Le tournant du millénaire a vu apparaitre une nouvelle génération de consoles, dites de 6ème génération, ou pour reprendre un concept marketing encore en vogue à l'époque, 128 bits. Afin de composer avec ces nouvelles forces en présence, et proposer au joueur une mise en scène originale et une patte graphique qui sort du lot, certains développeurs vont se lancer dans l'aventure du Cel Shading. Ce rendu graphique bien particulier permet aux jeux alors développés sur cette base de proposer une approche esthétique tout en 3 dimensions, qui les rapproche d'un Anime, voire d'un Comic book. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce style graphique va connaitre un vif succès, porté par cette nouvelle génération de machines qui affiche sa toute nouvelle puissance, et permet toute les folies. Certes, il y a bien eu quelques essais sur la génération précédente, à l'image de Fear Effect, qui a fait saliver quelques possesseurs de PS1, mais la démocratisation de ce type de rendu va se faire succéder les titres de qualité sur consoles 128 bits.

C'est bien simple, que cela soit sur Dreamcast, PS2, XBOX ou Gamecube, chaque machine se verra doté de son lot de jeux en Cel Shading. De nombreux développeurs de renom vont s'engouffrer dans cette brêche, et, plus qu'aucun autres, les studios de développement nippons, déjà en contact étroit avec une culture Anime prépondérante, qui fait intimement partie de leur ADN, vont se surpasser et créer bien souvent de toutes nouvelles séries qui font la part belle à ce rendu si chaleureux et caractéristique. Quelques développeurs, encore plus audacieux, vont même transformer leur vénérables saga, et leur insuffler un vent de fraicheur par le biais de cette technique. Un pari osé, mais qui se révèlera, bien souvent, payant! Attardons-nous donc aujourd'hui sur ces quelques jeux d'exception, qui ont avec bonheur proposé un tel rendu afin de rendre leur titre plus attrayant, et on de fait, largement contribué à leur succès à leur sortie. Voyons ensemble quel est le Top 5 des jeux en Cel Shading qui ont vu le jour sur la génération de consoles 128 bits!

 

Numéro 5: Viewtiful Joe sur Gamecube et PS2

Viewtiful Joe est difficile, Viewtiful Joe est impitoyable, certes. Mais Viewtiful Joe est beautiful. Et cet enrobage savoureux, tout de Cel Shading vêtu lui va à merveille, tout en servant le propos du jeu à la perfection. Mélange étonnant qui nous plonge manette en main dans la peau d'un jeune homme perdu dans un blockbuster aux accents Hollywoodien, y ajoutant une couche de pur Seinen Japonais, ce Beat them all du génial Hideki Kamiya aura marqué sa génération et permis à Capcom de faire pousser en interne une équipe de développement un peu à part, Clover Studio...dont, talent oblige, nous reparlerons plus loins dans ce classement. Après quelques premiers essais forcément délicats, qui vous verront échouer face au premier ennemi un tant soit peu tenace que l'on croisera sur sa route, on prends le temps d'assimiler le gameplay quelque peu particuler du titre, et on se retrouve bientôt à enchainer avec bonheur les combos. Joe, notre héros, avec l'aide du vicieux Capitain Blue, va bientôt traverser les 7 niveaux qui composent le jeu, en distribuant les baffes, aussi bien au ralenti qu'à très haute vitesse, vous procurant toujours plus de plaisir. Et si l'on prends aussi facilement ses aises dans Viewtiful Joe c'est aussi parce que la maniabilité qui accompagne ce Beat them all est irréprochable, constituant un indéniable point fort, qui allié à une musique entrainante, vous pousse toujours et encore à revenir vous frotter à ce titre au concept qui peut sembler quelque peu dépassé, déjà, à l'ère des 128 bits. Mais le facteur qui joue définitivement le plus en la faveur de Viewtiful Joe, et en fait un jeu définitivement à part, c'est bien son approche visuelle faite de Cel Shading coloré, qui appuie une mise en scène toujours intelligente, et qui fait sourire grâce à un humour omniprésent. Une présentation impeccable qui lui vaut les louanges des joueurs à sa sortie, et va faire de lui une future série à succès qui connaitra quelques déclinaisons supplémentaires les années suivant la sortie de ce premier opus. Ces qualités lui garantissent une place au sein de ce classement aujourd'hui, au sein d'un Top qui sera, vous l'avez compris, très relevé!  

