J'ai joué sur Xbox360 avec le jeu installé sur le disque dur 20Go: les commentaires sur la partie technique sont donc relatifs à cette plateforme. Les screenshots viennent de JV.com.

J'en ai fait des premières impressions élogieuses quant aux sensations de jeu et après une quinzaine d'heures de jeu, je l'avais même déjà mis ex-aequo avec The Walking Dead dans mon Top 5 de l'année. Je l'ai enfin fini cette semaine, ce qui va me permettre après BlackLabel et Nemesis de donner mon propre verdict sur ce troisième épisode de la licence Far Cry. Pour ne rien vous cacher, je suis plutôt satisfait !

Far Cry 3 est déjà un FPS qui nous fait jouer quelqu'un. Ça a l'air idiot à préciser, mais quand on a joué à quelques titres qui emprunte cette vue à la première personne (même pas forcément pour du shooting) on se retrouve régulièrement dans les chaussures d'un être sans voix, sans personnalité et sans charisme. Ici à l'instar d'un Deus Ex : Human Revolution, Ubisoft Montréal a pris le partie de nous donner un vrai personnage avec une vie passée et des objectifs présents et personnels. Jason Brody, sa petite-amie, ses deux frangins et trois autres potes de son université ont décidé de se payer un voyage dans l'archipel paradisiaque de Rook Islands. Ce groupement d'îles situées probablement dans la mer des Salomons ou dans l'Ouest du Pacifique va être pour nos jeunes américains le début d'un long cauchemar puisqu'après quelques jours de franche marades avec sauts en parachutes et poursuite en jet ski, ils vont se faire capturer par des pirates dirigés par un malade mentale.

Ça donne envie de prendre un billet pour Rook Islands!

Far Cry 3 base sont histoires sur deux influences. La première c'est le slasher movie, tendance adolescente ou jeune adulte où l'on suit les péripéties d'un groupe impair avec plus de garçons que de filles qui va tenter de survivre à un tueur imprévisible et increvable. La seconde plus sérieuse est celle du film de guerre où l'on suit un jeune se transformer en machine de guerre ''pour la bonne cause''. Si le premier aspect me plaisait beaucoup au début car il permettait de rester léger sur ce que l'on pouvait bien faire du jeu, le second aspect en revanche est un peu plus délicat à évaluer. Alors qu'on trouvera sans doute louable d'avoir envie de mettre le personnage face à ses crimes, le jeu peine très souvent à nous faire vraiment regretter le fun qu'il procure, faisant souvent plus office de rabat-joie que de véritable moralisateur bien pensé.

Si je m'attarde aussi longtemps en début de test sur le scénario, c'est parce qu'on sent clairement que les développeurs ont voulu y réfléchir. Le jeu veut nous proposer l'histoire d'un jeune homme qui se magnifie dans la violence mais qui regrette ses actes quand il en est réduit à des extrêmes. Si le délire fonctionne pas trop mal au début, il s'essouffle rapidement et repose quand même sur une certaine idiotie de Jason qui court toujours à sa perte. Surtout, le jeu distille son scénario via des personnages toujours abusivement designé tant en terme visuel qu'en terme de personnalité. Entre le violeur homosexuel, l'américano-allemand qui parle n'importe comment, l'amazone frappadingue de violence qui a abusé des champignons et son frangin qui cabotine un peu sans raison, on en arrive régulièrement à se demander comment de tels guignols peuvent avoir autant d'hommes de main à leur disposition.

On n'est pas sur une île, on est au Pays des Merveilles...par contre c'est la version Tim Burton qui fait tout pour être folle mais qu'en fait non.

