Nombreux sont les joueurs qui ont un jour croisé le chemin de l'éditeur Enix. Extrêmement populaire au Japon, ce studio prolifique doit une bonne partie de sa notoriété à la popularité des RPG développés par Chunsoft. La saga des Dragon Quest étant au pays du soleil levant, une véritable institution, et la sortie de chaque nouvel épisode, un évènement national. Mais avant d'être un géant du RPG, toutes ces équipes de talent, qui ont gravité autour de Yuji Horii le créateur de Dragon Quest, et Koichi Nakamura le futur fondateur de Chunsoft, ont bien souvent commencé par développer une quantité impressionnante de titres sur les PC japonais des années 80. Une terre de conquête idéale pour se faire de solides armes, et mieux envahir le monde ultra concurrentiel des consoles de salon. Peu avares d'essais aussi divers et variés qu'étranges, le catalogue d'Enix au milieu de ces années dédiées aux PC, ressemble à un vaste univers au champ créatif sans limites : jeu de sport, de drague, de sport, de cartes, d'action, d'aventure. Mais aussi Shoot them up, puzzle game et bien entendu RPG et jeux de stratégie. Tout les genres passent à la moulinette d'Enix, qui édite alors plusieurs titres par mois.

Il est de fait, assez logique de retrouver l'éditeur quelques années plus tard, comme gardien du temple de l'expérimentation. De fait, une fois bien établi sur le marché des consoles grâce à quelques épisodes de Dragon Quest sortis en grande pompe sur NES, Enix constitue en quelques sortes un havre de paix pendant près de deux décénnies, auprès des développeurs qui souhaitent proposer quelques concepts originaux, voire complètement bizarres. A commencer par ce premier jeu du jeune studio Quintet, qui constitue un mélange des genres qui interpelle. La sortie d'Actraiser en 1990, signe en quelque sorte le démarrage d'une période ou Enix va se voir porter bon nombre de productions au caractère pour le moins marqué, parfois même un peu trop décalés diront certains. Un titre qui s'articule autour de phases de gestion, associées à un jeu d'action lorgnant franchement vers l'Arcade, de mémoire de joueur, nous n'avions jamais rien connu de tel. Vont suivre une myride de titres, que nous allons aborder aujourd'hui, pour mieux redécouvrir ensemble, le Top 5 des projets les plus barrés et atypiques proposés par le géant Enix, qui aura réussi à mettre sur le devant de la scène, aussi bien le bizarre, que l'excellence.

 

Numéro 5 : Pop'n Tanks !

A la fin des années 90, difficile de proposer un jeu de combat empreint d'originalité. La déferlante de titres qui innonde le marché depuis l'avènement des Street Fighter 2 et autres Fatal Fury ou Mortal Kombat font de certaines de ces séries, les emblèmes de leur génération. Pourtant, on se retrouve vite à se battre avec ses pieds et ses poings, ou au mieux, à l'arme blanche dans une arène fermée, pour mieux faire descendre la barre de vie de notre adversaire, et le laisser pour de bon au tapis. Enix lui, ne l'entends pas de cette oreille. Et dès lors que Symbio System vient lui proposer sa propre version d'un jeu de combat, il va s'assurer que celui-ci saura se démarquer de la concurrence. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à ce niveau là, Pop'n Tanks ! tient ses promesses. Un jeu de combat, certes, mais avec des tanks s'il vous plaît. Et tant qu'à faire, des tanks au style kawai tout droit sorti d'un Anime pour enfants. Parce qu'après tout...pourquoi pas. Autant se bagarrer à coup de gerbes de couleurs, à l'aide d'engins métalliques de plusieurs tonnes, qui ressemblent ici à des boîtes d'allumettes coloriées par votre petit frère de quatre ans. Bien sûr, ces monstres de métal sautillent et dérappent dans tous les sens, c'est d'une telle logique, pour un tank. Le tout, en déployant un arsenal fait de bombes, tirs de mortier et autres lance flammes qui sont des armes qui vont à merveille à ces artilleurs de l'extrême. Etrange mélange entre un  genre qui se veut habituellement sérieux, le jeu de combat, et un contexte qui invite également au plus grand sérieux, le duel de tank. avouons le, cela ne doit pas être très marrant dans la vraie vie. Mais au final, on verse bien ici dans le plus grand n'importe quoi, pour un résultat plaisant, qui sera avant tout capable de séduire les amateurs des concepts hybrides improbables. La réalisation sympathique, et les nombreuses options de customisation de vos tanks kawai, vous tiendront à n'en point douter en haleine.

