Les beaux jours arrivent, et ce blog se pare de nouveaux atours pour accompagner lui aussi sa mue et progresser vers de nouveaux horizons ensoleillés ! Cette semaine c'est un billet exceptionnel, et quelque peu spécial, qui voit le jour, puisqu'il est tout simplement écrit par quelqu'un d'autre que moi. En l'occurence, par un habitué de la communauté Gameblog, et commentateur avisé de ce blog. C'est le bien nommé Fersen s'est prêté à cet excercice un peu particulier qui consiste à sélectionner un Top 5 sur un thème bien préçis. Muni de son oeil de lynx, Fersen à détecté que je portais, peut-être à juste titre, un peu trop d'amour à Xenogears, et notamment à son scénario que je considère inattaquable. Mais au lieu de se révolter en commentaire, et indiquer à la hâte un ou deux contre-exemples sans plus explications, il a pris le temps de la réflexion, et ainsi de proposer cinq titres qui méritent d'aller chatouiller le monolithe du J-RPG de Squaresoft. Il va de fait, forcément aborder des jeux exceptionnels, qui méritent tout autant d'être mis en lumière.

Oui, vous l'avez compris, nous allons encore parler RPG aujourd'hui, et de ces titres dont le scénario mérite que l'on s'y attarde encore et toujours, mais les mots de Fersen apportent un regard nouveau sur des titres que j'ai peut-être déjà abordé par le passé, ou surtout, sur certains qui n'ont habituellement pas leur place ici malgré leurs nombreuses qualités. Que voulez-vous, je ne peux avoir les yeux partout et connaitre chaque RPG sur le bout des doigts ! La formule a de fait le mérite de proposer un beau mélange, rempli d'exclusivités, pour un résultat très rafraîchissant à mes yeux. Voyons comment la mue de ce blog se formalise aujourd'hui, et permet d'améliorer cette sacro-sainte formule que je vous propose chaque semaine, grâce aux écrits de Fersen. Quoi de plus normal pour accompagner l'arrivée des beaux jours, vous ne trouvez pas ? Alors, notre conteur émérite du jour, saura-t-il vous convaincre ? C'est ce que l'on va voir tout de suite, grâce à son Top 5 des scénarios encore plus fous que celui de Xenogears.  Fersen : A vous la plume et la parole très cher !

 

Numéro 5: Chrono Trigger sur Super Nes

Quoi ? Chrono Trigger aurait une histoire meilleure que celle de Xenogears ? Est-ce je ne me moquerai pas un peu du monde ? Je l’avoue, il y a un petit côté trollesque à citer Chrono Trigger ici. Mais, s’il est resté un jeu culte pendant plus de vingt ans, son histoire y est assurément pour quelque chose. Ne la résumons pas, car tout le monde la connaît. Chrono Trigger est un classique du RPG japonais. Classique dans sa forme, comme sur le fond, il n’en propose pas moins une histoire mémorable. En réalité, celle-ci n’a rien d’exceptionnel : le thème de la lutte du Bien contre le Mal est vu et revu, et les personnages sont brossés à grands traits, sans véritable nuances. Mais c’est justement ça qui fait le charme du jeu. En premier lieu, le thème des voyages dans le temps, concept ô combien casse-gueule, est ici parfaitement maîtrisé. On voyage entre les époques, et les actions du joueur dans l’une auront des répercussions sur les autres. L’agencement temporel des histoires principale et secondaires est d’ailleurs l’un des points forts du jeu. Ensuite, la montée progressive des enjeux : Si les débuts sont simples et ne demandent que de secourir une princesse en danger, bien vite, on fait la connaissance de Lavos, la menace qui irriguera l’ensemble du récit. On passe d’un grand méchant à un autre : Magus puis Azala et, enfin, la Reine Zeal. Chacun étant plus important que le précédent… jusqu’à la menace finale ! Tout y est cohérent, et simple à comprendre. C’est précisément cette simplicité, et cette clarté dans le récit, qui fait de Chrono Trigger une histoire mémorable. Un jeu qui a redéfinit l’excellence en terme de J-RPG. En quelques mots : une histoire convenue mais bien écrite. Il n’en faut parfois pas plus. Une bonne partie de l'équipe de Chrono Trigger se retrouvera à la manœuvre sur Xenogears.

