La testostérone est un élément trop souvent indissociable du l'univers du jeu vidéo. Et c'est fort dommage. Comme le veut la formule, quelques grammes de finesse dans un monde de brutes ne font jamais de mal! Et quoi de mieux que de faire de nos héros, des héroines d'exception afin d'apporter cette petite touche de sensibilité et ainsi d'en faire des titres plus plaisants à parcourir, pour nous joueurs? Certains développeurs l'ont bien compris et on opté très rapidement pour cette option, mettant ainsi en avant à cette occasion les premières figures féminines fortes du média. Et même si nous les comptions alors sur les doigts d'une main, il n'a pas fallu attendre très longtemps pour voir nos titres favoris faire la part belle aux aventurières de caractère, aux talents multiples et variés. S'appuyant sur d'autres atouts que la force brute, elles cassent dès le départ quelque peu les codes séréotypés du bourrin de base que nous proposent certaines productions un brin caricaturales, et nous offrent le meilleur des deux mondes: Force et tact. Une main de fer dans un gant de velours, voilà ce que semble nous offrir l'héroine de jeu vidéo dans ses premièrs instants.

Passés ces premiers essais, certes un peu timides mais rééls, auprès du grand public, notamment sur la génération de consoles 8 bit, l'utilisation de nos chères héroines au sein du jeu vidéo prends de l'ampleur sur la génération suivante. Nous sommes encore loin des sex symbols planétaires que deviendront des figures telles que Lara Croft, mais la mise en lumière se poursuit, et elle est indéniable. Nos dames ne sont plus, comme c'est encore trop souvent le cas sur 8 bit, rangés au simple rang de princesse à secourir, à l'image des princesses Peach et Zelda, sans doutes les plus évidentes représentantes de ce que pouvait être la figure féminine dans un jeu vidéo au milieu des années 80. Elles ne sont cependant pas encore ces être subtils et forts que seront ces mêmes personnages deux décennies plus tard. Non, sur consoles 16 bit, nous sommes clairement dans un entre deux, qui laisse enfin sa place à un peu d'émencipation et d'originalité, au compte gouttes. Et c'est bien de ces quelques gouttes dont nous allons parler aujourd'hui, ces quelques héroines incontournables de la période des 16 bit, qui ont participé à la démocratisation d'un phénomène, et c'est tant mieux, aujourd'hui fort répandu .

 

Numéro 5: Alisia dans Alisia Dragoon sur Megadrive

Game Arts est sans aucun doutes reconnu pour sa patte un peu particulière dès lors qu'il s'agit de proposer un RPG aux contours attrayants. Les séries Lunar et Grandia sont les témoins indélébiles de leur savoir faire en la matière. Cependant, avant la naissance de ces grandes sagas, il y a un jeu qui a retenu l'attention des joueurs avertis sur Megadrive. Ce titre, c'est bien entendu Alisia Dragoon, qui place l'héroine du même nom au coeur d'un trépidant jeu de plateforme donnant au joueur l'occasion de constater qu'elle ne doute pas de ses forces et de son talent, embarquant avec elle, grâce à ses pouvoirs de sorcières, tout un arsenal de sortilèges foudroyants, et de familiers qu'elle peut invoquer à tout moment pour lui venir en aide. Ils ne seront pas de trop pour venir à bout des meurtriers de son père, qu'elle cherche ardemment à venger. Se démarquant de la concurrence par une réalisation de qualité, le jeu propose des graphismes fort attrayants, et Alisia se manie sans aucune difficulté apparente. L'action demeurant fluide et lisible à tout instant par ailleurs. En bref, nous avons à faire à une production de qualité sur Megadrive, sous tous les sens du terme, doté d'une difficulté certaine, mais qui nous force à prendre notre temps pour mieux explorer ses niveaux et trouver le meilleur moyen d'abattre ses ennemis sans être submergés par leurs attaques. Pour conclure sur Alisia Dragoon, impossible de ne pas parler quelques instants de la jaquette du jeu, qui affiche une guerrière sûre de sa force, épaulée par un gigantesque dragon cracheur de feu qui semble effrayer tous les ennemis aux alentours. Voila toute la puissance de notre héroine, très justement résumée ici en une image, et qui fait d'Alisia une incontournable protagoniste digne de figurer dans notre classement du jour!  

