Il est plébiscité de part et d'autre et pour être honnête en écrivant ces lignes je doute encore que faire mon propre test est le moindre intérêt. Cependant je vais le faire tout de même parce que je dois bien ça au jeu que j'avais placé en tête de mes attentes pour 2011. Deus Ex: Human Revolution est un excellent jeu, c'est une certitude. Pourtant il lui manque un petit quelque chose pour en faire le jeu marquant que je m'attendais à avoir ou en faire un potentiel GotY.

D'un point de vue strictement terre à terre, le jeu d'Eidos Montréal a deux défauts. Premièrement, l'aspect technique n'est pas toujours très reluisant; autant les décors jouissent de moult détails et de beaucoup d'effets de lumière, autant les personnages soufrent à la fois d'une modélisation sommaire ou peu détaillées et aussi d'animation très restreintes et à cet égard c'est surtout les visages qui font tilter. Ceci m'amène au second point noir vraiment évident pour nous pauvre joueurs français; la VF est la seule option (du moins sur 360...vous me direz ce qu'il en est pour la PS3).

Rien à redire sur les décors, ils sont merveilleusement détaillés. En revanche les personnages sont moins soignés, notamment sur leurs animations faciales.

Je lis différents avis sur ce point qui oscillent entre le « c'est noul à chier wendez nous notwe english » et « c'est bon c'est pas non plus les doublage de Hitman le Cobra ». En ce qui me concerne, cette version française donne à boire et à manger. Je suis un ayatollah de la VO pour les films mais je n'ai toujours pas passé le cape pour la plupart des jeux...question de confort. Pour le coup je trouve que la VF montre à de nombreuses reprises de piètres interprétations et ce dès Adam Jensen qui parfois se racle la gorge à la Rambo de manière relativement ridicule. Alors non, ce n'est pas aussi dramatique que le « fais moi sentir vivant » du ninja génomique, mais en comparaison de Mass Effect ou Uncharted il y a un vrai gap. Le pire c'est que ce n'est pas régulier, puisque certaines quête sont très bien doublée (comme celle d'un certain O'Maley).

Le vrai soucis vient à mon avis surtout de la synchronisation labiale qui là est indiscutablement nulle à chier. Dans 80% des dialogues, les protagonistes ne bougent pas les lèvres quand ils parlent où à l'inverse commencent à marmonner quand la phrase se termine. Alors certes ça ne vaut peut-être pas un paragraphe (encore moins deux) mais dans un RPG occidentale ou une partie du plaisir vient de l'histoire et des dialogues influençables ça soule un peu.

Certaines scènes auraient put être plus poignantes avec une meilleure attention à la synchronisation labiale.

Heureusement, ça ne gâche pas le jeu et ce pour la simple raison que l'univers, l'histoire et le système de jeu (qui a déjà été vu en 2010) sont d'un niveau remarquable. Techniquement le jeu est un peu faible pour un block-buster? La direction artistique rachète complètement cet état de fait. Chacun des choix que cela concerne le jaune dominant, les vêtements, les technologies ou le design des villes que l'on traverse comme Detroit, chacun de ces choix a été mûrement réfléchi et ça se sent. Le monde que l'on nous montre est crédible, plein, réaliste malgré l'aspect futuriste. C'est du Blade Runner modernisé.

La direction artistique est brillante. Avec des influences directs comme Blade Runner...

...ou 2001?

L'univers du jeu ne tient d'ailleurs pas simplement au visuel. La bande-son est très bonne, avec d'excellents thèmes d'ambiance, mais surtout c'est dans le gameplay qu'on retrouve le thème principal du jeu, le transhumanisme. C'est ici que Deus Ex se démarque de ce qui est déjà fait dans le genre RPG en proposant une explication cohérente au gameplay et au système de levelling et en adéquation avec l'univers. Car pour faire simple Deus Ex: Human Revolution c'est Alpha Protocol avec ses forces et ses faiblesses mais expliqué de manière logique.

Alpha Protocol c'est ce petit jeu de Obsidian édité par Sega et sortie de manière malencontreuse entre Alan Wake et Red Dead Redemption en 2010. De tous les jeux de l'année dernière c'est mon outsider préféré (avec Deadly Premonition). Si l'univers diffère et que la vue adoptée n'est pas la même, Alpha Protocol et Deus Ex Human Revolution sont semblables à 80%. Tous deux offrent une liberté d'action relative à l'investissement que l'on peut faire en terme d'améliorations; chacun y joue à sa manière et le piratage, les armes, la discrétion et les dialogues sont important dans les deux productions. De même il partage le même défaut extrêmement rageant: ils proposent des boss.

