Par le biais de ce nouveau thème, je vais m'attarder un peu sur l'oeuvre de certains des plus grans producers du média. Ces éléments clés des équipes de développement, qui sont en première ligne et qui sont avant tout les garants de la qualité de réalisations dont ils ont la responsabilité. Considérés, plus ou moins à juste titre, comme l'égal d'un réalisateur dans le monde du cinéma, le producer est bien souvent l'initiateur d'un projet, celui qui définit les contours de l'univers dans lequel se positionne le jeu, et en imagine les principales phases de gameplay. Bref, il est au coeur du jeu, de son jeu, qui immanquablement va refléter sa patte et son style. Un métier difficile s'il en est, qui doit allier de solides qualités artistiques, techniques, et de management. Mais dès lors que l'on se trouve face à une personne alliant ces qualités, à laquelle s'ajoute bien souvent une passion pour le métier qu'il exerce, on peut être à peu près certain que le projet en développement au sein de son équipe sera une réussite, occasionnant souvent une forte attente de la part du public. Faisant de ces projets à leur sortie, au final, autant de grands jeux qui parviennent parfois à bousculer les lignes et à transcender le média.

Naturellement, dès lors que l'on parle de ce métier si particulier et pourtant essentiel au développement de tout titre de qualité, le premier nom qui nous vient à l'esprit est celui de Shigeru Miyamoto. Pour faire un second parrallèle avec le cinéma, il est au jeu vidéo ce que Steven Spielberg est au 7ème art, un génie connu et reconnu, qui a révolutionné son art, un véritable ambassadeur, qui s'incrit dans le temps, comme un gage de qualité indéniable. Il me paraissait fort logique de débuter cette nouvelle thématique sur ce blog en abordant le cas de Shigeru Miyamoto. Au risque de répéter sans doutes ce que de nombreux articles ou reportages ont déjà, avec succès, énuméré. Alors disons que le côté incontournable du Monsieur a pris le pas sur tout le reste, et que cette fois-ci, encore plus que dans bien d'autres billets au sein de ce blog, la seule difficulté et la seule originalité sera de réduire le créateur de Mario, Zelda et Donkey Kong à une simple liste de cinq titres, forcément tous légendaires. Précision utile ici, seul les titres ou M. Miyamoto était établi comme producer, en toute logique, ont droit de cité. Et règle spéciale à ce billet, un seul jeu par franchise autorisé. Autrement, il suffit de citer les séries de Mario et Zelda, et cet article est terminé! Voici sans plus tarder le Top 5 des plus grandes créations sortis de l'esprit génial de ce grand artiste et perfectionniste made in Nintendo, qui font de lui un producer résolument à part.

 

Numéro 5:  Metroid Prime sur Gamecube

Certains soulèveront peut-être un sourcil à l'évocation de la série Metroid au sein de ce classement. Et pourtant, l'impact de Shigeru Miyamoto sur la série est bien plus important qu'il n'y parait. Ce propos est d'autant plus vrai dès lors qu'il s'agit de Metroid Prime, considéré à juste titre aux côtés de Super Metroid comme la plus belle réussite de la série. Car le génial natif de Sonobe est bel et bien le producer de ce jeu, qu'il a piloté à distance, l'équipe de développement étant basée à l'époque à...Austin au Texas! Et pourtant, il est aisé de reconnaitre sa patte à travers cette magnifique aventure qui verra pour la première fois le joueur partir à la  rencontre d'une Samus Aran toute en 3 dimensions. Sans rien enlever au talent des développeurs américains, qui ont sans aucun doutes mis toute leur âme dans cette réalisation hors norme, et ont ainsi assuré un avenir radieux à la belle chasseuse de pirate, on peut se délecter qui plus est de ces petites touches instillées au sein du titre qui sont autant de traits d'union avec les plus grandes prodution made in Nintendo: Un éclair qui se reflète dans le casque de Samus et qui laisse apparaitre son visage le temps d'une fraction de seconde au joueur, une transition fluide et ô combien pratique entre vue à la première et à la troisième personne dès lors que l'on active sa morph-ball, ou encore un souci du détail sidérant dès lors qu'il s'agit de sortir son scanner et ainsi découvrir tout un pan de l'histoire de la planète et du peuple disparu qui l'a habité, sont autant de petites attentions offertes au joueur qui prouvent une nouvelle fois que Shigeru Miyamoto a su tirer le meilleur de l'équipe de développement qui l'a accompagné dans cette aventure certes éprouvante car exigeante, mais avec à la clé cette idée en tête, toujours, de proposer une expérience nouvelle, amusante, et parfaitement calibrée. Metroid Prime porte en ses gênes la marque des grands jeux, et le génial producer y est pour beaucoup!

