L'une des plus grosses pointures du jeu vidéo aurait pu ne jamais exister sans la persévérance de son créateur Dave Jones. BMG Interactive, l'éditeur américain du premier GTA voulait en effet le saborder : << trois mois avant sa finalisation, il a failli passer à la trappe [...] BMG ne voulait pas d'un jeu de voiture 2D avec vue aérienne, l'éditeur pensait que ce concept était dépassé. Oui, mot pour mot. J'ai dû me battre, crier, hurler contre cette décision insensée qui prétendait que les joueurs nord-américains ne seraient pas intéressés par GTA. Heureusement que BMG Europe n'était pas de cet avis. Nous avons donc pensé que notre titre allait disposer de meilleures chances de succès sur ce continent. >>

Il poursuit : << à l'époque, on pensait que les produits à forte valeur ajoutée tout en 3D était la nouvelle tendance, rappelez-vous que nous avions commercialisé GTA 1 alors que Ridge Racer avait pignon sur rue. >> L'accueil réservé par la presse spécialisée fut néanmoins froid. La version PlayStation fut moyennement appréciée (3/10 dans Joypad) tandis que sur PC, les joueurs apprécièrent cet embryon sulfureux de jeu à choix multiples. Ce qui n'interdit pas au studio DMA Design (devenu Rockstar) de réaliser un second volet. Son esthétique fut légèrement rehaussée afin d'approcher les standards techniques des jeux 3D (éclairage..), un effort apprécié favorablement par la presse, le jeu s'échanga une fois de plus sous le manteau en raison de son caractère subversif. Son destin heureux bascula véritablement avec le troisième épisode lancé sans grande pompe sur PlayStation 2, faute d'une ambition à la mesure du fantastique potentiel commercial du jeu de Rockstar. À l'époque, David Reeves l'ancien président de Sony Computer Europe avait qualifié l'accord d'exclusivité de GTA3 de superbe affaire : << nos équipes techniques m'avaient dit qu'il n'était pas mauvais. Innovant, mais pas monstrueux. Alors j'ai donné mon accord >> sans être véritablement convaincu lui aussi.

<< Le coût de cette exclusivité était relativement bon marché >> relève Reeves. Sony se frottait les mains. Si GTA et GTA II se sont vendus à un et deux millions d'exemplaires sur plusieurs consoles, il s'écoula à 15 millions d'unités rien que sur PlayStation 2. Une aubaine qui appartient désormais au passé. Microsoft négocia 50 millions de dollars l'exclusivité des DLC de GTA IV. Aucun constructeur n'a désormais assez d'assises financières pour se payer - même temporairement - l'intégralité de l'exclusivité. Une étude prétend que l'épisode cinq représente celui de tous les excès financiers. Il aurait coûté à son éditeur la bagatelle de 260 millions de dollars, un budget colossal. La franchise pèse maintenant 100 millions de jeux écoulés à travers le monde. Le succès tient à si peu de chose...

 

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