Remettons sans tarder l'église au centre du village, et après avoir honoré la PS1 et son choix pléthorique en matière de jeux de combat en 3D, il est grand temps de faire toute la lumière sur ce que peut proposer la Saturn en la matière. Car, au-delà d'une concurrence féroce, qui a tourné sur le long terme à l'avantage de la console de Sony, la belle 32 bit de Sega n'a pas à rougir de la comparaison dans bien des domaines, et les titres de combats en 3D proposés sur le support l'attestent! S'appuyant sur une longue expérience acquise sur ses bornes d'Arcade, Sega va se plier sans aucune difficulté au passage en 3 dimensions, et ce dès les premiers mois de la mise en route de sa console de 4ème génération. Mieux, il va immédiatement imposer à la face du monde un standard de qualité, qui va pousser le reste des développeurs à se surpasser. Le standard que j'évoque, c'est bien entendu le bébé de Yu Suzuki, Virtua Fighter, qui sera à sa sortie, une vraie révolution, et qui va durablement marquer les esprits de tous les adeptes du genre.

Mais le plus dur reste à faire pour Sega, maintenir un niveau de qualité tout aussi incroyable, et répondre aux attentes énormes qui découlent de cette réussite initiale. Tout cela, afin de garantir à la Saturn une bonne visibilité face à l'armada de titres qui va se présenter sur PS1 à partir du milieu des années 1990. En effet, la firme au hérisson va devoir faire face, presque seul, à ce déluge de jeu proposé par les développeurs les plus talentueux qui se précipitent les uns après les autres sur la plateforme de jeu de Sony. La console de Sega acquiert rapidement une mauvaise réputation: Elle est difficile à programmer, particulièrement pour proposer des titres aux rendus 3D. Qu'à cela ne tienne, Sega va se retrousser les manches, et nous allons le voir, quasiment à lui tout seul, assurer le line-up de sa chère Saturn en matière de jeux de baston en 3D. Un sacré exploit qui mérite d'être relaté ici aujourd'hui. N'attendons pas plus longtemps, et regardons de plus près à quoi ressemblent les 5 plus grands jeux de combats en 3D à avoir vu le jour sur la Saturn de Sega.

 

Numéro 5: Dead or Alive

Mais avant d'entamer le récital Sega sur sa propre machine, distribuons une place d'honneur au célèbre jeu de combat de la Team Ninja, qui loupe de peu le coche sur PS1, mais qui se retrouve ici en bonne place, magnifié par le développeur sur cette version Saturn absolument somptueuse et irréprochable. Bénéficiant d'un casting sommes toute assez restreint, contenu  à 9 personnages, qui de plus ne semblent pas faire preuve d'une grande diversité, il s'appuie néanmoins sur un système de jeu original, qui privilégie la garde et les prises en contre et au corps à corps, permettant des retournements de situations spectaculaires. Certains contres assassins vont sans aucun doutes vous faire rager, surtout dès lors qu'ils vous feront terminer votre course sur les bords d'une arène qui ressemble à un véritable champ de mines. S'en suit d'immanquables explosions, qui ne manqueront pas de vous achever si l'adversaire ne vous a pas encore sauté dessus à pied joints pour le faire. Mais pour vous apaiser un peu, on se délectera d'une réalisation absolument superbe sur la machine, doublé d'une fluidité confondante et d'une maniabilité d'une précision chirurgicale. Dead or Alive est un réel bonheur à prendre en main, et à ce titre, l'égal des jeux proposés par Sega sur sa propre machine. Bravo à ce développeur, le seul qui a été capable de se hisser au niveau des toutes meilleurs productions proposées par les créateurs de la Saturn, au risque de présenter un soft qui ressemble un peu trop aux titres phares de la console. Mais qui s'en plaindrait, dès lors qu'il s'inspire des tous meilleurs!  Un coup d'essai et un coup de maître pour la Team Ninja, qui connaitra des lendemains pavés de succès, en grande partie grâce à cette toute nouvelle série lancée sur les rails de la gloire. Une 5ème place bien méritée de fait au sein de ce classement, avant de passer, sans plus tarder au plat de résistance du jour: les délices de maître Sega...

