Après Casablanca et Citizen Kane, j'ai enchaîné sur Who Framed Roger Rabbit et Blade Runner. Je vais couper avec une éventuelle introduction d'une longueur barbante. On passe tout de suite à mon avis.

Who Framed Roger Rabbit (Qui veut la peau de Roger Rabbit)

Je ne me rappelle pas avoir réussi à le voir une seule fois en entier étant gamin. Au final j'ai envie de dire tant mieux et je vais vous expliquer pourquoi juste après avoir présenté le film. Produit par Disney et donc considéré comme l'un de ses long-métrages Who Framed Roger Rabbit? porte le numéro 35. Il est sortie en 1988 et a la particularité d'être des très rares cross-over entre animation 2D classique et prises de vue réelles. Dans ce genre assez peu exploité les quelques films existant sont tous plus ou moins des classiques. Marry Poppins bien sûr, mais aussi Space Jam, Pete's Dragon (Peter et Elliott le Dragon), Bedknobs and Broomsticks (L'Apprentie Sorcière) ou encore The Pagemaster (Richard au Pays des Livres Magiques)...

Il s'agit donc d'un type de film assez rare. Aujourd'hui c'est très commun de voir un film qui mêlera live action et CGI (Transformers...), ce sera un peu plus rare d'en voir un bon (The Lord of the Ring: Whatever Episode ou Avatar). Etrangement donc pour le cross-over dessin animé traditionnel et film classique, il y a eu peu d'essais mais tous sont réussis, du moins techniquement. Vous l'aurez compris Who Framed Roger Rabbit est bon...enfin bien plus que ça en réalité. Dans le même temps il est un peu difficile d'en être autrement quand on sait que le réalisateur est Robert Zemeckis.

Autant pour Orson Welles et Citizen Kane, je laissais passer l'absence de connaissance, autant ceux qui ne connaissent pas Zemeckis sont automatiquement classés crétins des Alpes. Pour faire simple ce mec est un génie. Certains contesteront en disant que c'était un génie mais que depuis The Polar Express c'est moins bien (moi je continue d'adorer). Cependant le gars à réalisé l'une des meilleures trilogie du cinéma (ce qui n'est pas peu dire quand on voit Star Wars, The Lord of the Ring ou Free Willie...non je déconne) à savoir Back to the Future. Je pourrais m'arrêter là, tout le monde est déjà calmé, mais je vais rajouter le sympathique Romancing the Stone (A la Poursuite du Diamant Vert) le génial Cast Away (Seul au Monde) mais surtout, mon quatrième film préféré ever, celui qui me fait rire, puis pleurer, puis rire...le six fois oscarisé Forrest Gump.

Mais revenons-en au film. Who Framed Roger Rabbit part donc du principe que les Toons sont comme les humains, des personnages vivant, ayant leur propre ville (ToonTown) et vie dans notre monde et notre réalité. Ainsi lorsqu'on les voit dans un dessin animé, ce sont tout simplement des acteurs qui une fois leur taf terminé retournent à leurs activité. Les producteurs se frottent les mains bien sûr puisque la plupart d'entre eux rapportent énormément sans demander un salaire à la hauteur...Dumbo est payé en cacahuètes, une aubaine.

Malheureusement il y a eu un crime perpétré par un toon. L'accusé principal est Roger Rabbit, un lapin un peu loser qui se serait venger suite à une tromperie de sa chère et tendre Jessica Rabbit. Enfin tromperie...à partir de là, la première question qui me vient à l'esprit c'est «qui a eu la géniale idée de faire ce film?».

Disney a vraiment des coups de génie...

Première chose, quand j'ai vu le film, j'avais complètement oublié quelles étaient les compagnies de cartoons impliquées, pour la raison simple que Roger Rabbit n'est pas vraiment connu en dehors du film. Par conséquent j'ai été fantastiquement surpris de constater que c'était bien Disney et Warner Bros qui bossaient main dans la main sur ce projet. Voir la compagnie de Mickey sortir un film qui de toute évidence est destiné à un public mature, ça me scie. Car pour en revenir à ma remarque du début, je suis heureux d'avoir vu le film maintenant plutôt qu'étant gamin, puisqu'il y aurait eu une chance que je ne le revois pas aujourd'hui (je n'ai revu aucun autre film du genre 2D/live action depuis des années) et cela aurait extrêmement dommage tant le film regorge de vannes, sous-entendus et allusions coquines.

