En contre-pied du Top 5 des plus beaux jeux en 2D sur PS1, il était grand temps d'aborder les plus belles réussites 3D de sa concurrente, la Saturn, dont on a très longtemps vanté les mérites en 2D mais qui semblait montrer de sérieuses limites dès que l'on passait en 3 dimensions. Et pourtant, on va s'appercevoir que ce constat n'est pas absolu, et quand les développeurs s'en sont donnés la peine, le résultat était parfois à la hauteur des attentes des joueurs, voire au-delà! Et pour cause, si les considérations techniques d'antan restent de rigueur, la relative complexité de programmation de la Saturn n'en on pas fait une plateforme de prédilection pour le développement de ce type de projets. Mais c'est sans compter sur le fait que la console est tout de même très versatile dans son utilisation et permet tout de même beaucoup de choses, notamment d'obtenir un rendu très propre sur des jeux fait de polygones. Il faut rappeler qu'il s'agit ici de la première véritable génération de consoles de salon capable de proposer en masse ce rendu alors encore relativement novateur. Le résulat final tient donc bien avant tout au talent et à l'abnégation du développeur de proposer un titre ambitieux techniquement, sans compter sur le fait que nous sommes alors en pleine période de transition pour des équipes de développement souvent peu habituées à manipuler autre chose que des pixels.

Cette complexité de programmation a bien sur créé un déséquilibre sur la qualité, mais surtout la quantité de titres 3D disponibles au final sur Saturn, et s'il nous est évident de citer 5 références en la matière sur PS1 sans  difficulté aucune, force est de constater qu'il faut faire appel à sa mémoire dès lors qu'un exercice similaire doit être réalisé avec la 32 bits de Sega. Si l'on ajoute à cela le fait que la comparaison entre deux titres identiques portés sur ces deux consoles était souvent, si ce n'est tout le temps, au désavantage de la machine de Sega, cette recherche devient encore plus compliquée. Et pour cause, un développeur avait un intérêt double: financier car la machine de Sony était très vite, mieux distribuée, et technique, car la programmation s'averait plus aisée sur PS1. Résultat:  Sur les 5 titres évoqués aujourd'hui, aucun d'entre eux n'ont étés portés sur d'autres consoles et sont donc tous exclusifs à la Saturn si tant est que vous souhaitiez y jouer dans votre salon. Ces 5 titres constituent donc une bonne raison de plus de se procurer cette machine, et ainsi goûter à ces quelques excellentes exclusivités. C'est parti pour le tour d'horizon!

 

Numéro 5: Burning Rangers

Vu la complexité de développement évoquée en introduction, dans un tel classement on ne sera pas surpris de retrouver Sega a la baguette de nombre de productions mettant en avant les capacités réélles, mais parfois sous exploitées, de leur propre machine. Et qui de mieux que la Sonic Team pour nous en mettre pleins les yeux grâce à une utilisation optimale d'une 3D alors maitrisée sur un jeu qui arrive en fin de vie de la Saturn: Burning Rangers. Après une très belle introduction animée qui nous rappelle également que la bande son de Daytonaaaaaaaa U.S.A. n'est pas entièrement due au hasard, et un passage par un tutoriel un peu...indigeste, on entre enfin dans le vif du sujet et l'on découvre des mécaniques de jeu proches de celles de la série Sonic mais qui sont mises en scène ici dans un univers futuriste nous permettant d'incarner une équipe de pompiers des temps modernes. Partant à la rescousse de victimes d'incendies, le jeu prends place dans un délire visuel digne de celui du scénartio et de la musique de cette véritable perle des années 90 signéee Sega.  Entre effets de flammes et de lumières magnifiquement rendus, environnements géants tout en polygones, et superbes effets vocaux qui nous guident dans le coeur de l'action, Burning Rangers est une indéniable prouesse sur Saturn, malheureusement gâchée par une maniabilité un peu tatillone et des soucis d'optimisation graphiques récurrents. Le jeu a peut-être le tort de pousser la console trop loin dans ses limites et en paye le prix. Il est cependant intéressant de constater que l'équipe de Yuji Naka est arrivée, à défaut de produire un vrai épisode Sonic en 3D sur la console, à un résultat assez bluffant de qualité avec cette simulation de soldats du feu. Et si la Saturn proposait une 3D un peu plus simple? Le rendu et le gameplay n'en serait-il pas meilleur? C'est ce que l'on va voir dans la suite de ce classement, mais en attendant, je retourne écouter un peu cette OST incroyable!  