 

Numéro 4: Last Bronx

Durant l'été 1997, la Saturn voit débarquer une version optimisée du titre de Hitmaker! sorti l'an dernier dans les salles d'Arcade. Le studio de développement interne au sein de Sega, dont la rivalité avec l'équipe de Yu Suzuki est connue, cherche à proposer sa propre expérience de jeu de combat sur la 32 bit du constructeur, et va relever le défi qui consiste à se hisser au niveau de la série phare du genre: Vitua Fighter. Letout en essayant de se distinguer par petite touches suffisamment marquantes afin de lui assurer sa propre identité. Akinobu Abe et ses équipes y sont-ils parvenus? Oui...et non, explications: Histoire de se démarquer d'entrée de jeu, Last Bronx opte pour une introduction tout en Anime, qui tranche avec celles que proposent son maître étalon. A mes yeux un premier point positifif, puiqu'elle permet une présentation efficace, et surtout, plus dynamique des personnages. Mais entrons à présent dans le coeur du débat, et parlons de la réalisation de ce titre, qui si elle n'atteint pas la perfection des softs au coeur de ce billet, demeure tout à fait plaisante, si ce n'était la présence de quelques bugs d'affichage qui gâchent un peu la fête. Entendons nous bien, dans l'ensemble on tient tout de même ici l'un des plus beau jeu de la console. Afin de se démarquer toujours un peu plus, le jeu dote ses protagonistes d'armes blanches, qui prennent essentiellement la forme de tonfas, qui permettrons de proposer quelques coups et combos spécifiques à chacun d'entre eux. En dehors de cet aspect spécifique, les joutes sont assez classiques, et ressemblent à s'y méprendre à ce que propose Virtua Fighter. Last Bronx n'oublie pas d'embarquer un mode story au sein de sa version console, un ajout appréciable mais quelque peu annecdotique. Le réél intérêt demeure bien ici le versus fighting, avec un adversaire assis à vos côtés, et grâce à sa réalisation de haute volée, couplé à quelques originalités et surtout à une animation fluide et une maniabilité sans failles, il parvient à captiver les joueurs férus du genre. L'essentiel est bien présent, et sa place au sein de ce classement en témoigne, nous sommes bien face à l'un des meilleurs jeu de combat de la console!   

 

Numéro 3: Fighting Vipers

A présent, autant annoncer clairement la couleur, nous allons nous concentrer logiquement sur le podium du jour, et celui-ci est intégralement accaparé par une seule équipe, et en un sens, par un seul homme: AM2 et Yu Suzuki. Sans le travail de ce studio de développement interne véritable phare dans la nuit pour Sega sur la Saturn, la ludothèque de la machine aurait un tout autre visage. En matière de jeux de combats, c'est indéniable, il y a AM2, et le reste du monde. A commencer par Fighting Vipers. Sorti sur console à la fin de l'été 1996, et au premier abord très similaire à Virtua Fighter 2, avec quelques adaptations tout de même. Par exemple, il n'authorise pas les sorties de ring immédiates, mais propose des ring fermés, dont les murs peuvent servir de support pour mieux rouer de coup votre adversaire être, avant d'être abattus dans un grand fracas final à force de l'y projeter. Une originalité intéressante qui donne aux combats un côté dramatique complémentaire. Et histoire de grossir un peu plus le trait, les personnages sont au diapason de ce nouvel élément qui apporte du piquant à l'action. Souvent hauts en couleurs, à l'image de Raxel, un énergumène que l'on croirait tout droit sorti d'un concert du groupe Kiss, et qui se bat à coups de guitare électrique, ils sont certes peu nombreux mais détonnent clairement au milieu d'un jeu de combat que se veut un tant soit peu sérieux. Mention spéciale à la présence par ailleurs de...Pespsiman dans la version japonais du titre, une originalité de plus qui offre à Fighting Vipers un côté "over the top" appréciable. Que dire des aspects techniques du jeu si ce n'est qu'en 1996, ils constituent ce qui se fait de mieux sur Saturn. La maîtrise de la console par AM2 se confirme, elle est proprement bluffante. N'attendez plus, choisissez donc votre incarnation délirante favorite et allez joyeusement vous frotter à votre adversaire pour mieux l'expédier à quelques centaines de mètres du ring dans un combo dévastateur. Fighting Vipers, c'est vraiment de la bonne! De fait, direction le podium pour cette petite pépite de la Saturn.

