Faisant suite à la publication d'un Top 5 des créations de M. Shigeru Miyamoto ici même, poursuivons un peu notre tour d'horizon des grands développeurs qui ont laissé un héritage durable dans le monde du jeu vidéo, et parlons aujourd'hui de M. Tokuro Fujiwara. Qui est donc cet homme au nom qui ne résonnera pas aux oreilles de tous, autant que le génial créateur phare de Nintendo? Si je devais résumer en une phrase ce qu'il représente, je dirais que M. Fujiwara incarne presque à lui tout seul  l'ADN de Capcom sur la période 8 bit, et même un peu au-delà. A la baguette d'une équipe de développeurs de grand talent, il a la lourde tâche de développer des titres originaux pour Capcom sur un marché qui reste à conquérir, celui des consoles. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il va largement contribuer au succès de l'éditeur sur ces toutes nouvelles consoles 8 bit qui voient le jour au milieu des années 80. Portages ingénieux et superbes issus de hits de l'Arcade de l'éditeur, nouvelles licenses phares qui vont connaitre le succès et la postérité, et utilisation habile d'un partenariat idéalement mis en avant avec Disney, vont faire de Capcom un véritable maitre étalon et un développeur de premier plan. La liste des titres à succès est sidérante, et M. Fujiwara est souvent au coeur des projets les plus fous.

Et comme il y a trop de jeux à évoquer aujourd'hui, promi, on ne parlera pas d'un célèbre blue bomber, et ce même si notre homme du jour est évidemment une personne clé dans carrière de la célèbre mascotte de Capcom.  Tout d'abord parce que la série à d'ores et déjà un Top 5 qui lui est consacré ici même, et comme vous allez pouvoir le constater, les productions de notre homme méritent largement que l'on s'écarte des aventures pourtant mythiques de Megaman sur la vénérable NES.  Qualité, diversité, et quantité étant définitivement présentes en force sur la période, essayons de diversifier un peu notre horizon. On regardera donc de plus près ce que notre homme a pu proposer comme autres jeux phares sur une décennie qui cours entre le milieu des années 80 jusqu'au milieu des années 90, Capcom ayant proposé des titres encore très tard dans la vie de la NES. Voyons ensemble ce que M. Tokuro Fujiwara et sont talent nous ont réservé, et parcourons ensemble le Top 5 de ses créations sur la vénérable 8 bit de Nintendo. 

 

Numéro 5: Bionic Commando

Si le nom de Tokuro Fujiwara doit être retenu pour une chose avant tout, c'est bien sa capacité à intégrer à ses propositions vidéoludiques des mécaniques de gameplay très ingénieuses, qui font de ses productions des titres qui marquent les esprits. Dès lors que le tout est agrémenté d'une réalisation de haut vol, on obtient un savant mélange de savoir faire et d'originalité qui place clairement notre homme et son équipe quelque peu à part. Dès ses premières propositions sur NES, on voit que ces éléments sont déjà solidement en place, et Bionic Commando, sorti en 1988 au Japon possède déjà toutes les qualités que l'on va retrouver sur les productions qui vont suivre. Quelle est la particularité de ce Bionic Commando, qui le démarque d'un jeu de plateforme plus traditionel? Tout simplement l'impossibilité pour votre personnage de parcourir l'univers que l'entoure en....sautant.  Et dès lors que votre personnage est cloué au sol, et doit traverser des niveaux à la verticalité bien pronconcée, restait aux développeurs à trouver une dernière astuce afin d'en faire un titre d'exception: Munir notre héros d'un grappin, tout naturellement! Oui c'est tout bête, mais pourtant diablement novateur! Véritable extension de votre héros, celui-ci permet de vous agripper sur les plateformes situées au-dessus de votre tête, attraper des objets hors de portée en temps normal, mais aussi de sauter au dessus de précipices dès lors que l'on peut trouver un point d'accroche en biais qui vous permettra d'actionner votre fameux grappin et vous en servir pour vous propulser au dessus du vide ou du danger. Tout simplement génial! Prendre les ennemis à revers ou par suprise devient une seconde nature par la grâce de ce bras bionique. Doté d'une réalisation très correcte, Bionic Commando s'offre en dehors de cette énorme originalité, les contours d'un titre d'action plateforme efficace, ou il faudra alterner avec quelques missions en vue de dessus, ou l'on tire à tout va, plus classiques certes mais toujours aussi efficaces. On aura tout le loisir de choisir son parcours afin d'arriver jusqu'au très controversé boss final, une tradition qui sera mainte fois reprise par Tokuro Fujiwara au sein d'une majorité de ses jeux sur NES comme nous allons le constater. De quoi apporter un peu de variété à chaque fois que l'on se relance à l'aventure. Le titre n'est pas le plus abouti du studio sur la 8 bit de Nintendo, mais il pose de très solides bases de ce que seront les futurs hits de Capcom sur celle-ci, et en cela, mérite de plein droit sa place ici.

