Nous possédons tous, sous réserve d'être joueur depuis suffisamment longtemps, un jeu fétiche. Un jeu en particulier qui nous a marqué davantage les autres, qui nous a laissé une empreinte indélébile, et qu'on aime citer lorsque l'on parle de ce noble loisir qu'est le jeu vidéo. Le genre de jeu qui nous rend nostalgie dès qu'on y repense... Ou mieux, qui fait qu'encore aujourd'hui nous jouons aux jeux vidéos.

Ce dont j'aimerai parler ici, c'est du ressentiment que peut nous donner un tel jeu. Car j'ai pu constater qu'il diffère radicalement selon la personne, mais qui n'est en même temps pas si différent. De ce que j'ai pu en voir, ce que je dénommerai désormais le jeu fétiche de chacun est bien souvient un RPG. Je dis ça par constat, et pas parce qu'il s'agit de mon genre favori. D'ailleurs, ce constat n'est pas si étonnant : quoi de mieux d'un voyage enchanteur et une belle histoire pour nous émeuvoir ?

Premier cas de figure : votre jeu fétiche est mondialement connu, apprécié par énormément de personnes, ayant reçu des critiques exemplaires, etc... L'exemple qui me vient tout de suite à l'esprit est Final Fantasy VII. Pas qu'il s'agisse de mon jeu fétiche (loin de là, même), mais plutôt qu'on a l'impression qu'il occupe une place centrale dans le coeur de millions de personnes. Il n'y a qu'à voir les réactions parfois effrayantes des fans qui réclament un remake... Enfin bref, lorsque votre jeu fétiche est une pépite tant adulée, vous avez l'impression d'appartenir à une communauté qui vous est proche, même si vous n'avez contact avec aucun de ses membres. Vous aimez ce jeu, et vous savez que vous avez raison étant donné le nombre hallucinant de fans dont il fait l'objet. Un autre jeu que l'on pourrait catégoriser ici est Shadow of the Colosseus, ou bien Ico, deux jeux qui semblent avoir marqué une génération. Même si je me doute des sensations que ça peut procurer d'avoir de tels légendes pour jeu fétiche, ce n'est pas de ça que je parlerai ici car mon cas personnel concerne le deuxième cas de figure.

Deuxième cas de figure : Vous êtes seuls au monde. Non j'exagère, disons plutôt que votre jeu fétiche n'est pas aussi connu qu'un Chrono Trigger, et l'est même beaucoup moins. Je pense personnellement que ce cas de figure est le plus agréable... Car vous avez l'impression d'être intime avec ce jeu, au sens le plus strict. C'est-à-dire qu'il fait partie intégrante de votre petit monde (même si d'autres personnes l'aiment autant que vous, ça importe peu au vu de leur nombre très restreint). Ce sentiment est d'autant plus prononcé quand il s'agit d'un mauvais jeu, car vous vous mettez dès lors à penser qu'il a été étudié pour vous uniquement, pour vous plaire à vous et à vous seul. Vous connaissez les autres légendes vidéoludiques qui répondent au nom de Final Fantasy ou autres Mario, mais rien n'y fait, c'est CE jeu qui occupe la place la plus au chaud dans votre coeur. C'est comme s'il y avait une synergie entre la manière dont est fait ce jeu, et vos goûts.

Je donne l'impression d'en rajouter comme ça, mais dites-vous que c'est typiquement le genre d'émotions que me procure mon jeu fétiche. Le fait qu'on ait l'impression qu'il ne peut plaire vraiment qu'à nous est à la fois agréable et frustrant... Car certes il reste dans notre petit monde du moment que son audience reste limitée, mais c'est aussi embêtant de voir qu'autant de personnes ne reconnaissent pas les qualités évidentes de ce bijou.

Je parle de synergie, ce n'est pas tout à fait honnête. Oui, ça peut véritablement être le cas, mais il s'agit bien souvent de nostalgie. A une époque où nous ne connaissions encore presque rien des jeux vidéos, nous avons découvert ce que serait plus tard notre jeu fétiche. Au vu de notre inexpérience, les défauts évidents du titre ne nous sautent pas aux yeux, nous les ignorons même car nous ne savons même pas qu'il peut s'agir de "défauts" (la linéarité par exemple, même si l'exemple est mal choisi car ça ne dérange pas tout le monde. Moi non par exemple). Ce jeu ne nous plaît peut-être pas immédiatement, mais nous n'arrêtons pas d'y jouer, nous continuons et au fur et à mesure il nous plaît de plus en plus, c'est là qu'on pourrait la situer, cette fameuse synergie.