 

Numéro 4: Terra & Celes dans Final Fantasy 6 sur Super Nes

Celles-ci sont indisociables l'une de l'autre, et sont les vraies héroines du groupe de héros qui se compose au gré du scénario de Final Fantasy 6. Véritables forces de la nature, elles ont, outre leur lourd passé, appris à vivre dans un monde qui tombe en décrépitude et ne leur fait aucun cadeau. Pourtant, elles vons réussir l'impensable, et par deux fois, fédérer nos plus fidèles compagnons afin de mettre un terme aux agissements d'un fou devenu divinité. Ce n'est évidemment pas un hasard si Terra ouvre l'aventure, et nous fait découvrir les contours du monde de Final Fantasy 6. Ce n'est également pas une coïncidence si Celes en fait de même dès lors que s'ouvre le second acte du jeu, qui nous fait découvrir lui aussi un nouveau monde, qui a lui radicalement changé de visage. Non, ces deux femmes au destin irrémédiablement lié, sont résolument au coeur de l'histoire de ce RPG fantastique. Un titre dont je ne vous ferais pas l'affront de rappeler ici les qualités techniques, et esthétiques qui sont aussi nombreuses qu'indéniables, et qui participent à plein à l'immersion au coeur d'une aventure aux contours poignants et profondément humains. Une nouvelle fois, ces deux héroines en sont probablement la cause, elles constituent indéniablement le pouls de Final Fantasy 6. Sans elles, impossible d'imaginer un instant les Sabin, Shadow et autre Edgar, aussi puissants soient-ils, se confronter avec succès à leurs démons, puis à leur ultime némésis. Impossible non plus d'entrer en contact avec les Esper, ces créatures qui peuplent le monde, source de toute la magie qui entoure nos protagonistes, et qui vont dans un premier temps accélérer sa perte, avant de mieux apporter l'espoir, et servir nos héroines pour enfin, vaincre et surtout, survivre. Bref, sans Terra et Celes, nous n'aurions pas pu expérimenter un immense RPG sur Super Nintendo, et de fait, une place de choix leur revient de plein droit ici.  

 

Numéro 3: Valna & co dans Valis 2, 3 et 4 sur PC-Engine, Megadrive et Super Nes

La jeune femme dont on va parler maintenant revêt plusieurs visages à travers les âges et les épisodes. Elle connait ses premiers pas dans le monde du jeu vidéo dès le milieu des années 80. Et y fait une entrée remarquée à l'occasion de la sortie de Valis: The Phantasm Soldier. Un titre avec lequel la Wolf Team signe son entrée dans le milieu, n'ayant pas peur de choquer les esprits les plus prudes avec ce titre quelque peu racolleur. Mais au-delà de ce premier épisode sorti sur à peu près toutes les consoles 8 bit de l'époque, va se cimenter une véritable série qui va faire parler d'elle sur la génération suivante. Car c'est bien par l'intermédiaire de 3 (4 si l'on compte le très dispensable SD Valis) nouveaux opus mettant en scène quelques redoutables guerrières, que Telenet Japan va prendre en main le destin de la série Valis sur consoles 16 bit. Avec un Valis 2 tout d'abord, ou l'on sent que le jeune studio de développement cherche encore ses marques, qui sera rapidement éclipsé par sa suite, Valis 3, parue sur Megadrive et PC-Engine CD, nettement plus  convaincante. Alternant avec efficacité entre 3 personnages jouables, tous exclusivement féminin, et de fait entre 3 gameplay apportant  un peu de variété, Valna, figure de proue de cet épisode, va devoir faire face au terrible Roi Games. Nous sommes ici gratifiés d'un titre d'action trépidant, qui sera à même de convaincre tous les afficionados de jeux d'action, si emblématiques de cette génération dorée des consoles 16 bit. La réalisation de ce Valis 3 est enfin à la hauteur des enjeux, et il en fait un candidat très solide pour prétendre être le meilleur jeu de la saga. Sûr de ses récents acquis, Telenet Japan nous gratifiera d'un quatrième épisode, toujours sur PC-Engine CD, mais également porté sur Super Nintendo, presque aussi réussi et solide que son prédécesseur, faisant la part belle aux équipières de choc, qui une nouvelle fois feront mordre la poussière à tout ce que le jeu voudra bien mettre sur leur route. Pour sa gallerie de personnages féminin aux caractères bien trempés, la sérieValis méritait bien sa place sur le podium aujourd'hui!

