Sucker Punch ne défraie pas la chronique mais a bien donné des avis très tranché sur notre Blogosphère. Une critique assassine de Skywilly qui enterre le film, suivie d'une autre de Cronos qui met de la terre sur le cercueil. Seul Kaminos semble avoir été parfaitement enchanté...cela dit je me méfie de l'animal!

Remarque à tous les usagers non habitués des salles obscures, si vous ne connaissez pas Zack Snyder, il est bon de préciser qu'après seulement trois films en images «réelles» et un film d'animation, le réalisateur a d'ores et déjà acquis une réputation d'utilisateur d'After Effect. Il a ses fans et ses détracteurs. Certains apprécient la qualité visuelle très travaillée et esthétiquement recherchée, d'autres souffrent de ces effets à outrance et particulière du slow motion qu'il affectionne et qui a été mille fois parodié suite à son utilisation dans 300. En ce qui me concerne, c'est un réalisateur que j'aime bien. 300 m'a pété la mâchoire au premier visionnage, mais m'est apparu rapidement un peu ringard quand on prenait du recul...c'est surtout les 300 types body-buildés en slip qui me font dire ça, plus que la réalisation en elle même. En revanche je maintiens que mis à part une scène de fesses sur une version moisie de Hallelujah, The Watchmen est l'un des meilleurs films de super-héros qui aient été fait (après The Dark Knight).

Pour les deux autres, je m'en suis passé et je ne compte pas spécialement les voir un jour...en revanche je ne voulais pas manquer Sucker Punch qui m'a en toute honnêteté mis le bon barreau lors du premier Trailer il y a quelque mois. Au sortir du ciné, que me reste-t-il de cette trique initiale?

 

Cette critique se permettra d'être également une analyse à chaud du film...elle contiendra quelques spoilers mais sachez que le scénario importe assez peu puisque la découverte visuelle prime.

 

Sucker Punch le film par Platinum Games

Baby Doll qui défie un adversaire géant.

Sucker Punch n'est pas un film. Ce n'est pas non plus un clip comme j'ai pu le lire, sauf pour ce qui est de son introduction au ralentit relativement barbante et clichée. On aura fait plus sobre et/ou plus ingénieux que la description de la descente aux enfers de Baby Doll, interprété de manière blonde platine par Emily Browning (Les Orphelins Baudelaire). Non en vérité Sucker Punch est...un jeu vidéo. Un jeu vidéo sans gameplay (celui qui a dit Heavy Rain va se prendre une fessé cul nu par Kolia!).

Sucker Punch est un film de Platinum Games. Ce n'est pas Zack Snyder qui l'a réalisé mais bien Hideki Kamiya. Regarder ce film provoque la même sensation frustrante que lorsque l'on observe quelqu'un jouer avec skill à Devil May Cry ou Bayonetta. On a qu'une envie c'est de lui arracher la manette des mains et faire ce qui se passe à l'écran.

Le film est organisé autour de la réalité et d'un double rêve, à la manière d'un Inception ajouterait-je en bon fan de Nolan que je suis. La première couche est le monde réel. Baby Doll est envoyée dans un hôpital psychiatrique après une accusation mensongère de son beau père sur le meurtre de sa jeune sœur (le tout au ralentit). A l'hôpital celle-ci se met à fantasmer une autre vie, la deuxième couche, juste avant la lobotomie où elle arriverait parmi une troupe de teaseuses, tenues en laisse par un gros con qui ne cherche qu'à faire du fric sur leur jeune corps de rêve. La belle (magnifique (splendide (à mourir))) Sweet Pea l'accueil sans la plus grande chaleur, faisant bien comprendre à Baby Doll qu'elle n'aura pas de fraternité pour la bercée. Mais Baby Doll a une arme secrète; lorsqu'elle se met à danser, elle envoûte tout les hommes et part, par la même occasion dans la troisième couche; un fantasme dans un fantasme.

