Malgré ma sensibilité exacerbée de bisounours, candide, optimiste et gentil jusqu'à en faire pleurer les plus gros trolls d'entre nous, cinématographiquement, j'ai été élevé à coup de botte dans le cul par des héros hollywoodiens bad-ass, qu'une certaine forme de pseudo élitisme (que je désavoue aujourd'hui) m'a fait moquer il y a de cela quelques années. J'ai grandi dans les années 90 en regardant bien sûr du Disney, la série animée Batman et le combo maternelle Ghost/PrettyWoman (qui explique sans doute mon affect pour les romcoms) mais la vérité, c'est que j'ai aussi grandi en regardant Demolition Man, Commando, Rocky, L'expert, Une journée en enfer, Rambo, Cliffhanger, Judge Dredd, Time Cop, Bloodsport, Double Impact, Piège en haute mer, Rock, Les ailes de l'enfer, 58 minutes pour vivre, Le bon samaritain, L'arme fatale, Tango&Cash, Terminator...

Yippie-Kai-Yay, PAUVRE CON!!!

J'ai été nourri à la testostérone américaine, aux muscles qui triomphent, aux punch-lines surréalistes. Alors quand on m'a dit que Sylvester Stallone, l'un de mes héros de stéroïdes (et qui mine de rien à nettement moins de casseroles que ses confrères) rassemblait toutes les superstars du genre action/bourrin des années 80-90, je me suis dit que c'était l'occasion de goûter de nouveau à ce plaisir qui aujourd'hui n'existe plus, parce que les héros sont morts. Sans aller plus loin dans la vindicte contre le cinéma d'action moderne, je déteste globalement les nouveaux films d'action qui sont tout aussi décérébrés que ceux que j'avais dans mon enfance, mais qui sont aussi blindés de CGI que vides de vrais stars qu'on voudra voir dans le prochain. Pour The Expendables, on était au moins sûr d'une chose...le casting était là. Pourtant je n'ai pas vu le film. Pas le temps au moment de sa sortie, et pas l'envie par la suite. Par contre je suis allé voir le second.

Et là ! Là ! J'ai trouvé ça cool sur le moment et plus j'y pense...bah moins j'y penses. Pour la petite histoire, j'y suis allé avec Kaminos et Akiru, et sur le chemin du retour vers chez moi, ce squatteur de Akiru et moi-même n'avons fait que parler de...The Dark Knight Rises. En fait je pense que The Expendables 2 est un sketch. Je ne dis pas ça par moquerie, mais simplement que l'on dirait une parodie de ce qu'était les films d'action des années 80-90. Le casting ne contient que des bras. Le méchant s'appelle Vilain. Le méchant est très méchant. Les héros mitraillent sans discontinués et touchent des dizaines de sac-de-frappe sans que l'inverse ne se produise. Mais The Expendables 2 manquent de pleins de choses qu'on avait dans les dizaines de films dont j'ai cité quelques représentant au début.

Ça ne manque pas de muscles, je vous l'accorde!

Le problème c'est que The Expendables 2 manque cruellement authenticité. Il se veut comme il est, c'est-à-dire avec des répliques sorties de nul part qui au premier degré sont ridicules, un scénario prétexte et un méchant identifiable mais aux motivations débiles. Du coup il manque de charme, du côté suranné d'un Demolition Man par exemple qui cherchait à être un bon film d'action/scifi et qui au final fait dans le gros bras sans aucune des réflexions propres à ce genre cinématographique (celui de la scifi j'entends). Oui nos héros sont là et bastonnent mais les punch-line sonnent creuses parce qu'elles sont là...pour être là. Malheureusement, on a l'impression de regarder une réunion d'anciens de la fac. Tout le monde veut jouer le jeu et se rappeler le bon vieux temps et oui, ça fonctionne quelques fois avec l'arrivée de Chuck Norris, le combat final (le combat hein pas forcément les répliques). Rapidement pourtant, on sent qu'on fait ça surtout pour la façade et que malgré ce qu'on a vécu, on est plus trop fait pour faire ça.

Le bon vieux temps je vous dis...

J'ai adoré revoir Stallone dans Rocky Balboa et dans John Rambo, parce que c'était des fat come-back avec à la fois le souvenir et la nostalgie de ce qu'était le mec et ce sentiment qu'il peut encore le faire. The Expendables 2 à côté est plus un super sketch entre potes qui ne compte que sur la nostalgie et la moquerie de ce qui s'est fait avant et c'est dommage. J'ai beau bien rire devant la débilité de Tango&Cash, je n'oublie pas que j'ai adoré ça aussi parce que ça n'avait aucun sens et que c'était fait en pensant que ça en avait un. Oui je vous aime tous les mecs, avec vos gueules, vos voix, vos muscles et vos carrières que j'ai participé à payer de bon cœur en achetant des VHS et en allant au cinéma avec mon papa. Mais là vous rigolez en partie de votre propre travail et ça me fait un peu mal, parce que j'aimais ça et j'aime ça encore, les films d'action bourrin des années 80-90. Je les aimais pas seulement pour l'action, mais aussi pour les méchants débile, pour les répliques sorties de nul part, pour les scénarios prétextes...Comme quoi être trop « self-aware » ça peut nuire au cinéma. Wes Craven en a fait les frais avec son Scream 4, je trouve que Simon West en fait les frais avec The Expendables 2. Faîtes-en un troisième, mais mettez-y du cœur et de la vraie sincérité. Si vous voulez une vraie parodie ultime du film d'action...regardez Hot Shots 2, l'un des films les plus drôles qui ait jamais été fait. Et si vous voulez du film bad-ass, retourné dans votre vidéotèque et rebranchez votre magnétoscope: on l'a pas encore notre revival. Pourtant on était à pas grand chose d'avoir le Super 8 du film d'action bourrin. Ça viendra, j'en suis sûr!