 

Numéro 4: Jet Set Radio sur Dreamcast

Jet Set Radio est indéniablement le premier titre qui vient à l'esprit dès lors que l'on parle de Cel Shading sur Dreamcast. Résolument en avance sur son temps lors de sa présentation en 2000, le studio de développement interne au sein de Sega, Smilebit, alors tout juste formé, propose son premier titre original sur la belle Dreamcast. De par sa présentation haute en couleurs et au style caractéristique, le jeu est très attendu à sa sortie. Et Sega réponds aux attentes en proposant un titre sur lequel souffle le vent frais de la nouveauté, pas seulement au niveau de sa présentation, mais aussi en terme de gameplay, et de la thématique qu'il met en avant. Jet Set Radio est incomparable, et ce, même s'il reprends quelques dynamiques propres aux grands jeux d'Arcade de la firme au hérisson. Il propose une mise en scène particulièrement attrayante,  et assume de vous positionner clairement du côté du rebelle cool, qui se fait pourchasser par une police aux forts accents répressifs, quitte à insuffler un message politique à peine voilé, sous couvert d'une présentation qui place le street art sur un piedestal. Ces éléments qui prônent l'insubordination se retrouvent au coeur de tous les aspects du soft. La musique tout d'abord, autre élément central du jeu, s'appuie sur des sonorités essentiellement constituées d'un habile mélange de hip-hop et d'acid jazz, qui se veulent résolument modernes. Les mécaniques de jeu ensuite, qui se tendent assez nettement vers l'Arcade, proposent tout de même de belles variations. Sega se pose ainsi, en temple de l'esprit rebelle, considérant que ses jeux d'Arcade font définitivement partie d'une culture populaire issue de la rue. Un pari osé pour un mélange des genres pas forcément évident, qui malgré une maniabilité pas toujours parfaite, fonctionne à merveille! Sa réalisation en Cel Shading enfin, qui n'a jamais semblé aussi appropriée ici, au milieu des grafittis qui ornent les murs de ce Tokyo fantasmé, complète ce tableau et le sublime. Le rebelle du jour se classe de fait en 4ème position de ce magnifique classement!   

 

Numéro 3: Dragon Quest 8: L'Odysée du Roi Maudit sur PS2

Avec le recul, la présentation en Cel Shading de Dragon Quest 8: L'Odysée du Roi Maudit, peut sembler être une évidence. Cependant, avant la sortie de ce premier épisode sur PS2, issu de la vénérable série des Dragon Quest, le pari est pourtant osé. Et ce à plusieurs titres pour SquareEnix. On ne touche en effet pas à la série impunément. Véritable pierre angulaire du jeu vidéo nippon, Dragon Quest ne s'écarte jusqu'alors pas trop de sa feuille de route qui, avant toutes choses, se force à satisfaire le joueur, bien souvent accro de la première heure, à une formule immuable. Et ce, quitte à se voir accuser d'immobilisme par certains. Dragon Quest 7: La Quête des Vestiges du Monde, voit le jour sur une PS1 en fin de vie, mais ressemble à s'y méprendre à un RPG digne d'une 16 bit. Il est en celà à contre-courant de ce que propose l'ensemble des développeurs de RPG sur le support, Squaresoft en tête, qui frime parfois plus que de raison avec ses cinématiques dispendieuses. Yuji Horii et son équipe d'habituels gardiens du temple vont littéralement faire table rase sur la génération suivante, et proposer au très prometteur studio Level-5 de réaliser ce 8ème épisode, forcément très attendu. Et le moins que l'on puisse dire c'est que celui-ci va s'écarter, souvent pour le mieux, de la sacro-sainte formule jusqu'alors aussi inamovible que synonyme de succès. Refonte du gameplay avec quelques subtiles altérations qui misent sur un confort de jeu accru, musiques orchestrales dont on peut profiter pour la première au sein du jeu, font oublier les quelques points faibles du titre, et notamment son nombre restreint de personnages jouables, limités ici à 4 protagonistes qui vous suivront du début à la fin de l'aventure. Et puis, surtout, il y a ce vaste monde tout en Cel Shading qui prends vie à l'écran, et qui fait vivre, sous nos yeux forcément conquis, le bestiaire historique de la série, issu de la très fertile imagination d'Akira Toriyama, lui offrant un tout nouvel écrin, enfin digne du coup de crayon si unique et caractéristique de ce mangaka de légende. L'expérience est au final bluffante, faisant de Dragon Quest 8: L'Odysée du Roi Maudit une aventure qui enchante littéralement les joueurs, et un RPG extrêmement solide, qui ravira les adeptes de la série comme les nouveaux venus. Un tour de force pour le jeune studio Level-5, qui mérite amplement une place sur le podium du jour!