Des personnages principaux, c'est évidemment Jessica Rabbit que l'on retient en premier. Sorte de pin-up ultime, femme fatale rousse aux formes extravagante, elle met tout de suite d'accord, il n'y a pas de personnages plus sexy...tant pis pour Betty Boop. Cependant si elle vole un peu la vedette à son lapin de mari, il n'y a pas de doute, les toons et les effets spéciaux derrière eux sont la réussite qui saute aux yeux tout le long du film sortie je le rappelle à la fin des années 80. L'intégration est prodigieuse et encore maintenant, il n'y a rien à redire sur la technique du film. Comme pour sa trilogie Back to the Future ou Forrest Gump, Zemeckis a ce talent de ne pas utiliser les effets spéciaux à tire-larigot. Leur emploi est toujours fait avec bon goût, justesse et surtout efficacité. A ce titre je le classe juste à côté de Spielberg et de ses E.T ou Jurassic Park. Comme ces deux master-piece Roger Rabbit ne vieillira jamais.

"-Seriously, what do you see in that guy?

-He makes me laugh!"

Si le film ne tenait qu'à une exécution technique, il pourrait rapidement être crétin ou inintéressant. Encore une fois il est très loin de l'être. Car le vrai gros point fort c'est tout simplement l'humour. Il fait sans conteste partie de ces films dont on retient je ne sais combien de répliques, je ne sais combien de moments précis ou de scènes où l'on va simplement dire «J'adore quand il se passe ça! J'adore quand il lui sort ça!». A ce titre je pense qu'on peut remercier le casting, à la fois les toons issus donc de WB et Disney (la scène du piano entre Daffy Duck et Donald Duck...) mais aussi les vrais acteurs avec en tête Bob Hoskins qui avant de tenir en laisse Jet Li a été ce super détective, jamais en manque de charisme, Chritopher Loyd, l'inoubliable Doc Brown (qui ressemble à mon prof d'Anthoropologie d'ailleurs) dans le rôle du Judge Doom ou encore Joana Cassidy dans le rôle de Dolores avec son «Is that a rabbit in your pocket or are you just happy to see me?». Tout ce petit monde a du bien se fendre la poire sur le tournage et le résultat est film absolument génial. Je finis dessus en vous quotant juste ma réplique favorite, de Jessica Rabbit bien sûr «I'm not bad, I'm just drawn that way...».

Blade Runner

Ambiance tout autre pour sûr. Blade Runner est souvent considéré comme une œuvre majeur de la science fiction, une pierre angulaire de l'anticipation. Sortie en 1982, le film de Ridley Scott (à qui l'on doit bien évidemment Alien, Thelma&Louise ou encore Gladiator) est une adaptation du roman de P.K.Dick intitulé Do Androids Dream of Electric Sheep? qui raconte l'histoire d'un Blade Runner...

En 2019, la technologie est extrêmement avancée, à un point tel que des scientifiques sont parvenus à créer des androïdes identiques en aspect et en intelligence à leurs créateurs. Leur nom est Replicant. Chacun d'eux peut avoir une spécificité, que ce soit plutôt le combat ou la réflexion. Cependant l'absence de sentiment ou d'empathie quelconque, qu'elle soit entre eux ou envers la race humaine a posé rapidement un problème. Le meurtre n'est pas un crime morale pour eux. Ainsi leur création entraîna la création d'un groupe de d'intervention appelé Blade Runner. Chaque Blade Runner a pour mission de retirer les replicants, c'est à dire de les abattre pour les empêcher de nuire. L'évolution poussée des replicants pose cependant un soucis de détection puisqu'il est compliqué de différencier un replicant d'un être humain.

Rick Deckard (Harrison Ford) est un Blade Runner, parmi les meilleurs, à qui l'on demande reprendre du service pour trouver et retirer quatre des six replicants échappés d'une colonie spatiale. Pour cela il va devoir enquêter dans le Chinatown de ce L.A futuriste. Dans le même temps il découvre un nouveau type de replicant en la personne de Rachael, le Nexus 6 (me semble-t-il) capable à la fois de sentiments autre que l'injustice et possédant un passé artificiel...mais surtout ignorant de sa condition d'androïde.

Commenter un film comme Blade Runner est très loin d'être une tâche facile, par conséquent je vais m'intéresser en premier lieux aux choses un peu factuelles avant de vous donner mon ressenti. Pour un film d'anticipation (désormais pas si éloigné de notre présent) Blade Runner a déjà une qualité indéniable, c'est l'univers qu'il aborde. Loin de l'aspect spatial d'un Star Wars, il a une approche cyber-punk de la science fiction. Il s'agit ici de décrire un avenir sur la Terre où la technologie a une avance considérable. Bien sûr on ne manquera pas de sourire parfois en voyant les écrans noir et vert des Amstrad CPC, mais pour un film de 1982 il met largement une claque et dépasse de loin d'autres tentatives plus tardives.

