Ça y est c'est fait. Après un rendez-vous catastrophique hier soir, j'ai rappelé mon ex pour qu'on remette ça ce matin. Alors pour info, mon ex c'est Christopher Nolan et je me le tape tous les deux ans environ. C'est pas moi qui ne suis pas fidèle, c'est lui qui n'est pas là quotidiennement pour moi. Heureusement j'ai beaucoup de vidéos qu'il a fait avec soin et qui m'accompagne entre deux ruptures, en espérant le prochain rencard des deux ans. Parce que pour ceux qui débarqueraient sur mon blog pour la première fois, déjà bienvenue dans mon humble demeure, mais surtout il me faut bien remettre les choses en perspectives avant de donner mon avis sur The Dark Knight Rises, la dernière sortie de mon amoureux.

Nolan c'est un réalisateur très en vogue. Je ne peux pas me targuer d'avoir été là, à soutenir ses films dès le début, puisque très longtemps j'ignorais le lien entre Memento, Insomnia et Batman Begins. A la sortie de The Dark Knight, j'ai tout de même décidé qu'il fallait faire une sérieuse lecture de sa filmographie et il en ressorti un film, The Prestige qui est à l'heure actuelle mon film préféré et à mes yeux le meilleur film de sa carrière, pour les siècles des siècles, amen. Le temps que je regarde l'intégralité de ce que cet homme avait bien pu faire en terme de long métrage, Inception sortait, en 2010, me donnant ce qui reste encore une fois ma plus grosse baffe au cinéma, pour les siècles des siècles, amen. Pourtant je n'étais pas serein à l'approche de The Dark Knight Rises.

J'aime un peu trop Nolan pour lui faire confiance à 100%...

Le problème, c'est d'abord que Inception était tellement énorme (de mon point de vue bien entendu) que je ne concevais pas qu'il puisse faire un film de cette envergure. Car oui, je préfère Inception à The Dark Knight. Ensuite, il s'agissait d'un épisode de clôture (dans le sens de ''fin'' et pas de ''haie'') avec quelques éléments qui faisaient tout de même un peu peur, si fan de The Dark Knight que je puisse être. Entre Anne Hathaway qui devait se glisser dans le costume de Catwoman, le retour d'une bonne part du casting de Inception (Joseph Gordon-Levitt, Tom Hardy et Marion Cotillard) qui me faisait penser que Nolan avait été un peu pantouflard sur sa sélection d'acteurs, je n'étais pas extrêmement chaud au premier abord, même j'étais sûr que le film serait au moins bon. Pourtant, ça y est, j'ai mon MotY 2012. Après 2h45 à en coller plein la tronche, je vais vous dire pourquoi je pense (à chaud) préférer The Dark Knight Rises à son prédécesseur.

The Dark Knight Rises, c'est d'abord un film de Nolan pur jus. Ça vaut pour les adorateurs comme les moins convaincus. Les plans larges pris en hélicoptère, les courses poursuites dansantes, les dialogues et citations illustrées par d'autres images que simplement ceux qui parlent. On est à la maison clairement et comme d'habitude The Dark Knight Rises est un film bavard. Ceci dit, là où The Dark Knight jouait essentiellement sur la performance magistrale de Heath Ledger, laissant un peu de côté l'excellent Aaron Eckhart et reléguant presque Batman au rang de faire-valoir du Joker, The Dark Knight Rises prend le partie d'avoir encore plus de personnages mais chacun utilisé de manière géniale et surtout, sans jamais délaisser le vrai héros du film.

Car oui, enfin, j'ai l'impression de voir un film sur Batman, sur son ascension, sur son héroïsme. Certes, les plus fanatiques du comics regretteront qu'il soit plus dans les jambes que dans la tête, le film s'attardant assez peu sur le détective. Mais bon sang, c'est un pied fabuleux de voir Christian Bale enfin en Bruce Wayne charismatique, enfin en Batman légendaire. Face à lui, Bane avec sa voix lunaire trouve finalement une histoire à sa juste valeur, alors que souvent des jeux vidéo aux films (de Schumacher) il est vu comme une masse de muscles sans relief (ce qu'il n'est pas forcément dans le comic). Il est ici un vrai méchant, au même titre que le Joker, intelligent, puissant et surtout avec un plan machiavélique mais pas idiot pour un sou, ce qui donne au film un côté plus palpitant, certes moins dans la nuance que le second volet, mais diablement excitant.