 

Numéro 2: The Legend of Zelda: The Wind Waker sur Gamecube

Si modifier une formule telle que celle de Dragon Quest, aussi bien inscrite dans l'inconscient collectif, à choqué quelques esprits au Japon, l'onde de choc qui a secoué la présentation de The Legend of Zelda: The Wind Waker à elle, atteint le monde entier. La saga phare de Nintendo est déjà, à l'époque de l'exploitation de la Gamecube, placée sur un piedestal qu'elle ne semble pas devoir quitter avant longtemps. Il est vrai que les épisodes successifs d'A Link to the Past, Ocarina of Time, et Majora's Mask, possèdent d'indéniables qualités qui en font des jeux majeurs de leurs époques respectives. Dire que l'attente autour de ce nouvel épisode sur Gamecube est énorme, constitue un euphémisme. Après avoir fait saliver son public à l'E3, à l'occasion de la présentation d'une démo de combat entre Ganondorf et Link, qui fait état d'un réalisme alors bluffant, le contre-pied, surprenant, voire déconcertant que propose au final Nintendo avec un épisode tout en Cel Shading va d'abord clairement rebuter l'assemblée. Et pourtant, les gardes vont progressivement s'abaisser, et les esprits se rassurer à la découverte de la merveille, une de plus au sein de la saga, que constitue The Legend of Zelda: The Wind Waker. Oui, le jeu souffre de quelques lourdeurs de gameplay et de longueurs inutiles. Mais l'atmosphère qui s'en dégage, l'univers aquatique qui se découvre sous nos yeux, composé de dizaines de petites trouvailles ingénieuses, fait sensation. Et manette en main, une fois le jeu en mouvement, le Cel Shading prend tout son sens. Le charme opère à plein, et sera à l'origine en définitive d'un tel succès, que Nintendo décidera de poursuivre dans cette voie, notamment sur les futurs épisodes portables de la saga. Réussir à proposer de tels changements esthétiques, et ne pas perdre en route les afficionados de la série, voire attirer de nouveaux joueurs sur la série, voilà le tour de force qu'à réussi à mettre en place Nintendo à l'occasion de la sortie de ce jeu d'exception. L'usure du temps n'ayant que très peu d'effet sur un jeu en Cel Shading, c'est aujourd'hui un réél plaisir que de parcourir ce titre en HD sur Wii U par exemple. Un titre intemporel donc, un de plus qui alimente la légende de notre cher Link, et qui mérite toute sa place au sein du classement du jour!       

 

