Il y'a quelques jours, je revoyais le second film Batman réalisé par Tim Burton, sorti en salles obscures lorsque j'étais encore gamin, durant l'été 1992. Mis à part la joie extrême  d'avoir enfin réussi à mettre le grappin sur la version Bluray (et donc haute définition) d'un de ces films qui a certainement marqué mon enfance, c'est décidément toujours un pied d'enfer de retrouver cette vision gothique et punk de Gotham City, ainsi que ses nouveaux personnages hauts en couleur ! Mais outre un Bruce Wayne  (Michaël Keaton) plus sombre que jamais, ne semblant vivre que dans l'attente d'un "Bat-Signal", ou un magistral Pingouin (interprété par Danny De Vito) partagé entre pathétique et cruauté, c'est à la sulfureuse et torturée Catwoman que je souhaite dédier cet article !

 

     Au quotidien, et le temps des premières séquences du film, la talentueuse et ici bipolaire Michelle Pfeiffer incarne Sélina Kyle, une timide secrétaire de direction fraîchement débarquée à Gotham. Mettant sa morne vie entre parenthèse afin de satisfaire à son poste, mais surtout son patron, le mégalomane homme d'affaires Max Shreck (alias le charismatique Christopher Walken). La vie terne d'une citadine célibataire noyée dans la population lambda de Gotham en somme. Elle même consciente du manque de charisme de sa petite personne, elle ne verra même pas sa vie bouleversée par sa rencontre avec LE Batman, lors de son agression par un malfaiteur du Gang du Cirque du Triangle Rouge...

Et sa vie bascule soudainement le soir où se montrant trop curieuse dans son travail, elle est finalement assassinée par son patron. Survivant miraculeusement à sa défenestration, la triste secrétaire n'en ressort pas moins amnésique et psychologiquement détruite. La scène de son retour à son domicile, comme au quotidien, mais en lambeaux quelques minutes seulement après son accident, est d'une pitié palpable (bien aidée en cela par cette mélancolique mélodie de Danny Elfman qui sait éveiller chez le spectateur une émotion poignante, il faut avouer !). Réduisant sa vie minable en pièces, par le biais à l'image de ses peluches favorites qu'elle passe au sanibroyeur de son évier, de ces miroirs de penderie coquets qu'elle brise rageusement de ses mains, avant de tagguer salement en noir  le reste des murs de son appartement ... Il lui apparaît clair que sa vie ne sera plus jamais la même.

     Marquée à jamais par l'image de cette marée de chats errant autour d'elle après sa chute mortelle, elle renaît cette nuit là, embrassant une personnalité féline et sensuelle... Dans sa frénésie, elle se confectionne elle même cette nuit là une combinaison moulante indescriptiblement sexy et provocante, à partir d'une simple tenue de soirée qui devait pas mal dépareiller avec le reste de sa sage garde robe...

Cette tenue, mon dieu ! Plus qu'un fantasme masculin, c'est une vraie réussite esthétique qui sépare complètement la Catwoman de Burton des représentations plus classiques que nous en ont généralement donné les bandes dessinées "comics", séries TV, ou plus récemment les jeux vidéo. Traditionnellement, Catwoman ressemble plutôt à une cambrioleuse en tenue moulante, revêtant généralement des lunettes aviateur et une cagoule aux oreilles de chat afin de masquer son identité. Une allure généralement plus urbaine et crédible pour un environnement contemporain au nôtre.

Une représentation plus traditionnelle de Catwoman

Dans ce film, c'est une représentation bien plus "trash", grâce notamment à cette combinaison noire hyper-cintrée d'origine faussement « maison », émaillée d'éclairs de fil blancs irréguliers assurant cet aspect complètement imparfait du "cousu main par une psychotique". Même les griffes tranchantes de ce costume de chatte sauvage ont un rôle important et une histoire : apparemment réalisés à partir de matériel de coutûre  de récupération, elles n'en restent pas moins très dangereuses pour un Batman trop affriolé par la belle  épicée.

Et pour parachever ce tableau mortellement aguicheur, notre Michelle Pfeiffer astreinte à une taille de guêpe (superbement mise en valeur dans ce corps de latex), se voit montée sur talons hauts et rendue méconnaissable sous une couche de fard pâlot. Celui-ci ne laisse deviner que ses yeux bleus brillants et ses lèvres sensuelles... Du coup, on la croit sur parole quand elle affirme se sentir « d'humeur Miaou-Miaou !! »

Comble du détail dans ce paysage baroque et décadent souvent dérangeant : cet extraordinaire costume qui semble tomber en friches scène après scène, renforçant encore si besoin était le côté trash de cette Catwoman, qui à l'image de sa place dans le scénario, ressemble de plus en plus à une poupée malmenée au fur et à mesure qu'elle perd ses neuf vies de chats, comme elle aime d'ailleurs à le proclamer furieusement à la face de ses ennemis sur la fin du film !

 

"Cat', tes coutûres commencent à craquer là..."

     Quant à la répartie et au charisme de la femme qui enfile le costume, là encore il n'y a plus rien de la timide Sélina Kyle. Miss Félina aime à jouer avec les sens de tous ces idiots de mâles, et ne s'en laisse absolument pas compter par leur statut de héros / plus grand salaud de la ville. Elle est tout en dialogues à forte connotation sexuelle, et jamais avare de son fouet, sachant se montrer douce ou amère selon la proximité de son adversaire.

     Cette vision de la femme chat n'a rien à voir avec la trop lisse interprétation récente par Halle Berry, qui malgré sa plastique inattaquable, commençait déjà bien mal avec "son caleçon  sale à en tenir debout",  sur la tête en guise d'oreilles de chat ! Nan mais sérieusement, qu'est ce que c'était que ce masque de fennec calciné ridicule ? Pour moi déjà, ce détail tuait toute crédibilité du personnage, et scellait presque mon appréciation du film. Il ne suffisait pas de faire des gros plans avantageux sur sa croupe, ou de lui faire interpréter une danse osée lors de son attaque d'une discothèque mafieuse ( oui, oui, c'est bien le déroulement de la stratégie d'assaut de cette Catwoman !) pour en faire une héroïne viscéralement sexy.Bref, je préfère ne pas trop m'attarder sur cette vision pus adolescente passée au shaker MTV-style...

Car "Olé Berry" ne joue ici définitivement pas dans la même cour que notre déviante femme-chat des années 90, dont le fouet qu'elle manie avec brio (et qui devait à l'origine symboliser la queue de chat de son costume lorsqu'elle le portait sur elle !), achève de la rendre fatale !! Une conquête hardcore, à l'image de la Gotham City responsable de la naissance de ces personnages, que ni Batman, ni son pendant  diurne Bruce Wayne ne pourront oublier par la suite !

     Et puis bon, c'est quand même définitivement trop la classe d'avoir des talons hauts ultra rigides, qui se plient quand on enchaîne une impressionnante série de souplesses arrières ;-) !!

« Je suis Catwoman, écoutez moi rugir !!! 

Par RUDIO.