Si on peut avoir des doutes sur la finalité de l'histoire et de son déroulement, on pourra admettre une chose en revanche, le jeu est ludiquement un vrai canon. La réalisation technique est d'enfer. Si la version console ne jouira pas d'une profondeur de champ très nette et souffrira d'un peu de clipping, pour le reste, il faut vraiment faire la fine bouche pour ne pas apprécier les splendides effets de lumière, la richesse de décors et le soin apporté au fameux body-awarness. Surtout et c'est là que sera toute la force de ce Far Cry 3, le jeu est très riche en terme de possibilités d'action et de situations mais reste constamment lisible ce qui en fait sa plus grande force.

Le jeu est vraiment beau malgré un flou un peu lourd sur les îles lointaines sur console. Et surtout, ce qui fait très plaisir sur cette génération de consoles, c'est un jeu qui n'hésite pas à avoir des couleurs.

Loin de se contenter d'être un FPS bas de gamme qui ne propose que du tir au pigeon, Far Cry 3 mélange un ensemble de système et une IA bien foutue car pas conne mais manipulable de manière à nous proposer d'aborder toute les situations à notre guise. Le jeu conserve l'utilisation du feu dynamique du précédent opus ; celui ci peut se répandre et bouger en fonction du vent de manière à bloquer les ennemis. Il y ajoute, toujours sorti de l'opus précédent, des notions de furtivité avec la possibilité de distraire les ennemis en jetant des cailloux, d'utiliser un paquet d'armes silencieuses ou encore de réaliser des meurtres au couteau puis de trainer le corps hors de vue des autres assaillants. Par dessus tout cela qui est plus ou moins maîtrisé par le joueur, il y ajoute une faune active et agressive qui amènera de temps à autre ce qu'il faut de piment et d'imprévu pour que tout les plans ne se déroulent pas sans accro. Avec ces trois piliers feu/furtivité/faune, Far Cry 3 permet de créer des situations complètement épiques et ne reposant que sur le gameplay. Cependant ces situations sont toujours (ou presque) liées à des missions annexes de prise de bâtiments puisque les missions principales elles sont souvent beaucoup plus encadrées et scriptées.

C'est pourquoi au lieu de faire la quête principale qui consiste à sauver ses amis de la torture, du viol, d'une mort douloureuse ou d'une simple revente à un esclavagiste, quête qui peut se réaliser en une dizaine d'heures, on préférera souvent se concentrer sur la prise en charge des différents camps ennemis, les contrats de chasses et d'assassinats au couteau. Ce sera également l'occasion de faire évoluer son personnage en terme de skill et d'équipement.

Les prises de campements sont juste géniales. Le level design est parfait à chaque fois (ce qui est quand même un exploit) et on peut vraiment varier les techniques pour s'éclater à chaque fois. Ça en eclipse l'intrigue principale beaucoup plus linéaire en terme d'approches.

J'ai lu à droite et à gauche que certains trouvaient le jeu trop généreux avec le joueur, lui permettant à son maximum de porter quatre armes de son choix sur lui, en plus d'une dizaine de grenades et cocktails molotov et encore de mines et de pain de C4. Je pense honnêtement que si on le désire le jeu peut être abusé et permettre d'être très bien équipé très vite, ceci dit je ne l'ai pas joué comme ça. En fait Far Cry 3 propose d'améliorer ses compétences en gagnant de l'XP. On pourra ainsi apprendre à faire un meurtre instantané au couteau, se soigner plus vite, augmenter son nombre de barres de vie etc. L'équipement en revanche sépare la contenance d'équipement et de munitions, des armes qu'il faudra soit acheter (assez cher) soit débloquer en déconnectant des tours de brouillages qui parsème l'île. En somme si on ne veut pas payer ses armes, on peut se contenter de monter à chaque tour pour les rendent gratuites et il ne faudra payer que les accessoires qui se montent dessus.

Les système d'XP, d'équipements et d'armes sont exploitables à la manière d'un Skyrim mais peuvent aussi se laisser jouer tranquillement sans en abuser. À voir comment vous en jouez.