 

 

Numéro 4: Sega Rally

En plus de créations originales, la Saturn était aussi la promesse de pouvoir s'essayer aux derniers jeux d'Arcade dans son salon, et après un portage de Daytonaaaaaaaa U.S.A. en demi teinte, Sega mets les bouchées double pour nous pondre cette fois-ci une version irréprochable de son autre grand jeu de courses: Sega Rally. Le moins que l'on puisse dire c'est que le jeu est superbe dans cette conversion très fidèle à l'originale, et arbore une 3D classieuse et très fine. Et ce notamment au niveau de la modélisation des véhicules, qui est pour l'époque bluffante, et bien supérieure à ce que peut proposer la concurrence sur console. Toute personne qui a pu s'y essayer sait que le jeu est d'une qualité irréprochable et offres aux amateurs des sensations de conduite à la croisée des chemins entre la simulation et le pur titre d'Arcade. Ces sentations, manette en main, sont également admirablement retranscrites pour former un ensemble de haute tenue. Le seule concession faite sur Saturn se situe au niveau de la baisse de framerate, toutefois, en 30fps le jeu demeure tout a fait fluide et agréable à jouer. On pourrait peut-être également regretter le fait que Sega Rally sur console ne soit qu'un simple conversion, et ne propose par exemple pas plus de quatre circuits, ou quelques véhicules supplémentaires, mais c'est sans doutes oublier la véritable révolution que constitue le jeu à sa sortie, c'est peu dire qu'il va paver la voie vers une toute nouvelle génération de titres de rallye en 3D tels que la série des V-Rally ou des Colin McRae Rally. Nous voici donc en présence d'un titre non seulement impressionant pour sa réalisation en 3D convaincante, mais également un grand jeu au gameplay de qualité et qui a marqué l'histoire du jeu vidéo en Arcade comme sur console. Vous l'avez compris cette quatrième place dans le classement est loin d'être usurpée.

 

Numéro 3: Nights into Dreams

Tiens tiens, comme on se retrouve chère Sonic Team. Voila bien une équipe qui a su prendre le virage de la 3D avec enthousiasme et succès! Avant de proposer un ambitieux Burning Rangers, la star des équipes de Sega s'attarde sur le monde des rêves, et nous propose une première réalisation onirique, toute de polygones vêtue. Nights into Dreams prends des allures de conte de fées, y intégrant la part de cauchemar qui habite les deux enfants au centre du jeu et dont on va explorer les songes. Le scénario n'est rien de plus qu'un pretexte pour que ceux-ci enfilent le costume de Nights, personnage haut en couleur et agile dans les airs comme Peter Pan. C'est essentiellement avec lui que vous allez parcourir en voltigeant, de magnifiques environnements en 3 dimensions vastes et colorés. Les mondes, au nombre de 7, offrent une variété intéressantes, et l'on navigue avec autant d'aisance et de plaisir dans les airs ou sous l'eau, au soleil ou au milieu de montagnes enneigées. Le jeu est beau, fluide, et grâce à sa manette analogique adapée vendue en bundle, hyper maniable. Un sans faute qui montre que dès 1996, à l'image de Sega Rally d'ailleurs, il  est tout à fait possible de proposer sur Saturn un titre tout en polygones, d'une grande qualité technique et ludique. Vu sa 3ème place ici, vous comprenez que malgré le fait qu'il soit l'aîné des deux productions de la Sonic Team sur la console, c'est bien Nights Into Dreams qui a ma préférence, car s'il peut sembler au premier abord un peu moins abouti et un peu moins fin dans son approche technique; sa proposition graphique et ses mécaniques me paraissent mieux maitrisés dans leur exécution, donnant à l'ensemble un meilleur équilibre. Un choix très personnel j'en convient. Quoi qu'il en soit nous sommes en présence d'un jeu phare de la console, qui aura eu le mérite de mettre en avant les capacités de la Saturn en matière d'affichage 3D et de fait, se doit de figurer dans le classement du jour.

