La Compagnie Noire (The Black Company dans la langue d'origine) est le premier tome d'une série de dix livres regroupés en trois grandes périodes écrits par Glen Cook: les Livres du Nord, les Livres du Sud et les Livres de la Pierre Scintillante. Si vous comptez les lire tranquillement chez vous prenez les grands formats aux éditions L'Atalante et illustrés de fort belle manière par Didier Graffet. Dans le cas contraire direction édition de poche.

La Compagnie Noire chargeant ses ennemis, par Didier Graffet

La Compagnie Noire c'est le point de vue d'un homme : Toubib. Médecin, historien et surtout annaliste de la Compagnie, il n'en est pas le chef, non mais transcris les victoires et les échecs de sa troupe, les nouveaux arrivants et ceux qui meurent. La Compagnie est ainsi, elle récupère qui veut se faire une nouvelle vie. On y rentre, on y vit et on y meurt. On meurt en soldat, en frère mais les annales sont là pour se souvenir. Cette troupe vieille de plusieurs siècles est notable à plus d'un titre ; son professionnalisme militaire, sa ruse et ses sorciers. Oui la Compagnie Noire évolue dans un monde de magie, seulement ne vous attendez pas à croiser des nains et des elfes au détour d'un chemin il n'y a ici que des hommes et d'autres choses...

Ce que nous raconte ce premier volume c'est le nouveau contrat que passe la Compagnie avec ce qui représente aux yeux d'une partie du monde une force du mal qui est la sorcière dénommée la Dame. Une sorcière qui a eu son heure de gloire au coté de son mari il y a plus de trois siècles jusqu'au moment de sa chute à cause de la Rose Blanche, le champion qui l'a vaincue mais pas tuée. Enfermée durant cette période, la Dame a été libérée à cause d'un mage trop curieux. La Dame a alors commencé à étendre un nouvel empire mais pas sans opposition. La Dame est en pleine campagne militaire contre les rebelles qui sont sous les ordres du Cercle : dix-huit mages qui s'opposent à elle. Pourtant la Dame n'est pas seule, aidée en cela par ses dix Asservis, de puissants sorciers assujettis à sa cause du temps de la Domination, l'empire de son mari. Malgré cela les armées de la Dame perdent du terrain, elle a besoin de plus de troupes et des troupes sures. C'est ainsi qu'elle jette son dévolu sur la Compagnie Noire connue pour ne jamais rompre un contrat. Toubib nous raconte alors cette guerre au service du mal. Il nous raconte surtout les événements notables mais nous parle aussi des moments de calme où la Compagnie ne fait rien à part attendre les ordres et jouer aux cartes. Ces moments où Toubib se demande bien s'ils sont du bon coté, comment est la Dame, quel est l'avenir de la Compagnie Noire. La vérité c'est que tout n'est pas simple, les rebelles semblent se battre pour la liberté, le bon droit, l'égalité mais en même temps le Cercle comme les Asservis sont capables des pires atrocités et la Compagnie Noire n'est pas des plus reluisante. Tout est gris rien n'est tout à fait blanc ou tout à fait noir. Tout est une question de point de vue, on se prend d'affection pour les frères de Toubib mais nous les voyons par ses yeux. Pas sur que les rebelles torturés par Qu'un-oeil, Gobelin, Silence et Tam-tam, les sorciers de la troupe, soient du même avis.

Ne vous attendez pas à des intrigues politiques très élaborées comme dans le Trône de Fer puisque Toubib ne se trouve pas dans les hautes sphères du pouvoir mais la Compagnie Noire connaît son lot de trahison et de coups de couteaux dans le dos. La narration est fluide sans grandes descriptions, Toubib est un narrateur assez terre à terre mais qui oublie bien souvent de tout nous expliquer. On s'en rend surtout compte dans le premier chapitre où on est littéralement bombarder sans information dans ce nouvel univers. Sans aucun point d'appui si ce n'est les petites informations que distille Toubib à travers le récit, ce qui a le don de nous perdre ou nous garder une part de mystère selon le point de vue. Loin du cliché classique de la fantasy à la Donjon et Dragons avec un élu adolescent et sa troupe de compagnons au cœur pur, la Compagnie Noire nous offre un récit un peu désabusé sur les hommes, leur motivation et leur but avec des personnages gris, durs et au caractère plus ou moins trempés. La dernière compagnie franche du Khatovar vous salue.