En grand fan de sports mécaniques, je ne peux voir la formule 1 que comme la discipline reine ou les meilleurs pilotes du monde s'affrontent sur les voitures les plus rapides de la planète. Cependant, je n'ai cessé d'être agacé, déçu et même parfois dégouté par les évènements qui ont marqué ce sport de ces dernières années. Aussi, avant toute chose, je tiens à préciser que je ne suis pas un de ceux qui prônent le "c'était mieux avant" (Y a pas un truc comme ça dans le jeu vidéo aussi ?). Avant, je n'y étais pas, je suis né en 1989, je n'ai donc pas connu les Hunt/Lauda, Harnoux/Villeneuve, Piquet/Mansell et même malheureusement Prost/Senna. Même si en grand fan je me suis beaucoup documenté et j'ai revu pas mal d'anciennes courses, je ne pense pas avoir le droit de jouer les "vieux cons" pour autant. J'adore Senna, mais qu'est-ce qui me dit qu'à l'époque je n'aurais pas penché pour Prost ? J'essaierai donc le plus possible d'éviter la comparaison qui me semble cependant inévitable. J'ai réellement commencé à regarder les grands prix avec le duel Hakkinen/Schumacher c'est-à-dire toute fin 90s début 2000s. Toutefois, c'est depuis 2010 et l'entrée en vigueur de la règlementation actuelle que je prends de moins en moins de plaisir à suivre la F1. Non pas que j'en suis dégouté et que d'un coup je vais me mettre au foot, mais force est de constater qu'une certaine lassitude des à-côtés de la F1 s'installe et se fait de plus en plus sentir.

Parce que comme partout, le nerf de la guerre c'est le pognon

 

S'il y a bien une chose que j'attends avec impatience, c'est le retour du Grand Prix de France de Formule 1. Malheureusement ce ne semble pas à l'ordre du jour malgré ce que disent de récentes rumeurs. En effet, ces dernières années on a pu constater une diminution considérable des circuits européens au calendrier au profit de pays dit "émergents". Ainsi en quelques années sont apparues, entre autres, la Chine, l'Inde, la Turquie et on attend maintenant de la Russie et de la Thaïlande. Pendant ce temps, on a perdu la France, San Marin, le Portugal, l'Autriche et on parle de plus en plus du retrait de Silverstone ou de Spa, Belgique un circuit absolument mythique au même titre que Monaco. En 2012, environ 37% des Grands Prix disputés étaient en Europe, alors que ce chiffre était de 70% en 1997.


Turquie 2011 - il n'y a pas vraiment foule...

Le dénominateur commun de tous ses nouveaux arrivants ? L'argent. Tous ont aligné les billets pour faire venir la Formule 1 chez eux. Je ne comprends pas vraiment leurs motivations, si ce n'est "prestige" et peut être le tourisme ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas pour l'amour du sport. Quelle tristesse de voir des tribunes disproportionnées recouvertes par des bâches... La justification de tout ça ? Promouvoir ce sport sur d'autre territoire. Sincèrement, je ne vois pas. Je me dis qu'il promeut surtout les intérêts de certains sponsors/constructeurs auprès de ces nouveaux marchés. Je suis persuadé que Renault apprécie énormément le fait que les Red Bull tournent en Chine avec le logo Infinity sur le museau. Belle pub pour la marque de luxe de Nissan.
Il faut aussi préciser que les circuits payent à CVC, le propriétaire de la F1, des droits d'organisation. Par exemple, pour la Thaïlande on parle de 30 millions d'euros par an max dont une grande partie financée par l'état (60%). Autre exemple, le Grand Prix de Bahrein a été annulé à la dernière minute en 2011. Résultat, le Bahrein a payé 40 millions d'euros de "dédommagement moral". Normal. Comment est-ce qu'une Europe en pleine crise financière peut se permettre ceci ? CVC sait à qui s'adresser.
Enfin, si c'est vraiment pour promouvoir le sport, il va vraiment falloir revoir la stratégie !! En quoi aller disputer une course dans un pays où la révolte gronde depuis au moins 3 ans et où la répression est particulièrement virulente est une bonne pub ????