Après le Joker de Heath Ledger, le Bane de Tom Hardy est un vrai adversaire...mais qui brille aussi parce qu'il affronte un vrai Batman.

Les autres rôles sont, je l'ai déjà dit, tous très bien écrits et fantastiquement campés. Michael Caine confirme (pour la millième fois) que c'est l'un des acteurs les plus talentueux et classes qu'on puisse trouver ; toutes ses répliques dans la peau d'Alfred sont lourdes de sens. Gary Oldman et Morgan Freeman sont aussi égaux à eux-même avec un Jim Gordon et Lucius Fox impeccables. En fait la vraie bonne nouveauté vient pour moi de Jason Gordon-Levitt, l'excellent officier Blake un simple flic dans la lignée de Gordon mais qui réserve son lot de surprises ; je n'avais aucun doute sur son talent déjà observé dans d'autres films dont l'excellent Mysterious Skin ou Inception bien sûr, mais pour le coup il est assorti d'un nouveau super rôle. Pour finir, un mot sur le casting féminin. Si je reste mitigé sur Marion Cotillard (d'autant que je connaissais le nom de son personnage...) qui pour moi n'a pas assez de temps pour se révéler importante pour l'histoire, j'ai trouvé Catwoman réussie. C'était mon plus gros doute et j'ai en partie été démenti. Elle est plutôt belle et gère très bien l'ambiguïté qui anime son personnage...reste que ce n'est pas le charisme et l'élégance infinie de Michelle Pfeiffer, mais ça reste très honnête.

Le casting qui pue la classe!

Au global donc, j'ai trouvé la partie narrative presque sans faille, fin comprise, celle-ci clôturant joliment la trilogie, en laissant tout de même une petite ouverture pour un quelque chose (le clin d'oeil à Robin...OWI!). Ce qui m'a cependant rendu The Dark Knight Rises encore plus jouissif que The Dark Knight, c'est l'abondance de scènes d'action dingues où la CGI est soit absente, soit invisible (Inception like). Finalement, The Dark Knight n'était pas si explosif que cela (surtout si on le compare au n'importe quoi absolu de The Avengers). Sa suite parvient à concilier beaucoup de dialogues et beaucoup d'action. Surtout, c'est filmé à la perfection. Finis les combats pris de trop près, complètement dans le noir de Batman Begins, finis les changements de plans qui partent en sucettes comme dans la scène en ville sous la pluie de Inception. Cette fois ci, les combats sont carrés, superbement chorégraphiés, brutaux et bien filmés. Les séquences de poursuites envoient vraiment du bois et conservent cette caméra légère qui flotte devant ou derrière les véhicules, comme la séquence de poursuite dans le tunnel de The Dark Knight. Les explosions sont là, mais avec ce côté sourd à la Michael Mann, plus en débris qu'en flammes. Un bien bel apocalypse sur Gotham...

Pour finir, la partition de Hans Zimmer est sans fausse note. Il maintient son style et on retrouve les thèmes du premier et du second réorchestrés, avec quelques variations bienvenues pour caractériser quelques personnages, Bane le premier. Un boulot nickel chrome, mais qui, il faut bien l'avouer, tient avant tout à la qualité initiale de la musique des précédents épisodes.

 

Au final, non je ne serais pas des détracteurs de The Dark Knight Rises, oui je suis avec tous les moutons qui suivraient Nolan n'importe où. Affinant son style depuis The Prestige, cherchant son univers dans le lore de Batman, ce réalisateur de génie nous a encore pondu une perle du film à gros budget qui ne prend pas son public pour un jambon. Le film est bien écrit, met enfin Batman sur un piédestal, lui propose un nouveau challenger tout ce qu'il y a de charismatique, et lui offre quantité d'alliés et d'ennemis tous remarquablement interprétés. Le film n'est pas sans défaut notamment la construction du fat come-back de Batman est déjà vue, mais elle est faite avec une telle rage et avec une telle force d'interprétation et de mise en scène qu'on ne peut que jouir à chaque apparition du caped crusader.

The Dark Knight Rises and Shines