 

Numéro 4: Pokémon Red & Blue sur Gameboy

Second jeu de la liste, et seconde surprise! On pouvait également penser que Shigeru Miyamoto était un peu éloigné de l'une des plus grande série jamais sortie de chez Nintendo, n'étant pas le créateur en tant que tel de l'univers Pokemon, ce mérite revenant principalement à Satoshi Tajiri et aux équipes de son studio de développement, Game Freaks. Cependant, c'est oublier un peu vite que notre producer star était bel et bien lui aussi à la manoeuvre pour faire de ces tous premiers volets, Pokemon Red et Pokemon Blue, des incontournables de la première Gameboy monochrome.  Venu a la recousse d'un projet pharaonique, qui a vu le développement de ces deux titres s'étaler sur plus de cinq années, Miyamoto a été aux côtés de Game Freaks à tous les instants, les encourageants et les conseillants, notamment sur les mécaniques de jeu et sur la création du fameux pokédex, jamais avare en idées loufoques et géniales afin de compléter la liste des 151 monstres que l'on peut rencontrer dans le jeu. Une influence qui va se ressentir jusque dans les derniers instants de la conception du jeu, puisque le personnage de Blue portera jusqu'aux dernières semaines de développement le nom de...Shigeru. Prénom que l'on retrouvera d'ailleurs dans la version japonaise de la série animée ou, Shigeru fera office de rival au héros Satoshi. Difficile de trouver un plus bel hommage de la part de Satoshi Tajiri, qui considère alors le producer de Nintendo comme un véritable mentor. Grand bien lui en a pris, car malgré les galères et les longues années de labeur, le moins que l'on puisse dire est que ces deux opus ont lancé un véritable phénomène de société, au succès encore jamais démenti, et ce, près de trois décénnies après leur création. Certes, Miyamoto s'est un peu écarté de la série par la suite, et s'il a conservé un rôle de producer notamment sur les spin-off que sont la série des Pokemon Stadium, son influence s'est en grande partie faite ressentir lors de la sortie des tous premiers volets sur Gameboy. Deux titres qui n'auraient certainement pas pu voir le jour sans le soutien inconditionnel du maitre. Une bien belle histoire qui mérite indéniablement une place dans ce classement!

 

Numéro 3: Donkey Kong Country sur Super Nintendo

Moins surprenant que les deux titres précédents, on pourra tout de même se demander ce qu'un titre développé par les Anglais de Rare fait au sein de ce billet. Vous l'avez compris cependant, Shigeru Miyamoto n'est pas un producer qui a peur de diriger ses équipes, même à distance. Et, attaché comme il est à son personnage de Donkey Kong, dont il est l'initiateur et le créateur, il me manquera pas de suivre de très près le processus de création de ce jeu devenu le porte étendard de la Super Nintendo à sa sortie, en 1994. Titre révolutionnaire à la technique jamais égalée alors ? Peut-être...Mais avant toutes choses, Donkey Kong Country est un jeu de plateforme comme seul le génial créateur est capable de les proposer, de ceux qui regorgent de petites attentions et de détails qui en font un bonheur à parcourir une fois la manette en main. Mais ou se cache ce souci du détail ? Dans le fait de faire et refaire le sprite de Donkey, afin de le moderniser sans lui enlever son magnifique héritage sans doutes, pour ensuite lui voir attribuer des mouvements aussi improbables que celui de lui faire faire frapper le sol de ses mains afin de découvrir ce qui se dissimule sous ses pieds. Ou encore, le perçoit-on à travers la galerie d'animaux qui accompagnent nos héros, leur servant de montures, afin de franchir certains passages délicats. Ceux-ci sont toujours admirablement bien pensés et immédiatement attachants. Encore une fois, c'est par ce jeu de petites touches que Donkey Kong Country se démarque de la mélée, et intègre dans ses gênes les idées brillantes de ce producer hors pair. Un travail de concert avec Rare, qui nous fait prendre conscience de la capacité qu'à notre homme à faire le trait d'union entre tradition et modernité, entre Nintendo et des équipes de développements à l'autre bout du monde. Un trait d'union qui se caractérise jusque dans la musique, à l'image de cette introduction qui reprends les premières notes du Donkey Kong d'origine, avant de s'envoler de ses propres ailes, avec toujours cette même préoccupation: Placer le joueur au coeur de l'expérience.