Mais admettons qu'il n'y ait aucune magouille derrière tout ça et que tout est fait pour le rayonnement du sport à travers le monde. Dans ce cas, quelqu'un peut m'expliquer pourquoi tous les nouveaux circuits sont nases ?? Au moment où j'écris ces lignes, le GP de Chine à Shanghai vient de se terminer. Juste avant ça, il y a eu le Grand Prix de Malaisie à Sepang. Et si on comparait les tracés pour le fun :

Les similarités entre Sepang et Shanghai, deux grands prix qui se succèdent au calendrier.

Bon OK, on sort un peu de la thématique du pognon, mais je tenais à glisser un mot sur Hermann Tilke. C'est l'architecte à qui l'on doit l'intégralité des nouveaux circuits de F1. Selon lui, ses circuits sont dessinés afin de favoriser la sécurité, le spectacle et les dépassements tout en "respectant le budget octroyé par les promoteurs". Mais tout à M. Tilke ! C'est tellement bien dessiner que Fernando Alonso a trouvé le moyen de rester coincé en 2011 à Abu Dhabi une course entière derrière Petrov qui avait un rythme clairement plus lent. C'est pourtant un circuit conçu pour favoriser les dépassements non ?

Si vous avez une des plus longues lignes droites de la Formule 1 et qu'elle s'enchaîne sur une chicane où il n'y a qu'une seule trajectoire possible, vous pourriez parler d'une opportunité manquée [...] À interlagos, les infrastructures laissent à désirer, mais les courses sont fantastiques.

Martin Whitmarsh, patron de l'écurie McLaren, à propos du circuit de Yas Marina

 

La signature de Tilke est simple : d'énormes dégagements (qui éloignent les tribunes, mais c'est pour la sécurité), accompagnés de très longues lignes droites qui se terminent par une épingle ou une chicane. La grande partie de ses circuits se ressemblent énormément avec un 1er secteur banal, un second un peu plus tortueux et un dernier avec de longues lignes droites. Il n'a pas le monopole du manque d'inspiration le circuit de Hongrie, par exemple, nous a gratifié de course particulièrement soporifiques. Le gros reproche que j'aurai à adresser à M. Tilke, c'est que ses circuits sont insipides, sans âme. Quel fan n'a jamais entendu parler du raidillon de l'eau rouge à Spa ou de Sainte Devote à Monaco ? Par contre, je vous mets au défi de me donner une particularité marquante du circuit de Corée. Je ne vais pas accabler Tilke non plus, il a de belles réalisations au compteur comme le virage huit en Turquie ou le circuit d'Austin au Texas qui nous a offert une belle première course l'an dernier. Finalement, je lui reproche surtout son manque d'inspiration. La FIA ferait peut-être mieux de ne plus faire exclusivement appel à lui.

circuits insipides, artificiels ou encore sans âme

En savoir plus: https://www.chronofoot.com/formule-1/grand-prix-f1-hermann-tilke-le-picasso-des-circuits-de-formule-1_art35618.html
Copyright © Gentside Sport

