Darksiders, c'est un peu ma licence maudite. Non pas que je ne l'apprécie pas, bien au contraire, mais il m'est arrivé de nombreux soucis avec cette saga naissante qui n'ont fait que retarder le plaisir d'y jouer.

En effet, alors que je jouais au premier quasiment à l'acquisition de ma console, soit il y a deux ans, ma sauvegarde fut corrompue au bout de sept heures de jeu. Rage, colère, dégoût, à la manière de l'ami Guerre, Cavalier de l'Apocalypse que l'on incarne durant cette première aventure. J'ai donc abandonné l'expérience, persuadé que je me relancerai un jour.

Et cet été, je l'ai terminé. J'ai apprécié, j'ai même beaucoup aimé et n'ai donc pas tellement attendu pour me procurer la suite du titre de Vigil Games à vil prix sur un site d'import anglais que je ne nommerai pas mais que tout le monde connaît. Ainsi débutait l'aventure Darksiders II.

Et là, c'est le drame. Il faut que je vous explique une chose. Dans l'appartement loué que j'occupe, nous disposons d'un écran cathodique. Sympa pour regarder iTélé, beacoup moins pour jouer en HD et se tuer les yeux sur des sous-titres illisibles. J'attendrai donc les vacances de Noël pour tâter de nouveau du bestiau. C'est ce que j'ai fait et je ne le regrette franchement pas.




De nature, je considère qu'une suite n'a pas forcément à suivre pas à pas la recette du succès de son prédécesseur. S'il améliore la formule, tant mieux pour nous, s'il la modifie, cela donne un nouvel aspect à la saga qui n'est pas forcément désagréable. Dans le cas de Darksiders II, on se situe un peu entre les deux, pour le meilleur, je vous rassure.

Tout d'abord, la sensation de liberté est beaucoup plus forte. C'est simple, on quitte un peu les grandes quatre voies du premier pour évoluer dans de grands décors qui forment un monde plus vaste, laissant libre place à une plus grande exploration, à une plus grande contemplation. Cette nouvelle approche change aussi quelque peu la nature de l'aventure vécue. Ici, une composante jeu de rôle est beaucoup plus importante est intégrée.

L'ami Mort que vous incarnez ne compte pas que sur sa force brute pour poursuivre sa quête à l'instar de son frère Guerre. Non, le plus craint des Cavaliers, est beaucoup plus frêle, plus vif, pas moins puissant pour autant et préfère rénover sa garde-robe et son équipement pour de meilleures prestations en combat. Vous ramasserez donc de très nombreux objets au cours de votre voyage, pillés sur les ennemis ou tout simplement achetés aux différents marchands du jeu, chose qui enrichit significativement l'expérience, qui justifie presque une nouvelle partie, c'est dire si la nouveauté est décisive.

Mais Darksiders II demeure néanmoins un digne héritier. Au-delà du gameplay enrichi, la direction artistique perdure pour notre plus grand plaisir. Mort a, on peut le dire, la grande classe, tout comme le monde qui l'entoure, surtout quand on évoque les vertes et grisantes plaines des Forge Lands qui rappellent vaguement un certain pays d'Hyrule, ce qui n'est évidemment pas pour me déplaire. Néanmoins, on sera moins convaincu par les espaces plus morbides, beaucoup plus classiques dans leur style ainsi que dans leurs couleurs et qui ne font pas trop exception à la mode du post-apocalyptique qui a tout de même le défaut de conférer l'impression de toujours vivre la même aventure.





Cela n'empêche cependant pas le character design d'être extrêmement travaillé, la galerie de personnages se révélant riche et homogène dans leur qualité. Bref, une véritable petite histoire vous attend avec ses acteurs, ses événements, sa mythologie, chose qui intrigue le joueur.

Pourtant, on ne pourra s'empêcher de pester contre la narration bien trop avare en détails, en cinématiques et en explications. Car si on sait que l'univers de Darksiders est particulièrement profond (Sirtank m'a tout expliqué), force est de constater que ce deuxième épisode préfère l'énigme à la révélation pure. Au final, on conclut une épopée où les progrès ne sont pas si fréquents et pas tellement récompensés, ce qui peut sembler décourageant d'autant que l'impression de passer pour l'homme à tout faire est particulièrement présente. Dommage surtout quand on connaît le potentiel scénaristique de la licence.

Darksiders II est tout de même, il faut l'avouer, particulièrement dynamique. Si l'histoire récompense peu, le gameplay qui alterne entre exploration et nombreux combats est là pour vous réserver quelques quêtes (bien qu'un peu bateau) pour couper la pression du scénario. Les profits sont nombreux, comme je vous l'ai expliqué plus tôt et c'est toujours un régal de se relancer dans une bonne baston où Mort profite de la puissance de sa faux pour trancher à vif vilaines créatures attaquées par la Corruption. Et si ces combats se révèlent plus complexes, plus riches, plus maniables, plus intéressants au final, il demeure néanmoins une petite rigidité, sûrement due au moteur du jeu, qui empêche de profiter de la réactivité immédiate d'un véritable beat'em all. Rien de bien méchant mais à noter tout de même.




Mais bon, après quelques jours de recul, je me rends compte que ce Darksiders II reste une sacrée pioche. Excellent jeu d'aventure plus que teinté d'action, enrichi compte tenu de ses origines, jouissif, profond, intéressant, le titre de Vigil Games démontre tout le talent de ces développeurs capables de concevoir de grands univers tout en n'oubliant pas la rigueur d'un gameplay, chose plutôt rare pour ce genre tout aussi rare de jeux.

On reprochera sûrement l'impression d'être baladé à tout va, pour un caprice ou pour une nécessité artificielle mais franchement, si vous aimez cette formule, n'hésitez vraiment pas, je pense que l'on fait difficilement mieux en la matière ces dernières années et ce n'est pas un timide et maladroit Skyward Sword qui me dira le contraire.