 

Numéro 4: Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia sur 3DS

Sorti sur NES en 1992, Fire Emblem Gaiden fait partie de ces deuxièmes épisodes qui, s’ils ont été acclamés à leur sortie, font maintenant office de moutons noirs. Rejetant les bases du premier épisode, il s'agit d'un épisode à part dans la saga Fire Emblem. Pour fêter ses 25 ans, Nintendo en publiera un remake, profitant au passage des capacités supérieures de la 3DS. Et si le gameplay reste identique, c’est au niveau de l’histoire que la majorité des efforts s’est portée. La narration lacunaire et expéditive de la version NES a été enrichie de nombreuses scènes, développant l’intrigue ainsi que de nouveaux personnages, aussi bien alliés qu’ennemis... Un nouveau chapitre faisant le lien avec Fire Emblem Awakening. à même été intégré. Le jeu prend place sur le continent de Valentia. Sur cette terre, vivent deux dieux-dragons : Duma et sa sœur Mila. Très vite, des dissensions apparaissent entre les deux sur la manière de guider les hommes. Mila veut les protéger de la souffrance ; Duma pense que c’est dans l’adversité que l’homme révèle son potentiel. Le continent sera alors divisé en deux pays. Au nord, les terres inhospitalières de Rigel, et son peuple de guerriers au cœur sec. Au sud, les plaines fertiles de Zophia, et sa population oisive et décadente. L’histoire commence alors que Rigel envahi Zophia. On suit les pérégrinations d’Alm et de Celica, deux amis d’enfance que le destin aura séparé. Chacun de leur côté, avec leur petite armée, ils poursuivront le même but, mais par des chemins différents : libérer leur pays du joug de l’envahisseur. L’histoire commence déjà par la carte du monde. On débute à l’extrême sud avec comme but d’aller toujours plus vers le nord. Et, au fur et à mesure que l’on progresse dans le jeu, que l’on monte vers le nord, les combats se font plus difficiles, et l’histoire plus tragique. La musique de la carte du monde reflète ce changement de ton : d’héroïque dans les premiers chapitres, elle devient mélancolique par la suite. Et c’est là qu’est la force de l’histoire. On glisse progressivement vers une fin que l’on devine dramatique. Cette progression accompagne le passage à l’âge adulte des deux héros, de l’enfance joyeuse des débuts du jeu, vers la maturité tragique de la bataille finale. La grande force des Fire Emblem, ce sont ses personnages. Même la plus petite unité de votre armée a sa propre personnalité et son moment de gloire dans l’intrigue. Vos soldats ne sont plus des pions interchangeables, comme dans d’autres jeux de ce type, mais de vraies personnes. Shadows of Valentia nous offre une galerie de personnages tout aussi attachants les uns que les autres, et on se prend vite de sympathie pour ces tas de pixels. Alm, Celica, Berkut, Leon, Grey, etc... sont des noms qui vous accompagneront même quand vous aurez éteint votre console.

 

 

Numéro 3: Final Fantasy Tactics Advance sur GBA

Oui, je parle bien du jeu sorti en 2003 sur Gameboy Advance et non de l’épisode PlayStation. Bien moins connu que son aîné, Final Fantasy Tactics Advance mérite pourtant que l’on s’y intéresse. Le jeu nous raconte l’histoire de Marche Radiuju, un jeune garçon qui emménage avec sa famille dans la petite ville de St. Ivalice. Avec ses amis, il se retrouvera transporté dans le monde fantastique de Final Fantasy. Marche fera alors tout pour retourner dans son monde d'origine, mais il sera bien le seul. Parmi ses amis, on trouve Ritz, une jeune fille complexée par sa chevelure blanche, une couleur peu naturelle pour son âge. Son frère Donell est handicapé moteur, et ne se déplace qu’en fauteuil roulant. Quand à Mewt, l’introverti de la bande, il est orphelin de mère, et doit composer avec un père looser alcoolique. Chacun a donc une bonne raison de rester dans ce monde fantastique, où ils ne sont plus des parias comme ils l’étaient dans le vrai monde. On pense tout de suite à l’Histoire Sans Fin de Michael Ende, en particulier la deuxième partie du roman. Mewt, dont le destin rappelle celui de Bastien, deviendra l’antagoniste principal. Dans le vrai monde, c’est un enfant timide et introverti, molesté par les petites frappes de l’école. La mort de sa mère l’a profondément marqué, et son père est un chômeur qui noie son chagrin dans l’alcool. Dans ce nouveau monde de fantaisie, Mewt devient un prince qui retrouve alors l'amour de sa mère. Quand à son père, il obtient enfin une excellente position sociale. Le jeune prince vit un bonheur factice, car le monde de fantaisie n’est pas réel, et de fait il ne voudra surtout pas l'abandonner. Si les fans du premier Final Fantasy Tactics regretteront une simplification des enjeux pour satisfaire un public plus jeune, il n’en reste pas moins que l’histoire ne prend jamais le joueur pour un idiot. En effet, Final Fantasy Tactics Advance délaisse la politique et les intrigues de cours de son aîné, pour se concentrer sur des sujets plus simples comme la perte d’un proche, la violence scolaire, l’alcoolisme et le déclassement social. Les protagonistes veulent fuir leurs problèmes en se réfugiant dans un monde imaginaire. Seul Marche sait que ce n’est pas la solution. Final Fantasy Tactics Advance, sous ses dehors colorés et son aventure bon-enfant, cache en réalité des thématiques aussi adultes que celles de son prédécesseur.