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Fin de la petite sortie route, je vais juste terminer cette thématique de l'argent par un dernier point : les pilotes payants. Je sais pertinemment que ce n'est pas un phénomène nouveau. Niki Lauda, immense champion est arrivé en F1 à la force du porte-feuille de sa grand-mère par exemple. Le problème est qu'actuellement la survie des équipes repose énormément sur ces pilotes, peu importe leur talent. Cette année, de très bons pilotes comme Kovalainen, Kobayashi ou Glock ont été éjectés en faveur de pilotes payants qui, clairement, ne leur arrivent pas à la cheville. Ca m'attriste de voir une écurie mythique comme Williams obligée de récupérer des pilotes comme Maldonado et essayer de marquer péniblement quelques points une course sur deux. Là où le bât blesse, c'est lorsqu'on voit des tops teams avoir recours à ces pilotes. J'ai trouvé surréaliste l'arrivée de Petrov et ensuite Senna chez l'ancienne écurie Renault en 2010 alors qu'il y avait de vrais talents en attente. Même si officiellement ce n'est pas le cas, on peut se poser la question du transfert de Perez cette année chez McLaren. Pas spécialement rapide voir même très moyen en fin de saison dernière, le pilote mexicain est soutenu par l'homme le plus riche de la planète : Carlos Slim. Quand on sait que Vodaphone, sponsor titre de l'équipe se retire l'an prochain, il est difficile de ne pas faire le rapprochement. Et nos frenchies dans tout ça ? Pas mieux ! Pic est soutenu par Lagardère et Grosjean part Total pour ne citer qu'eux. Entendons nous bien ces pilotes savent conduire, même Karthikeyan est à des années-lumière de Mazzacane ou Bernoldi. Le problème est qu'il n'est plus possible d'être le fils d'un garagiste et de gravir les échelons pour finir par piloter une Ferrari comme Alesi à son époque. De plus en plus de pilotes s'orientent directement vers d'autres séries plutôt que d'essayer d'arriver en F1, faute de financement. C'est le cas de Di Resta par exemple, qui a été directement en DTM pour y être champion avant de finalement arriver en F1 soutenu par Mercedes.

Une partie de la solution est peut-être dans la redistribution des droits TV. Actuellement, plus votre équipe marque de points, plus elle touche d'argent. Malheureusement seules les 10 premières équipes sont concernées par cette redistribution. Les plus petites équipes, les moins riches, ne marquent pas un seul point de la saison, impossible donc d'accéder à cette fameuse 10ème place. Résultat, les plus riches deviennent plus riches et les plus pauvres le sont de plus en plus. Seule solution pour ces équipes : Les pilotes payants.

Parce que les courses sont artificiellement mouvementées

 


Faut le changer celui-là

Jusqu'en 2010, Bridgestone était le fournisseur unique de pneumatique en F1. Vous vous en souvenez certainement, c'était l'époque des pneus rainurés. Les pneumatiques Bridgestone étaient des pneus en bois. Ils s'usaient si peu, que les stratégies à un arrêt n'avaient rien d'exceptionelles. J'ai un lointain souvenir d'un Grand Prix de Monaco ou le commentateur en était arrivé à se demander si Schumacher allait pouvoir parcourir l'intégralité de la course sans s'arrêter. Malheureusement pour le pilote, il n'avait pas fait le plein. Pire, en 2005, il était interdit de changer de pneus en course. Aujourd'hui, c'est Pirelli qui a repris le flambeau et qui fournit les gommes aux écuries. Et pour le coup, il n'est pas exagéré de dire qu'on est passé d'un extrême à l'autre : Pirelli a fait des pneus en mousse. Pas plus tard qu'au Grand Prix de Chine 2013, Mark Webber parti des stands avec des pneus neufs, s'est arrêté au stand au premier tour pour se débarrasser des pneus tendres tellement leur dégradation rapide les rendait inutiles. L'an dernier, on a eu sept vainqueurs différents dans les sept premières courses. Cette anomalie était largement imputable à Pirelli du fait d'une fenêtre d'utilisation des pneumatiques tellement mince que les équipes s'y perdaient. Cette saison on semble avoir franchi un nouveau palier puisque même le manufacturier semble faire machine arrière tant les pneus fournis sont exagérément peu endurants. Même commercialement pour la marque je ne suis pas sûr que donner l'image d'un pneu qui ne tient pas longtemps soit bénéfique. Il ne faut cependant pas jeter l'opprobre sur Pirelli, le manufacturier a été choisi pour ramener le spectacle en Formule 1 et cette usure a été leur manière de répondre à ce cahier des charges. Ils ont juste été un peu trop loin à mon gout.
L'autre reproche que j'adresserai à Pirelli c'est son refus catégorique d'avoir des concurrents. Michelin est volontaire pour se frotter à Pirelli qui freine des quatre fers pour rester le seul coq dans la basse-cour. Clairement, la pluralité des fournisseurs de pneumatiques serait une très bonne manière de ramener le spectacle, un constructeur aurait l'avantage sur tel ou tel tracé ou tel ou tel conditions météo ce qui rendrait les championnats bien plus disputés, et avoir la meilleure voiture ne sera plus suffisant pour gagner.

