Promotion: 0,99$CA par plat surgelé. Pas l'idéal sur le plan nutritif mais parfait pour mon budget.

Plus que quelques jours avant le ras de marée qui éclipsera définitivement toute autre sujet d'Internet. Avant donc d'être irrémédiablement has-been, je vais profiter de cette entrée hebdomadaire dans mon journal pour vous parler un peu moins de mon insupportable enthousiasme quotidien. Aujourd'hui, je vais aborder l'ombre au tableau ; l'argent. Je ne me lancerais pas dans une diatribe sur le système capitalisme ou dans un discours enfumé de Marie-Jeanne sur mon désir intérieur de pouvoir être citoyen du monde sans contrainte. Je vais plutôt vous donner dans les faits ce que j'ai du débourser moi-même pour arriver ici. J'en profiterais ensuite pour vous parler du coût de la vie à Québec.

Les coûts d'avant départ: 1347€ environ.

Petit rappel des faits : étant étudiant à l'université Paris 7 Diderot durant les trois années de ma licence, j'ai décidé pour ma première année de Maîtrise de poser ma candidature à un échange entre mon université et une université étrangère. En l'occurrence comme je partais pour le Canada, le programme qui régit ces départs s'appelle le CREPUQ (l'équivalent d'ERASMUS pour l'Europe). J'ai fait ce choix déjà par facilité. Il est plus aisé de rentré par la voix d'un échange qu'en demandant une inscription directe, surtout quand on parle d'université comme Ulaval ou UdeM. L'autre raison de ce choix, c'est que financièrement cela épargne de payer les droits d'Ulaval. En effet lors d'un échange on paye les droits universitaires de sa propre université tout en allant prendre les cours dans un autre établissement.

Les coûts des universités françaises sont assez peu élevé au regard de ce qui se pratique du côté du système anglo-saxon. Depuis que je suis entré à l'université, j'ai payé entre 250 et 450 euros par année d'étude, assurance maladie comprise. Cette année n'a donc pas beaucoup changé la donne ; une première année de maîtrise c'est environ 470 euros à Paris 7, contre 2500 dollars canadiens ici à Ulaval. Pour ceux qui sont un peu au courant des coûts de scolarité en école en France ou dans n'importe quelle université anglaise ou américaine, 2500 dollars canadiens semblent encore une fois relativement peu élevés. Cependant, ce tarif ne s'applique qu'aux Canadiens et aux Français. Pourquoi ? Parce que la France a une relation privilégier avec le Québec et qu'en tant que citoyen français, on a le droit à la prise en charge de près de 10000 dollars canadiens de la part du gouvernement Québecois. En somme, pour un étudiant étranger qui n'est pas Français, l'inscription peut monter jusqu'à 12500 dollars sans prendre en compte les coûts de l'assurance maladie obligatoire qui elle vaut environ 1000 dollars, si ma mémoire est bonne.

Pour ma part, en partant avec le système d'échange inter-universitaire, je n'ai à débourser ''que'' 470€ ; une somme qui compte les frais de dossier LMDE pour être protéger par la sécurité sociale. Pas de coût d'assurance maladie supplémentaire ne m'a été demandé pour la simple raison qu'il existe un autre accord entre la France et le Québec qui exempte les Français de l'obligation de payer. Après si vous n'avez pas de mutuelle, c'est encore une autre histoire.

 

Ce n'est pas le tout d'avoir été accepté par l'université, il y a un moment où il va bien falloir s'occuper du départ. Clairement, en terme de dépenses, c'est le moment qui m'a le plus coûté. Pour commencer, quitter le territoire français pour un pays hors de l'espace Schengen, cela nécessite un passeport que pour ma part je n'avais pas. En effet, si j'ai vu quelques pays de notre belle Europe et si j'ai voyager à la Réunion assez régulièrement durant mon enfance pour aller y voir ma famille, je n'ai jamais eu la nécessité d'un tel papier. Aujourd'hui en France, le passeport biométrique coûte 86 euros en timbres fiscaux.

