Lors de mon récapitulatif de fin d'année, on avait pu voir que je ne finissais pas les 3/4 de mes jeux. J'ai essayé de me pencher sur les raisons qui m'ont poussé à lâcher un jeu en cours de route. Explications en plusieurs catégories, exemples à l'appui.

Je n'y touche pour ainsi dire pas

  • Le jeu ne se lance pas : là au moins, c'est clair, t'as même pas le choix. Max Payne 2 refuse de dépasser le stade du launcher sur mon PC, même après moult mises à jour de drivers et autres astuces de forum. Jazz Trump's Journey ne dépasse pas l'écran de chargement malgré le fait qu'il soit annoncé jouable sur mon iPod Touch 2e génération.
  • Je n'ai pas fini le jeu précédent de la série : dans le cas où les deux épisodes sont proches au niveau du gameplay ou s'enchainent narrativement, il vaut mieux avoir fini les premiers avant d'enchaîner la suite. Exemples : Crash Bandicoot 2 & 3, Oddworld Abe's Exoddus, Time Gentleman, Monkey Island LeChuck's Revenge
  • La plateforme sur laquelle tourne le jeu est moins pratique/adaptée, mais j'ai pris le jeu pour ma collection, en espérant y jouer un jour, peut-être : Eternal Darkness Sanity's Requiem ou The Nomad Soul parce que ma Gamecube et ma Dreamcast sont généralement rangées et que ça me soule de les sortir. Metro 2033 et Stalker Shadow of Chernobyl parce que les jeux rament sur mon PC.
  • Le jeu semble obsolète ou il m'est complètement inconnu : ça veut dire généralement aucune histoire digne d'intérêt, des contrôles pénibles, une difficulté aléatoire. Il peut avoir des qualités insoupçonnées mais y jouer est un risque que je ne prends que si le jeu est culte et peut encore apporter quelque chose aujourd'hui. Dans le cas contraire, c'est une perte de temps, je passe mon tour. La plupart du temps des Minis inclus dans l'abonnement PS+ ou les seconds couteaux des Indie Bundle. Exemple de jeu me paraissant obsolètes : Altered Beast, G-Police. Jeux inconnus : Gratuitous Space Battles, Xotic, ShadowGrounds, Wasteland Angel, The Ball. 

 

Je lâche très rapidement

  • Je n'aime pas le type de challenge proposé par le jeu : je peux réussir à passer quelques niveaux mais même quand je réussis je n'ai pas spécialement envie de continuer. Exemples : Jamestown, Pix 'n Love Rush, Burn It All, Marvel Pinball, Secret of Monkey Island.
  • Expérience de jeu frustrante car je ne maitrise pas bien les contrôles : je n'arrive pas à gérer les déplacements en vue isométrique au clavier dans Project Zomboid, à m'infiltrer discrètement dans MGS Portable Ops, à gérer la caméra dans The Getaway, à conduire dans Mafia ou à faire ce que je veux dans NHL 09.
  • Expérience de jeu frustrante car j'ai du mal à m'améliorer, à maitriser les principes du gameplay : je ne comprends pas comment marchent les phases RTS de Brütal Legend, comment progresser dans le monde ouvert de Sid Meier's Pirates, comment être performant dans Crysis.
  • Le jeu qui demande un temps conséquent avant d'être intéressant. Exemples : les jeux de stratégies qu'on n'appréhende pas instantanément comme Frozen Synapse, Commandos 2 et Fate of the World. Dans une moindre mesure, Vampire The Masquerade Bloodlines, The Longest Journey, Amnesia The Dark Descent, qui nécessitent de dégager du temps pour s'immerger convenablement dans l'expérience. Le problème n'est pas que j'arrête d'y jouer, mais que je n'arrive pas à commencer.

