Hey mon p’tit gars,

je m’étais promis de te raconter le Web gratuit que tu n’as pas connu. Le voici en quelques lignes…

A cette époque, nous étions trackés dans tous nos faits et gestes par l’intermédiaire de nos cartes bancaires, des cameras dans les rues, des scans des plaques d’immatriculation des véhicules dans les parkings, des cartes de fidélité, des cartes vitale, des cartes d’électeur, des téléphones, et des dizaines et des dizaines d’autres moyens.

L’information était choisie, la propagande était en place avec une presse muselée à coups de subventions à hauteur de leur caleçons baissés afin de nous faire gober que les poules ont des dents. Et ça marchait.

Visuel présentant les subventions de l'Etat versées à la presse à consulter sur mon blog

Mais mon petit bonhomme, quelque-chose de décrié par les uns, adoré par la grande majorité des individus révolutionnait notre Monde : Internet. On y voyait des milliers de sites naître quotidiennement. Si certains mourraient rapidement, d’autres véhiculaient une information régulière sur tous les sujets. On y trouvait des avis, de l’aide, des tutos, des vidéos et des cons. Ces derniers existeront d’ailleurs toujours dit-on.

La toile était composée ainsi en partie d’une presse libre, indépendante. Mais aussi et surtout de blogs, tenus par des gens comme toi et moi, passionnés par un sujet, et qui décidaient de partager leurs connaissances avec autrui, et ce, gratuitement.

Ah non pardon, ce n’était pas vraiment gratuit. Car pour financer les frais d’hébergement et le temps passé à écrire des articles concis, documentés et argumentés, ou encore à réaliser des vidéos de qualité, les acteurs du Web avaient une solution simple consistant à mettre quelques espaces publicitaires sur leurs sites. Oh rien de révolutionnaire tu sais, la télévision, les magazines, la radio… Tous les médias diffusaient et vivaient de la publicité depuis des décennies. Les internautes n’aimant pas la publicité n’avait tout simplement pas à la regarder, tout comme ils zappaient à la TV le temps d’un spot publicitaire… tout comme ils tournaient la page de leur magazine présentant la publicité du dernier smartphone révolutionnaire (ou pas), ou encore celui d’un saucisson se proclamant père des réseaux sociaux. Bref.

J’aurais adoré que tu connaisses ce Web là. On avait enfin une masse d’information incroyable, de quoi se forger son propre avis sur des sujets complexes en allant chercher l’information, en confrontant les divers points de vue. On avait des youtubers qui réalisaient d’incroyables vidéos humoristiques, des tutoriels, des présentations de produits… On avait des twitchers qui nous faisaient découvrir des jeux vidéos ou des activités créatrices, ou même encore la dernière poitrine gonflée au silicone car oui là aussi, il y en avait pour tous les goûts ! Les blogs étaient nombreux, très bien documentés et pouvaient t’accompagner toute une vie : comment draguer, comment faire l’amour, comment mettre une couche, comment emprunter pour payer les études de ses enfants, comment réserver une place au cimetière, comment fermer son compte facebook une fois mort. TOUT se trouvait sur le net. Et c’était gratuit.

Mais voilà, sous prétexte de vouloir maîtriser une liberté que l’on nous sabotait pourtant jour après jour à coups de lois dans ces années là, nombreux étaient celles et ceux qui se sont levés face à la publicité sur le Web sous prétexte d’être traqués par des Google Analytics ou des régies publicitaires. Je n’ose pas imaginer un seul instant qu’un seul d’entre eux osait parallèlement à ça télécharger illégalement des jeux ou des films, sinon il aurait fallu le traiter d’abruti pour ne pas dire con. Tu sais le genre de personne qui veut le beurre, l’argent du beurre et la crémière.

Ce fut le début de la fin d’un Web libre. N’oublie pas que maintenant, quand tu lis un article sur un blog ou site d’actualité, il y a de grands risques que ce soit non pas le rédacteur qui en soit à l’origine mais plutôt l’équipe marketing de l’article en question. Et oui fiston, les acteurs du web doivent bien vivre de quelque-chose. Et puisqu’on leur a sucré leur forme de revenu principal, ils se rabattent sur les autres formes, opaques, consistant à faire de la merde mais permettant de ne pas en manger. Peut-on leur en vouloir? Non.

Ah oui pour les plus aisés, il existe les abonnements. Pour quelques euros par mois, tu peux disposer de tout le contenu. C’est bien beau tout ça, mais on se retrouve finalement à pouvoir consulter le contenu de quelques sites seulement tous les mois… Tout comme on achetait quelques magazines mensuels avant l’arrivée du Web.

Finalement fiston, rien n'a changé, mais l’histoire s’écrit.

Ton père geek.