C'est cette troisième couche qui rappelle en premier lieux que Sucker Punch est un jeu vidéo, ou un film construit comme tel. Le fantasme qui intervient pendant sa danse lui procure des pouvoirs qu'elle n'a pas dans la réalité, de la même manière qu'un joueur manette en main. Elle se retrouve dans un décors japonisant, pénètre dans un temple et subit un bref tutoriel où on lui montre que son katana et ses deux calibres seront ses armes pour accomplir quatre objectifs, récupérer quatre objets, pour atteindre le dernier objectif qu'elle devra découvrir par elle-même. Dès lors que les explications brèves se terminent, le jeu commence, la musique de combat démarre et Baby Doll affronte des samurais géants usant tour à tour de sa lame et de ses balles pour les faire non pas mourir, mais disparaître, une nuance qui montre encore qu'on a affaire à un jeu et dans cette séquence à un Beat Them All qui n'est pas sans rappeler Bayonetta, le dernier ennemi s'évaporant de plus après l'utilisation d'une sorte de mode furie.

La jauge de furie est sûrement pleine!

La fin de la séquence nous ramène au fantasme de la maison de passe. De toute évidence tout le monde est sous le choc des talents de danseuses de Baby Doll qui reçoit des félicitations de tout le monde sauf de Sweet Pea, l'antagoniste qui devient protagoniste par la suite (encore un classique du rpg). L'occasion d'apprendre que Baby Doll veut s'enfuir et qu'elle a un délais de trois jours pour le faire.

Je vais maintenant parler d'un élément qui m'a amené à penser que le film est beaucoup plus malin qu'on veut nous le faire croire. Cet élément, c'est le plan d'évasion de Baby Doll. Il ne fait aucun doute après la scène de BTA que le film joue sur sa construction vidéoludique. Le plus drôle c'est qu'il fait comprendre alors au joueur la vacuité des actions qu'il accomplit sur à peu près 80% des jeux quotés gamers (les BTA, FPS et TPS, RPG, jeux de plateformes etc...). Je vous l'ai dit, le fantasme encastré qui se déroule au Japon introduit quatre objectifs à accomplir et un dernier surprise. C'est exactement le plan de Baby Doll. Lorsqu'elle annonce fièrement « j'ai un plan » retourne un tableau noir et marque à la craie quatre mots « map, fire, knife, key » tout le monde souri ou ri de la simplicité et de la stupidité de la chose. Et pourtant, combien de mission de jeux sont basés sur la quête d'un item aussi idiot qu'un couteau ou qu'un briquet (Resident Evil?) et impose que l'on écrase des armées de différentes nature pour y parvenir?

C'est là que je trouve Sucker Punch plutôt malin. Le film utilise à plein régime des codes vidéoludiques que de toute évidence Snyder connait bien. Le tutoriel, les différentes missions avec un objectif à chaque fois (chaque objet servant à s'échapper correspond à un nouvel univers visuel dansé par Baby Doll), les dizaines d'ennemis qui n'attendent que la mort, le boss de fin de niveau et le retour au briefing inter-missions. Le tutoriel est japonais, le premier niveau est un mélange entre Killzone pour l'esthétique et Vanquish pour le « gameplay » très nerveux. Le second se rapproche de Lair et le troisième est une repompe évidente de l'introduction de Final Fantasy XIII.

On a qu'une envie c'est d'y jouer...

La fin du film est tout simplement une piqure de rappel de la réalité. Sauf qu'au vu des dégâts qu'a fait Baby Doll, elle jouait surement avec Kinect.

 

Bon jeu, mauvais film, clip assumé?

Voulez-vous coucher avec moi, ce soir?

Sucker Punch est pour moi un objet filmique très particulier et très intéressant en plus d'être parfois réjouissant et jouissif. Il est à l'évidence un trip d'un gamer qui a eu les moyens de se faire plaisir et de construire une cinématique géante. Il peut apparaître très simplement comme cinq bombes (dont une atomique) en tenues courtes qui botte le train de soldats dans un patchwork d'univers incohérent qui ne se veulent qu'esthétique, tout pour le style. Ou alors on peut y voir une jolie mise en relief de ce qu'est le jeu vidéo, de ce que l'on a intégré comme tel dans ce média et que d'un coup on trouve absurde quand on le voit au cinéma. Pourquoi chaque niveau a sa propre logique? Pourquoi le personnage ne meurt pas même entouré d'assaillants? Pourquoi les objectifs sont-ils toujours ridicules à première vue mais demandent tant d'efforts pour être accomplit? A vous maintenant de choisir ce que vous y voyez. Un simple film d'action stylisé (que vous aimerez ou pas) ou une réflexion plus maligne que son apparence le laisse penser...pour ma part je pense vraiment qu'il est intéressant de le voir quand on est gamer qu'on aime ou pas la pâte Snyder.