Article publié il y a deux semaines sur Birganj.

De toute l'ère PS3-360, PES a perdu son trône de meilleure simulation de football au profit d'un Fifa qui lui a tout piqué de son ère PS2. Entre tentatives de faire du foot champagne, de revoir son système de passes, de travailler sur les licences, le moteur graphique, les PES s'en sortaient avec les honneurs bien qu'en deçà du culte PES5, encore beaucoup joué aujourd'hui par les amateurs de construction, sans se farcir le moteur physique lourd et scripté des jeux EA. L'ère PS4-One arrive, est-ce que c'est le moment pour PES de reprendre son trône à la place d'un EA et ses orientations de plus en plus bourrins dignes des années 2000 ?

PES5++

Soyons directs : ce PES 2015 renoue avec le succès. En ayant conservé les expérimentations des épisodes PS3 (notamment son système de passe avec jauge « à la Fifa »), tout en conservant la physique de balle parfaite et le plaisir de contrôler totalement son joueur à l'aide de R2, PES 2015 s'offre un gameplay de construction à l'ancienne, tout en ajoutant une souplesse de jeu indispensable en 2014. Ce qui fait la différence entre ce PES 2015 et ses prédécesseurs, c'est la qualité d'animation des joueurs, bien plus fluide et plus variée dans leurs contrôles de balle afin de ne plus avoir le côté « aimanté » des années PS2. Selon la pression du bouton R2, le joueur collera le ballon sur ses pieds, posera le pied sur le ballon, fera un râteau pour ramener la balle dans sa course, etc, les multiples façons de contrôler le ballon et d'orienter sa course sont commandées par le bouton R2 et surtout du timing du joueur. Pas de script automatique pour mettre en avant une animation longue et haché, que du jeu où c'est l'utilisateur qui contrôlera son joueur. Et la multiplication des contrôles va frapper le joueur par ses nombreuses possibilités, ainsi que les nombreuses positions de frappes ou de passes, mêmes aériennes. Les têtes en pivot pour récupérer les deuxièmes ballons seront indispensables pour le pressing haut par exemple. Le joueur aura ainsi la capacité de maîtriser ses relances, mêmes les plus complexes alors qu'auparavant il fallait se contenter d'une balle approximative et souvent téléguidée… Gérer le timing plus la pression de la passe est le combo du gameplay quasi parfait de ce PES 2015. Pour que cette précision pointue soit nécessaire, le travail de l'IA défensive a subi un bond en avant assez sidérant. Les défenseurs couvriront bien souvent les courses des attaquants trop évidentes, les milieux de terrain seront là pour une transversale trop molle, cette défense va obliger ainsi le joueur à savoir bien doser ses passes (ne pas hésiter à bien les appuyer notamment) car le temps où ça finissait directement dans les pieds d'un coéquipier est terminé. Savoir aussi lâcher le ballon au bon moment pour coller avec la course de l'attaquant, savoir aussi viser pour la mettre dans la course où anticiper l'ouverture crée par les défenseurs aspirés, tout ça demande au joueur une précision et uns sens du timing grisant. En plus de demander naturellement de la précision, l'option de passe manuelle est disponible à tout moment avec L2, inauguré dans PES 2013, est aussi un outil de qualité pour donner le ballon juste à n'importe quel moment du match.

Les duels entre attaquants et gardiens sont aussi très appréciables mais pour ça, il faut passer directement en tirs manuels, dans les options. Les tirs automatiques ayant tendance à tous se ressembler et à brider les directions qu'essaye de donner le joueur. Évitez aussi de passer par les tirs intermédiaires, ils sont injouables. En revanche, en manuel à jouer avec la jauge de tir pour passer sous le bras du gardien en 1 contre 1 ou viser la lucarne, enrouler ses frappes avec R2, les piquer avec L1, offre au joueur ce sentiment de contrôle total éprouvé avec les passes. Couplé avec les courses croisées pour finir en tirs décroisés, c'est parfait. Même chose pour la qualité des centres qui sont bien moins magnétiques que par le passé et toutes manuelles avec des modulations instinctives comme le « double rond » qui forme un centre à ras de terre mais dont vous contrôlez toujours la force de frappe. Même chose en pressant R2, levant la balle… et comme d'habitude couplé à L1 augmente la précision notamment pour les centres en profondeur. Les combinaisons de touches sont toujours aussi importantes dans PES et les habitués de l'époque PS2 ne seront pas décontenancés à ce niveau. Petit à petit, les gestes techniques deviennent aussi plus simples à gérer, cette fois concentré dans le joystick R3. En combinant une direction avec R3 et une direction avec L3, votre joueur va faire des passements de jambes, des virgules, des doubles-contacts ou des roulettes, tout ça étant modulés par à la fois la direction du stick, la longueur de pression et les capacités du joueur (on ne dribble pas avec Ronaldo comme avec Jallet…). Heureusement, les gestes ne sont pas du tout craqués et il faudra beaucoup d’entraînement pour placer le geste juste au juste timing pour éliminer son vis à vis.

