Petite révolution dans les salles d’arcade japonaises. Deux des principaux opérateurs arcade viennent d’annoncer la généralisation progressive à tout le pays des bornes équipées d’un mode de paiement électronique, rapporte le quotidien Nikkei. Prévues pour être équipées avant la fin de cette année, son déploiement démarrera dans l’un des principaux réseaux arcade de l’archipel, Taito Station.
 
Reconnaissable entre mille avec son imposant logo Space Invaders, cette chaîne exploitée par Taito proposera le dispositif “emoney” à partir de mai prochain dans la banlieue de Tokyo et s’élargira à 40 exploitations supplémentaires jusqu’en mars 2016. L’objectif est d’installer au plus vite ce nouveau mode de règlement dans les cent salles les plus rentables de l’opérateur historique. Cet empressement à bouleverser les habitudes de glisser un jeton ou une pièce de monnaie d’une valeur de 100 yens (près d’un euro) en place depuis 1973, n’est pas seulement guidé par un esprit de commodité et encore moins en vue d’éviter une pénurie de piécettes comme celle qui toucha le pays en 1978 quelques mois après la commercialisation du plus grand succès de tous les temps du même opérateur, Space Invaders.
 
La modernisation de ses bornes d’arcade coûtera à Taito la bagatelle d’un milliard de yens (73 millions d’euros environ), une facture salée difficile à amortir dans un contexte de crise économique endémique. Ce changement obéit davantage à une volonté de répercuter la hausse de la taxe sur la consommation ordonnée par le gouvernement japonais (la première en 17 ans) sur le prix unitaire de la séance de jeu. Matériellement inapplicable, car impopulaire, cette majoration se traduit par l’obligation de glisser trois malheureux yens de plus dans une borne voire une flambée du prix planché à 200 yens pratiquée par de petites salles isolées. Taito fait le choix éclairé d’adopter une stratégie d’investissement offensive plutôt que de regarder fondre ses marges bénéficiaires. L’ “emoney” accorde à l’opérateur historique plus de flexibilité dans sa politique de prix. Ainsi, la rigidité à la baisse comme à la hausse de la tarification d’une partie vole en éclat après quarante ans d’existence. Taito appliquera un droit d’entrée évolutif en fonction de l’affluence, de la popularité d’un jeu, d’une campagne promotionnelle.
 
Concrètement, le joueur glisse une simple carte de crédit rechargeable (pourvue d’une puce NFC) dans une fente prévue à cet effet. Quatre cartes des quatre grands groupes bancaires dominant ce marché sont référencées. Reste à ce mode de paiement dématérialisé de s'approprier la même symbolique que véhicule la pièce de 100 yens insérée dans la fente d'une borne !
 
Dans le sillage de Taito, Sega équipera également ses 150 premières salles de terminaux de paiement emoney dès juillet et ce jusqu’en mars prochain. Konami a emboîté le pas à ses concurrents quelques mois auparavant. Cette modernisation à titre expérimentale s’était toutefois limitée aux bornes propriétaires de l’opérateur et réservée aux seuls possesseurs de carte gérée par Konami.