 

Numéro 4: Mighty Final Fight

Reprenant avec classe l'une des séries phare de Capcom en Arcade, à savoir le bébé de Yoshiki Okamoto, Final Fight, Tokuro Fujiwara assure le devenir de la saga sur consoles de salon, et dans la foulée d'un second épisode exclusif proposé sur Super Nintendo, se permet un petit écart, en imaginant une version 8 bit sur sa console de coeur. Il en ressort un Beat them all assez unique, qui fait honneur aux meilleurs épisodes de la série, tout en adoptant un style graphique pour le moins surprenant. Mighty Final Fight est en effet une version chibi du premier épisode de la série, qui nous entraine, humour à l'appui, à la recherche de la belle Jessica capturée par le gang de Metro city en vue d'un mariage forcé. Un prétexte débile, qui reflète bien l'esprit du titre, avec une ambiance colorée et mignonne, qui détonne un peu des habituelles échauffourées qui habitent la série. Si le thème et l'esthétique sont certes légères, la technique, les mécaniques de jeu, le gameplay, et l'intérêt de ce Mighty Final Fight ne constituent cependant pas une proposition au rabais! Loins s'en faut, le jeu n'est en effet pas loin d'être une véritable vitrine technique de ce que peut proposer le NES. Le soft est relativement beau, et surtout d'une fluidité à toute épreuve, et l'on enchaine les joutes avec un plaisir sans cesse renouvellé. La prise en main est immédiate, et même si le jeu n'est pas très long, on y revient de temps en temps avec bonheur afin de faire pleuvoir les coups grâce à un Cody, un Guy ou un Haggar miniature qui possèdent tous une palette de combos fort appréciables. Voir le rictus de ses adversaires se tordant de douleur sous vos assauts est assurément un point fort de ce Beat them all original. On pourra regretter toutefois, en dehors d'une durée de vie limitée, la présence d'incessants clignotements de sprite, qui gâchent un peu la fête, une habitude sur la 8 bit de Nintendo malheureusement, et en cela, Mighty Final Fight ne fait pas l'objet d'une exception. Un mode deux joueurs aurait également été fort appréciable, mais celui-ci a certainement été assez rapidement écarté du cahier des charges pour des motifs techniques que l'on devine difficilement surmontables. Dommage, on était pas loin de tenir une référence du genre sur la console, que seul Double Dragon 2 peut raisonnablement lui contester. Le titre reste donc une preuve supplémentaire du talent de notre star du jour sur la NES, et intègre logiquement notre classement!  

 

 

Numéro 3: Gargoyles Quest 2

Une nouvelle fois, c'est sur borne d'Arcade que la série des Gargoyles Quest trouve sa source. Le héros de nos aventures, le bien nommé Firebrand, transcende son status d'ennemi particulièrement retors dans le monde de Ghosts n' Goblins , pour se transformer en héros et partir à la rescousse du royaume des ghoules. Un prétexte à un premier jeu d'action matîné d'éléments RPG qui voit le jour sur Gameboy, et qui a durablement marqué les esprits. A l'origine de la série principale et de cette saga de spin-off, Tokuro Fujiwara ne pouvait pas manquer de nous gratifier d'un épisode des aventures de Firebrand sur sa très chère NES. C'est chose fait avec ce Gargoyles Quest 2 qui reprends à quelques détails près, la formule du premier opus monochrome et vous permet une nouvelle fois d'incarner cette puissante gargouille, qui va à nouveau affronter ses ennemis en crachant quelques boules de feu dévastatrices après avoir effectué un saut d'approche en vol plané pour mieux éviter les nombreux pièges dont les les niveaux sont littéralement parsemés. C'est à nouveau un vrai bonheur de parcourir le royaume, discuter avec ses habitants avant de partir à la recherche de nouveaux pouvoir toujours plus dévastateurs. La réalisation est, dans tous les sens du terme, sublime, et les niveaux en vue de côté, dans un style gothique fort bien retranscrit, se succèdent aux déplacements dans les villages et sur la carte du monde. Firebrand réponds au doigt et à l'oeil à vos sollicitations, et la voltige n'aura bientôt plus aucun secret pour vous. La musique elle est intéressante et de qualité dans l'ensemble, mais pas inoubliable, c'est fort dommage car elle aurait très bien pu nous immerger encore un peu plus au sein de cet univers si envoutant. On pourra également reprocher au titre d'être un peu court, tout comme l'épisode Gameboy en sommes, mais il ne faut pour autant pas bouder son plaisir, Gargoyles Quest 2 est sans conteste un excellent jeu d'action plateforme qui transpire la classe et met pleinement en avant le talent de notre producteur du jour. La série ne s'arrêtera pas, pour notre plus grand bonheur, en si bon chemin, et terminera sa vie en apothéose, avec la sortie de Demon's Crest sur Super Nintendo en 1994, avec toujours Tokuro Fujiwara aux commandes, mais ceci est un autre histoire...  