Pour ce qui est de la contenance de l'équipement, le jeu a choisi une manière qui me semble assez maligne. En fait chaque niveau de contenance est lié à un objet, comme par exemple le holster pour porter les armes ou le carquois pour les flêches. Pour avoir un meilleur holster, il faudra trouver des peaux d'animaux qui correspondent en commençant souvent par un animal peu dangereux (le cochon, le chien) et pour finir sur une bestiole plus retorse (le tigre, l'ours, le komodo) voire légendaire que l'on ne pourra tuer que dans les quêtes de chasse. On trouve deux peaux de cochons et on peut fabriquer un holster permettant de porter deux armes. Le fait est qu'encore une fois, si on le désire on peu chasser très rapidement à peu près toutes les proies nécessaires pour avoir les poches très larges d'un personnage de jeu vidéo classique. Cependant, je trouve que le jeu laisse vraiment la part belle à la nécessité. Si on a pas besoin de quelque chose, on ne l'améliorera pas avant que ça devienne nécessaire. En ce qui me concerne j'ai par exemple transporté deux mines pendant une quinzaine d'heure de jeu et quand j'ai finalement atteint la seconde île qui donne des ennemis plus retorse, j'ai fait le nécessaire en terme de chasse pour pouvoir en transporter plus. Bref, je ne me suis jamais senti tout puissant, mais simplement parce que je n'ai pas cherché à le faire (sans pour autant me restreindre qu'on se comprenne bien).

Pour ajouter une dernière chose à cette tonne de mécanique, le jeu propose aussi une bonne part d'exploration et de contemplation mine de rien. Cela aurait été en effet dommage de proposer un si bel environnement aussi ouvert sans donner l'occasion au joueur de prendre du plaisir à y crapahuter. On trouvera dans les décors des reliques, des lettres de soldats japonais écrasés en avion dans le coin ou encore des cartes SD contenant des informations sur des trafiques de drogues. En eux même, ces objets n'ont que peu d'intérêt même si on trouvera peut-être agréable les histoires de soldats. En revanche c'est toujours un plaisir de trouver une grotte, un temple ou de sauter dans un lac souterrain à l'aveugle pour y chercher quelque artefact. Ça n'atteint jamais la sensation d'exploration d'un Skyrim, mais ça donne tout de même un sentiment de liberté bien vu.

En terme de décors à explorer c'est vraiment la fête. Dommage qu'on ait pas plus de mini scénario ou on sent un vrai passé dans les lieux qu'on visite comme Skyrim savait si bien le suggérer.

Vous l'aurez compris, Far Cry 3 croule sous le nombre de choses à faire. On pourrait croire que cela devient presque gênant et qu'on finit par s'y perdre, mais le jeu à l'inverse d'un Assassin's Creed III par exemple est toujours clair et limpide sur ce que l'on peut faire et comment on peut le faire. Reprenant un système de marquage de Conviction (sans reprendre avec le Execute) pour localiser facilement ses cibles une fois repérées, donnant de vraies bonnes sensations de tirs et proposant des solutions en pagaille et juste ce qu'il faut d'imprévu de temps à autre pour causer des moments épiques seulement avec le gameplay, Far Cry 3 est un vrai bonheur sur le plan purement ludique et ce même si effectivement le joueur pourra en abusé et potentiellement se tuer le fun. En revanche, il pêche sans doute par excès au niveau de l'histoire. Ne sachant pas très bien s'il veut faire dans le nanardesque tendance slasher movie et freak show ou dans l'étude de l'homme normal face à sa propre violence, le scénario se perd souvent et accumule les idées saugrenues et les personnages sans intérêt. C'est dommage parce que certains moments sont prometteurs en terme de réflexion mais sont maladroitement exécutés. Pour cette raison, Far Cry 3 ne restera pas dans les annales du jeu vidéo comme un chef-d'oeuvre. En revanche je m'en souviendrais personnellement comme d'un jeu qui est parvenu à rendre lisible un tissu de mécaniques qui s'entremêlent tout en proposant du challenge et beaucoup de fun à l'usage. Clairement un de mes FPS préférés.