 

Numéro 2: Chun-Li dans Street Fighter 2 et Super Street Fighter 2 sur Megadrive, Super Nes...

Au premier abord, le pari peut sembler difficile: Faire d'un combattant plongé au coeur d'un combat de rue sans merci, une combattante phare, qui se distingue des autres compétitieurs par ses atouts absolument uniques. Voila un défi osé. Cependant, Capcom grâce à la création du personnage de Chun-Li, qui apparait pour la première fois sur nos écrans à l'occasion de la sortie de Street Fighter 2, gagne ce pari haut la main. Laissant la force brute aux hommes, la fervente pratiquante d'art martiaux chinois que voici, s'appuie sur des qualités bien différentes, et bien plus subtiles. C'est par la grâce de sa précision, et surtout de par sa vélocité que Chun-Li mettra ses adversaires au tapis. Il faut la voir enchainer les coups de pieds ultra rapides avant de virvolter dans les airs, prenant appui sur les bords de l'arène de combat pour mieux attaquer son adversaire depuis une position surélevée. Avec de telles aptitudes, difficile de se passer de Chun-Li. Et Capcom l'a bien compris, puisque dans les nombreuses suites qui seront proposées sur 16 bit et au-delà, ainsi que dans les futurs spin-off de la série, la guerrière venue de l'Empire du Milieu sera toujours au rendez-vous, éclipsant nombre de figures pourtant prometteuses au sein de la série. Les évolutions de cette redoutable combattante seront également à suivre avec intérêt, et l'on se confrontera une nouvelle fois à la toute puissance de Chun-Li, dès lors qu'elle mettra en avant ses qualités techniques évidentes. A l'image de cette boule de feu qu'elle peut, elle aussi déclancher à l'envie, afin de faire jeu égal avec les meilleurs combattants dans un duel à distance. Un arsenal qui s'étoffe au fur et à mesure des années, et qui fait d'elle, un atout indéniable de la série des Street Fighter. Et de fait un incontournable de ce classement aujourd'hui!

 

Numéro 1: Samus dans Super Metroid sur Super Nes

Mais la figure féminine incontournable de cette génération est bien à aller chercher du côté de chez Nintendo. Non content d'installer un univers unique et captivant sur sa série des Metroid dès les premiers épisodes sur 8 bit,  le géant de Kyoto nous fait incarner la véritable première héroine mondialement reconnue dans le gotha du jeu vidéo. Samus Aran est indéniablement un personnage iconoclaste du média, et emporte tous les suffrages. A l'occasion de la sortie de Super Metroid sur Super Nintendo, le passage à la 16 bit s'effectue de la plus belle manière qui soit. Il est difficile de contester à ce 3ème épisode de la série son status de jeu culte. Une évidence qui fait rentrer encore un peu plus Samus dans la légende. Cet avatar, aussi original et unique qu'il soit pour un personnage de jeu vidéo, puise toutefois sa source d'inspiration, de manière très marquée, dans le cinéma de science fiction, et en cela, il n'est pas aussi novateur qu'on pourrait le penser de prime abord. Les références au personnage d'Ellen Ripley de la saga Alien sont entre autres, évidentes. Mais tout de même, Samus Aran constitue un passage obligé, un pont quasiment unique vers la reconnaissance universelle du personnage féminim comme élément constitutif d'un jeu de grande qualité, en lui apportant quelques subtilités qu'un personnage masculin serait bien en peine d'incarner. Pour résumer, grâce à ses qualités techniques, son ambiance et son gameplay, Super Metroid est un épisode pivot de la série, un épisode qui invente un genre, le fameux métroidvania, et qui termine de positionner définitivement Samus Aran comme la première héroine jouable dans un jeu vidéo d'envergure. Une pratique qui va se démocratiser, Super Metroid faisant comprendre aux développeurs la petite touche en plus qu'apporte la mise en scène d'un avatar féminin pour le joueur. Un bien joli tour de force de la part de Nintendo! Qui vaut à la redoutable Samus Aran une incontestable première place aujourd'hui!

