En délicatesse avec les impératifs commerciaux exigés par Sony, la Team Ico a été secouée par une vague de heurts et d'incompréhensions mutuelles avec le constructeur. Ce duo des contraires a provoqué un retard conséquent dans le développement de The Last Guardian. La fragilité d'une oeuvre artistique épousant les exigences techniques démesurées d'un triple A sur PlayStation 3 y est sûrement pour beaucoup. Absent de tous les rendez-vous médiatiques, le magazine Famitsu est allé à la rencontre du discret Fumito Ueda afin d'échanger avec lui ses pensées sur les deux précédentes productions du studio. Le cas sensible de The Last Guardian sera murmuré...
 
Ico et Shadow of Colossus ont brillé en leur temps dans les classements du monde entier. Quand bien même ces deux titres sont à ranger aux antiquités, l'usure du temps n'aura eu que peu de prise sur ces deux joyaux issus - et cela fut une surprise - d'un géant de l'électronique grand public où la logique industrielle prédomine sur toute autre considération. Ueda apporte son explication : "c'est parce que j'avais rassemblé ce que je pensais être plaisant à jouer". Une vérité presque évidente dans le meilleur des mondes. C'est pourtant loin d'être le cas : "cela peut sembler évident dit comme ça, mais c'est en réalité plus complexe, car en tant que créateur, il y a certaines choses que vous ne pouvez pas régir" confesse la tête pensante de la Team Ico.
 
Ce qui fait la spécificité de ces deux titres "c'est cette façon d'exister dans l'esprit des joueurs" croit savoir Ueda. Un concept très éloigné des considérations bassement "consommables" des titres dits alimentaires "périssables en quelques semaines". La force d'Ico est caractérisée par le lien émotionnel indescriptible qui unit Yorda et Ico. Beaucoup de titres dont le plébiscité The Last of Us, utilise à leur manière le relationnel entre deux protagonistes que tout oppose. En cela, Ueda loue le travail narratif de cette production Sony "je pense qu'ils ont réalisé un travail approfondi", notamment en interpelant le joueur sur la conscience de la perte. Le créatif souhaite prolonger cette filiation irrationnelle entre deux personnages "pour The Last Guardian" dans "les grandes lignes".
 
La perche est tendue aux journalistes de Famitsu qui, ni une ni deux, questionnent sur l'état d'avancement de cette superproduction très attendue : "le jeu suit très sérieusement son cours de production. Toutefois, SCE Japan Studio (qui chapeaute la direction du jeu, ndlr) dirige des titres tels Puppeteer et Knack [...] ce sont les deux priorités du moment". Sans en avoir l'air, le responsable évoque un probable retard supplémentaire qui en fin de cycle, signifie inévitablement son report sur PlayStation 4. Sa plus grande satisfaction va tout droit dans les rééditions HD d'Ico et de SoC : "il se peut que les nouveaux joueurs trouvent ces deux jeux légèrement difficiles. Mon sentiment est qu'une fois arrivés à mi-chemin, ils poursuivront l'histoire jusqu'à son dénouement."