Comme pour beaucoup de monde le collège
est l'époque où on commence à se structurer d'un point de vue
social et psychologique. Je ne vais pas entrer dans des
considérations socio-psychologiques à deux roubles (d'autant que
j'en suis assez incapable), je vais plutôt me concentrer sur ce que
furent mes propres années collège, qui commencèrent donc à la fin
1991 et se terminèrent au printemps 1995. Un peu plus de quatre
années où il se passe pas mal de choses, d'un point de vue
personnel (« ton corps change », comme le disait le
« Doc », grand prêtre de la secte audiovisuelle
adolescente dans les années 90, accompagné de son bouffon Difool)
d'abord, mais aussi vidéoludique aussi. Car il est évident que les
années 90 marquèrent le début de quelque chose qui grandit encore
et encore pour devenir ce qu'on connait aujourd'hui. Il est facile
d'en parler avec une bonne quinzaine d'années de recul, mais à
l'époque, pour moi comme pour beaucoup de personnes de ma
génération, le jeu vidéo était quelque chose d'assez « nouveau »
et qui se répandait de plus en plus. Nintendo avait eu ce talent de
s'approprier le concept avec la NES, mais c'est surtout avec la Game
Boy que ce qu'on appellera plus tard (avec un brin de snobisme) le
divertissement numérique allait prendre son essor dans les cours
d'école. Autant être clair : tout le monde ou presque avait sa
console de poche et son Tetris! Si tu ne l'avais pas, tu étais quand
même un sacré loser! C'est amusant de dire cela alors que le jeu
vidéo est toujours considéré comme un loisir infantile, mais
c 'était un peu le cas finalement. Enfin quand je dis ça, je
parle surtout des deux premières années du collège, celles où la
puberté n'a pas encore complètement envahi notre corps et le désir
du sexe opposé notre esprit (et nos parties intimes) et dans
laquelle on reste encore malgré tout des « gamins ». A
cette époque, il est encore normal de jouer à la Game Boy, il sera
bien temps de jouer aux Girls plus tard...

Et pour tous les possesseurs de la
« petite » console de Nintendo, il y avait une règle
quasiment immuable et tacite dans la cour de mon collège, à savoir
celle du « 1 prêté pour 1 prêté, 1 semaine pas plus ».
Pour ceux qui ont égaré leur dictionnaire « collégien 1992 /
français », il s'agissait en gros de se faire prêter un jeu
contre un autre jeu, et pendant pas plus d'une semaine (un peu plus
quand il y a les vacances). Histoire de limiter le « squattage »
de cartouches et le risque de se faire piquer un jeu avec quelqu'un
qu'on ne connaissait pas trop. Cela dit, c'est un peu grâce à ce
procédé que j'ai pu essayer à peu près tout ce qu'il se faisait
sur la Game Boy à l'époque. Car à l'époque, presque personne ne
lisait la presse spécialisée (à part moi et deux ou trois potes),
tout le monde achetait son jeu au feeling ou en fonction de la
jaquette ou de la licence apposée dessus. J'en ai fait des jeux
inspirés de films, de dessins animés, de comics et autres! Certains
étaient d'ailleurs plus ou moins bons, mais à l'époque, on s'en
fichait un peu ; quand on a douze ou treize ans, on n'a pas vraiment
d'esprit critique (bien qu'on prétende le contraire à ce
moment-là!). Comment expliquer autrement alors que j'ai pu passer
autant de temps sur ce qui se révèlera être une bouse infâme
comme Hook? Heureusement, tout n'était pas à jeter, et je garde
encore un souvenir ému de Amazing Spiderman ou de Ghostbusters II,
deux petits jeux sympathiques, qui ont probablement vieilli mais qui
avaient leur bon côté. Et puis, heureusement, il y avait toujours
quelqu'un qui sortait du lot et qui avait acheté un jeu que personne
ne connaissait, hormis quelques initiés. Comment ne pas se souvenir
du moment incroyable que fut ma rencontre avec Gargoyle's Quest,
qu'on m'a prêté une seule petite semaine, un jeu incroyablement
dur, mais dont la musique résonne encore dans ma tête. Ce jeu m'a
tellement marqué que plus tard, je dûs me résoudre à me le
procurer par mes propres moyens, afin de le terminer.

Ghostbusters II, un jeu très sympathique, dans lequel on dirigeait 2 héros du film à la recherche de fantômes

Ce grand jeu qu'est Gargoyle's Quest

Je me rends compte aussi que je n'ai
jamais possédé moi-même quelques-uns des jeux majeurs de la
console, à savoir Super Mario Land 1 et 2, ainsi que Zelda Link's
Awakening. N'importe quel possesseur de la Game Boy à l'époque se
rappellera à quel point ces jeux étaient magistraux, et restent des
légendes du jeu vidéo. Et j'avais réussi à les terminer en
quelques jours, puisqu'ils m'étaient prêtés! D'ailleurs, une autre
caractéristique de l'époque : un temps de jeu dix fois plus
important qu'aujourd'hui, surtout sur console portable ; c'est
tellement facile de jour dans sa chambre, avant de se coucher...

 

Cela dit, j'avais moi aussi une console
de salon : on m'avait offert une Master System pour ma communion. Je
voulais avoir une Super Nintendo à l'époque, mais les prix
n'étaient pas du tout les mêmes. Pourtant, je ne le regrettait pas,
même si finalement, je n'ai pas de tonnes de jeux sur cette console.
Contrairement à la Game Boy, peu de mes camarades d'école avaient
cette console, et tout le monde avait à peu près les mêmes jeux
(Sonic, Donald, Mickey,...), ce qui fait que j'en fis vite le tour.
Cette console me laisse quand même quelques souvenirs impérissables,
comme sa manette à la limite du hors-jeu tellement la croix était
pourrie (le nombre de vies que j'ai perdues à cause d'un mauvais
appui sur la manette...), son Alex Kidd qui était tellement dur que
je cherche toujours quelqu'un qui l'a terminé. D'ailleurs, pour ma
petite fierté personnelle, je me suis rendu compte récemment, grâce
à une vidéo sur Youtube, que j'avais réussi une bonne partie du
jeu et que finalement, je m'étais pas mal débrouillé sur ce jeu
assez moche mais complètement prise de tête!

Un jeu moche, mais quel challenge! Et puis un jeu intégré à la console, ça fait toujours rire aujourd'hui!

Et puis, finalement Elle est
arrivée chez moi. Après de nombreuses années de supplications et
de prières, j'ai fini par avoir chez moi le Saint Graal
vidéoludique, LA console dont je rêvais toutes les nuits. Bien
entendu, je veux parler de la Super Nintendo. Pour la petite
histoire, j'avais une petite moto à essence que j'avais revendu
(étant trop grand pour en profiter), et une partie de l'argent m'a
permis d'acheter le pack avec Super Mario All Stars. Et ce fut le
début de longues heures de jeux et de plaisir!

 

Mais ceci est pour une prochaine
fois...