy Division. Je n'ai pas encore le recul suffisant, l'ayant découvert hier soir, mais des morceaux comme "Raison d'Etre", "I Don't Know What To Do With My Life", "Hollow Inside", "A Different Kind Of Tension" (avec sa rythmique moderne et ses voix digitalisées à la Kraftwerk),...me pousseront sans aucun doute à approfondir cet album.

Trois 45 tours paraitront ensuite, avant que Shelley ne décide en 1981 de laisser tomber, ce qui signe la fin du groupe... jusqu'à leur reformation dans les années 90 !!

 

On se quitte avec un instrumental, "Walking Distance"...

Qui se rapproche plus du son qu'on pourra retrouver au début de Joy Division,

inspiré par la trilogie Berlinoise de Bowie... Mais c'est une autre histoire, pour une autre fois...