 

Numéro 2 : Dark Souls sur PS3

Que dire qui n’ai pas déjà été dit sur ce jeu ? On a beaucoup glossé sur sa difficulté, mais c’est surtout pour son histoire que Dark Souls mérite qu’on s’y intéresse. La légende nous est racontée d’abord par une superbe cinématique, présentant un combat entre les porteurs de la Flamme et les dragons de pierre. On nous présente vaguement l’univers du jeu, puis plus rien. On sait simplement que l’on doit raviver la Flamme Primordiale, afin d’éviter que le monde ne sombre dans les ténèbres. Le joueur peu attentif passera à côté d’une histoire extrêmement riche et passionnante. Les éléments d’histoire sont disséminés parmi les descriptions d’objets, ou au détour d’un dialogue, ce qui nécessitera un certain investissement du joueur pour avoir une vue d’ensemble. Cela demandera autant d’efforts que pour terminer le jeu. L’histoire restera tout de même lacunaire à dessein, laissant le soin au joueur de combler les vides avec son imagination. Mieux, le gameplay fait parti intégrante de cette histoire ! Le joueur incarne un "mort-vivant", dans le sens non-mort, qui doit accomplir sa quête. Si la volonté vient à lui manquer, s’il ne parvient pas à mener à bien sa quête, il devient alors une "carcasse" dépourvue d’âme, qui erre sans but. Raviver la Flamme Primordiale, c’est à dire servir de carburant afin que la Flamme brûle pendant des siècles, demande une force hors du commun. L’ensemble du jeu peut alors se voir comme une gigantesque épreuve afin d’endurcir le héros et donc le joueur. Et c’est lorsque le joueur bute sur un passage, et qu’il perd la volonté de continuer, remettant son jeu sur l’étagère, que le héros se transforme en carcasse. Dans Dark Souls 3, le joueur incarne une "morteflamme", une âme ayant échoué à se lier au Feu, c’est à dire un joueur de Dark Souls premier du nom, n’ayant pas terminé le jeu. Au terme d’un long périple, il affrontera l’Âme des Cendres, la manifestation de toutes les âmes s’étant liées au Feu, et donc la manifestation de tous les joueurs ayant terminé le premier Dark Souls. La boucle est bouclée !

 