 

Numéro 2: Fighters Megamix

Un véritable pot pourri des personnages emblématiques de Sega se retrouvent au sein de Figthers Megamix. Un titre qui s'inscrit dans la continuité de ce que propose Virtua Fighter 2 et Fighting Vipers sortis quelques mois plus tôt, reprenant à son compte toutes les bonnes idées de ses prédécesseurs. Le résultat: un ensemble de près de 35 personnages jouables, du jamais vu alors pour un jeu de combat en 3 dimensions, et un gameplay ainsi qu'une mise en scène qui alterne entre arènes ouvertes et ring fermés. Il ne vous reste plus qu'à choisir votre style de combat préféré et vous lancer dans l'arnène! Sans être aussi extravagant que Fighting Vipers, il jongle habilement avec les habitudes prises par le joueur autour de ses saga favorites, tout en offrant quelques belles nouveautés, à l'image de ce nouveau pannel de coups en ce qui concerne les personnages issus de la saga Virtua Fighter. Il propose qui plus est, quelques personnages spéciaux issus d'autres série de Sega, qui propagent quelques grains de folie supplémentaires à un titre déjà très bien fourni.  Comme symbole ici, cette improbable voiture toute droit sortie de Daytona U.S.A. et qui se battra avec ses roues et son capot nous remémore les plus grandes heures de Sega en salle d'Arcade! La présentation et l'esthétique du jeu monte encore le curseur d'un cran, et fait de Fighters Megamix le jeu de combat en 3D techniquement le plus abouti sur la console. Inutile d'indiquer que les enchaînements se mettent en place avec le plus grand naturel, et que le soft laisse admirer toute la finnesse et la fluidité de ses animations. On parle de Yu Suzuki et d'AM2 tout de même! Ce jeu, sorte d'amalgame en forme de chant du cygne pour la Saturn à absolument tout pour lui. Mais alors pourquoi diable se positionne-t-il seulement en 2nde place de ce classement? La réponse est simple, car le vainqueur du jour oppose à cette multitude de styles, personnages et effets technique foisonant, sa pureté et sa simplicité. La perfection faite jeu de combat dans sa plus simple expression. 

 

Numéro 1: Virtua Fighter 2

Et ce titre, pour le trouver, il faut remonter encore un peu en arrière dans le temps, à la fin de l'année 1995 très précisemment. Pour mieux constater que rien n'égale la grâce et l'élégance des combos de Virtua Fighter 2. Un jeu ou votre sens du rythme sera mis à rude épreuve, mais ou la récompense de voir vos personnages effectuer des combos d'une fluidité orgasmique est sans égal. Pas de fioritures ici: 10 personnages, avec chacun un style de combat bien définit,  des arènes aux décors épurés et sans aucun artifices, vos pieds et vos poings pour prendre le meilleur sur votre adversaire, qu'il faudra utiliser à bon escient, et avec la dose de puissance appropriée, afin de prendre le meilleur sur votre adversaire. Une joute entre deux combattants expérimentés sur Virtua Fighter 2 se joue souvent sur quelques infimes détails. Un jeu trop élitiste et parfois mal compris? Peut-être, mais cette orientation prise par AM2 force le respect, et surtout, offre aux joueurs qui s'accrochent une expérience sans cesse magnifiée. Progresser sur Virtua Fighter 2 par petites touches est un bonheur qui se rapproche en cela de l'esprit qu'invoque les protagonistes qui habitent ce jeu: Devenir un maître de l'arène ne se fait pas en un jour. Porté par une réalisation absolument parfaite, qui résiste, à mon grand étonnement, très bien aux affres du temps, le titre cumule pas mal de records sur la 32 bit de Sega. Il est le jeu le plus vendu de la console tout d'abord, et la preuve ultime qu'un jeu exigeant peut d'adapter aux goûts du grand public. Mais il est surtout, de l'aveu même de son géniteur, le meilleur jeu jamais réalisé par sa propre équipe. Le maître Yu Suzuki a parlé, Virtua Fighter 2 est la merveille du plus grand producteur de Sega, et donc assez logiquement le plus grand jeu de combat en 3D de sa génération. Un argument avec lequel j'abonde sans réserve, et qui lui octroie d'office la première place de ce classement. Quelle preuve supplémentaire vous faut-il très chers combattants?