 

J'espère que ces quelques touches de subtilité et de douceur dans un univers, encore résolument masculin au tournant des années 90, vous ont apporté un petit éclairage sur ce que pouvait être la représentation féminine dans le jeu vidéo sur cette période. La donne a depuis constamment et significativement évoluée.  Certaines héroines sont aujourd'hui mondialement célébrées, portant parfois à elles seules l'identité de franchises devenues incontournables dans le paysage vidéoludique. A l'image d'une Lara Croft connue de tous, que cela soit dans le jeu vidéo, voire même au-delà, dans d'autre médias culturels tel le cinéma. La boucle est bouclée: Ellen Ripley n'est plus une source d'inspiration pour une simple transposition au coeur d'un jeu vidéo. C'est bien ce média du jeu vidéo qui invente aujourd'hui ses propres codes et personnages, pour mieux les disséminer vers d'autres vecteurs culturels. Que de chemin parcouru en quelques décennies pour nous héroines virtuelles! Mais une nouvelle fois, qui s'en plaindrait?

Maintenant que ce constat est une évidence pour nous tous, il me reste pour conclure à vous évoquer les quelques figures féminines qui ont participé à cette démocratisation sur la durée, mais qui n'ont pas réussi à se hisser malgré tout au sein de ce classement. Elles trouvent toutefois une petite place ici, comme le veut l'habitude, qui est de présenter les éventuels laissés pour compte du thème mis en avant sur chaque billet. Positionnant Chun-Li comme la combattante clé d'un genre mondialement célébré revient à mettre de côté quelques figures de poids dans le monde du versus fighting. Pour citer quelques jeux et personnages pivots sur la période, rendons un petit hommage pour commencer, à Cammy, toujours sur Super Street Fighter 2, mais également à Mai Shiranui, personnage emblématique de la saga des Fatal Fury puis des King of Fighters. Sans oublier la redoutable Sonya Blade qui aura fait le bonheur des possesseurs de Mortal Kombat. Dans un style plus proche de celui d'Alisia Dragoon,  Tyris Flare, un personnage incontournable de la série des Golden Axe nous permet d'incarner une guerrière d'une vélocité qui n'a pas à rougir de la comparaison avec les talents de Chun Lee en la matière. N'oublions pas Blaze dans Streets of Rage qui possède quelques qualités similaires, et en fait le personnage préféré de bien des joueurs sur la série. Enfin, impossible de passer sous silence le rôle de la Princesse Zelda, qui verra son rôle prendre de l'ampleur dans Zelda: A link to the Past. On est encore loin de la guerrière accomplie qu'elle deviendra sur quelques futurs épisodes, mais on sent que la révolution ici aussi, est en marche.

N'hésitez pas, comme d'habitude à commenter ici même, voir contester les choix de ce classement, qui sont, je le rappelle, éminement subjectifs. Et ainsi positionner votre héroine de coeur au centre du débat!

Et à très vite pour un nouveau Top 5, ou l'on abordera un sujet bien plus...personnel.