Bien qu'enrôlé dans une holding avec la société Sammy, l'emblématique Sega Corporation garde une certaine autonomie de décision. D'ailleurs, ses conseillers en stratégie ne s'en sont pas privés pour acquérir l'éditeur légendaire Atlus et de l'intégrer aussitôt fait sous pavillon nouvellement créé Sega Dream Corporation début novembre.
 
Depuis cette absorbation surprise --alors que les analystes qualifiaient Sega d'enfant malade de ses restructurations internes successives, c'était silence radio jusqu'à ce que le chef d'exploitation de Sega Sammy accorde un entretien à la publication Famitsu. Naoya Tsurumi est conscient de l'incertitude née de ce rapprochement. En l'espace de 7 ans, Atlus a été ballotée, dissoute, renommée pour finalement réémerger miraculeusement d'un montage financier et entrepreneurial d'une complexité inouïe. Sega est-il un acteur de plus dans ce désordre capitalistique ou un facteur de stabilité ?
 
Naoya Tsurumi loue la complémentarité des savoir-faire d'Atlus avec ceux de Sega : "le fait qu'ils ont gagné les faveurs des joueurs nord-américains est déjà immense. Cela dit, pour les petites affaires de Sega, c'est un grand avantage de détenir de nouvelles propriétés intellectuelles, mais c'est aussi un atout stratégique de disposer d'une gamme de jeux" absente du portfolio spécialisé action de Sega. Le géant japonais est quasi-absent du segment RPG, un genre très prisé qui lui a réussi à de rares occasions. Phantasy Star Online, une des dernières licences - jeu de rôle - à avoir survécu à la Dreamcast s'oriente désormais vers le freemium (free to play...) afin de maximiser sa notoriété auprès d'une large catégorie de joueurs restés jusque là indifférents.
 
 
D'autres pistes sont évoquées comme celle de confier aux équipes d'Atlus la lourde tâche de revitaliser de vieilles franchises cliniquement mortes appartenant à son nouveau propriétaire. Sakura Wars, Jet Set Radio, Space Channel sont évoquées par la publication référence au Japon. Toutefois, le chef d'exploitation de Sega Sammy s'est refusé à la moindre confirmation : "nous n'avons pas l'intention de forcer la main à Atlus [...] les licences disponibles sont nombreuses. Les discussions n'ont pas encore commencé, notre société commune vient juste d'être créée, nous allons lui laisser le temps de réflexion nécessaire" glisse prudemment, Naoya Tsurumi.
 
L'homme se sait observé par le marché pour qui l'intégrité sociale d'Atlus est aussi importante que la valeur ludique de son catalogue de jeux. Il tient donc un discours rassurant : "notre priorité est de faire en sorte qu'Atlus et Sega continuent de briller comme des marques propres [...] nous encourageons Atlus à travailler sur ses licences propriétaires avec fierté et confiance". Pour appuyer son propos, ce dernier fait référence à la gestion des actifs de Sega à l'étranger en faveur desquels il exalte "l'administration de leurs jeux en toute indépendance". Les studios européens et nord-américains de Sega ont néanmoins souffert d'une violente purge (fermeture de studios et des branches territoriales, nettoyage de son offre ludique, recentrage sur des licences phares) il y a un an et demi.
 
Vigilance donc...