Plus de trois ans de développement, environ 100 millions de dollars budgétisés, près de trois millions et demi d’exemplaires vendus en seulement trois jours… Les chiffres fous du dernier épisode des aventures de Spiderman lancé sur PS4 tranchent radicalement avec ceux du premier volet sorti trente six ans plus tôt.

 

Le marché vidéoludique est à l’aube d’un cataclysme, mais l’insouciance domine. Laura Nikolich, jeune programmatrice pour Parker Brothers est une spécialistes des jeux à licences fortes. Elle a fait ses gammes sur l’Atari 2600, console dominante au début des années 80. Star Wars crève l’écran cinématographique, une petite équipe s’affaire à la projeter sur cathodique lorsqu’un supérieur assigne autoritairement Laura à un autre projet de développement.

 

Elle sera seule face à son micro pendant six mois à imaginer comment traduire les aventures du tisseur de toile sur console 8bits. Les détenteurs de licence sont peu regardant, si bien que « je bénéficiais d’un contrôle créatif entier » sur cette traduction vidéoludique. Le défilement vertical s’impose de lui-même « malgré la difficulté technique » précise-t-elle dans les colonnes du site Polygon.com. Habituée des challenges relevés (elle travaillait dans une centrale nucléaire, affectée au système de surveillance), en plus d’être confrontée à l’ostracisme de son entourage proche, « mes amies ne comprenaient pas pourquoi j’avais accepté », elle relève le défi avec brio. Le jeu est soutenu par une campagne publicitaire qui pousse le titre aux qualités ludiques indéniables vers les sommets.

 

Nikolich aura tout juste le temps de créer un autre titre avant d’être licenciée, la crise n’épargna personne. La maternité l’éloignera du rebond emmené par Nintendo, deux de ses enfants pris du même virus travaillent actuellement pour des éditeurs de renom, Dice et Bungie. « Je pense qu’ils étaient fiers de moi » glisse-t-elle.