Numéro 1: Okami sur PS2

Quittons maintenant le chevet des séries qui ont réussi leurs mues en Cel Shading sur consoles 128 bit, pour nous intéresser à ce qui constitue sans doutes le chant du cygne le plus beau de cette génération. Viewtiful Joe était un magnifique préambule qui a postionné Clover Studio au sein du club des développeurs qui comptent. Okami sera lui, l'histoire d'un accouchement certes fatal, et dans la douleur, mais surtout, sublime. Toute la maitrise acquise par Clover Studio à travers sa série de Beat them up sera transcendée et magnifiée autour d'un projet beaucoup plus, voire trop ambitieux. On converve cette esthétique bien particulière tout en Cel Shading, mais surtout, on lui adjoint un vaste univers fantastique sous la forme d'un monde ouvert à parcourir, que l'on devra embellir au sens propre du terme, par la grâce d'un piceau virtuel que l'on se verra attribuer au début de l'aventure. Un parti pris unique pour une proposition artistique qui l'est tout autant. Et surtout avec à la clé un résultat absolument époustoufflant. On tient avec Okami, le titre le plus poétique, le plus grandiose et le plus beau de sa génération. L'aventure, elle, ne manque pas de souffle, et enchainer les courses débridées et les actions bienfaisantes par le biais de son avatar,  un magnifique loup aux poils blanc immaculés est un bonheur de tous les instants. Certes, quelques passages sont un peu répétitifs et manquent de rythme, et le scénario n'est pas au niveau de quelques uns des plus grands jeux d'aventure, mais c'est un bien maigre reproche dès lors que l'on met en balance tout ce qu'Okami présente et représente. Un chant du cygne en forme d'ultime lettre d'amour à ce style si particulier qu'est le Cel Shading, qui puise sa source dans tout ce que l'ésotérisme et la magie telle qu'elle est perçue au pays du soleil levant permet de proposer. Tout cela, condensé sur un simple jeu PS2. Un véritable concentré de savoir faire et de beauté qui mérite tous les louanges et bien sur, une première place à ce jeu d'exception.

 

C'est une bien belle série de jeux que celle proposée par quelques développeurs de talent dès lors que le Cel Shading s'est démocratisé à l'arrivée des consoles de 6ème génération. Et si ces quelques exemples sont parmi les plus probants, il existe naturellement encore de nombreux autres titres qui mériteraient peut-être tout autant de figurer dans ce classement. Parce qu'ils sont peut-être aussi bons, voir meilleurs que les 5 jeux présentés aujourd'hui, mais que leur présentation, leur patte graphique en Cel Shading n'a pas autant marqué que ceux de cette liste triée sur le volet. Alors abordons la liste des incontournables que vous vous devez d'essayer, afin de prolonger l'expérience au coeur de ce rendu si unique et plaisant. A commencer par Shin Megami Tensei 3: Nocturne, un RPG majeur de la PS2, que j'ai décidé de ne pas intégrer ici, non par parce que son intérêt n'est pas au rendez-vous, loin de là, mais bel et bien par ce que son enrobage graphique me parait moins pertinant que celui de ses camarades. Pour le dire autrement: Shin Megami Tensei 3: Nocturne serait tout aussi incroyable sans Cel Shading.

Au rang des autres laissés pour compte aujourd'hui, citons le délirant mais parfois inégal Killer 7 du fou génial Goichi Suda, ou encore XIII une version française d'un jeu vidéo issu de la Bande déssinée du même nom. Impossible par ailleurs de ne pas mentionner la série des Sly Cooper, fantastique série, proposant une formule intéressante entre jeu de plateforme et d'infiltration sur PS2. Une saga trop souvent oubliée, et possédant une patte graphique très convaincante. Citons également la série des DBZ Budokai dont les nombreuses déclinaisons ont fait le bonheur des fans de Son Goku et ses amis, ou encore quelques RPG sur PS2 et Gamecube, tels que Dark Chronicles, bel effort de Level-5 et qui précède la sortie de Dragon Quest 8, ou encore Tales of Symphonia l'un des épisodes les plus réussis de la saga fleuve de Namco. Enfin pour terminer, il me faut évoquer un incontournable de la PS2, qui doit sa relégation ici au fait que le Cel Shading ne sert pas forcément aussi bien son propos que les titres qui composent le Top 5 du jour, mais qui n'en demeure pas moins un titre exceptionnel, que tout joueur se doit d'expérimenter une fois: Zone of the Enders: The 2nd Runner, un chef d'oeuvre d'Hideo Kojima, trop souvent resté à l'ombre de Metal Gear Solid mais qui mérite pourtant tant de louanges!

J'espère avec été à peu près exhaustif sur le sujet, mais la liste est longue, et il est malgré tout fort possible que votre jeu favori en Cel Shading ne figure pas au sein de ce classement. Dans ce cas, n'hésitez pas à partager ici sur votre titre préféré, un bon jeu en Cel Shading est toujours un bonheur à vivre et expérimenter!

Et à très bientôt pour un Top...de Noël un peu spécial!