La Neo-Geo est un système de
jeux vidéo destiné à la base au marché de l'arcade, c'est la version MVS. Elle est officiellement
lancée en janvier 1990 et est techniquement tout à fait de taille à affronter
les ténors du moment ou à venir que sont Final Fight, 1941 ou même Street
Fighter 2. Les bornes d'arcade Neo-Geo pouvaient d'ailleurs contenir jusqu'à 6
jeux différents, ce qui représentait une économie conséquente pour des clients
qui comptaient chaque centimètre carré de surface, surtout au Japon. La version
console de salon, la Neo-Geo AES, a d'abord été pensée pour la location dans des hôtels ou des
bars, mais la demande fut suffisante pour que SNK (initiales signifiant Shin Nihon Kikaku ou Nouveau Projet Japonais. Tout de suite, ça perd de son charme en français :-o), son constructeur, décide de
la commercialiser aussi pour le grand public.

C'est
ainsi que je commençai à faire sa connaissance. La Neo-Geo mérite clairement
son surnom de « Rolls Royce » des consoles. La machine est plus
imposante, plus lourde et techniquement bien meilleure que ses concurrentes.
Son processeur est le même que celui de la Megadrive mais à une fréquence 50% plus élevée
et, si on se contente de cette grandeur, est cadencée à une vitesse 3 fois plus
grande que le processeur de la Super Nintendo. Étrangement, la résolution de la Neo-Geo peut être
équivalente à celle de la Megadrive et inférieure à la Super Nintendo. La Neo-Geo intégrait une puce
sonore capable de gérer 15 canaux dont 7 réservés aux effets spéciaux
numérisés. Mais les différences graphiques et sonores se voyaient en fait sur d'autres points, notamment au niveau des couleurs (4096 parmi 65536 pour la Neo-Geo, 4096 parmi 32768
pour la SNES et
32 parmi 512 pour la MD),
du nombre de sprites affichables simultanément (respectivement 384, 128 et 80)
mais surtout de la capacité des cartouches. Alors que les jeux Megadrive
pesaient environ 4Mb et que les jeux Super Nintendo allaient de 4 à 32Mb (soit
entre 512kio et 4Mio), il y a quelques jeux Neo-Geo sous les 50Mb, mais ils
sont rares. Beaucoup pèsent entre 100 et 300Mb et il semblerait que le plus
gros jeu soit King of Fighters 2003 avec 716Mb (soit 89Mio). SNK était d'ailleurs
bien conscient de l'impact de cette donnée[1] et l'utilisait
dans les slogans de l'écran de démarrage des jeux comme « The 100 Mega
shock », « Max 330 Mega » et finalement « Giga Power ».

L'impact
sur les adolescents que nous étions à l'époque était phénoménal. Cette console
était synonyme d'arcade à la maison. Il faut se rendre compte que les consoles
étaient alors bien incapables de reproduire fidèlement les jeux d'Arcade. À
cette occasion, je salue le travail des équipes de Capcom pour le portage de
Street Fighter II sur Super Nintendo car les différences étaient certes nettes
si l'on comparait directement les deux jeux mais l'illusion était suffisante.
Ainsi, posséder une Neo-Geo était la promesse d'une extase quotidienne avec des
jeux auxquels on pensait ne jamais pouvoir jouer chez soi. Sa possession
suscitait toujours admiration et convoitise. Mais tout ceci avait bien
évidemment un prix. Le ticket d'entrée était de 3990frs pour la console seule (avec une manette, tout de même) chez Shoot Again en Septembre 1990 ou 3490frs pour la console et un jeu un an plus tard dans le même magasin. Pour les jeux, cela débuta à 2000frs (avec rachat aux 3/4 du prix quand même) puis entre 700 et 1500frs par jeu en Mai 1992. Pour le prix d'une Neo-Geo avec un jeu, il
était possible d'avoir la Super Nintendo avec  2
manettes et 8 jeux. Cela avait de quoi faire réfléchir même les enfants plus
chanceux. La plupart recourait d'ailleurs à l'échange du jeu en leur possession
afin de pouvoir essayer d'autres titres. Des magasins s'étaient même mis à louer la machine et ses jeux afin de satisfaire la clientèle. Pour 500frs, il était possible de passer le week-end entier avec la belle !