Quelle superbe invention qu'est le DRS. Enfin sur le papier. Le DRS pour Drag Reduction System permet d'ouvrir une partie de l'aileron arrière dans une zone limitée afin de diminuer la résistance à l'air et donc gagner de la vitesse facilitant ainsi les dépassements.

Hamilton se fait dépasser par les deux Ferrari
dans la même ligne droite.

Si on prend un circuit de Tilke avec une ligne droite de 20 bornes de long et qu'on y place une zone de DRS, bingo vous êtes sur d'avoir du dépassement. À titre de comparaison, il y a eu 547 dépassements sur l'ensemble de la saison 2009 soit 28.79 dépassements/course. En 2011, première année d'utilisation du DRS on arrive au chiffre faramineux de 1 152 dépassements soit 60.63 dépassements par course. Youpi ! Plein de dépassements, youpi ! Oui, sauf que la grande majorité de ces dépassements DRS sont artificiels. Pour moi un dépassement c'est aussi une lutte entre deux pilotes qui fait intervenir aussi bien la "vista" que le talent des deux protagonistes. Comment ne pas parler du duel de légende Villeneuve/Arnoux en parlant de dépassement ? On est bien loin du "j'appuie sur un bouton et j'appuie à fond sur la pédale".
L'autre problème du DRS, c'est que ça rend les courses illisibles. Trois exemples me viennent immédiatement en tête avec les GP de Chine 2011, Turquie 2011 et Chine 2012 ou le nombre de dépassements était tel, que mis à part les leaders (et encore...) il était impossible de suivre le classement. Ça bougeait tout le temps, les pneus Pirelli n'aidant pas avec les nombreux arrêts aux stands. C'était juste infernal. Je n'ai pas pris de plaisir à regarder ces courses où je suis finalement resté passif à regarder les pilotes jouer à "Je te tiens, tu me tiens par le DRSeuh". Je ne sais pas ce que je préfère, le manque ou l'overdose de dépassement. Pour les plus avertis, sachez que quand je parle du DRS, j'inclus le KERS avec, qui est certes moins "cheaté" que DRS mais qui clairement contribue au n'importe quoi ambiant.

Parce que le règlement est à côté de la plaque

Je n'en ai pas fini avec les pneus ! Parce qu'en plus d'être très rapidement hors d'usage, ils sont en plus en quantité limitée. Je ne vous remets pas le règlement ici, c'est juste un foutoir sans nom. Les voitures ont un nombre limité de trains de pneus par séance, mais ils doivent en rendre un certain nombre d'un certain type à la fin de certaines séances. Bref, le bordel. Ce qu'il faut retenir c'est qu'ils en ont 11 trains de pneus par weekend et que pour les qualifications et la course, les pilotes ont droit à six trains de pneus secs parmi ces 11, soit trois en spécification prime et trois en spécification option. Oui, si vous ne le saviez pas, il y a deux types de gomme pour le sec : les pneus dits tendres ou option qui se dégradent rapidement, mais offrent des performances optimales et les pneus dits durs ou prime qui se dégradent moins vite, mais qui offrent des perf's moindres.