 

Malgré un offre légèrement plus restreinte que sur PS1, difficile de dire que la sélection n'est pas particulièrement classieuse sur Saturn. Un Sega au sommet de son art, bien décidé à jeter toutes ses forces dans la bataille, à largement contribué à l'excellence de cette ludothèque, qui plaira à n'importe quel amateur de ce genre alors nouveau, qui faisait alors ses premiers pas sur consoles de salon. La Saturn ne s'est évidemment pas limitée à accueillir ces 5 titres, et il reste quelques outsiders qu'il serait de bon ton d'évoquer ici. A commencer par les autres épisodes de la série des Virtua Fighter, et le titre fondateur de la série du même nom, avec son charme quel que peu désuet aujourd'hui, mais qui cache déjà, un redoutable jeu de combat. Celui-ci connaitra un épisode Remix, quel peu optimisé, ou déjà, seule la précision chirurgicale de vos attaques vous offrira quelques précieuses victoires. Les prémices d'un chef d'oeuvre sont en place. Impossible d'occulter par ailleurs l'ovni de la série, Virtua Fighter Kids, qui sous ses airs kawai se paye le luxe d'être aussi exigeant que ses grands frères. Si vous pensiez que sous ses atours enfantins, le titre était destinés aux plus jeunes et aux débutants, vous pouvez repasser.

Les sympathiques Zero Divide et Savaki, méritent également que l'on s'attarde un peu sur leurs cas. Le premier opte pour une présentation léchée, et un habillage sonore particulièrement motivant afin de rendre ses combats le plus attrayants possible. Une relative réussite, et un contre pied parfait au second, qui lui se concentre sur l'essentiel. Le combat dans sa plus simple expression est au coeur de Savaki, et vous invite à vous servir de vos poings et pieds pour mieux contrer votre adversaire et lui administrer un combo durement travaillé à l'entrainement. Un titre original qui apporte un vent de fraicheur au genre. Passons rapidement sur les plus annecdotiques Criticom et Final Fight Revenge, qui surtout pour le second et malgré son nom prestigieux, passent un peu à côte de leur sujet, et manquent clairement de rythme. Et concluons ce billet en évoquant Virtual On: Cyber Troopers, un soft d'un genre un peu particulier puisqu'il vous propose de vous battre à l'aide de bon gros méchas. Un jeu pour lequel une manette dédiée sera quasiment obligatoire afin d'en profiter pleinement. Un nouveau monde s'ouvre alors à vous, fait de tirs et déplacements ultra rapides, et de violents et jubilatoires combats à l'épée au corps à corps. Une proposition unique de Sega et de son studio AM3, qui dès lors que toutes les conditions sont réunies, promet de très beaux moments pour tous les amateurs de jeux de combat tout en polygones! 

Notre tour d'horizon des jeux de baston en 3D sur Saturn se termine ici, et comme de coutume, j'ai certainement omis de citer quelques titres ou d'évoquer quelques détails qui vous tiennent à coeur sur ces fabuleux titres. Vos commentaires réparerons sans problème ces affronts!

Et à très vite pour un nouveau Top, composé de quelques grammes de finesse cette fois...