En
septembre 1997, j'achetai mon premier PC. Avant cela, je devais utiliser
celui de mon père. Il avait eu un 386SX25 puis un 486DX33 qu'il overclocka
grâce à un Overdrive 486DX2 66, une sorte de processeur venant prendre place
sur ou à la place de l'ancien afin d'upgrader son PC à moindre frais (i.e. sans
changer toute la carte mère). Mon propre PC était quant à lui un Pentium 200
MMX, que j'avais moi-même overclocké sans frais à la fréquence mirifique de
233MHz. Il avait 32Mio de RAM et un disque d'une capacité faramineuse de 2Gio.
La carte graphique était, je crois, une Matrox Millenium 2Mio. C'était loin
d'être une bête de course mais il me permettait de jouer avec aisance aux
dernières nouveautés comme Dungeon Keeper, Les Boucliers de Quetzalcoatl ou
Jedi Knight : Dark Forces II. Pour moi, c'était l'ère de la bidouille pour
tenter de tirer un maximum de ma bécane. On avait, par exemple, installé une
carte DXR2 (pour lire les DVD lorsque les PC n'étaient pas encore assez
puissants), avec un ami, sur un Pentium 100 qui était vraiment la limite
inférieure mais elle fonctionnait quand même. On changeait les pièces et les
cartes des ordinateurs pratiquement tous les mois, qui un disque dur, qui une
carte son. Le matériel évoluait déjà très rapidement et les nouveautés
devenaient obsolètes à vitesse grand V. À tel point qu'on a fini par ne plus
visser les boîtiers des PC voire les laisser ouverts. Mais le vrai « PC
Master » vit avec une carte-mère nue posée éventuellement sur une mousse
épaisse, les cartes-filles clipsées sans vis et les disques et autres lecteurs
posés directement sur le bureau. Le « PC Master » change de pièce
tellement souvent qu'elles n'ont pas le temps de prendre la poussière !

D'ailleurs,
le « PC Master » est aussi un professionnel du système D. C'est pour
cela qu'il n'hésitera pas à prendre sa perceuse pour réaliser une petite
opération chirurgicale sur ses disquettes de 720kio. Ces disquettes étaient en
fait simple face alors que les lecteurs de disquettes étaient capables de lire
des disquettes double face. Le moyen pour différencier les 2 types de
disquettes était un simple trou (ce n'est pas celui avec la languette
rabattable indiquant l'état de lecture seule ou de lecture/écriture mais
l'autre). Rapidement, je pense que les industriels ont trouvé contraignant de
fabriquer les deux types de disquette. Ils ont donc probablement fini par ne
plus fabriquer que les disquettes double face en laissant ou non un trou pour
les différencier. Il suffisait alors au consommateur de percer un trou sur des disquettes
simple face pour doubler leur capacité et révéler leur véritable potentiel. Ces
disquettes étant vendues moins chères que les double face, le gain était
immédiat. Tous les moyens étaient bons : le tournevis chauffé au briquet,
la perceuse ou l'indispensable Moulinette
de Jacky Broutin
(je  ne connaissais
pas mais je vous fais part de cette trouvaille).

On
se prenait aussi la tête sur les LAN. Pour un WE de jeu en réseau du vendredi
soir au dimanche soir, ne comptez pas jouer avant le vendredi soir, très tard
dans la nuit. Il fallait brancher les ordinateurs en réseau avec un câble BNC.
Ce type de câble signifie qu'il faut utiliser des adaptateurs en « T »
et des bouchons pour terminer le réseau. Il fallait ensuite configurer Windows
pour que les PC se reconnaissent en utilisant le protocole IPX. C'était
l'horreur. Heureusement, une fois que ça fonctionnait, c'était à peu près
stable et à nous les parties endiablées de Duke Nukem 3D à faire des pièges aux
pipebombs et à attendre au-dessus des armoires. À nous les coups tordus dans
Warcraft 2 à définir des alliances et à changer au dernier moment (un conseil,
ne laissez pas un partenaire dans la pièce avec les adversaires) ou les courses
effrénées à Moto Racer.