 

Numéro 2: Virtua Figher 2

Qui d'autre qu'un studio de développement interne pour aborder la suite de ce billet qui faisait la part belle à la Sonic Team jusqu'à présent? Qui d'autre que l'équipe Sega-AM2 de Yu Suzuki, le grand manitou de l'Arcade pour relever le défi d'une conversion ultime sur Saturn, basée sur l'un de ses hits issu des salles de jeu? Après un premier épisode qui accompagne la sortie de la console et qui laisse une impression de titre sorti à la hâte, et obligera Sega à sortir une version Remix, sorte de DLC correctif avant l'heure, le studio AM2 remet les pendules à l'heure et met tout le monde d'accord à la sortie de Virtua Fighter 2.  Le jeu s'impose comme maître étalon d'un genre qu'il a lui-même largement démocratisé, la simulation de combat dans un environnement en 3 dimensions. Avec une modélisation des personnages qui gagne largement en finesse et une plus grande variété de décors et d'options de jeu. Avec une maniabilité encore perfectionnée et surtout une animation en 60 fps, alliée à un panel de coup revu à la hausse permet d'effectuer des enchainements d'une finesse et d'une fluidité alors jamais égalée dans un jeu de combat: Il en ressort un titre nerveux, technique et pour ce qui nous intéresse aujourd'hui d'une beauté épurée sidérante. Faites l'expérience par vous même, relancez Virtua Fighter 2 aujourd'hui et constatez à quel point le soft résiste bien aux années qui s'écoulent. Un véritable tour de force pour un jeu de combat tout en polygones. Les nombreux concurrents sortis en cette même année 1996, décidémment année bénie pour la 3D sur Saturn, font bien pâle figure. Assez logiquement, Virtua Fighter 2 qui a par ailleurs trusté le top des ventes de la console, se place quasiment tout en haut de ce classement, et il n'y a qu'un titre à la réalisation et à l'ambiance démentielle pour lui ravir la première marche du podium...

 

Numéro 1: Panzer Dragoon Zwei

Et je vous laisse deviner de chez quel développeur il est issu? Sega bien sur! C'est à la Team Andromeda, futur Smilebit et géniteur de Jet Set Radio à qui l'on doit cet exploit. Car non content d'avoir proposé à la sortie de la console, un jeu d'une qualité ludique et technique très intéressant en inaugurant un premier épisode de sa toute nouvelle série, Panzer Dragoon, le studio va remettre le couvert, et de quelle manière! Car ce n'est pas un, mais bien deux titres que va proposer la Team Andromeda aux possesseurs de la Saturn. Tout d'abord une suite directe au premier jeu qui va reprendre la formule d'origine du rail shooter, puis par la suite, un RPG qui se situe dans le même univers, forcément approfondi vu la nature du jeu. Un double coup de maître, d'une qualité incroyable, chacun des deux jeux étant caractérisés par une technique bluffante et une 3D qui n'a pas d'égal sur la 32 bits de Sega. J'ai préféré ici mettre en avant la suite directe du premier jeu de la saga, Panzer Dragoon Zwei, que je trouve dans sa réalisation absolument incroyable, et ce même si Panzer Dragoon Saga, mérite tout autant de figurer en haut de ce classement. Quelques mots sur ce rail shooter de génie qu'est Panzer Dragoon Zwei de fait, qui combine une 3D d'une finesse à peine croyable sur Saturn à un gampelay diablement efficace et addictif, le tout soutenu par une maniabilité irréprochable et une durée de vie honorable renforcée par la possibilité de choisir un parcours différent en cours de partie. Enfin la musique, dans la droite ligne de son prédécesseur, est un vrai régal pour les oreilles et compte quelques morceaux parmi les plus marquants de la console. Voila qui dépeint un tableau magistral pour le jeu qui possède sans doutes l'un des univers en polygones le plus convaincant de sa génération, rien de moins. En toutes logiques, la première place revient au sublime Panzer Dragoon Zwei, un titre à essayer ou réessayer de toute urgence!  