Bon, passons dans le vif du sujet, ça sera plus facile pour moi de vous expliquer les sensations que j'essaye de peindre depuis 6 paragraphes... MON jeu fétiche : Suikoden V !

Sorti pendant ce que j'aime appeler l'âge d'or de la Playstation 2 (c'était une époque bénie pour les fans de RPG comme moi), considéré par tant de personnes comme un RPG basique qui ne sort pas du lot, Suikoden V est pour moi le jeu le plus marquant qu'il m'ait été donné de voir (et expérimenter).

J'ai toujours eu l'impression jusqu'à récemment que ce jeu n'était pas aimé. Jamais je n'ai vu une communauté de fans s'offusquer devant des propos négatifs que l'on pouvait dire à l'encontre de ce jeu, sans doute parce que les personnes qui l'ont véritablement aimé ne sont pas nombreuses. Mais des centaines de jeu sont dans cette situation, donc ça n'est pas si rare en soi. Juste que je n'y étais pas habitué, car avant ma rencontre avec Suikoden V, c'est Final Fantasy IX que je chérissai le plus. Et là, pas besoin de s'engager pour défendre le jeu : il y a déjà une armée entière prête à lancer l'assaut à chaque fois qu'un sombre individu en dit du mal. Pour Suikoden V, c'était différent. J'ai déjà rencontré des fans inconditionnels de ce jeu (sur un forum qui lui est dédié, forcément), mais très peu. C'est d'ailleurs ce qui participe à rendre ce jeu plus attachant pour moi, je suis le seul à lui reconnaître certaines de ses "qualités"...

Je mets "qualités" entre guillements car justement, ça n'en sont manifestement pas ! C'est ça qui est beau dans un fétiche, il possède des facettes (parfois des infimes détails !) qui ne va charmer qu'une poignée de personnes. Prenons Suikoden V, que ce soit sous l'effet de Nostalgie ou non, tout me plaît dans ce jeu : son histoire, ses personnages, ses graphismes, sa direction artistique, sa durée de vie, sa narration, absolument TOUT ! J'y rejoue en ce moment même (histoire de me relaxer après le bac), et force est de consater que la chose impossible est possible : aucun défaut ne transparait à mes yeux. Rien.

Ce qui a fait couler beaucoup d'encre chez ce Suikoden, c'est  la disposition de la caméra : Vous n'en avez aucun contrôle, elle aura quoi qu'il arrive la même perspective que sur cette image. Personnellement, ça ne m'a jamais dérangé, je trouve même qu'elle est essentielle pour une immersivité optimale dans ce jeu.

Comme j'en parlais tout à l'heure, c'est frustrant de se dire qu'un nombre si petit de personnes reconnaissent ses qualités qui pourtant sont en surbrillance pour nous. S'agissant de Suikoden V, il est immersif comme jamais, on a vraiment l'impression d'être un prince (parce que le héros est un prince). Le fait que ledit prince ne parle pas (tout du moins jamais sans notre initiative, par l'intermédiaire d'un choix entre deux ou trois phrases à répondre) participe certainement à mieux s'identifier au bonhomme. C'était aussi par exemple le temps des RPGs où les NPC (=Non Playing Character, les PNJ si vous préférez) avaient quelque chose d'intéressant à raconter. Suikoden V est le genre de jeu où vous vous ennuyez ferme si vous n'apprenez pas à apprécier le jeu dans sa globalité, c'est-à-dire être reposé et parler à toutes les personnes qui vous entourent. Il est parfois inquiétant de constater l'importance de ce que disent les NPC dans la trame du jeu. Certains nous apprenent des choses essentielles pour mieux comprendre la suite (vraiment mieux !) ! Plusieurs fois j'ai pensé aux pauvres joueurs qui fonçaient comme des dératés pour terminer le jeu sans penser à parler à ne serait-ce qu'un seul NPC. Ils ratent la moitié de ce qui apporte de la richesse au scénario. Bon, c'est facile pour moi de dire ça, je suis du genre perfectionniste dans un RPG : je parle à tout le monde, je visite tout, je fais toutes les quêtes annexes (même dans Xenoblade, oui oui), j'achète chaque pièce d'équipement même si le besoin ne s'en ressent pas... C'est pas tous les jours facile. Je ne vais pas m'étaler sur Suikoden V ici, ça me prendrait des jours d'énumérer tout ce qui fait que ce jeu me plaît.

Je parle de RPG comme ça, mais tout ça diffère selon le genre de notre jeu fétiche. Je suis curieux de savoir quelle impression on peut avoir quand notre jeu fétiche est... Un FPS ? Quelles sont les points du jeu que l'on retient ? Qu'est-ce qui fait que ce jeu nous est si cher ?