 

Numéro 2: The Legend of Zelda: Ocarina of Time sur Nintendo 64

Après ces quelques exemples peut-être moins évidents, il est d'orénavant nécessaire de s'attarder un peu sur les séries phares du maitre, qui on fait de lui le producer phare de sa génération. La première d'entre elle, et certainement la plus prestigieuse de toutes ses créations, est certainement celle qui mets en scène le frêle Link, sauveur du Royaume d'Hyrule et de sa célèbre princesse, Zelda. Nous aurions pu aborder un bon nombre de titres de la saga ou ce cher Shigeru Miyamoto opère en tant que producer, à l'image du tout premier jeu de la série, le révolutionnaire et tout simplement dénommé The Legend of Zelda, ou encore son épisode 16 bits, Zelda: A Link to the Past, formidable aventure d'une justesse et d'une précision à peine croyable. Mais il me semble être opportun ici de nous attarder sur le cas de Zelda: Ocarina of Time. Un acte qui est bien loin d'être parmi mes favoris de la série, et que j'ai eu toutes les peines du monde à terminer, sans que la manette (ô sacrilège, crieront certains) ne me tombe plusieurs fois des mains...Mais je suis obligé de reconnaitre toute la maestria, tout le savoir faire hors du commun de la star des développeurs made in Nintendo ici. La transition vers un vaste monde tout en 3 dimensions, qui prends vie sous vos yeux, est une réussite grandiose. Le monde conserve toute sa cohérence des univers en 2 dimensions, et le maitre s'appuie sur des mécaniques de gameplay alors jamais vue, afin d'offrir au joueur un confort absolu dès lors qu'il s'agit de faire traverser à notre héros les vastes plaines d'Hyrule, ou les donjons les plus retors. Un tour de force comme il en existe très peu dans l'histoire du média et qui fait de ce Zelda: Ocarina of Time, un classique intemporel et universel. Rien de moins! Un seul jeu dans la longue histoire du géant de Kyoto peut prétendre à mes yeux, à ravir la première place à une telle splendeur, il s'agit bien sur jeu qui va faire de notre producer du jour, une superstar planétaire.

 

Numéro 1: Super Mario Bros. sur NES

Car quel joueur n'a jamais traversé ne serait-ce que le monde 1-1 de Super Mario Bros. sur Nes? Sans doutes aucun! Le jeu étant un véritable phénomène de société à sa sortie, et demeure encore aujourd'hui comme une pierre angulaire de l'histoire du jeu vidéo. Portant définitivement le savoir faire nippon sur le devant de la scène mondiale, et faisant souffler une véritable révolution sur un média qui en est alors encore à ses balbutiements. Il faudra tout le génie de notre producer du jour, afin de permettre au bondissant Mario de connaitre ce premier succès planétaire. Et l'on voit déjà, en 1985, toutes les qualités qui vont faire de ce jeune homme une référence absolue. A commencer par un équilibrage parfait entre une maniabilité savamment étudiée et une réalisation de haut vol, le tout apportant une durée de vie phénoménale à un concept de jeu aussi révolutionnaire qu'inoxydable. La résultat est à peine croyable, et le monde entier découvre avec émerveillement les contours du royaume champignon, avec ses nombreuses plateformes, ses étranges lakitu volantes, ses frères marteau, et autres tortues volantes, en passant par ses mythiques warp zones. Un véritable univers qui s'ouvre sous nos yeux éhabis, et qui vont permettre à Nintendo, ni plus ni moins que de conquérir le monde, emportant tout sur son passage. Les autres productions de l'époque apparaissent dépassées, désuètes, et sans relief face à ce véritable rouleau compresseur. Je me prends parfois à relancer ce jeu, près de 35 années après sa sortie, et je reste estomaqué par ce savant mélange de prise en main instantanée, et facilité apparante, qui se conjuge pourtant avec des passages de jeu extrêment retors mais vers lesquels on revient, encore et encore, attiré comme des aimants, guidés par l'aura bienveillante d'un jeune producer au sommet de son art, qui en toute humilité à fait basculer l'histoire du jeu vidéo et la vie de milions de joueurs à tout jamais. Impossible de ne pas accorder la première place aujourd'hui à un tel plébiscite.