 
Nous avons vu qu'une fois passés en Q3 les pilotes et les écuries n'essayent plus de signer la pole mais préfèrent faire leurs calculs. La vérité est que la stratégie à un rôle bien plus important cette saison. En Turquie, par exemple, la course a commencé bien avant le départ. Ceux qui ont eu la possibilité d'économiser un train de pneumatiques le samedi l'ont fait.

Jarno Trulli en 2011

Sachant qu'un weekend de course contient trois séances d'essais de 90 minutes, une séance de qualification et la course. Les équipes n'ont d'autre choix que de bouder les séances d'essais pour ne pas taper dans les gommes qu'elles devront utiliser pour la qualif' et la course. Le vendredi c'est pourtant l'occasion pour les jeunes pilotes ou pilotes de réserve de prendre le volant et de faire leurs preuves devant l'ensemble du paddock. À l'heure actuelle, c'est plus service minimum pour les équipes et les jeunes passeront plus tard malheureusement.

L'autre souci avec la réglementation des pneus est que pour les 10 premiers, les pneus et réglages utilisés pour se qualifier seront les réglages et pneus utilisés au départ de la course. Autant dire que les pilotes sont plus dans leur stratégie de course que sur leur performance pure. On a régulièrement vu des pilotes ne pas prendre part à la séance de qualification une fois leur place acquise dans le top 10 uniquement pour conserver les pneus. La séance de qualification est censée être une épreuve de vitesse pure, là où le plein potentiel de la voiture est libéré et que le pilote n'a d'autre préoccupation que ses trajectoires. Ce n'est malheureusement plus vrai. Même si je ne voulais pas tombé dans la comparaison, il est difficile de ne pas rappeler avec nostalgie les années 80 avec des voitures en configuration qualification qui dépassaient les 1000ch dans les rues de Monaco et où les pilotes donnaient tout pour faire le meilleur temps possible. La solution me parait pourtant simple : donner aux équipes un train de pneus uniquement pour les qualifications et autoriser les réglages avant la course. En gros faire machine arrière.


Nelson Piquet Jr encastre volontairement
sa voiture dans le mur.

Pour les constructeurs, la Formule 1, c'est avant tout une vitrine technologique. Les technologies employées en F1 sont celles que l'on retrouvera demain dans nos voitures. Enfin, c'est ce qu'on nous fait croire. Depuis combien de temps, n'avons-nous pas vu une voiture innover réellement ? Le règlement technique est si dense et si restrictif, que toutes les voitures semblent être identiques. Et quand bien même une équipe arrive à trouver un semblant d'innovation, la FIA arrive à la rescousse et bannis aussi sec la chose. J'ai toujours été émerveillé par la Williams FW07D à six roues ou la fameuse "Fan Car" avec son énorme turbine à l'arrière. Des concepts pas toujours payants, mais clairement, à cette époque, les ingénieurs pouvaient faire preuve d'innovation. Même si depuis on a eu le diffuseur soufflé, le f-duct ou les échappements inversés, il est difficile de les classer dans les véritables innovations. À mon sens ce sont juste des artifices utilisant habilement les limites du règlement. Rien de comparable avec les suspensions actives des Williams, des freins directionnels des McLaren ou des voitures à effet de sol. En quelques années on a perdu des constructeurs comme Honda, Toyota où BMW pour qui la F1 est trop cher pour trop peu de retours sur investissement. Toyota pour prendre son exemple, à depuis monter une équipe d'endurance pour participer aux 24h du Mans et à tout le championnat WEC et a ainsi pu développer librement un moteur hybride de compétition. À n'en pas douter on retrouvera cette technologie dans les futures voitures de la marque. C'est aussi à ça que la Formule 1 servait.
Du fait de ce manque de liberté dans la conception des voitures, les équipes cherchent à gagner autrement que par la performance. On a assisté ces dernières années à une avalanche de scandale en tout genre. Certes cela a toujours existé comme Jerez 97 ou les ravitaillements en eau des Tyrrell, mais à ma connaissance jamais ils ne se sont succédé aussi vite. Il faut ajouter à cela, que la gravité de ces scandales dépasse la queue de poisson en course ou la simple consigne d'équipe. On pourrait presque parler de complot dans certains cas. En vrac, on a eu le droit aux pneus Michellin qui se déforment en 2003, le "Fernando is faster than you" de , le réservoir auxiliaire des BAR en 2005, le spygate en 2007 ou encore le crashgate en 2009 et cette année on a le droit au Multi21. Et encore je ne vous parle que des affaires qui touchent directement le côté sportif. Si on élargi, on peut tomber par exemple sur des délires nazis sados-maso, mieux que DSK. Même si je me doute bien que certaines affaires ne seraient pas sorties à d'autres époques (merci internet ?) et que je comprends bien qu'il y aura toujours des manoeuvres de ce genre, je ne peux m'empêcher de penser, naïvement peut être, que c'est le verrouillage des règlements techniques qui font que les ingénieurs sont plus occupés à chercher d'autres moyens de gagner qu'en améliorant leur voiture. Les courses ne se gagnent plus grâce au talent du pilote en osmose avec leur monture, mais avec une armée d'ingénieur téléguidant le moindre tour de roue.