Enfin, la défense est comme d'habitude : on fait presser l'IA avec carré, pendant qu'on essaye de couper la trajectoire en maintenant R2 avec croix au bon moment. Possibilité de double-cliquer sur croix pour mettre le pied (attention aux fautes) ou de double-cliquer sur carré pour faire presser deux joueurs dirigés par l'IA. Néanmoins il vaudra mieux apprendre à chopper le ballon au bon timing (encore) plutôt que de miser sur le pressing incessant. En effet au haut niveau, les joueurs ont une excellente puissance et réussiront à résister à vos défenseurs. La physique des joueurs est très importante dans le jeu, car un gringalet va sans arrêt tomber face à un roc. C'est à la fois une qualité et un défaut car s'il est réaliste de voir que le poids du joueur est enfin pris en compte, voir ses joueurs tomber trop souvent à cause de croche-pattes ou de percuter un adversaire à terre est très agaçant. L'arbitre sifflant aussi plus facilement quand l'adversaire tombe que quand c'est le joueur… Pénible.

Notons que comme toujours dans PES, les réglages tactiques influent beaucoup sur les courses des joueurs, le soutien au porteur du ballon, etc. Par un système simplifié dans les menus où l'on choisit la possession ou la contre attaque, la défense haute ou basse, l'aide des joueurs à la récupération, etc, les combinaisons possibles permettent à la fois d'être pointue dans les préférences du joueur, mais aussi de rendre réaliste le jeu des équipes. Par exemple, le Real joue en contre-attaque et se projette très vite, haut avec des ailiers excentrés qui repiquent au centre, quand à l'inverse, la Juve recentre les combinaisons offensives avec un trio Tevez-Llorente-Pogba. Les équipes populaires sont très bien représentées à ce niveau et leur style de jeu copie fort bien la réalité. Ainsi, jouer contre le Real n'est pas forcément plus difficile qu'un autre, tout dépend du style de jeu que vous optez. Le Real est moins capable de conserver la balle par exemple que le Barça, et franchir la défense turinoise est plus compliquée que les espaces des équipes offensives. Évidement, les équipes moins huppés sont moins précises dans leur représentation et les patchs peuvent parfois se tromper alors que c'était correct au lancement (par exemple, les ailiers de Monaco sont trop bas et Kondogbia monte beaucoup trop, c'est au joueur de corriger aisément).

L'imperfection du contenu

La claque que beaucoup ont pu voir dans la démo, c'est la qualité graphique du jeu de très haut niveau en ce qui concerne le Real, Barça, Manchester, l'équipe de France, Angleterre, Brésil, etc, bref les joueurs populaires ont droit à une représentation graphique tout simplement bluffante. Le plaisir de mater les ralentis, de les capturer et des les partager est immense. Il y a pas mal de joueurs très bien représentés, ayant subi un soin particulier des développeurs. Pour schématiser, vous avez les joueurs superbes (comme cité plus haut), les joueurs de qualité (qui ont été internationales par exemple comme Toulalan, Berbatov, Gourcuff, Gomis, etc) dont on remarque moins de finition que les autres mais tout de même particulièrement réussis, il arrive aussi parfois d'avoir des joueurs ayant eu un soin particulier mais peu réussis (Subasic, Carvalho), puis des personnages créés avec l'outil « créer un joueur » pour les autres. Si on pouvait espérer plus pour un jeu « next gen », les développeurs font l'effort globalement de respecter les visages des joueurs (dans Fifa, par exemple Ryan Mendes est blanc comme un linge…). De plus, le joueur peut toujours récréer les visages s'il le souhaite ou juste changer la coupe de cheveux (qui fait souvent la différence). Contrairement aux craintes, le menu « modifier » de la version PS4 est complète excepté pour les maillots et les écussons… Ce qui est gênant uniquement pour le championnat d'Angleterre qui n'est pas licencié. Le championnat d'Angleterre retrouve donc les noms de club fictif de l'époque PS2 mais conserve fort heureusement le vrai nom des joueurs et une qualité de modélisation de haut niveau. On peut éventuellement espérer une correction par mise à jour plus tard, puisque le championnat brésilien a lui été corrigé par un patch. Mais si Sega et Sports Interactive n'ont pas eu la licence de la Premier League sur Football Manager, on voit mal Konami la récupérer. L'éditeur a pourtant beaucoup travaillé, mis à part pour l’irrésistible Bundesliga qui n'est pas lié à la Fifpro. On aura tout de même les licences du Bayern, Schalke et Leverkusen (mais pas Dortmund !) par l'intermédiaire de la licence Ligue des Champions. Konami fait pourtant un gros travail en nous proposant les licences officielles du championnat brésilien et argentin, ainsi que la présence du championnat portugais (Porto et Benfica ayant la licence complète). On récupère aussi la licence sur la Copa Libertadores (la Champion's League sud-américaine), ainsi que son équivalent asiatique. Enfin, on a droit à la division 2 du championnat de France, d'Italie et d'Angleterre. On rajoute aussi un grand nombre de nations qui n'étaient pas présentes avant (le Qatar par exemple) et on a droit au final à un gros paquet de licences… On regrettera que la majorité des nations africaines n'a pas les noms officiels, même si ça se corrige en les remplaçant via le mode « modifier ». Les développeurs ont d'ailleurs sûrement prévu le coup puisque bon nombre de joueurs africains sont très bien modélisés dans leur club (comme Tioté par exemple, les frères Touré, ou Lacina Traore). Enfin, on regrette le peu de stades présents malgré l'Allianz Arena, Old Trafford ou le Juventus Stadium… Ça reste peu, beaucoup d'équipes ont le « Konami Sadium » en stade à domicile. Pour préciser, on peut aussi choisir sa longueur de terrain influant donc le jeu court ou long, de même que la qualité de la pelouse en fonction du temps pluvieux ou ensoleillé.