Mais,
rétrospectivement, en 26 ans de jeu vidéo, je crois que c'est à ce moment-là que
je pris ma plus grande claque dans la figure en termes d'évolution graphique
grâce à la bien nommée révolution des cartes accélératrices 3D. Mon père était
un grand adepte de Tomb Raider. Mais il y jouait avec une bouillie de pixel en
320x200 dans la version « software rendering » soit sans carte
accélératrice puisqu'elles n'existaient pas. Je me moquais allègrement de lui
avec ma version PS1 clinquante... jusqu'à ce qu'il achète une carte 3D avec
laquelle était livrée une version spéciale de Tomb Raider 1. Cette version profitait
de l'accélération matérielle, bien sûr. Et pourtant, ce n'était même pas une
carte connue et performante comme une 3DFX, une ATI ou une nVIDIA. Non, il
s'agissait juste d'une carte Rendition Verite, je crois. Sur les images suivantes, on peut tout de même voir la version PS1 à gauche et la version PC accélérée 3D à droite (cliquez sur les images pour voir les versions plus grandes) :

Pourtant,
en m'approchant pour voir cette étrange chose qui réussissait à inscrire un énorme
sourire sur le visage de mon père, je compris rapidement que ce n'était pas les
magnifiques formes triangulaires de l'héroïne mais la joie de savoir que ma mâchoire
allait bientôt s'écraser contre la moquette ! Et il ne s'était pas trompé :
l'effet a été sur moi saisissant. La différence entre la 3D software ou même
celle de la PS1
par rapport à une véritable 3D accélérée par une carte spécifique était
incroyable. Il est difficile voire impossible de décrire le résultat puisque
même la comparaison directe des images montrerait une bouillie de pixels face à
une bouillie passée à un hachoir plus fin de pixels. Pour ceux qui n'ont connu
que les consoles, c'est un peu comme le passage de la Saturn/PS1 à la Dreamcast. Pour
ceux qui sont trop jeunes, le fossé séparant les générations suivantes de
cartes graphiques n'a jamais été aussi grand. J'ai néanmoins trouvé une petite vidéo qui pourrait tenter de vous faire comprendre un peu le fossé qui
existait même s'il ne s'agit que de la comparaison entre la version PC
en rendu software et accéléré en 3D.

Je
décidai évidemment de m'acheter une carte 3D. Entretemps, 3 amis s'étaient
procuré une Voodoo 1 de 3DFX, leader de l'époque. N'étant pas un expert dans le
domaine, je me renseignai auprès de mes magazines préférés (Joystick et de
temps en temps Génération 4) afin d'avoir de plus amples renseignements. Mon
dévolu se porta sur la Matrox M3D à base de PowerVR, chip au fonctionnement plus
intelligent que cette brutasse épaisse de Voodoo. En effet, au lieu de calculer
tous les triangles des polygones, de les traiter et d'appliquer les textures
avant l'affichage, la M3D
faisait une utilisation intelligente du Z-buffer, ce tampon de mémoire gérant
la valeur de la profondeur de chaque objet, pour savoir ce que le joueur verrait
effectivement. Ainsi, nul besoin de calculer des polygones ou de plaquer des
textures qui se trouveront finalement cachés par d'autres. Le résultat est
immédiat : avec la Matrox M3D, on peut monter jusqu'en 1024*768 alors qu'une
Voodoo de base se contente d'un pauvre 640*480. Oui mais voilà, concrètement,
la différence de résolution n'est pas très visible mais par contre, les
micro-ralentissements, si. Je subissais donc à la fois des ralentissements et
les railleries de mes amis. C'en était trop, je m'achetai dans la semaine une
Monster 3D (3DFX vendue par Diamond) pour 1390frs. J'étais retourné au même
magasin (le Score Games de la rue des écoles) qui ne s'est pas fait prier pour
effectuer l'échange puisque la Voodoo était légèrement plus chère.

Mon
P233MMX + Voodoo 1 se transforma au fil des années en Celeron 400 + Voodoo2,
Duron 800 + Geforce 1 DDR, Athlon XP 2400+,....Mais l'étincelle n'était plus là.
Mettre les mains dans le cambouis apportait plus de problèmes qu'autre chose et
changer encore et toujours les pièces du PC faisait fondre mon portefeuille
petit à petit.... Bref, je ne pouvais plus suivre et par conséquent, de moins
en moins de jeux m'étaient accessibles. Cela ne m'empêcha pas de jouer à
quelques perles comme Half Life 1 et Counter-Strike, Grim Fandango, Starcraft
ou plus récemment Sam & Max Season 1. Et depuis quelques années, grâce à
STEAM et les tarifications agressives des jeux qui bénéficient de promotions
régulièrement, je me remets un peu au jeu sur PC.

 

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