 

 

Numéro 4 : Violonist of Hameln

Proposer un curieux mélange des genres, Enix en connait un rayon comme nous l'avons vu en introduction. Alors quand il s'agit d'adapter le manga et Anime du même nom,  Violonist of Hameln, pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ? Le titre développé par Daft est-il un jeu de plateforme ? Pas vraiment. Un jeu de puzzle-réflexion ? Pas totalement non plus. Une première tentative de proposer une gameplay asymétrique particulièrement étoffé, avec deux héros, et notamment avec l'un d'entre eux, qui change de forme à l'envie, dès lors qu'il revêt un des nombreux différents costumes disponibles en jeu ? Peut-être bien. Voilà dans tous les cas, un curieux mélange, qui a le mérite de rester cohérent, et surtout, de fonctionner. Doté d'une réalisation qui le place dans le haut du panier des titres développés sur Super Nintendo, la richesse du gameplay constitue la véritable force de ce jeu atypique. Vous ne trouverez certainement pas de jeu se rapprochant de Viololonist of Hameln. Hamel note héros musicien, et Flute, son accolyte transformiste sont absolument charmant. Mais ils sont, revers de la médaille, un peu pénibles à prendre en main, vu le nombre de possibilités offertes par ce gameplay qui verra Flute se transformer aussi bien en grenouille, qu'en frisbee, ou en...OVNI. On pardonne bien vite ce petit travers, et l'on se surprend à découvrir avec plaisir les petites mimiques de nos personnages, les nombreuses transformations de Flute, et surtout, un level design ingénieux, qui nous permet d'expérimenter à loisir, pour nous sortir de situations toujours plus impossibles. La musique, un élément central du récit, est elle de qualité, et porte l'action et les phases de réflexion à merveille. Le look des ennemis assez improbable termine de faire de ce Violonist of Hameln un titre décalé, comme on aimerait en croiser plus souvent. En toute logique, une place lui est réservée aujourd'hui au sein de ce classement.

 

Numéro 3 :  E.V.O. : Search for Eden

Etes vous prêts à effectuer un petit voyage dans le temps ? Ho, pas grand chose rassurez-vous, retournons en toute simplicité, quelques 500 millions d'années en arrière, pour mieux nous mettre dans la peau d'un poisson inoffensif, nageant au milieu du vaste océan qui couvre quasiment l'intégralité de notre belle planète bleue à cette âge reculé. Vous ne resterez pas poisson bien longtemps, si cela peut vour réconforter, car voyez-vous, dans E.V.O. : Search for Eden, nous allons parler évolution des espèces. Et de fait, le spectre temporel du jeu, et de son scénario, va s'étendre allègrement sur des dizaines de millions d'années. Poisson, reptile, mammifère, ou encore humain, vous allez voir du pays, et surtout développer vos capacitiés au fil du temps qui s'écoule et des niveaux que vous traversez. Avouez que pour un titre de tournée vers la plateforme, le thème est assez peu commun. Car oui, derrière ce concept intéressant se cache un jeu de plateforme mâtiné d'éléments de RPG. On ne gagne pas des niveaux ici mais bien des points d'évolution. Votre poisson à besoin d'une nouvelle queue pour nager plus vite, ou de belle dents afin d'aller mordre ses proies ? Aucun problème, dépensez quelques points d'évolution, et votre petit poisson de corail ressemblera bientôt à un redoutable requin doté d'une attaque dévastatrice. Maître des océans, il vous faudra ensuite mettre un pied sur la terre ferme, et à force de métamorphoses, vous hisser tout en haut de la grande chaîne de l'évolution, au sens le plus darwinien du terme. Doté d'une solide durée de vie, le titre est malheureusement plombé par une maniabilité un peu étrange, qui nous empêche d'exceller sur les passages de plateforme les plus compliqués à négocier. Sa plastique n'est pas non plus irréprochable, et certains ennemis n'arborent pas un design des plus réussis. Enfin après tout, ils étaient peut-être bel et bien moche, il y a 500 millions d'années, allez savoir. Cependant les qualités et l'originalité de ce E.V.O. : Search for Eden surtout, contrebalancent largement ses défauts, et pour cela, il figure dignement, non tout en haut de la grande chaîne de l'évolution, mais au sein de ce podium. Ce qui n'est déjà pas si mal !