Je lâche en cours de route

  • Pic de difficulté : le jeu m'oppose un challenge que je n'arrive pas à franchir même après plusieurs essais. Quelques exemples : SpaceChem, Demon's Souls, Silent Hill Shattered Memories, Mr Karoshi, Red Faction Guerilla.
  • Manque de renouvellement : j'ai l'impression d'avoir fait le tour du jeu, le challenge se répète plus ou moins sans surprise, et l'histoire qui aurait pu relever le tout est aux abonnés absents. Sont notamment coupables Burnout Paradise, Skate 2, GTA Chinatown Wars et Spider : Le Secret du Manoir de Bryce.
  • KO technique, les joueurs ont déserté : c'est pas que le jeu ne me plait pas, mais c'est plus sympa à plusieurs et malheureusement, trop de mal à réunir les bonnes personnes. On repousse à la prochaine fois qui s'éloigne de plus en plus. Exemples : Left 4 Dead, son cousin Payday The Heist ou encore LittleBigPlanet 2. 
  • La pression de finir le jeu empêche de profiter tranquillement de l'expérience : si je cherche à comprendre pourquoi je ne finis pas mes jeux, c'est que quelque part je trouve cela étrange, presque anormal. En résulte une sorte de pression de finir, une culpabilité de passer au suivant. On joue au jeu non fini parce qu'il le faut, plus nécessairement pour notre plaisir ou l'intérêt intrinsèque du jeu. On joue pour s'en débarrasser. Autant dire que cet état d'esprit peut plomber n'importe quel jeu. On en vient à exiger du jeu de bons moments pour justifier notre effort, ce qui mène le plus souvent à la déception, en un cercle vicieux contreproductif. Exemple : Silent Hill 2, que je tente de finir depuis plusieurs années pour essayer d'y découvrir moi aussi le chef d'oeuvre tant acclamé. Le jeu n'ayant pas réussi à s'élever aux niveaux de la hype, ma déception et ma frustration n'en ont été que plus grandes.

On peut souvent résumer ces raisons à la déficience d'un "ingrédient" de la recette d'un bon jeu vidéo : challenge inadéquat, mal exposé ou trop complexe, ressenti à l'ouest, absence de promesse, ou imaginaire en berne. Ces raisons ne sont pas toutes rédhibitoires, j'ai ainsi pu finir Castlevania Lords of Shadow sans jamais me sentir définitivement à l'aise avec les mécaniques de jeu que je me soupçonne d'avoir honteusement sous exploité. J'ai fini Dead Space 2 qui ne proposait plus rien de neuf bien avant le dénouement de son scénario qui me laissait royalement indifférent.

Ces raisons peuvent de plus se cumuler, et l'arrivée d'un nouveau jeu sert de catalyseur. Je joue souvent à plusieurs titres de front, et je n'hésite pas à me faire plaisir en craquant pour de nouveaux jeux qui font l'actualité. L'attrait de la nouveauté aidant, le nouveau jeu chasse mécaniquement le précédent. C'est pas forcément tant que j'ai arrêté de jouer la Fureur de l'Etranger, que j'aime pas mal au demeurant, c'est juste que j'ai joué à d'autres jeux. Le temps n'étant pas extensible, certains se retrouvent relégués à la pile des jeux à finir, pour ne jamais revenir. 

Pour ne pas aider, les jeux sont loin d'être tous révolutionnaires, et sont même souvent dispensables. On n'a pas de remord à laisser de côté un Army of Two 2, un Lost Planet 2 ou un Final Fantasy XIII.

Quand les jeux ne sont pas plus que des divertissements à consommer, un jeu déjà fini peut aussi bien remplir son office qu'un jeu à peine touché, avec l'avantage supplémentaire du "confort" que sa familiarité nous procure. Le nombre de mes jeux non finis vient donc de mon rythme de consommation soutenu, paradoxalement lié à la qualité inégale de la production. Le gâchis est donc souvent tout relatif, et tant que l'on ne se ruine pas, ce n'est pas si grave de ne pas finir ses jeux. L'important c'est d'en trouver suffisamment qui nous emportent malgré tout, et qui procurent une expérience dont on savoure chaque instant du début à la fin.