 

 

Numéro 2: Chip & Dale Rescue Rangers

Plus connus dans nos contrées sous le nom de Tic & Tac Rangers du Risque, nos deux écureuils aventuriers sont dans les années 80 des figures qui comptent au sein du catalogue Disney. Et Capcom va fort à propos saisir l'opportunité de les mettre en avant au travers d'un brillant jeu de plateforme, sur une NES alors en pleine expension à l'international, et notamment aux Etats-Unis et en Europe, ou la renommée de la série vont faire de ce Chip & Dale Rescue Rangers un véritable carton à sa sortie, au milieu de l'année 1990 (et en 1991 en France). Mais au-delà de la notoriété de ses personnages principaux, le titre s'appuie sur le talent d'une équipe de développement déjà bien rôdée chez Capcom, dirigée par un Tokuro Fujiwara en grande forme, qui coup sur coup, excusez du peu, nous propose quelques titres passés à la postérité, tels que le mythique Gargoyles Quest cité plus haut, Duck Tales ou encore Megaman 3. Marchant véritablement sur l'eau au tournant de la décennie, le premier épisode de la saga de Tic & Tac sur NES proposé par l'équipe est un jeu de plateforme jouable à deux extrêmement agréable, qui ravit les plus petits, voir même les parents qui souhaitent jouer avec leurs enfants. Capcom mise ici sur une formule familiale, et vise juste. Doté d'une réalisation colorée et de haute tenue, manier nous écureuils est d'une simplicité enfantine. Les voir envoyer sur leurs ennemis tout ce qu'ils peuvent se mettre sous la main, un bonheur de tous les instants. Le tout est accompagné d'une animation impeccable et d'une musique qui donne envie de sautiller dans tous les sens. Comble du luxe, on peut par le biais d'une petite carte du monde, sélectionner les niveaux que l'on souhaite parcourir. Capcom ayant sans doutes à l'esprit de ne pas rebuter les plus jeunes, en leur permettant de revenir plus tard sur un stage un peu trop difficile à leur goût. Certes, une nouvelle fois le titre est court, et ce même si l'action est parfois assez intense, mais rien ne vaut le plaisir de parcourir ces quelques niveaux à deux, afin de juger de toute l'ingéniosité et le savoir faire d'une équipe d'orfèvre qui opère sur une console 8 bit qu'il maitrise sur le bout des doigts. Il en ressort un ravissement général, qui vaut à Chip & Dale Rescue Rangers, sans trop de difficultés, sa place au sein du podium aujourd'hui.

 

 

Numéro 1: Duck Tales

Abordons à présent un jeu qui fait figure de référence incontestable en matière de jeu de plateforme sur sa génération. Il a connu un succès foudroyant sur NES à sa sortie, et marqué toute une génération de joueur. Un titre tellement apprécié qu'il a fait l'objet d'une refonte intégrale en 2013 pour un remake qui n'enlève rien aux solides qualités du titre d'origine mais ne lui apporte malheureusement rien de neuf non plus. La proposition de base est de toutes façons parfaite, et apporte un vent de fraicheur indéniable à un genre alors surexploité. Duck Tales bénéficie bien sur de l'aura qui entoure alors la fameuse Bande à Picsou, mais c'est avant toutes chose un petit bijou de jeu de plateforme. Explications: Non content de posséder une réalisation exemplaire, à l'image de ce que propose Capcom sur cette génération, les mécaniques au coeur du jeu, sont elles, particulièrement originale, et lui permettent de se démarquer. Aidé de sa fameuse canne, Picsou va pouvoir fapper objets et ennemis, et surtout s'en servir tel un véritable ressort pour bondir toujours plus haut. Cette idée, fort ingénieuse permet de proposer un level design particulièrement inspiré. De grands précipices à traverser avec quelques ennemis qui volent tranquillement au dessus de celui-ci? Aucun problème, Picsou bondit canne au vent, et s'appuie sur chacun d'eux pour réaliser un saut autrement impossible. De longues étendues de pics acérés au sol? Picsou sort cette fameuse canne et bondit sans mal à travers ce terrain accidenté et dangereux. Un mur en hauteur un peu suspect? Picsou s'appuie une nouvelle fois sur sa canne, afin de sauter par dessus ce mur et atterir dans une salle cachée remplie de tésors. Toutes ces trouvailles de gameplay sont ainsi magnifiées par un level design unique, et porté qui plus est par une musique inoubliable. Qui n'a pas relancé une partie de Duck Tales, juste pour parcourir quelques minutes le niveau de la lune, doté d'une composition sonore qui vous fait littéralement sentir que vous êtes en apesanteur dans l'espace! Oui, une nouvelle fois le jeu est court, et l'aventure pas très difficile à mener à son terme, et une nouvelle fois on peut choisir de parcourir les différents stages dans l'ordre que l'on souhaite. Mais l'envie de se replonger au coeur de ce Duck Tales est tenace, plus de 30 années après sa sortie, afin d'être une nouvelle fois le témoin de ce que la NES pouvait proposer de mieux dans son genre de prédilection, le jeu de plateforme.