 

Numéro 2 : Rakugaki Showtime

Vous connaissez la chanson : qui dit Treasure, dit grand jeu. Et qui dit Enix, dit jeu un peu étrange. Fort de ce double postulat, Rakugaki Showtime est irrémédiablement à cataloguer comme un grand jeu étrange. Parfaitement, vous avez bien compris, ce titre développé par Treasure est un grand jeu de baston, au style assumé et complètement improbable. Grand, parce qu'il fait partie des titres multijoueurs les plus aboutis que j'ai eu l'occasion de tester sur PS1. A l'instar d'un Power Stone 2 sur Dreamcast, Rakugaki Showtime, propose des combats en arène, et ce jusqu'à quatre joueurs. Sans aucune hésitation le mode de jeu sur lequel il faut vous attarder. Celui qui vous fera relancer encore et encore une partie afin de partir en grands éclats de rire avec vos camarades du jour. Manette en main, il est vrai que le jeu montre assez vite ses limites, et l'on se retrouve rapidement à se jeter sur le moindre objet pour mieux le lancer à la figure de vos adversaires. Du gros rochers faisant dix fois votre taille à ces petits smiley surpuissants, tout est bon pour assommer l'ennemi. Mais la deuxième grande force de Rakugaki Showtime, il faut la chercher auprès de sa plastique. Difficile de faire plus atypique que la présentation graphique de ce titre méconnu de Treasure. Subtil mélange, qui se rapprocherait d'un Paper Mario dessiné par un enfant,  ses graphismes tout en crayonné, n'en demeurent pas moins extrêmement plaisants, et très lisibles une fois le tout magnifiquement animé. Les joutes en multijoueurs sont un véritable régal visuel, qui place Rakugaki Showtime définitivement comme un titre à part. Un ovni qui mérite toute votre attention, malgré son status de jeu confidentiel, et que vous aurez malheureusement toutes les peines du monde à vous procurer. Mais un jeu à qui en toute logique, je réserve forcément une place de choix aujourd'hui.

 

Numéro 1 : Wonder Project J

Comment décrire au mieux l'ovni de Givro Corporation, qui fait suite au non moins étrange E.V.O. : Search for Eden ? En le qualifiant de simulation d'éducation pour pré-adolescents peut-être ? Librement inspiré du conte pour enfant de Carlo Collodi, Pinocchio, cette tentative pour le moins étonnante, vous fais incarner Pino, un robot qui prends les traits d'un jeune garçon, et qui n'est autre que la création du Dr. Geppetto. Dans un monde féérique aux légers accents futuristes, ou la robotique revêt une place particulière non seulement à travers l'incarnation de votre personnage principal, mais aussi par le biais d'un scénario beaucoup plus sombre que la présentation, toute en couleurs, ne le laisse penser, vous allez tant bien que mal, élever votre héros à force de répéter avec lui les gestes du quotidien lui permettant de progresser dans la vie comme dans l'histoire. Pour se faire, Wonder Project J prends les contours d'un point & clic, heureusement parfaitement jouable à la manette. Et la véritable force de son propos, tient avant tout, dans ce processus d'apprentissage en continu, particulièrement réussi et équilibré, qui verra Pino se familiariser petit à petit avec différents objets, et actions à réaliser. Impossible de le laisser sans encadrement, sous peine de le voir faire littéralement n'importe quoi. Il faut se contraindre sans arrêt à le canaliser, lui faire répéter les gestes encore non assimilés, bref vous l'avez compris, l'éduquer ! Le tout s'accompagne d'une présentation digne des plus grands dessins animés de l'époque. Pour un jeu de 1994 sur Super Famicom, le titre est tout bonnement superbe, ce qui rends le propos général du jeu d'autant plus envoutant. Les personnages sont qui plus est magnifiquement animés, et chaque petite mimique de notre héros et ses amis, constituent un véritable régal. Difficile de prendre ce jeu à défaut, et pour cause, il s'agit d'un véritable petit bijou, qui vous laissera un souvenir impérissable, dès lors que vous vous laissez prendre au jeu. Une pépite d'originalité, couplée à une réalisation époustouflante, bref, Wonder Project J possède toutes les qualités pour figurer à la première place de ce classement !  

