Un pur chef d'oeuvre de la littérature franco-belge, issu des amours contrariées de La Fontaine et de Cyrano de Bergerac. Ou pas.

 

Bien le bonjour, je m'en vais ici raconter,

l'effroyable histoire de Thomas le tamanoir.

qui à travers ces péripéties éhontées,

perdit tout, ses vivres sa femme et son manoir  

 

Il faut dire que Thomas avait un grand défaut

Qui lui joua un mauvais tour quoiqu'on en dise

Bien plus que sa feinéantise et son air pataud

Je veux parler bien sûr de sa gourmandise !

 

En effet, plus que tout il aimait attaquer

Les riches demeures des isoptères et des fourmis

Et en prendre les habitantes pour pique-niquer

Les assiégeant dès lors qu'elles étaient endormies.

 

Madame tamanoirette s'en trouvait aigrie

de n'être jamais invitée au pique-nique

Et quand son mari rentrait, encore un peu gris,

Saoul d'avoir trop abusé d'acide formique,

 

Elle piquait une crise de nerfs, s'énervait sévère,

Lui fermait la porte à la trompe, et disait :

"Sans déc' Thomas, tu me brise un peu les ovaires,

Si ça continue tu finiras au musée

 

D'histoires naturelles, empaillé avec tes poils, 

Bêtement tout raide comme un lévrier à l'arrêt.

D'ailleurs ce soir tu dors à la belle étoile

ça t'apprendras à cesser de tout dévorer !!"

 

Et le pauvre petit animal s'étendait 

tristement, protégé par sa queue parasol,

et rodé par l'habitude il attendait,

que sa dulcinée le délivre des herbes folles.

 

Celle ci ne pouvait jamais résister longtemps,

Et penaude de s'être énervée, venait ouvrir

A son mari qui rentrait tête et queue basse,

et donc en boule, en roulant avec grand plaisir.

 

Car elle l'aimait bien trop pour le punir vraiment ! 

Elle aimait sa langue habile et sa queue touffue

Elle aimait sa démarche, ce chaloupement

Elle aimait les caresses faites par sa patte griffue !

 

Ainsi, elle pardonnait plus qu'elle ne l'aurait dû

Et lui, le vilain, toujours à recommencer

partant sage mais revenant à des heures indûes

bien repu après des hécatombes insensées.

 

Et c'est cela hélas qui causa le malheur !

Car à force d'insister, de tenter le diable,

il arriva qu'une combinaison de facteurs

l'amène au tribunal qui le jugea coupable.

 

En effet, une grande star rodait dans les parages

Elle avait élu domicile chez son mécène

Et elle en profitait joliment, sans ambages,

Sans même prendre la peine de monter sur la scène.

 

Pendant que sa bienfaitrice se tuait à la tâche

Il restait tranquille au bord de la piscine

Et tout en croquant goulûment des pistaches,

Un verre à la patte, chantait de sa voix divine.

 

Mais il était exilé bien loin de chez lui,

Il ne sortait jamais et ne voyait personne

d'autre que sa protectrice, et cela le conduit 

à ne dépendre que d'elle et de ce qu'elle donne.

 

Hors donc, Thomas sortait de chez lui, guilleret,

La trompe alerte et la queue tout en panache

L'appétit bien aiguisé par le matin frais

Allant cueillir des fourmis pour faire un goulash.

 

Se ruant vers la fourmilière la plus proche, 

il y fourra sa longue langue gluante,

En remonta les habitantes sans anicroches

Et se délecta de toute cette foule grouillante

 

Par malheur, la mécène venait voir sa famille

Et avec ses myriades de soeurs fut aspirée

et finit dans la salive visqueuse en pleurant,

Laissant seul, livré à lui même, son protégé.

 

Ce dernier, alors complètement désorienté

Se retrouva dans le caniveau en haillons

Où il finit ses jours seul et ensanglanté,

Faisant donc perdre à ses producteurs des millions !

 

Et c'est ainsi que la grande multinationale 

porta contre Thomas une plainte aggravée

pour sa responsabilité dans la fin brutale

D'Aldo la cigale, pauvre chanteur dépravé.

 

Moralité : La Fontaine n'a rien inventé !

 

PS : Toute ressemblance avec la présentation d'un strip de Kendy n'aurait rien d'une coïncidence. Il écrit juste un peu mieux !