Le jeu parfait n’existe pas. Certains choix éditoriaux, techniques ou artistiques peuvent chahuter sinon ruiner l’expérience interactive d’un grand titre. Le premier volet de la série à succès Resident Evil échappe de loin au naufrage, mais traîne comme un boulet la localisation anglaise désastreuse et le jeu d’acteur involontairement burlesque des comédiens.
 
Au AniMinneapolis 2014, une table ronde était organisée autour du thème “Les coulisses du voice acting chez Capcom” animé par David Vincent doubleur de T.Hawk dans Street Fighter IV, Jonathan Klein producteur de la localisation anglo-saxonne de SFIV, Caitlin Glass qui a prêté sa voix à la séduisante Cammy ainsi que le doubleur d’Albert Wesker dans Resident Evil 5, DC Douglas. Sans nier la déconfiture devenue culte avec l’excuse du temps, les panélistes rappellent les conditions dans lesquelles s’est déroulé l’enregistrement des voix.
 
« Souvenez-vous du jeu d’acteur de Sergio Jones interprétant Albert Wesker dont la performance est qualifiée d’épouvantable, réagit au micro Douglas DC. Vous savez quoi ? C’est un excellent comédien ». Bête réflexe corporatiste ? Pas exactement, ce dernier n’hésite pas à mettre en cause le professionnalisme de l’éditeur japonais : « Il peut vous sembler médiocre, mais lorsque vous disposez de 300 lignes de texte sur une feuille Excel dont vous ignorez tout du contexte auxquelles elles se rapportent, vous les répétez idiotement ».
 

 
Dans ce cadre où le comédien travaille quasi à l’aveugle, difficile de donner l’expression artistique juste, l’intonation adéquate. Jonathan Klein adoube son homologue : « Les japonais choisissent ce qui sonne bien dans leur esprit, pas nécessairement le timbre de voix adapté à l’oreille des Anglais... Toutefois, ils ont commencé à apprendre, ils réalisent que les joueurs attendent plus de professionnalisme ».
 
L’avènement du CD-ROM donnait aux éditeurs le moyen de réaliser des intros en cinématique CG ou Full Motion Video. Capcom avait curieusement opté pour l’option cinématographique façon court-métrage qui ne résistera pas à la première refonte graphique sur GameCube.