Considéré comme la pierre angulaire de l'oeuvre de Steinbeck, Les raisins de la colère est resté scotché à mes mains une semaine durant. Une semaine, j'ai vécu sept jours au rythme de la famille Joad. L'intrigue prend place dans l'Amérique profonde décharnée des années 40. Le centre des États Unis est touché par le Dust Bowl, la sécheresse transforme ces états en paysages lunaires où le moindre pas soulève des nuages de poussières et où l'agriculture est impossible. Contrainte de tout abandonner, la famille Joad entasse ce qu'elle a de plus précieux dans un vieux fourgon et file en direction de la corne d'abondance de l'ouest américain : l'éblouissante Californie. Un voyage auquel prennent part plusieurs génération d'une même famille dans des conditions épouvantables.

Dans ce roman, deux récits s'alternent: celui de l'épopée de la famille Joad et celui de l'Amérique de l'époque. Une véritable référence pour aborder la crise de 29 puis le Dust Bowl qui aggrava la situation déjà précaire d'une catégorie d'américains. Ces américains gravement touchés par la crise sont ces petits propriétaires qui vivaient du fruit du travail de leur terre. Ces américains représentaient l'héritage de Thomas Jefferson qui voulait faire en sorte que l'Amérique reste une nation agraire reposant sur des petits fermiers, indépendants et vertueux. Ce sont des centaines de milliers d'américains qui partent sur les routes pour quitter la poussière et espèrent trouver un travail en Californie. L'accueil de ses populations en Californie leur réservera de cruelles surprises que vous découvrirez au milieu du roman. Un classique à lire et relire en ces temps difficiles où nos acquis sociaux sont attaqués et où le système veut faire payer l'échec des financiers aux populations. 

«No work till spring. No work. And if no work - no money, no food. Fella had a team of horses, had to use'em to plow an' cultivate an' mow, wouldn' think a turning' 'em to starve when they wasn't workin '.Them's horses - we're men. » 

« Pas de travail avant le printemps : pas d'argent et pas de pain.Quelqu'un qui a un couple de chevaux et qui leur fait tirer la charrue ou la herse ou le rouleau, il ne lui viendrait pas à l'idée de les chasser et de les envoyer crever de faim parce qu'il n'a plus de travail. Mais ça c'est des chevaux ; nous on est des hommes. »

Dewa.

PS: si tu pleures pas en lisant ce roman, tu es un monstre.