Une fois le passeport obtenu, il faut candidater au Certificat d'Acceptation du Québec, le fameux CAQ qui m'a fait connaître la plus grande dose de stresse continu que je n'avais connu jusqu'alors. Ce document est une autorisation à être sur le territoire québécois ; il est nécessaire lorsque la présence sur le territoire dépasse les six mois. Il certifie que pour la durée de sa présence sur le territoire, la personne a de quoi vivre. Chaque année, un montant du coût minimum d'une année de vie à Québec est décidé et il faut financièrement être capable de prendre ça en charge. Pour 2013, le chiffre approchait des 12000 dollars canadien, soit 1000 dollars par mois. C'est très largement surestimé mais il faut s'y plier. Les preuves de sa santé financière vont des fiches de payes aux relevés bancaires en passant par les notifications de bourses. Pour ma part, c'est mes parents qui ont fourni l'entièreté des preuves ; c'est grâce à leurs deux salaires que je suis ici. Si le vrai souci reste donc vraiment de prouver que l'on peut fournir une telle somme (même si elle n'est jamais demandée) je voulais surtout parler de ce papier parce que ses frais de dossier sont de 107 dollars canadiens (environ 77 euros) et qu'ils ne sont pas remboursés à ma connaissance.

Pas plus que le dernier papier à se mettre dans la poche avant de partir, le Permis d'Étude. Celui-ci m'a coûté 120 dollars canadiens (environ 87 euros) plus des frais de dossier pour un total de 113 euros.

Toute cette paperasse était nécessaire, mais pas suffisante. N'étant ni un nageur de prodige, ni l'enfant caché de Superman, j'ai du me procurer un billet d'avion pour me rendre à Québec. Je me suis procuré le billet un mois et demi à l'avance, chez Air Transat et j'ai voyagé en classe économique. N'ayant pas d'idée de la date de mon retour, j'ai pris un allé simple qui m'a coûté 512 euros avec une assurance pour la perte éventuelle des bagages ou une annulation pour cause grave.

J'ajouterais à ces frais de départ l'achat d'une valise à 89 euros. Le total est donc de 877 euros pour tout ce qui concerne le départ.

Avant même d'arriver sur le territoire québécois, la note était de 1347 euros. La majeur partie a été absorbée par mes parents et le reste (environ 500 euros) a été couvert par mes maigres économies. J'imagine que pour beaucoup, ça ne paraît pas grand chose, mais ça l'est à mes yeux et à ceux de mes parents.

 

Le coût de la vie de tous les jours à Québec :

La vraie question qui m'a tenu au corps pendant les mois de préparation à ce départ a été : « Jusqu'à quel point serais-je un boulet financier pour mes parents ? ». Comme je le disais plus haut, lors de la demande de CAQ, j'ai découvert qu'aux yeux du gouvernement québécois, il faut 1000 dollars par mois pour vivre à Québec, ce qui, sans un salaire personnel, était un objectif un peu trop haut pour pouvoir être même envisagé. Qu'en est-il en réalité ?

Le logement dans lequel je suis est une chambre de résidence universitaire de 9m². Je partage les toilettes (cinq pour une quinzaine de chambres) les douches (deux pour une quinzaine de chambre) et les cuisines (une douzaine de feu pour mon étage et deux éviers pour tout le monde). La chambre est meublée et le lit plutôt confortable. Les rangements sont suffisamment nombreux et le bail inclus cela va de soi, l'eau et l'électricité, ainsi que le chauffage (encore heureux dans un pays qui passe à -30°C en hiver) et Internet. Je tiens à dire au passage que contrairement à ma plus grosse crainte quant à mon confort, si on ne fait pas n'importe quoi, le Wifi est fiable et relativement rapide. Pour certain stream en haute définition, ça a tendance à poser quelques soucis (mes amis de Twitch sauront de quoi je parle) mais dans l'ensemble pas vraiment de quoi se plaindre. Je m'y plais bien dans cette résidence. Par mois, le loyer s'élève à 312 dollars canadiens, donc 230 euros environ. À cette dépense mensuelle s'ajoute la location du frigo qui m'a coûté 127 dollars pour l'année et l'achat d'un four à micro-ondes pour 40 dollars. En moyenne, les étudiants que je fréquente n'ont pas de loyer qui dépasse 400 dollars canadiens grâce à de la collocation. Pour le reste, je dirais que la vie n'est pas forcément plus ou moins cher qu'elle ne l'était à Paris. Comme souvent quand on compare de grands pays occidentaux assez proches, cela dépendra de ce que l'on regarde.

C'est toutefois le moment de rappeler une règle qui m'a parue étrange au premier abord, mais à laquelle je commence à m'habituer : au Québec, les prix annoncés sont toujours hors taxe et les taxes tournent autour de 15% du prix. Il faut donc prendre un peu garde lorsque l'on rempli son chariot de course au risque de se retrouver avec de mauvaises surprises à la caisse.