Les modes de jeu en eux même n'ont pas bougé : la « Master League » reste le mode de jeu le plus complet de tous les jeux de foot, on connaît tous son challenge à prendre une équipe de tocards pour les monter tout en haut. Le « Vers une Légende » consistant à faire de votre personnage créé de toutes pièces (ou non mais c'est moins drôle) une star n'a pas bougé non plus, mais c'est plus préjudiciable. Si l'on a noté une meilleure IA dans le jeu, elle n'affecte pas le mode « Vers une Légende » où les coéquipiers jouent très très mal, ne récupèrent que quelques ballons laborieusement et font souvent de piètres mauvaises passes. Le contraste est violent quand le joueur est remplacé et voit que l'IA se démerde bien mieux sans sa présence. Comme si que le code n'a pas du tout été modifié depuis quelques années. C'est rageant car ce mode est grisant. On note aussi que les menus y ont été simplifiés, plus directs, moins de chichis, moins d'écrans de transition, on aurait aimé avoir le choix néanmoins car tout ça est un peu froid. Voir son personnage dans des petites scènes d'interviews ou autre donnait un peu de cœur et de matière à ce mode « rôliste ». Le mode « My Club », nouveau, est inspiré de Fifa où vous êtes seulement entraîneur et ne contrôlez pas le terrain. Laissez tomber, c'était nul sur Fifa, ça l'est autant sur PES. Le jeu n'a jamais été conçu pour ce genre de jeu de management : peu crédible, peu d'influence des choix tactiques, etc. Payez vous Football Manager si c'est pour jouer aux coachs. Reste évidement les nombreux modes classiques de tournois officiels : Ligue des Champions, Europa League, championnat, Coupe du Monde, etc etc.

Passons aux modes en ligne. Il y a du mieux dans le netcode. Même avec une très faible connexion d'1 Mo, le jeu reste « jouable » mais loin d'être parfait à cause d'une latence certaine. Ça passe contre des joueurs moyens ou incapables de gérer ce lag mais contre des gars qui gèrent avec leur grosse équipe, c'est un peu plus tendu. On notera, comme d'habitude, la multitude de footix à jouer avec des équipes pétées, assez agaçant. Si vous avez en revanche une meilleure connexion, le jeu sera fluide sans problème… Ce qui ne sera pas forcément le cas en 2 contre 2, qui souffrira aussi de latence. Jouable mais avec lag, donc sans être très agréable. Les menus en ligne sont aussi très rudimentaires avec micro désactivé et options limités notamment en 2 contre 2 pour répartir les équipes (c'est à dire, qu'un type peut piquer la place de votre pote car il est impossible de prévoir ça avant). Le « tout en ligne » du jeu est très agaçant avec des chargements au lancement plus longs. On peut heureusement désactiver la connexion automatique pour ceux qui préfèrent le offline, là où PES est le plus à l'aise. Konami étant encore très en retard dans le jeu en ligne. C'est moins pire qu'avant certes, car c'est jouable, mais très perfectible.

Avec son gameplay d'une justesse rare et d'une fluidité (bien aidé par le 60fps sur PS4) exemplaire, PES 2015 retrouve les qualités d'un excellent jeu de foot prônant la construction et le changement de rythme en un claquement de doigt. Les défenses couvrent du mieux que possible les courses des attaquants pour empêcher les kick and run pétés et même si on note des contacts entre joueurs exagérés ou un manque de variété d'animations des gardiens, on trouve dans ce PES 2015 une sorte de PES5 amélioré. En applaudissant aussi le gros travail de licences en dehors de l'Europe et la qualité graphique (de visage comme du travail lumineux sur le pelouse), ainsi qu'une bonne qualité sonore du stade ou même du bord du terrain avec des petites consignes ou encouragements (coupez les commentaires hein, c'est toujours aussi mauvais sans aucun enthousiasme et réactivité, quelque soit la langue – même portugais), on peut clairement dire que le Roi est de retour. Mais, au fil du temps, on apprend à en demander davantage et on est obligé de parler d'absence de licences fortes comme la Bundesliga mais surtout d'un manque de travail sur les modes de jeu, notamment le Vers une Légende qui se doit d'être travaillé en profondeur et surtout des options en ligne et un netcode encore insuffisants. Maintenant que Konami a retrouvé un gameplay au poil qui ravira les amateurs du ballon rond, ils peuvent s'axer sur les modes de jeu et des petites corrections sans toucher aux fondamentaux. En attendant, PES 2015 règne sur le foot offline.

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