Numéro 1 : Shin Megami Tensei 4 sur 3DS

Shin Megami Tensei, ou Megaten pour les fans, est une série au long cours. Débutée sur NES avec Megami Tensei, adaptation du livre éponyme, elle compte à présent une dizaine de titres, ainsi qu’un grand nombre de séries dérivées, notamment celles des Persona. Au cœur des Shin Megami Tensei se trouve l’affrontement entre Dieu et le Diable, entre YHVH et Lucifer. Mais il ne s’agit pas ici de religion. Le cœur même de Shin Megami Tensei est philosophique : la Loi contre le Chaos. Une société régies par la Loi est une société totalitaire, au sens premier du terme, tenue sous la coupe d’un législateur tyrannique. Dans une société régie par le Chaos, la liberté est totale. En pratique, il s’agit d’une société anarchique, où règne le plus fort. Tout au long du jeu, le héros sera tenté par ces deux extrêmes. Suivant les choix du joueur, le jeu se terminera donc, au minimum, de trois façons différentes ; la troisième fin étant la fin neutre qui suppose de rejeter Dieu et le Diable, et faire confiance à l’humanité. Bien évidemment, aucune des fins proposées n’est réellement satisfaisante, elles vous laisseront toutes un arrière goût amer, un sentiment mélancolique. Dans Shin Megami Tensei 4, le joueur incarne Flynn, jeune samouraï du royaume de Mikado. Avec ses coéquipiers Jonathan, Walter et Isabeau, il enquêtera sur un mystérieux samouraï noir qui transforme les gens en démons. Flynn et ses amis seront obligés de descendre dans le royaume souterrain des Impies (unclean one en anglais). Là, ils découvriront la ville de Tokyo, où se joue le combat millénaire entre Dieu et Lucifer. Le thème récurrent des Shin Megami Tensei se décline ici dans la structure même du monde. Ainsi, Flynn commence son aventure dans le Royaume Oriental de Mikado, terre de la Loi. Ses trois compagnons représentent chacun une facette de l’univers : Jonathan est le héros de la Loi, Walter celui du Chaos, et Isabeau représente la voie Neutre. Puis on descend dans les abysses pour découvrir Tokyo, une ville envahie par les démons, où les humains vivent dans des stations de métro. C’est la terre du Chaos. Au seins de Tokyo, deux factions se disputent le contrôle de la ville : le Cercle de Gaïa, une secte qui valorise la force brute, et les Ashura-Kaï, un groupe mafieux qui maintient l’ordre sur son territoire. Plus tard, vous serez amené à visiter des Tokyo alternatifs : Tokyo Vitrifié (Blasted Tokyo en anglais) où une poignée d’humains tente de survivre sur une terre désertique et toxique, détruite par Dieu ; ou encore Tokyo Infernal dans laquelle des gangs de démons ont asservi l’humanité. Ces Tokyo alternatifs font écho au rêve de Flynn, sur lequel s’ouvre le jeu, et montrent ce qu’il adviendra du monde à la fin. On le voit, le thème classique des Shin Megami Tensei, Loi contre Chaos, irrigue l’ensemble du monde de Shin Megami Tensei 4.

 

Les plus perspicaces d’entre vous l’auront sans doute deviné : le but de se Top 5 n’était pas vraiment de se payer Xenogears, mais plutôt d’essayer de proposer une autre définition de ce qu’est une bonne histoire. Je vous rassure, Xenogears reste un très bon jeu. Mais, contrairement à ce que semble penser le noyau dur de ses fans, il n’est pas nécessaire d’aligner les références philosophiques et théologiques, pour proposer quelque chose de profond. Bien sûr, cela aide à offrir au joueur matière à réflexion sur le monde qui l’entoure, comme dans le cas de Shin Megami Tensei 4. Mais une histoire, c’est avant tout des personnages qui vivent des événements, des personnages vivants, auxquels on s’attache, et qui nous font ressentir des émotions, comme avec Fire Emblem Echoes. Les thèmes abordés n’ont pas à être obscurs, ou ésotériques. Parler simplement de la vie comme le fait Final Fantasy Tactics Advance, n’est pas un défaut en soi. L’histoire peut également jouer avec les spécificités de son médium et, à l’instar de Dark Souls, surprendre en impliquant le joueur dans le récit. Enfin, une bonne histoire est d’abord celle qui nous fait vivre des choses extraordinaires, comme le fait si bien Chrono Trigger, sans chercher à tout prix l’originalité et la profondeur. En réalité, une bonne histoire... On ne veut plus la quitter. Une fois le livre refermé, le film terminé, le boss final vaincu, un sentiment de vide nous envahi et on a qu’une seule envie : se replonger dedans !

Une nouvelle fois je remercie Fersen pour cette initiative, qui j'espère vous plaira autant qu'à moi, et plus que jamais, n'hésitez pas à commenter le classement du jour, voire pourquoi pas, de vous proposer pour le rédaction d'un prochain billet, avec un thème qui vous tient à coeur !

Et à très vite pour un nouveau Top 5 ou l'on parlera de géant du RPG, mais pas de RPG en tant que tel...suspens !