C’est du haut de ses 35 ans accomplis que le personnage principal de Hudson’s Adventure Island fait désormais jeu égal avec son référent, Mario. Mais bien plus qu’un simple héros de pixels vivant dans l’ombre du plombier, l’éditeur Hudson Soft a réussi le tour de force de personnifier sa chose programmatique en la personne de Master Higgins, plus connu au Japon sous le prête-nom Takahashi Meijin. Et ceci, avec le concours indirecte de Sega…

D’une banalité affligeante, le scenario propulse un jeune aventurier déterminé à arracher des griffes d’un méchant une princesse apeurée, le jeu tire habilement son originalité d’un joli coup marketing.  Toshiyuki Takahashi est alors un tout jeune prodige de la programmation informatique et accessoirement fan de jeu vidéo.  En mai 1985, il participe à la présentation évènementielle du jeu Star Force, organisée par Hudson Soft. L’occasion pour lui de démontrer ses aptitudes hors-normes (16 pressions sur les boutons du pad Famicom en une seconde !). Une performance remarquée par les stratèges en marketing de l’éditeur nippon, bien décidés à capitaliser sur ce jeune premier.

 

Très vite élevé au rang de joueur professionnel, il grimpe rapidement dans l’échelon hiérarchique pour devenir le porte-parole officiel de Hudson. Mais c’est à la faveur d’un sac de nœud juridique qu’il connaît le sacre. Sega cite ses gammes à la concurrence en arcade., pas sur console de salon où la créativité est en effervescence sur son marché domestique. Si bien que Sega adapte de temps à autre certains titres de studios en quête de rentabilité. Le géant des salles mal famées approche Escape (désormais Westone Bit Ent.) dans le but de développer le jeu Wonder Boy. Succès immédiat, Hudson Soft s'emballe et pense détenir la propriétée pleine des droits d’exploitation sur consoles avant que Sega oppose son veto juridique.

 

La chartre graphique, les marques demeurent l’exclusivité de Sega, si bien qu’Hudson Soft est contraint de renoncer à ce titre porteur, au développement déjà bien engagé. Qu’à cela ne tienne, l’éditeur leurré par Escape décide tout de même de conserver la structure de base du jeu en ajoutant comme avatar le paradiste Takahashi Meijin. Il témoigne pour 1up.com de cette heureuse incidence : « En 1986, Wonder Boy avait attiré l’attention d’Hudson Soft, l’envie de l’adapter sur Famicom était palpable au sein de la société. A tel point que le vice-président et moi sommes allés jeter un coup d’œil à la réalisation de ce jeu. La phase de création du personnage central laissait apparaître une vague ressemblance avec moi ».

 

Une impression partagée par le vice-président qui lui suggère aussitôt, « tu as des traits communs avec ce personnage, tu es une célébrité, ce serait une folie pour Hudson de ne pas faire un jeu à ton effigie ». L’accident juridique en milieu de parcours a visiblement précipité les choses…