 

 

Sans surprises, l'oeuvre de Shigeru Miyamoto en tant que producer est à la hauteur des attentes, et s'il est aujourd'hui porté vers des tâches de supervision au sein de Nintendo, il est utile de rappeler qu'il était avant cela, sans aucun doute possible, le développeur et manager le plus efficace et intelligent de sa génération. Initiateur des plus grands succès du milieu des années 80, dans la foulée de l'arrivée sur le marché des machines 8 bits, la réussite se poursuit assez logiquement sur 16 bits, et plus rare, passage en 3 dimensions oblige, sur les générations de consoles suivantes. Une constance au premier plan qui impressionne, et qui démontre que les premiers grands jeux ne sont pas le fruit du hasard, mais bien celui d'un processus créatif déjà extrêmement rôdé et efficient. Avec une telle densité sur une telle durée, il est aisé de compléter la liste aujourd'hui, et l'agrémenter de quelques jeux qui feraient sans l'ombre d'un doute le bonheur d'un Top 5 de n'importe quel autre producer de la planète:

On peut débuter, par ordre chronologique par les perles NES que sont Excitebike et Ice Climber, qui ont précédé les sorties des mastodontes Super Mario Bros. et The Legend of Zelda. Bien entendu on retrouvera sur 8 bits, le maitre à la baguette des suites que sont Zelda 2: Adventure of Link, Super Mario Bros. 2 & 3, ainsi que sur le RPG Mother. En regardant du côté de la Super Nintendo, le moins que l'on puisse dire, c'est que notre homme n'a pas chômé. Jugez plutôt:  Super Mario World et sa suite Yoshi Island, F-Zero, Pilotwings, Super Mario Kart, Starwing, Super Mario RPG et Kirby Superstars sont tous suivis de près par le natif de Sonobe. Inutile de préciser qu'il s'agit ici de titres tous exceptionnels. Même constat sur Gameboy, ou Link's Awakening est une aventure non moins fantastique. Continuons ce véritable name dropping sur Nintendo 64, avec: Wave Race 64, Mario Kart 64, Paper Mario, Starfox 64, F-Zero X et enfin 1080° Snowboarding. Sans oublier un petit nouveau d'envergure: Super Smash Bros. Avec la Gameboy Advance, les aventures de Mario sont également toujour supervisées par Miyamoto, sans oublier quelques titres plus incongrus à l'image de ce si mignon Hamtaro: Ham-Ham Heartbreak. Plus récemment, il a également posé sa patte sur la série des Pikmin et Luigi's Mansion. Avant de s'écarter de son rôle de producer au milieu des années 2000.

Ouf! Difficile de faire un tri l'ensembler des quelques 80 titres qui ont de près ou de loin eu la chance de croiser le chemin de notre cher Shigeru Miyamoto. Mais voilà en quelques mots l'essentiel de la carrière de producer de ce grand monsieur du média.

N'hésitez pas à m'indiquer quels sont vos oeuvres préférées au sein de la longue liste de titres exceptionnels qui ont marqué sa carrière.

Et à très vite pour un nouveau Top 5, un peu moins dense en qualité je pense...