Avant de présenter le test rétro de la semaine, je lance un appel à candidatures. Si vous souhaitez participer à une (drôle) d'aventure, si vous aimez le jeu vidéo jusqu'à en écrire des tartines, si vous savez écrire, alors n'hésitez pas et proposez votre candidature pour faire partie du fabuleux staff de PixAzura ! Comme je vends trop bien le site !Sinon, vous pouvez toujours vous inscrire sur le forum : cela nous fera aussi plaisir. 

Hier sur PixAzura et disponible enfin aujourd'hui ici, voici le test rétro de la semaine. Oko nous présente un des rares jeux alliant licence célèbre et qualité : Le Roi Lion sur SNES. Vous pouvez retrouver le test sur sa page officielle avec des détails supplémentaires. Souvenez-vous, quand vous étiez jeunes... 

 

Test Complet

Les jeux à licences. Une dénomination pour des titres que le testeur attend souvent avec une certaine crainte. L'expérience d'Avatar, le dernier portage controversé sur consoles, est récemment venu montrer qu'un succès au box office n'engendre pas forcément un jeu qui fait l'unanimité. Pourtant, certaines productions se sont illustrées il n'y a pas si longtemps que ça, et l'exemple de King Kong a prouvé que la technique mise au service de mécanismes de jeu déjà éprouvés et de l'inventivité donnait d'excellent résultat. Mais qu'en était-il sur Super Nintendo ?