La direction artistique est fantastique. Le choix de la mode se situant entre une extravagance des années 80, une classe des années 40-50 et évidemment des modèles futuriste de voiture et d'immeubles, tout cela permet de créer un univers palpable car il y a des repères visuels. On ne créé jamais à partir de rien. De plus il y a quelque chose d'extrêmement important qui donne à Blade Runner son cachet, c'est la crasse et l'absence de lissage du monde proposé. Si je devais inventer un monde futuriste en me basant bien sûr sur une évolution de notre année 2010, il n'y a pas de doute, je partirais sur quelque chose de très lisse avec beaucoup d'hologrammes de surface plane et pleine de réflexion, parce que c'est qui se fait de nos jours. Les produit Apple, l'Audi R8, les bâtiments de la Défense, voilà à quoi ressemblerait le futur que je pourrais décrire en 2010. Il ressemblerait à iRobot...

C'est donc la première chose qui est frappante. Blade Runner est un reflet de son époque esthétique et dans le même temps un parfait choix de décors pour l'histoire qui est proposée. Je ne pense pas que sans cette atmosphère étouffante et surpeuplée, ces néons, ce mélange entre vieux et futuriste, l'histoire aurait l'histoire aurait un tel impact. C'est d'autant plus réussi qu'en terme d'effet spéciaux, c'est un sans faute indéniable qui profite du multitude d'effets mais jamais trop visibles (même pour un film de 1982). Je n'émettrais qu'un bémol, c'est l'endorsment de Coca-Cola qui ne peut s'empêcher d'envahir l'écran pas une mais bien deux fois. Pour en finir avec l'emballage je vais également rapidement parler de la musique qui est FABULEUSE. Il y a d'excellentes OST pour de nombreux films mais la composition de Vangelis est vraiment au panthéon à côté du travail des meilleurs compositeurs.

Je vois de quoi se sont inspiré les compositeur pour Mass Effect.

On va passer à la phase la plus complexe, qu'ai-je pensé du film? Pour commencer j'ai vu la version remasterisée et director's cut c'est à dire intégrant certaines scènes coupées initialement. Je préfère le mentionner car il y a quelques détails qui apparemment peuvent changer notre perception du film en fonction de la version que l'on regarde. Bref au sortir direct du film, j'étais perplexe et déçu. J'avais une sorte de sensation de vide. Le film dure près de deux heures, il s'y passe beaucoup de choses, mais dans le même j'avais l'impression de n'avoir pas vécu grand chose pour ainsi dire. L'impression de flottement, pas de réel évolution ou moment de tension. J'avais la sensation que ce n'était qu'une journée d'un quotidien futuriste et que rien ne ressortait particulièrement...en bref mouais.

Et puis j'ai commencé à regarder vaguement Wikipedia et Allociné, à la recherche d'informations précises sur Ridley Scott et son film, mais aussi à la recherche d'avis déjà forgés sur celui-ci. A force de lire tantôt des critiques élogieuses, tantôt des critiques sévères, j'ai décidé une chose...revoir le film une deuxième fois. La conclusion est celle-ci, c'est un master-piece. L'univers dépeint et les thèses qu'il avance sont à lire et comprendre pour apprécier le film. C'est le genre d'œuvre cinématographique qui s'apprécie aussi après l'avoir vu par la réflexion qu'il entraîne. D'ailleurs j'ai été suffisamment pris par la réflexion pour acheter le livre de Philipe K.Dick tout à l'heure...un film donc à vraiment conseiller à tout le monde et pas pour un visionnage unique. Le genre aussi qui vous fait attendre Deus Ex: Human Revolution...

Et simplement pour ceux qui ont vu le film (les autres, arrêtez de lire immédiatement) pour vous Deckard est-il un replicant reprogrammé pour se croire humain à l'instar de Rachael? Ce qui éventuellement expliquerait sa froideur générale de ton. Où est-ce simplement une manière pour Ridley Scott de mettre en relief le manque d'empathie que l'être humain peut avoir (contraste avec les pleures de Rachael lorsqu'elle se retrouve chez Deckard)

En conclusion encore deux films qui valent plus qu'un simple coup d'œil. J'ajoute Who Framed Roger Rabbit est un film remarquable de plus sur la filmographie de Robert Zemeckis, mais avant tout, il est trop drôle. Blade Runner...il est sans aucun doute l'un des meilleurs films de science-fiction ou anticipation que j'ai pu voir à côté de Terminator 2 (qui reste mon préféré), Alien ou Aliens...rien que l'envie de découvrir l'œuvre originale et de revoir le film pour en tirer toute la substance devrait être un indicateur de la qualité de l'adaptation de Ridley Scott. En conséquence ceux-là, c'est fait...pas de déception pour le moment dans ce marathon de films immanquables mais manqués. 2001: A Space Odyssey changera-t-il la donne?