 

En plus de proposer des jeux d'une qualité souvent remarquable, le moins que l'on puisse dire est que Tokuro Fujiwara et son équipe ont étés prolifiques pendant les grandes années de la NES. Ils auront ainsi grandement participé cette hégémonie de la console de Nintendo sur la période. Forts de leur attachement à la machine, ils ont continué à développer sur le support ete ce même au zénith de son existance, sûrs de leur talent et de pouvoir enchainer encore et toujours les succès. A l'image d'un Megaman 6 sorti toute fin 1993 (1994 dans le reste du monde), alors que la génération des 16 bits est déjà très solidement installée, Tokuro Fujiwara et son équipe proposent quelques suites à leurs plus grands jeux de plateforme 8 bit, tels que Duck Tales 2 ou Chip & Dale: Rescure Rangers 2, tous deux sortis cette même année. Ces jeux s'installent dans la continuité immédiate de ce que qu'offrent les épisodes d'origine, et sont en cela moins marquants que leurs ainés. Ils sont toutefois dotés d'une réalisation absolument somptueuse, preuve d'un savoir faire encore et toujours perfectionné. Le tout en continuant de s'adresser aux plus jeunes joueurs, et introduisant malgré tout quelques petites nouveautés, certes à la marge, à l'image de ces améliorations possibles sur la canne de Picsou ou la possibilité pour Tic et Tac de se servir de son jumeau comme d'un projectile. 

Mais, parler de ces titres tardifs, c'est oublier quelques autre jeux intéressants sur la période. A commencer par Willow, un jeu à license, encore un, qui nous plonge au coeur d'une d'aventure fort réussie. Impossible de passer sous silence la sortie de Sweet Home, un RPG matiné d'éléments survival-horror assez novateurs, surtout reconnu aujourd'hui pour être le brouillon d'un certain Resident Evil, mais qui reste un RPG très solide. Citons également le très engageant Darkwing Duck, qui s'appuie lui aussi sur une license Disney, certes moins prestigieuse, mais qui a le bon ton d'intégrer au coeur de son gameplay beaucoup d'éléments qui ont fait le succès de la série phare de Capcom sur NES, Megaman. Une véritable petite pépite à essayer d'urgence pour les fans du blue bomber! Enfin, terminons ce tour d'horizon sur la 8 bit de Nintendo, en évoquant Little Nemo the Dream Master, qui malgré les personnages et l'univers mis en avant, n'a rien à envier en matière de difficulté aux jeux qui mettent en scène la mascotte de Capcom, et surtout propose au-delà de son challenge, des mécaniques de jeu fort attrayantes et originales.  

On s'en doute, avec un tel pédigrée, l'histoire de Tokuro Fujiwara avec Capcom ne s'arrête pas en si bon chemin, et en parallèle au développement tardif sur NES, le catalogue Super Nintendo de notre homme fait également pâlir d'envie. Variété et qualité sont ici les maitre mots d'une carrière qui prends de l'empleur, avec des titres tels que Final Fight, Breath of Fire, Demon's Crest, Magical Quest, Megaman X ou Goof Troop, pour citer les meilleurs. Vous l'avez compris, nous avons largement de quoi parler de notre homme une nouvelle fois ici à l'avenir!

N'hésitez pas à commenter sur la carrière de M.Tokuro Fujiwara, et vous remémorer ici quel est le jeu issu du travail de ses équipes qui vous a le plus marqué.

Et à très vite pour un nouveau Top 5 qui s'écartera un peu de l'époque bénie des 8 bit...