Cet article sera découpé en deux parties, l'un consacré au premier run réalisé en difficulté normale, l'autre au second, en difficulté survivant. Ces deux points de vue, distants de trois mois, nous permettront d'insister sur la nécessité, parfois, de laisser décanter les impressions et les émotions ressenties, autorisant ainsi la révision de son jugement grâce à l'épreuve du temps et une approche renouvelée. 

Il est vivement conseillé d'avoir joué et terminé le jeu avant de lire ces prochaines lignes.

 

JUIN 2013 : Première partie 

 

L'évidence du premier run est là : The Last Of Us, ce sont treize vraies bonnes heures de jeu, intenses et poignantes, un ride hyper solide même si nettement en deçà d'Uncharted 2, le maître-étalon de ces dernières années en matière de rythme parfaitement calibré. Si une légère frustration liée au gameplay peut poindre, gardons-nous de pousser trop loin la mauvaise foi ; le réticule de visée est certes fébrile au départ mais deux améliorations permettent d'y mettre un terme relativement rapidement selon notre sens des priorités.

Si le jeu est incontestablement très cyclique par sa propension à fonctionner autour des mêmes séquences (c'était déjà le cas dans les trois Uncharted mais la dynamique générale et l'humour noyaient mieux le poisson), c'est plutôt le manque de sensations lors des affrontements qui déstabilise dans la première moitié du scénario. Les balles manquent, mais en fait jamais vraiment, on se retrouve avec toute une pelletée de pétards dont on ne sait que faire, se la jouer Snake finit souvent en boucherie bref, difficile de comprendre grand chose au positionnement du jeu sur ce point d'autant plus qu'on est rarement fixés sur le fait qu'une zone doit être vidée ou non de ses méchants, avant de mourir 5 fois comme une brêle et de finir par foncer dans le tas par dépit.

 

                       Le monde se divise en deux catégories : ceux qui savent faire ça, et les autres. 

 

Sans aucun doute, le scénario et son exécution sont bigrement efficaces, même si passer derrière The Walking Dead en proposant un canevas plus ou moins similaire altère un peu le jugement : j'avais développé beaucoup plus d'empathie pour Lee et Clementine, des personnages mieux écrits dans un récit laissant la part belle à la contemplation et aux choix instinctifs.

Ces moments manquent cruellement dans The Last Of Us, un "jeu adulte" qui nous incite au moindre temps mort à aller récupérer des lames et des bouts de chiffon le ventre vide. Ce n'est pas la maladie du flingue à tout va qui gangrène le jeu ici, mais plutôt la maladie de la collectionnite aiguë, dénuée d'à propos et totalement hors-sujet, altérant à la longue un jeu qui aurait gagné à s'épurer de ces artifices.
A ce titre, les nombreuses phases "oh tiens, ça a l'air d'être le chemin principal et ça un vulgaire cul-de-sac mais allons voir le cul-de-sac avant de déclencher le script, car c'est toujours là que sont cachés les boulons super utiles" n'ont pas du tout leur place dans une expérience de ce type et frisent même le ridicule vu l'ambition déployée tout du long.

Il faut toutefois louer la finesse des choix moraux effectués par Joel et sa mutation progressive en vengeur égoïste et impitoyable bien développés au cours d'un arc narratif qui fait sens entre les lignes. Certes, The Walking Dead est arrivé avant et a fait mieux sur ces points mais la qualité d'ensemble des timings, des interactions et des expressions faciales, absolument magistrales font quand même de The Last Of Us une expérience marquante.

Malgré tout, au regard de la hype et de la longue attente suscitée, ce premier run s'avère être une franche déception.

 

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