Cette précision apportée, je dirais que, de ce que j'ai entrevu et acheté jusqu'à présent, ce qui concerne l'électroménager ou l'électronique est sensiblement moins cher à Québec, notamment pour une simple question de taux de change. Se nourrir en revanche demande des compromis. Le Canada étant l'Amérique du Nord, on peut difficilement passer à côté de l'achat essentiellement de produits empaqueté en conserves, en surgelés ou sous plastique. Le pain que je mange au quotidien est du pain à american-sandwich. Mon régime alimentaire, loin d'être maigre (je ne me laisse pas mourir de faim) est tout de même amputé la plupart du temps, des légumes élémentaires comme les tomates, les poireaux (oui j'aime les poireaux) la salade ou les patates (oui les patates sont des tubercules pas des légumes WHATEVER NERD!). Cependant, je ne me plains pas plus que cela pour deux raisons.

Premièrement, la situation est très tenable financièrement parlant. J'avais vraiment peur de ce qu'allait me coûter ma nourriture au quotidien mais en étant malin et en regardant les promos, on peut très bien s'en sortir. Chose notable pour laquelle je n'ai aucune explication, la viande me semble moins chère ici. Un filet de dinde, de poulet ou de porc, voir même un steak de temps à autre, c'est tout à fait possible sans taper dans sa tirelire plus que cela. La contrepartie, c'est que certains produits ont un goût particulier. Une boîte de haricots au lard ? Ça doit être salé ça non ? Ah non c'est sucré...pourquoi ça ?

Deuxièmement, on peut finalement manger assez varié. Mon appréhension principale était de finir par manger des pâtes tous les jours ; n'étant pas formidablement amoureux des pastas, j'aurais peut-être sauté des repas. Au final, si on ne s'acharne pas à manger ce dont on a envie sur le moment, mais ce qui est disponible en promotion (les promotions sont très régulières) on peut bien manger en Amérique du Nord. True Story.

Dernier point, les fringues. Je ne sais pas si c'est la période de mon arrivée qui est tombée juste, mais la plupart des magasins que j'ai pu traverser proposaient des rabais. Il y a fort à parier que les produits non soldés sont un peu plus chers que ce que j'ai observé jusqu'ici, mais comme pour tout le reste, le taux de change me reste globalement favorable, même en incluant les taxes.

Je vais en finir avec cette interminable (le pouvoir de l'oxymore) énumération avec une remarque générale : c'est triste à dire, mais contrairement à ce qu'aimerait nous faire croire l'université, un échange, bien que moins coûteux qu'un départ direct, reste ségrégationniste pour ce qui concerne le Canada en tout cas. J'ai la chance d'avoir le soutien financier de mes parents et de leur deux salaires (un par personne, qu'on s'entende) et une aide supplémentaire du CRIF qui m'accordera prochainement 450€ par mois. C'est plus qu'il n'en faut pour vivre mon rêve au moins cette année, mais je ne tromperais personne quant à ce qui a déjà été investi avant même que les dépenses sur place ne commencent. Sans dire qu'il faut être riche pour tenter l'aventure, ça n'est pas à la portée de toutes les bourses et pour prolonger ce rêve éveillé, il va falloir que je mette vraiment la main à la poche en travaillant en parallèle de mes études. Si vous comptez franchir le pas dans le cadre de vos études, ne faîtes pas comme moi, trouvez vous un travail d'été ou un mi-temps gérable en même temps que votre cursus. Privilégiez tout de même, au moins pour le premier départ, l'échange entre universités plutôt que le départ direct ; cela vous évitera des frais de scolarité plutôt élevés et quoi qu'il arrive, demandez une bourse. On ne perd rien à le faire et on a tout à y gagner. Quant à la vie sur place, elle peut-être douce même en low-cost. Encore faut-il pouvoir envoyer l'argent dès le début. Ah et, ça tient de l'évidence, mais je le rappelle à toutes fins utiles, tout ceci tient compte de mon expérience et de ma perspective des choses...il n'est pas dit que certains avec les mêmes dépenses ne voient pas des obstacles énormes ou à l'inverse aucun souci particulier.

Comme ce qui sera désormais une habitude et pour parler de sujet plus léger, je vais vous proposer quelques petites photos, redimensionnées malheureusement pour être téléchargeables sur GB. Cette semaine, deux séries de clichés : la première prenant place aux Chutes de Montmorency et la seconde sur l'Île d'Orléans où j'ai fait de la cueillette de pommes. En extra, je vous mets également la tarte cuisinée hier.

   

   

      

      

Les photos présentées sont les miennes. Si vous voulez les utiliser pour x ou y raison, veuillez me le demander avant.