En 1994, les Studios Disney ont le vent en poupe. En 1991 et 1992, ils signent deux de leurs plus grosses productions qui jusqu'à aujourd'hui restent des impérissables de mémoire de spectateur : La Belle et la Bête et Aladdin. Transportés par les succès respectifs de leurs derniers films d'animations, les Studios Disney décident alors de quitter l'univers des contes de fées et du conte oriental, et mettent cap sur l'Afrique en s'inspirant du célèbre Roi Léo d'Ozamu Tezuka ; et en 1994 naît le Roi Lion, qui bien évidemment est suivi de son cortège de produits dérivés, jeu vidéo en tête. L'histoire prend place dans la savane africaine, là où l'homme n'a aucun droit. En ce jour de fête, tous les animaux se réunissent autour du rocher du lion, pour célébrer la naissance du fils de leur bon roi à crinière. Du moins, tel est le propos du long-métrage de Disney, car le jeu édité par Virgin Interactive s'affranchit de cette scène introductive en la limitant à une image de Rafiki levant Simba au ciel, le tout sur fond musical du désormais célèbre «Circle of Life» qui accompagne le joueur depuis l'allumage de la console. C'est suite à cette bien maigre introduction que vous êtes invité à appuyer sur le bouton start pour vous lancer à l'aventure.
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Évidemment, vous dirigez Simba. Ce qui surprend au premier abord est l'ambiance dégagé par le titre, et ce dès les premières secondes de jeu. Le lionceau se situe aux abords du rocher du lion, dans un environnement verdoyant et rocailleux, qui s'accorde parfaitement avec l'univers du dessin animé. Mieux encore, le jeu propose pour fond sonore une piste qui n'est autre qu'un remix de «This Land», le fameux titre composé par Hans Zimmer pour le long-métrage sorti en salles. Très vite, donc, le joueur s'immerge dans l'univers de Disney en oubliant quelques petites entorses nécessaires au bon déroulement du jeu, comme l'absence de Nala aux côtés de Simba pour ces premières minutes. Manette en main, le lionceau répond plutôt bien. Un bouton lui permet de sauter sur les ennemis inoffensifs - ce qui exclut par conséquent les porcs-épics -, un autre de miauler pour paralyser ou retourner les vilaines bêtes qui barrent sa route. La croix directionnelle n'autorise qu'une seule allure, la course, par ailleurs nécessaire pour sauter avec efficacité car un bond sans élan se matérialisera à l'écran par un saut sur place sans utilité. Un petit bémol dans la maniabilité donc, puisque prendre son élan n'est pas toujours d'une grande évidence sur les plates-formes de largeur réduite. En revanche, le jeu permet toutes sortes de rattrapages puisqu'il est possible pour Simba de s'agripper aux rocs grâce à ses griffes, autorisant quelques phases d'escalades sympathiques d'un point d'accroche à un autre.
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Le reste du jeu est de même facture, et reprend presque invariablement les environnements et les musiques du dessin animé original. Certes, on note quelques infidélités à l'œuvre cinématographique lors de certains niveaux comme «L'exil de Simba», mais rien d'incohérent cependant. De toutes les manières, l'adaptation en jeu d'un dessin animé de cette sorte, régulièrement ponctué de chansons, nécessite des prises de risques, et il faut souligner qu'à cet exercice Westwood Studios s'en tire plutôt bien. En effet, le développeur est parvenu à conserver l'ambiance et l'univers du long-métrage tout en lui conférant un fort potentiel ludique grâce à nombre d'astuces qui s'imposaient pour certaines, bien trouvées pour d'autres. Le deuxième niveau est à ce titre une réussite totale. Alors que le dessin animé donne à cet instant dans la chanson «I Just Can't Wait To Be King», le joueur est propulsé dans un tableau brossé à grands renforts de couleurs toutes plus flashy les unes que les autres. Le résultat, surprenant, prend tout son sens à l'écoute de la musique qui rythme l'ensemble du niveau. Les hippopotames sont bleus, les rhinocéros verts, les singes roses et les décors explosent dans des tons orangés zébrés d'éclairs jaunes. De la même manière, l'épisode «Hakuna Matata» est l'occasion pour Simba de parcourir un niveau en forêt imaginé à base de cascades qui lui impose son chemin, sorte de labyrinthe aquatique. Un bon compromis entre le respect de l'univers de Disney et les besoins exigés par un jeu de plates-formes.
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D'ailleurs, Westwodd Studios a multiplié les possibilités de jeu pour rendre le jeu le moins monotone possible, et si Simba se contente de courir et sauter dans le premier niveau, ceux qui suivent le confronte à de nombreuses situations de jeu. Le deuxième niveau, par exemple, est une sorte de casse-tête pour trouver le chemin de la sortie, qui exige que l'on retourne les singes pendus aux arbres afin qu'ils propulsent le lionceau dans la bonne direction. Ces séquences sont entrecoupées de courses à dos d'autruche en scrolling horizontal qui font appel aux réflexes du joueur pour éviter toutes sortes d'obstacles. Plus tard, c'est carrément un Simba vu de face qui courra en direction de l'écran : une utilisation judicieuse et convaincante du fameux mode 7 à l'occasion de la débandade de gnous dans les gorges du canyon, au cours de laquelle le joueur doit diriger Simba de gauche à droite pour le faire slalomer entre les pierres qui apparaissent sur sa route et les animaux affolés qui le dépassent de seconde en seconde. De petites variations de gameplay judicieusement réparties car très cohérentes avec l'univers original du Roi Lion, qui plus est très bien réalisées et surtout extrêmement intéressantes à jouer.
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Mais le grand intérêt du titre réside dans son schéma en deux parties. En effet, comme dans le long-métrage de Disney, Simba n'est pas voué à rester un lionceau toute sa vie. On se souvient qu'au terme de sa vie paisible en compagnie de Timon et Pumba, petit lionceau devint grand, et le jeu prend ce phénomène en compte à tous les niveaux. Pour commencer, le jeu opère un mini zoom arrière pour permettre d'afficher un Simba plus adulte et forcément plus grand, afin de ne pas noyer l'environnement extérieur derrière des sprites démesurés. Arborant une magnifique crinière, Simba doit faire face à son destin et se déplace désormais de droite à gauche à la rencontre d'ennemis à sa mesure. En effet, si plus jeune il combattait difficilement porcs-épics, insectes et caméléons, il affronte désormais des panthères et peut se débarrasser des singes qui jadis l'auraient bringuebaler d'arbre en arbre rien qu'en rugissant. Les hyènes, elles, ne représentent plus qu'un problème mineur pour un lion qui peut désormais donner des coups de griffes et se saisir de ses assaillants grâce à quelques prises de judo bien senties. Toute une partie du gameplay est donc remise en question, Simba ne pouvant plus sauter sur ses ennemis pour s'en défaire, et le joueur doit s'adapter à ces nouveaux pouvoirs plutôt bienvenus pour poursuivre sa quête. Graphiquement, le jeu devient plus sombre à l'occasion de passages nocturnes en forêt ou au cœur de volcans en fusion, le paysage reflétant l'état d'âme d'un Simba revanchard à la poursuite de Scar.
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On regrettera d'ailleurs que le joueur soit seul livré à ses interprétations. Westwood Studios a certainement jugé - à tort ou à raison - que les joueurs qui se lanceraient dans ce jeu auraient auparavant fréquenté les salles pour visionner le long-métrage. Pour le coup, le jeu est dramatiquement amputé de nombreuses scènes qui auraient permis de donner du liant à l'ensemble des niveaux. Globalement, les passages gardés représentent trop peu d'intérêt : de brefs passages nous montrent Mufasa faisant l'éducation de Simba, ou Scar ordonnant à ses hyènes de tuer le lionceau. Quid de besoin de vengeance de Simba ? C'est à ne plus savoir que penser, car le joueur n'ayant pas vu le dessin animé ignore tout des motivations de Simba en ce qui concerne son départ du rocher du lion et son retour soudain, des années plus tard. Le joueur connaisseur de Disney, quant à lui, peste un peu devant le parti pris de Westwood Studios qui aurait peut-être pu faire un effort supplémentaire pour ne pas livrer un jeu sans scénario à ses fans. Ceci étant, le travail est globalement bien mené, et Le Roi Lion reste l'un des jeux marquants de la Super Nintendo, à défaut d'en être véritablement un incontournable.

Le Roi Lion est un jeu qui réussit la prouesse d'allier obligations, tradition et originalité. Obligations, car Disney fournit à Westwood Studios une matière inaltérable pour produire un jeu. Tradition, car ce jeu ne bouleverse pas les codes de la plate-forme 2D. Originalité, enfin, car les développeurs sont parvenus à conserver l'esprit de l'univers de Simba tout en intégrant des trouvailles joliment mises en place, permettant d'offrir un nombre conséquent de niveaux qui aurait peut-être été compliqué à obtenir en collant à la lettre l'intrigue originale, surtout avec une si grande variété. Malheureusement, l'équipe est restée beaucoup trop concentrée sur le gameplay de son titre et a oublié un élément indispensable pour ce genre de jeu : un enrobage scénaristique conséquent et indépendant du film qui lui permettrait d'exister pour ce qu'il est, et non pas pour ce qu'est le dessin animé. En 1994, en fin de vie de Super Nintendo, le joueur est en droit de s'attendre à bien mieux à ce niveau. Mais ne boudons pas notre plaisir : Le Roi Lion reste un jeu de plates-formes de très bon niveau et mérite d'être fait pour les grandes qualités qui sont les siennes.