Du piratage...


Des passages dérobés...


Des discussions orientables...

En jouant au jeu d'Eidos Montréal, j'ai eu cette même sensation de frustration à chaque boss (excepté le dernier que j'ai bien aimé) que pour le produit d'Obsidian. Déjà en mode de difficulté difficile (ici appelé Deus Ex) ils sont très très résistants. Mais surtout et c'est là qu'est le vrai problème, ils sont obligatoirement l'occasion de sortir les grosses armes. Seulement si vous jouez comme moi, furtif et sans tuer personne, vous n'avez ni les améliorations nécessaires pour résister à leurs attaques (particulièrement pour le second) ni l'équipement nécessaire pour abréger le combat.

Les boss, trois occasions au moins de s'énerver...

Alors certes, les salles qui les précèdent sont toujours blindées d'armes lourdes, et en lootant légèrement les niveaux, on trouvera de quoi faire parfois en jouant limite de roublardise (cf la technique breveté Keuchtof pour battre le troisième boss) mais ça reste une vraie erreur de game design que déjà j'imputais au manque de finition d'Alpha Protocol, mais qui ici n'a pas vraiment de justification...c'est simplement en désaccord avec le reste du jeu.

J'ai parlé de la partie technique, de l'univers, du gameplay...il ne me reste qu'à discuter du pourquoi au final je ne suis pas satisfait à cent pour cent, ou complètement ébloui par le travail faramineux qui est offert. Je pense que cela tient au fameux suspension of disbelief. Il y a une ou deux choses qui parfois m'ont un peu agacées. Premièrement les environnements ouverts, les grandes villes (Detroit et Hengsha) ne sont pas très « palpable ». Je ne sais pas comment expliqué cela, mais j'ai toujours l'impression de marcher vraiment dans des quartiers de haute sécurité plus que dans une ville. Je mettrais cela sur le dos de limite qui sont assez mal dissimulées.

Malgré une certaine largeur des quartiers, on se sent quand même dans un grand niveau plus que dans une ville à proprement parler.

Dans le même genre, si le level design offre sans cesse des solutions multiples et en adéquation avec sa façon de jouer, il a le défaut de sa qualité à savoir qu'on sait toujours qu'il y a un conduit d'aération quelque part pour s'infiltrer. Parfois donc, j'avais l'impression de plus chercher la voix facile que tout le monde allait emprunter que de réellement jouer malin. Le jeu compense la plupart du temps ce « défaut » par des ennemis qui voient de loin, des caméras bien placées et de temps à autre des passages encore plus fourbes qu'on ne verra qu'à la seconde partie. Car le jeu ne se contente pas d'être long, il joui en plus d'une vrai rejouabilité avec des niveaux qui peuvent être repensé en fonction des augmentations que l'on aura choisi.

 

Au final, Deus Ex: Human Revolution est pour moi un grand jeu de 2011. Aisément dans mon top 3 pour le moment, il bénéficie d'un travail visible de tous les point de vue. Son ambiance aussi bien véhiculée par les musiques que le visuel artistiquement irréprochable ne souffre jamais vraiment des défauts techniques qui pourtant reste gênant dans les phases narratives. Le gameplay est riche et personne n'est vraiment floué. Pour un grand fanatique d'infiltration comme moi c'est un plaisir de voir des gardes qui voient de loin et qui tuent presque instantanément. A côté de cela, des petites choses m'ont fait tiquer à commencer par les boss complètement dispensables et bien trop retorses pour les hacker/stealth ou encore un level design parfois trop systématique en terme d'embranchement. L'histoire est bien délivrée mais relativement peu influençable (sauf sur la toute fin) et au global c'est idiot à dire mais j'ai presque pris plus de plaisir en jouant à Alpha Protocol qui est un peu Deus Ex dans l'esprit, sans les moyens mais avec des idées de gameplay également intéressante.

Un indispensable donc, mais pas mon GotY comme je l'espérais...un grand bravo tout de même à Eidos Montréal.