 

Ce voyage dans le domaine de l'étrange se termine, et pourtant, nous n'avons pas encore abordé les cas les plus extrêmes...Mais avant de verser dans l'irrémédiablement bizarre, notons les quelques bon jeux qui pouvaient prétendre figurer dans le classement du jour. A commencer par Nangoku Shonen Papuwa-kun, le titre de Daft qui précède Violonis of Hameln, toujour sur Super Nintendo, et qui nous propose lui un habile mélange de RPG et de plateforme. Une expérience un brin plus classique, mais très réussie. Enix n'a d'ailleurs pas froid aux yeux lorsqu'il essaye d'innover sur ses chers RPG, avec par exemple Robotrek, qui premet un bon nombre d'optimisation de son équipe de combat constituée de robots surpuissants fabriqués à l'aide d'une manette Super Nintendo géante... Diable même avec sa série phare, il tente un mélange des genres improbable. Avez-vous déjà essayé Dragon Quest Heroes: Rocket Slime (édité par la société alors devenue Square Enix pour être préçis) ? Encore une fois, un habile mélange entre RPG et jeu de stratégie, ou l'on se bat à coup de tanks géants, comme aux plus belles heures du Super Sentai. Le design particulier d'un jeu peut lui forger également une identité spécifique, c'est le cas du sublime Nanatsu Kaze no Shima Monogatari, dernier jeu d'un Givro Corporation décidemment omniprésent aujourd'hui. 

 

On verse doucement vers un design plus spécial, à travers le jeu de rythme Utautau: Seirei Songs et de ce cousin lointain de Klonoa : Ten Made Jack: Odorokimamenoki Dai Tou Bou!!  qui se voitent eux aussi dotés d'une plastique pour le moins...particulière. Encore plus bizarre, avec à la clé un résultat un peu plus douteux encore, Suzuki Bakuhatsu qui vous propose d'incarner cette brave Mme Suzuki, qui découvre derrière chaque objet du quotidien, une bombe à désamorcer. Un titre surprenant à bien des égards. Et on termine de basculer dans l'étrange aussi bien au niveau du design que du concerpt de jeu, avec Astronōka, une simulation de fermiers, qui prends place dans l'espace, et vous demandera de faire pousser les plus beaux légumes de la galaxie... Super Galdelic Hour, sur PS2 lui, fera passer Space Chanel 5 pour un modèle de sobriété. Non, mais regardez moi ce déchaînement de couleurs, cela ne devrait pas être autorisé...Mais, bien entendu, j'ai gardé le meilleur pour la fin, et pour parler quelques instants de Segare Ijiri, et de sa suite, Zoku Segare Ijiri, qui remportent haut la main la palme des projets les plus invraisemblables, pour mieux nous proposer une véritable ode vidéoludique à la scatophilie, oui vous avez bien lu!  Une série de jeux malheureusement restée dans les annales (désolé) pour leur médiocrité.

 

N'hésitez, comme à votre habitude, à commenter votre plus belle plongée au coeur du plus cocasse des jeux d'Enix. Ces invraisemblables propositions livrées aux joueurs, et que vous avez forcément, croisées un jour de près ou de loin. Elles n'ont laissé personne indifférent !

 

Et à très vite pour un nouveau Top 5 qui nous fera parler de cette satanée balle jaune...