Il m'a
fallu attendre 2007 et mon séjour au Japon, soit presque 17 ans d'envie
sous-jacente et de convoitise latente, afin d'entrer
enfin en possession
de cette mythique console. Un rêve de gosse se réalisa
alors. Je pouvais enfin rayer cette entrée de ma liste des rêves à réaliser
avant 30 ans. Ce fut à Tôkyô, dans le célèbre quartier de l'électronique,
Akihabara, que je la trouvai. Je me promenais, comme souvent, dans le quartier
lorsqu'une musique chiptune sortie directement des années 1980 guida mes
oreilles. Je me retrouvai alors nez à nez devant le magasin de retro gamingSuper Potato que je ne connaissais pas mais qui se trouve être probablement le
plus célèbre magasin de ce type à Tôkyô. Les 4 étages y sont remplis de vieux
jeux et de consoles anciennes. Après un essai de la Virtual Boy, je tombai
sur une Neo-Geo d'occasion en promotion à 10 000 yens au lieu de
15 000, soit 65€ au cours du yen de 2007. Incrédule, je demandai vaguement
où était le piège mais je ne décelai aucune supercherie dans le peu que je
compris de la réponse. J'achetai aussitôt la console accompagnée d'une deuxième
manette et de quelques jeux. Comme tous les néophytes, je pense, je cherchai un
Metal Slug X mais me ravisa immédiatement quand je vis qu'il valait plus de
100€. Je choisis donc King of Fighter 98, le meilleur de la série selon moi,
Real Bout Special car j'aime bien Fatal Fury mais j'ai surtout été attiré par
le spin-off Real Bout. Je souhaitais un Last Blade pour l'aura des combattants
mais ils étaient aussi trop onéreux. Je me « rabattais » donc sur les
Samurai Spirits. Les meilleurs épisodes sont le 2ème et le 4èmemais je ne devais pas être le seul à le penser car ils n'en avaient pas en
stock. Mon choix se porta donc sur le 1er. Enfin, pour changer des
jeux de combats, je pris Super Sidekicks 2 car j'aimais beaucoup cette série.
Il ne me semble pas avoir vu le jeu le plus fun de la console, Windjammers,
malheureusement.

Mais
en 17 ans, beaucoup de pixels ont coulé sous les ponts des différentes
générations de consoles. Nous sommes maintenant à l'ère des TV HD et du 1080p.
Par conséquent, le résultat n'est plus celui qui était sublimé par mon cerveau
de jeune joueur. Mes souvenirs étaient véritablement lissés, au sens graphique
du terme, par mon cerveau et lorsque je mis la console en marche, je dus
rapidement me reculer pour voir autre chose qu'une grosse masse de pixels
représentant un match de KoF commenté par une voix craqueleuse. Grâce à l'effet
de nostalgie, l'aura de la console sublime encore ses jeux mais je me demande
quelle serait actuellement la réaction d'un enfant élevé au Call of Duty et
autres BlazBlue devant une Neo-Geo. L'autre petite déception, à laquelle je ne
m'attendais vraiment pas cette fois, c'est le poids et la qualité des manettes.
Je ne sais pas de quand datent les miennes mais elles étaient abîmées avec leur
plastique fendu mais surtout, je les ai trouvées particulièrement légères et
fabriquées avec du plastique bien plus fin que celui auquel je m'attendais. Le
résultat dans les mains me fit l'effet d'un jouet plus que d'une borne d'arcade
« pour homme ».

Ne
vous méprenez pas, j'avais quand même conscience de tout ceci et c'est en
connaissance de cause que j'en ai fait l'acquisition. Je savais très bien que
je ne l'achetai pas pour y jouer mais juste pour récompenser l'enfant qui est
en moi. D'autant plus que le transformateur électrique ne supporte que le
courant japonais. J'ai donc dû acheter en plus un réducteur de tension afin de
pouvoir en profiter en France. Finalement, je n'y joue pour ainsi dire pas mais
les 4 boîtes de jeux ont longtemps été exposées fièrement sur mon étagère du
salon. Je les voyais, je pouvais les admirer et elles ont même été l'objet de
discussions avec des amis qui avaient la même admiration que moi pour la bête.

 

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[1] Tout comme
Intel était conscient que la fréquence du processeur avait un fort impact
commercial et décida ainsi de créer le Pentium IV qui pouvait montait
rapidement en fréquence sans augmentation proportionnelle des capacités de
calcul. Oui, je sais, c'est un tacle complètement injustifié ici mais j'avais besoin de le dire !