Parce que Kaminos m'avait demandé d'écrire un truc sur Ninja Gaiden 3 et que je ne l'avais pas fait, je compte me faire pardonner avec ce petit test d'un de ses coups de cœur de l'année qu'il a eu la gentillesse (comme à son habitude) de me prêter pour que j'en fasse moi-même l'expérience. Je ne serais sans doute pas aussi tendre que lui envers 999 sur Nintendo DS donc, mais il y a des choses à dire en bon comme en mauvais. Quoi qu'il en soit, ce ''jeu'' restera dans les bons côtés d'Internet, le bouche à oreille numérique faisant à merveille son office.

999, c'est l'acronyme de 9 Hours - 9 Persons - 9 Doors. Pour résumer grossièrement en évitant un maximum les spoilers, on nous propose de suivre une histoire en huit-clos, un style très connu des amateurs de cinéma et qui en l'occurrence rappel le pitch du premier Saw. Enfermés ensemble dans un lieu précis, neuf personnes qui n'ont a priori par grand chose en commun vont devoir trouver la sortie dans un immense bateau aménagé en labyrinthe. On incarne dans ce cadre Jumpei ou Jumpy, comme il est surnommé par les autres, un jeune homme qui ne comprend absolument pas ce qu'il fait là...il s'est vu affubler comme les huit autres un bracelet avec un chiffre, le 5, qui aura son importance dans le scénario. Un maître du jeu, qui se fait surnommer Zero, a prévu des règles précises pour pouvoir progresser vers la sortie. Les neuf participants devront mettre leurs efforts en commun pour résoudre de multiples salles piégées et débloquer les portes numérotées de 1 à 9, une par une.

Qui se cache derrière le masque de Zero?

Je ne savais pas dans quoi je me lançais avec 999 (puisque Kaminos ne m'en avait rien dit) et c'est d'ailleurs un peu dommage que je ne me sois pas renseigné ne serait-ce qu'un peu sur le titre de Aksys Games, cela m'aurait épargné pas mal d'agacement en début de partie. 999 est un visual novel avec quatre à cinq salles de point&clic très basique en fonction du cheminement que l'on aura pris pour l'histoire. Le jeu se déroule ainsi : on lit énormément de dialogue et de paragraphe narratif et de temps en temps, soit on choisit ce que l'on répond aux autres personnages soit on est poussé à la résolution d'énigmes, tantôt très idiotes, tantôt très bien vues. L'écran supérieur de la DS se charge à la fois de nous montrer les personnages dessinés et fixes pour que l'on sache qui parle à qui, et en même temps à nous exposer les lieux lors des conversations ou de la découverte de nouvelles salles. L'écran du bas quand à lui affiche la partie narrative pure (tout ce qui n'est pas un dialogue) et bien sûr servira dans la résolution des énigmes.

Pour ne rien cacher (et vous le savez déjà si vous avez lu mes récents statuts) 999 m'a passablement ennuyé sur le plan de la narration. D'ailleurs avant d'entrer dedans, je sépare bien l'histoire, son déroulement, ses personnages, de la façon dont elle est racontée. La narration de 999 passe je l'ai dit par beaucoup de lecture. Si la lecture en elle-même ne me pose pas de souci, bien que je ne sois pas un grand littéraire dans l'absolu (à part pour mes études de sociologie), j'ai été un peu surpris par un certain manque de lucidité dans ce qui doit être dit ou pas. Si vous avez vu mon vidéotest absolument magnifique, vous constaterez que la première partie du jeu, même en accéléré est excessivement longue. Le souci, ce n'est pas la quantité du texte, mais le fait que très souvent, l'auteur se sent obligé de nous dire des choses qui sont évidentes si on a un tant soit peu de logique. L'autre souci, c'est que le texte défile vraiment lentement. Si on a un rythme de lecture normal ou soutenu (je ne lis pas beaucoup mais je lis vite) on s'ennuie rapidement au point de faire du mashing buttons...ce qui est assez paradoxale pour un jeu quasiment dénué de gameplay.

Au niveau de l'animation de l'histoire, on ne s'est pas trop foulé chez Aksys Games. Ça n'empêche pas le jeu d'être assez plaisant esthétiquement. La bande sonore n'est pas trop mal non plus.

Pourtant on s'accroche et on arrive à la fin du jeu. Par quel miracle ? Ce n'est pas vraiment lié aux phases de puzzle qui sont comme je l'ai dit, parfois intelligemment faites et parfois complètement idiotes et simplement basées sur le fait de tout ramasser et de tenter des combinaisons débiles pour que cela fonctionne. Non, si on s'accroche, c'est pour savoir ce qui se passe sur ce bateau. De ce point de vue, l'intrigue est plutôt bien fichue, d'autant qu'elle joue sur un mode d'explication que j'ai rarement vu. Pour faire simple, quand on arrive à une des six fins du jeu, on a eu une somme d'informations sur les personnages que l'on aura côtoyé sur ce premier run. En recommençant l'histoire, on accède à une version où l'on peut abréger tout ce que l'on a déjà lu (ce qui est un gain de temps appréciable) mais surtout, on a la possibilité de changer ses choix et de savoir ce que les autres personnages auraient dit ou fait, si on avait fait ces choix initialement. De cette manière au fil des runs, on en sait plus sur chaque personnage et son implication dans l'intrigue principale. Dans le principe, c'est assez génial.

Malheureusement dans la réalisation, ça se gâte un peu. Pour commencer au moins trois des six fins n'apportent rien à l'histoire et ne font que la clôturer brutalement. Pour peu que l'on fasse le jeu sans guide, on aura l'impression de se faire balader si on enchaîne ces trois fins là d'affilé. De plus, on est forcé de refaire l'histoire complète pour arriver à voir ce que l'on a manqué. Certes on peut zapper rapidement beaucoup de texte, mais dès que l'on revient sur une section que l'on n'a pas encore lu, on revient au rythme lent de la narration et aux puzzles pas franchement folichons.

 

Globalement donc, 999 propose une histoire à tiroirs plutôt bien pensée et avec de nombreux rebondissements ; rares sont les jeux à encore surprendre le joueur par ses révélations après la troisième partie. Le thème général de la télépathie entre les humains (si si je vous jure) est bien mis en abîme par l'histoire fonctionnant par runs. Cependant l'écriture, dans le sens narratif pur, est un peu faible et on s'ennuie parfois ferme devant sa DS avec des discours à rallonge qui nous énoncent des lapalissades à ne plus savoir qu'en faire. Sur le plan ludique, même s'il est difficile de juger ce qui reste un visual novel, on ne peut qu'être un peu atterré par le manque d'inventivité des puzzles. Si vous êtes donc prêts à vous taper du texte à répétition pour voir le bout d'une bonne histoire, 999 peut vraiment faire office de bonne lecture avant de dormir (sans moquerie aucune) histoire de débloquer une fin par soir (à peu près) pendant une semaine. J'ai moi-même apprécié l'effort scénaristique et l'intrigue, même si je reste persuadé que l'on ne peut pas demander au joueur de refaire six fois une histoire pour en connaître le fin mot en l'obligeant à...ne pas jouer. Le même principe d'histoire à tiroir mais avec un gameplay à la Professeur Layton et des énigmes qui changeraient à chaque partie, ce serait parfait (oui je suis comme ça, je passe commande). A tenter donc, mais on ne rate certainement sa vie en n'y jouant pas...