 

A la lecture de ce classement, le constat est on ne peut plus limpide: devant la complexité de programmer sur la 32 bits de Sega, très rares sont les candidats ayant avec succès concrétisé un projet d'envergure tout en 3D. Cette situation a sans doutes participé au rapide déclin et désintérêt de la console en dehors du Japon, ou la large majorité des joueurs étaient attirés vers cette évolution majeure de l'Histoire du média qu'est la 3D, et vers ces rendus plus impressionants, plus immersifs, même si paradoxalement moins suggestifs. Les studios internes de Sega n'ont eu de cesse de proposer au monde des jeux tout en 3D forts réussis, ludiques et dotés d'une réalisation qui n'avait pas à palir de la comparaison avec les titres sortis durant le même période sur PS1. Mais si la qualité était au rendez-vous, ces quelques jeux n'ont pas pu remplacer la vaste majorité de studios de la planète qui se sont mis à sortir des titres en 3D à tour de bras sur la console de Sony.

Ainsi au titre des jeux qui n'ont de justesse pas étés retenus aujourd'hui, on va retrouver assez logiquement des titres développés en interne au sein de Sega, tels que par exemple le superbe Fighters Megamix qui impressionne peut-être tout autant que Virtua Fighter 2 dans son style, même s'il a moins marqué les esprits, étant sorti une année après son illustre aîné. Comment ne pas citer également Last Bronx et ses personnages hauts en couleurs, qui est venu compléter avec brio l'offre des jeux de combat 3D de grande qualité made in Sega sur Saturn. Dans un autre registre, je pourrais avoir jeté mon dévolu sur ce jeu sorti beaucoup trop tard dans la vie de la console: Deep Fear, un survival horror réussi et très bien réalisé, qui propose un gameplay proche de celui de la saga Resident Evil, le tout dans un univers digne du film Abyss de James Cameron. Celui-ci nous fera oublier la transposition en demi-teinte du Resident Evil original, qui n'est qu'une pâle copie de sa version d'origine sur PS1. Un cas de figure qui se répète malheureusement trop souvent, à l'image de Tomb Raider, produit d'appel phare de la Saturn en Europe mais qui a vite perdu de sa superbe à la sortie de sa version PS1, quelques semaines plus tard.

Qu'est-ce qui aurait pu donner envie aux studios externes de développer sur la console? Peut-être la présence d'un vrai titre Sonic en 3D dont le potentiel commercial était alors sans doutes encore intact. Un projet qui n'a malheureusement jamais vu le jour, malgré la présence d'un hub en 3 dimensions prometteur et fort bien réalisé sur la compilation Sonic Jam qui regroupe sur un disque les meilleurs opus 2D sortis sur Megadrive. Personne ne peut le dire, mais une chose est certaine, sans Sega himself, ce Top aurait eu bien du mal à exister.

N'héitez pas à commenter ce billet, et peut-être à me faire découvrir un titre 3D passé sous les radars, demeuré au Japon et qui n'a pas été réalisé par Sega! Je serais ravi de pouvoir constater qu'il existe quelques exceptions à la règle.

Et à très vite pour un nouveau Top!