Une fois de plus je vais sortir un peu de la thématique et aborder le sujet des courses sous la pluie. C'est peut-être la chose qui m'enrage le plus. La moindre goutte de pluie est suffisante pour annuler ou reporter une épreuve. Je trouve ça scandaleux ! Pirelli a développé des pneus pluie qui évacuent des quantités incroyables d'eau, les circuits n'ont jamais été aussi sûr et sont censés avoir une évacuation de l'eau optimale et pourtant on ne roule plus sous la pluie. Les experts affirment que les ingénieurs ne prévoiraient même plus ce cas de figure dans la conception des voitures.


Senna avec sa modeste Toleman en 1982

La question que je me pose, c'est POURQUOI ? S'il y a bien une chose qui amène du spectacle, c'est bien la pluie. Les performances des voitures sont moins décisives et le talent peut enfin s'exprimer. On se souvient tous de Senna dans la Toleman à Monaco par exemple.Aujourd'hui on se tape des voitures de sécurité et des drapeaux rouges à la moindre averse. Pas plus tard que cette année en Australie on a attendu gentiment que les commissaires balayent la pluie qui continuait de tomber alors que faire rouler les 22 voitures aurait été bien plus efficace pour dégager la trajectoire. Du coup moitié de qualification reportée au lendemain. Du jamais vu. Pire ! Attention, je ne dis pas qu'il faut rouler coute que coute même en cas de typhon, mais juste rouler tant que les pneus et la sécurité le permettent. C'est ce qu'il c'est passé samedi dernier dans la manche d'ouverture de l'European Le mans Series où les pilotes se sont affrontés sous la pluie plus d'une heure jusqu'à ce que les conditions ne soient plus acceptables et que la course soit arrêtée. On a eu du beau spectacle, la course a eu lieu, et personne n'a attrapé de rhume et tout c'est très bien passé. La piste humide est encore un des rares cadres dans lequel le talent pur créer une réelle différence, pourquoi ne pas s'arranger pour que les pilotes puissent vraiment la pratiquer ?
Finalement, il n'y aurait rien de choquant, compte tenu de la situation, à ce que le règlement n'autorise plus les courses sur le mouillé comme c'est le cas en Nascar par exemple. Mais dans ce cas, il faut que l'organisation soit réactive et ferme. Ce n'est plus possible de donner rendez-vous aux gens parfois très tôt ou très tard pour voir des voitures arrêtées sous des parapluies tout ça parce qu'il faut respecter les contrats de diffusion télé.
Pour terminer, ce qui me fait rire aussi c'est qu'à côté de ça, ils envisagent de créer de la pluie artificiellement.